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On pourrait qualifier Les Fuyants de roman sur l’impossibilité de communiquer avec l’autre, d’assumer ses propres désirs face à une société qui dicte des normes sociales. Mais ce serait intellectualiser ce très court roman qui se veut vivant, drôle et percutant quand même, qui veut porter un regard à la fois tendre et critique sur ces hommes de plusieurs générations.
Sauf que, en voulant faire dans le court et le drôle, comme dans une nouvelle, Arnaud Dudek vire à la caricature des personnages, avec des accumulations de détails parfois lourds. Elle existe dans la
vraie vie, mais quand presque tous les personnages font cliché, principaux ou figurants, il y a quelque chose qui cloche. Or, là, on aurait demandé plus de descriptions pour entrer dans la pensée des personnages : pourquoi fuient-ils ? de quelle autre vie rêvent-ils ? Le titre, qui d’ailleurs a quelque chose de dramatique, semble un prétexte pour raconter l’histoire de ces hommes.
Pourtant, Arnaud Dudek a un potentiel en matière d’humour. Il fait aussi de chouettes transitions entre les chapitres, qui permettent de glisser d’un personnage à l’autre. Il sait aussi écrire un roman dans l’ère du temps, avec un langage percutant, moderne, parfois en verlant (thunes, daronne, vénère, manger sa race, truc de malade) qui donne du naturel mais renforce l’impression de caricature.
Le point fort de ce roman, c’est que c’est une tranche de vie, pas une histoire avec un début et une fin. Arnaud Dudek a vaincu l’idée qui veut qu’un roman se termine avec des réponses et un happy end. Et en faisant léger, il permet d'éviter la morale qui aurait exigé comme un retour de bâton, une punition à la fuite ; par exemple, il n’incrimine pas Simon qui ne veut pas se lancer dans une vie maritale.
Mais tout ceci ne compense pas l’impression caricaturale des personnages, dans la manière de les esquisser. Moins de 130 pages, c’est définitivement trop court pour plonger dans les pensées de quatre personnages très différents. Les nouvelles d'Arnaud Dudek doivent être pas mal, pour le coup.
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http://www.bibliolingus.fr/les-fuyants-arnaud-dudek-a103123399
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Malgré un roman documenté et les jolies évocations sur la gémellité, à travers les personnages, la culture, l’histoire des pays, gémellité qui lie les gens, les villes, les destins, l’histoire manque de sensibilité, les personnages font faux et mènent nulle part. Il n’y a pas de tension, pas de but à la lecture… jusqu’à la troisième et dernière partie, haletante, qui aboutit à une fin surprenante, au point qu’on aurait presque envie de relire du début si le texte n’avait pas eu ces défauts. Dommage que l’histoire n’aie pas été menée autrement, pour
distiller plus tôt les interrogations et éveiller l’intérêt. Dommage.
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http://www.bibliolingus.fr/siamoises-canesi-rahmani-a100343545
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Il y a quelque chose de vieux comme le monde dans Les Renards pâles, quelque chose que tous les jeunes portent en eux quand ils naissent véritablement au monde. Un souffle d’idéalisme, ancien mais beau, traverse ce roman qui, comme toujours, est sur la tangente, entre fiction et vérité. C’est un texte pétri d’idéalisme, de colère, mais flou, parce qu’on ne sait pas trop qui on accuse ni quel système on dénonce.
Yannick Haenel livre un texte politique et lyrique, mais trop lyrique, trop poétique, jusqu’à devenir abstrait, ce qui atténue la force politique de ce
texte. Car si la politique est remise en cause, ce texte est néanmoins politique en ce sens que toute action ou non-action est un geste politique.
Ce texte est étrange à appréhender, notamment parce qu’il est scindé en deux parties liées mais dont le ton est différent. D’autre part, les signes qui ont mené à la révolte sont un peu déjà vus ; les masques, le Père Lachaise, la Commune de Paris, le SDF broyé dans le camion-poubelle des éboueurs... Enfin, l’idée est noble et forte, mais l’emploi du « vous », accusateur, place davantage le lecteur du côté de ceux qui ont intégré la société sourde. Le « nous » fédérateur de ceux qui rejettent le système ne résonne pas pour le lecteur. Les frissons d’une révolution telle qu’on la rêverait, qui enflammerait Paris, la ville des pouvoirs et des inégalités par excellence, ne sont pas au rendez-vous.
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http://www.bibliolingus.fr/les-renards-pales-yannick-haenel-a100703753
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Esprit d’hiver est un bijou de la littérature contemporaine. Avec son écriture schizophrénique et angoissante et sa narration fournie, pleine de détails répétés inlassablement par Holly, Laura Kasischke nous tient captifs, nous faisant guetter le moindre élément pour savoir, enfin savoir, quelle est cette chose qui les a suivi depuis la Russie. Elle parvient toujours à susciter le doute sur ce qui réel ou ne l’est pas, à nourrir en nous la tension, d’autant qu’elle maîtrise terriblement bien l’art de distiller les éléments dans une lente progression. Au point que,
jusqu’au dernier paragraphe, on ne saura pas ce qu’il s’est passé.
En fait, Laura Kasischke écrit là un hommage au lecteur, à celui qu’elle pousse jusqu’à l’extrême. C’est comme si elle nous disait, « Montre-toi à la hauteur en t’accrochant à tous les détails qu’Holly va te donner et assemble-les ; et moi aussi, je serai à la hauteur de tes attentes : tu ne seras pas déçu d’avoir accompagné Holly en ce jour de Noël… » La fin, effectivement, invite à une seconde lecture.
On se laisse manipuler par Laura Kasischke, on se laisse immergé dans ce huis-clos, au point que tout ce qui n’est pas Esprit d’hiver n’a aucune importance, pourvu qu’on puisse le lire d’une traite. Esprit d’hiver est une œuvre fascinante, obsédante et bouleversante.
L'article entier sur mon blog :
http://www.bibliolingus.fr/esprit-d-hiver-laura-kasischke-a98996591
Loving Frank a un goût d’éternité : ce roman parle d’architecture visionnaire, d’émancipation féminine et d’amour. Mamah Borthwick Cheney, une intellectuelle qui œuvre depuis plusieurs années pour la liberté des femmes, est tombée amoureuse de Frank Lloyd Wright, l’architecte inventeur des « maisons prairies » au début du XXe siècle. Mais l’un et l’autre sont déjà mariés et la société n’accepte pas la liaison hors mariage. À une époque où la notion de « couple » n’a pas encore supplanté celle du « foyer », une femme telle que Mamah, qui quitte son mari
et ses enfants pour vivre en Europe avec celui qu’elle a choisi, celui qu’elle aime et qui l’aime, est rejetée par son entourage. Cette femme, en avance sur son temps, qui plaçait l’amour au-delà du mariage de raison, qui voulait que la femme soit l’égale de l’homme, a été la cible des journaux qui créeront le scandale à Chicago pendant plusieurs années.
L’histoire d’amour, à contre-courant de toute une époque, n’est pas racontée d’une manière fade ni niaise comme on peut le lire dans d’autres romans. L’amour, au cœur de Loving Frank, occupe une place sensible, mêlant confiance, séduction, ambition, découvertes, mais aussi compromis et doutes. Un amour contemporain, raconté sans maladresse, sans platitudes, à la fois idéaliste et réaliste.
Pour finir
Nancy Horan signe ici un premier roman unique. Elle a fait revivre le charme désuet d’une époque où le temps paraissait s’écouler plus lentement, sans la frénésie qui nous paralyse aujourd’hui, et retranscrit à la fois l’esprit d’une société bridée par les interdits moraux et les communautés d’avant-gardistes. Mais elle est aussi parvenue à rendre Mamah vivante et aimante, pleine d’ambition et d’incertitudes, terriblement contemporaine et crédible. Car cette Mamah-là, ce Frank-là et leur entourage ont bel et bien existé. Toute cette histoire est vraie, aussi belle et tragique soit-elle. La réalité réunissait tous les éléments pour créer un roman spectaculaire et passionnant, et Nancy Horan l’a fait avec brio, jouant avec les parts de vérité et les zones d’ombre pour recréer leur amour et leur vie. Un conseil : ne faites aucune recherche sur leur histoire avant d’avoir refermé ce livre. Le plaisir et le souvenir n’en seront que plus indélébiles.
La critique sur mon blog :
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Parmi la multitude de petites maisons indépendantes, quelques unes ont choisi l’engagement politique et social comme matériau éditorial. Après l’apogée des sciences humaines et du livre politique dans les années 1970, le genre s’était assoupi. Les maisons que Sophie Noël a étudiées sont issues de la dynamique de politisation des années 1990 et qui a été à l’origine des mouvements sociaux de 1995. Pour une majorité, elles sont les héritières plus ou moins directes de François Maspéro, Champ libre ou Minuit, avec la figure emblématique de Jérôme Lindon.
Depuis les
années 1990, ces maisons occupent la place laissée libre depuis plusieurs décennies par les grandes maisons : les sciences humaines, surtout les versions traduites, sont un secteur jugé peu rentable, d’autant que la figure des « grands intellectuels », comme Sartre, tels que Michel Foucault les définissait, tend à disparaître.
Parmi les maisons au coeur de l’analyse sociologique, on compte bien sûr Raisons d’agir, Agone, La Fabrique, Lignes, mais d’autres moins connues qui méritent le détour, comme L’Échappée, Le Temps des cerises, Syllepse et Amsterdam. La quasi totalité sont des microstructures, sans salarié, avec moins de 100000 euros de chiffre d’affaires annuel et moins de dix livres par an. Leur position éditoriale se définit par la négative : publier des textes contre la pensée de droite dominante. [...]
Mais au-delà d’un positionnement idéologique fort, ces maisons se définissent également par le refus de l’édition intégrée, uniformisée et marchandisée. Cet engagement se manifeste dans la manière de faire les livres, mais également dans le fonctionnement de la structure : en choisissant l’association à but non lucratif plutôt que la forme juridique comptabilisant le profit, elles maintiennent la pureté de la production éditoriale sans considération économique.
[...] Toutefois, si le danger réside dans la précarité, il réside aussi dans le développement : l’augmentation de la production de livres entraîne un accroissement des frais, comme l’embauche de salariés. Si les livres ne se vendent pas suffisamment, la structure entre alors dans un système néfaste qui fait du profit la nouvelle priorité. Par ailleurs, les maisons de taille moyenne sont les premières cibles de rachat des groupes. Il reste à savoir si ces maisons seraient prêtes à passer le cap.
[...] L’ouvrage passionnant de Sophie Noël, documenté et riche d’informations, repose sur une analyse sociologique rigoureusement menée, avec pour objet d’étude une trentaine de maisons d’édition. Elle définit chaque terme, contextualise et délimite son champ d’action, s’attachant tant à décrire les trajectoires des maisons d’édition que celles des éditeurs qui les incarnent – chaque jour, à travers chaque livre.
L'intégralité de la critique sur mon blog :
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Il y a des thèmes dont on parle peu, à tort. La propagande est de ceux-là. Qu’est-ce que la propagande ? Pour Bernays, la propagande regroupe un ensemble de techniques visant à manipuler l’opinion publique pour « servir des intérêts particuliers ». Les intérêts particuliers dont il parle sont ceux d’un « gouvernement invisible » , une élite minoritaire qui influence les comportements du peuple pour satisfaire ses intérêts personnels et qui dirige véritablement le pays. Cette thématique a été plusieurs fois abordée dans ce blog, et en voici ici l’un des textes fondateurs.
Qui sont les « faiseurs d’opinion » ?
[...] Le « conseiller en relations publiques » (dont le terme semble avoir été inventé par Bernays), coordinateur de la propagande, se fait l’avocat d’une cause, qu’elle soit d’ordre privé ou public. […] Le propagandiste œuvre dans tous les domaines.
[…]
[...] Curieusement, ce sont les éditions La Découverte, avec la collection (pardon, le « label ») Zones, qui se sont emparées de ce texte à la fois subversif et fondamental. Ces mêmes éditions ont gardé le fonds Maspero dont elles sont issues, mais dans un coin, dans une collection (oups, un label) séparée du catalogue La Découverte qui, lui, est bien moins subversif que celui de son prédécesseur. [...] Il existe un vide sidérant dans l’édition française des sciences humaines et politiques : comment ce texte, datant de 1928, n’a-t-il pas été publié avant 2007 ? Cette situation tient-elle de l’omerta, du présupposé désintérêt des lecteurs ou d’une corporation d’éditeurs frileux ? Les trois à la fois ? Même si l’édition indépendante s’attache à combler ce vide, notamment par le biais des traductions, des textes majeurs sont passés à la trappe en France.
[...] Une question néanmoins subsiste : pourquoi Edward Bernays a-t-il publié ce livre ? Pourquoi diffuser cette “réalité”, au risque de faire soulever une rébellion ? Est-ce croire qu’il n’arrivera pas dans les mains “de la masse” qu’il qualifie volontiers d’un champ lexical péjoratif (« masse » ; « ménagères » ; « troupeau » ) ? Est-ce croire que, quand bien même il arrive dans nos mains, nous n’en ferions rien ?
Propagande, lobbying, think tank... Au fond, les organisations, quelle qu’en soit leur forme, luttent pour des intérêts qui leurs sont propres. La question est : à quelles instances accordons-nous une légitimité ? La réponse n’est pas unique, elle se décline différemment pour chacun d’entre nous. Comme le soulignent Stauber et Rampton, il n’y a pas de bon ou mauvais lobbying. Qu’en est-il alors ? Peut-être pourrions-nous commencer par discerner l’œuvre des groupes de pression (quels arguments sont avancés ? par qui ? dans quels buts ?) ; et ensuite choisir quelles opérations de propagande on rejette, selon ses convictions propres (par le boycott ou la non-action/consommation), et celles auxquelles on adhère (en s’en faisant le porte-parole).
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Sous ces deux termes en apparence antinomiques se cache une réalité sociale et économique. La précarité de l’intellectuel est le résultat d’une politique orientée vers la rentabilité à tout prix, au profit de l’actionnariat et au détriment de la dimension humaine et sociale de l’entreprise (sauf lorsqu’il s’agit d’une jeune structure ou d’une association, elle-même précaire, qui induit celle de ses intellos). À défaut d’avoir fait une analyse sociologique en bonne et due forme, Anne et Marine Rambach ont sorti du placard l’une des conséquences du régime capitaliste
que nous absorbons chaque jour à petite dose : l’externalisation des compétences. Au même titre que la délocalisation, la baisse de la qualité au mépris de la sécurité et de la santé du travailleur et du consommateur, la recherche impérative de la croissance économique (par l’obsolescence programmée ou l’injection de dépendance), la précarité est une réponse économique pour être rentable et conquérir toujours plus de place sur les « marchés » ultra-concurrentiels.
Ceux qui investissent sur les biens, les services et les êtres humains pour bâtir leur fortune l’appellent flexibilité et mobilité. Pour ceux qui la subissent – et ils sont certainement majoritaires – c’est la précarité. Les CDI, s’ils ne sont pas raflés par un plan social, sont progressivement remplacés par des travailleurs à domicile, des free lance (ou des auto-entrepreneurs) dont les charges sociales et les contraintes sont inexistantes ; les journalistes sont plus compétents lorsqu’ils sont pigistes, car moins sédentaires ; même les CDD sont remplacés par des stagiaires qui occupent à tour de rôle un poste à l’année. Dans cette logique ultra libérale, ce sont évidemment les entreprises qui tiennent d’une main de fer le rapport de force avec les nombreux candidats à la précarité (à défaut d’avoir pu mettre les deux pieds dans l’entreprise avec un CDI utopique, ou au moins un CDD).
Grâce à la précarité, les entreprises suppriment leur devoir de nourrir, de protéger et d’assurer la retraite de leurs salariés. Désormais, on dispose et on impose selon les besoins immédiats de l’activité. Désormais, les salariés, tout comme leurs outils de travail et leurs locaux (bref, leurs conditions de travail), ne représentent plus un investissement mais seulement une charge ; on investit plus que dans les actions et les fonds financiers.
[...] Mais la précarité n’est pas forcément subie ; elle peut être un choix et présente des avantages. [...] L’entreprise est perçue comme une micro-société violente psychologiquement, où la guerre pour le pouvoir est perpétuelle ; le mode de fonctionnement est perçu comme rigide et sclérosé.
Lisez la suite de la critique sur mon blog :
http://bibliolingus.over-blog.fr/article-les-intellos-precaires-anne-et-marine-rambach-116117904.html
La possession matérielle fait-elle la richesse du cœur ? Rend-t-elle l’être humain digne et respectable ? Vivre dans la misère n’autorise pas la dignité ni la joie ; seuls la contrition et le travail acharné, soumis aux lois des dominants, correspondent à l’attitude attendue du pauvre. Engagés dans une immense entreprise de démoralisation, les bourgeois sèment une morale bien pensante à laquelle les pauvres s’accrochent, espérant un jour atteindre les sommets où paissent les nantis.
La misère s’immisce dans les derniers recoins de l’être, comme si l’état de dénuement
absolu devenait le seul caractère identitaire de l’humain habité. La misère, venin contagieux, apporte avec elle le sérieux et l’obéissance, là où vivait auparavant l’allégresse de vivre, en toute simplicité.
Mais dans le quartier le plus pauvre du Caire, au début du xxe siècle, l’allégresse, l’insouciance règnent dans le cœur des hommes et des femmes qui, chaque jour, se rencontrent sur les places et les établissements mal famés et sordides – aux yeux de la morale bourgeoise. Ils n’ont rien, rien à perdre ; à l’opposé du quartier indigène où les rues, ordonnées et tristes, mettent en scène une « foule mécanisée – dont toute la vie véritable était exclue ».
Gohar ne possède rien, il n’est rien qu’un mendiant. Mais ça n’a pas toujours été le cas. Ce vieux monsieur, autrefois enseignant de philosophie respecté qui logeait dans les quartiers riches, a tout quitté pour vivre dans le plus grand dénuement. Son bonheur, c’est sa chambre meublée d’une chaise et de quelques journaux en guise de lit ; c’est sa liberté de pensée arrachée au gouvernement totalitariste ; ce sont les doses quotidiennes de cannabis qui, si elles l’éloignent du monde moderne, angoissé et fou, le rapproche du cœur des hommes. Il ne court pas après la fortune et le progrès, il marche paisiblement à contresens. Ne rien posséder, n’avoir que sa propre vie à protéger, n’est-ce pas un luxe ?
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Albert Cossery aime ses personnages, et ça se ressent. Ce n’est pas l’intrigue qui alimente le plaisir de lire, mais l’intensité, le naturel et la simplicité de chaque personnage. Cette œuvre est remarquablement transparente : tout comme chez Jean Meckert (publié dans la même collection), les idées sont revêtues de personnages, et non l’inverse. Chacun porte en soi des valeurs, des idées, et s’entrechoque aux autres ; ils sont hauts en couleur, improbables mais espérés, et forgés par tant d’idéalisme qu’on les fait siens dès les premières pages.
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“Des animaux qui nageaient dans le ciel sans tomber.”
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Monde sans oiseaux est un texte étrange, cyclique, fantastique, à la fois dystopique, parce qu’il traite d’une époque où l’homme a brisé l’équilibre entre ce que nous offre la nature et ce que nous en faisons, et ancien, parce que nous serons toujours confrontés aux éléments. La nature y est en effet très présente, elle fait partie intégrante de la vie des habitants. Ils vivent au rythme des saisons. Les femmes enfantent, les hommes travaillent, pêchent et cultivent, dans la plus pure tradition. La vie est rude, tout comme les rapports entre les gens. Le langage est rude, mais le texte est poétique. Monde sans oiseaux est un monde fascinant, violent, surprenant.
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