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[...] Malgré les crises alimentaires des vingt dernières années (crise de la vache folle en 1996 et en 2000, poulets belges contenant de la dioxine en 1999, grippe aviaire en 2005 et les bactéries Escherichia coli dans des steaks hachés surgelés en 2012), manger de la viande est devenu normal et nécessaire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Mais la France compte 3 % de végétariens qui ont fait le choix de ne plus en manger du tout (et s’intoxiquent aux légumes issus de champs intensifs). Quant aux végans, leur démarche est plus complète : ils s’abstiennent complètement
de consommer des produits issus de l’exploitation des animaux (cela inclut la viande et les produits laitiers, les vêtements et les chaussures en cuir, et en théorie les bonbons gélatineux, le maquillage, les shampoings, les crèmes hydratantes, le dentifrice…) C’est la démarche la plus totale, la plus engagée, la plus respectable, mais la plus difficile à tenir.
Ce petit livre, publié par les éditions du Muscadier, a le mérite d’aborder les questions qui dérangent : qui y a-t-il dans notre assiette ? est-ce que manger de la viande nuit à la planète ? et surtout, notre propre existence justifie-t-elle de maltraiter et de tuer l’animal ? l’alimentation végétarienne est-elle équilibrée ?
La collection Le choc des idées propose une fois encore un ouvrage clair, abordant les deux points de vue en moins de 100 pages, qui permet de se forger une opinion sur un sujet en particulier. Les deux partis exposent à tour de rôle leurs arguments (parfois retors) et ont un droit de réponse, comme dans un débat télévisé mais sans interruption ni publicité.
Et vous, que préférez-vous ? Une viande moins chère, nocive pour la santé et au goût douteux ? Une viande plus chère respectueuse de l’animal et de l’environnement ? Ou des légumes ?
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http://www.bibliolingus.fr/faut-il-arreter-de-manger-de-la-viande-collectif-a107466304
Et si tout à coup, nous devenions tous aveugles ? Dans L’Aveuglement, une épidémie de cécité paralyse le pays entier en seulement quelques jours. Les premiers aveugles seront mis en quarantaine, mais bientôt des hordes d’aveugles se retrouvent livrées à elles-mêmes. Plus de gouvernement, plus de transports, plus d’eau ni d’électricité, le pays est plongé dans une blancheur aveuglante.
[...]
Bien que L’Aveuglement soit une histoire allégorique à la portée incroyable, c’est aussi un livre d’horreur avec des scènes difficiles à lire, à la limite de l’insoutenable.
Mais ce qu’on qualifie d’horrible, c’est seulement ce qui nous ramène à ce que nous sommes ; nous sommes l’horreur. Saramago met tout autant en scène les conséquences de la cécité qu’un microcosme composé de quelques personnages dans un monde apocalyptique.
La violence, l’intensité, l’intimité que dégage ce texte sont saisissants. L’écriture, qui supprime totalement la ponctuation du dialogue, libère un flot dense, rempli de digressions, qui empêche de reprendre son souffle et de détourner le regard. On est happé, emprisonnés, par ces blocs de textes juxtaposés qui dépeignent une humanité détruite. Pourquoi sont-ils aveugles ? Que refusons-nous de voir chaque jour qui passe ? Y a-t-il une espèce animale qui s’est autant auto-détruite que la nôtre ?
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http://www.bibliolingus.fr/l-aveuglement-jose-saramago-a107308010
Côté cour, qui réunit cinq petits contes cruels qui se déroulent dans un même quartier argentin, met en scène une bande d’illuminés monstrueux, grotesques et fantaisistes.
[...]
Avis aux réfractaires des nouvelles, ne passez pas votre chemin ! Côté cour est composé de cinq nouvelles liées les unes aux autres puisqu’elles se passent dans le même quartier, surveillé par la tour Phonemark. Dans l’univers de Leandro Ávalos Blacha, Phonemark, c’est à la fois la police, l’immobilier, la téléphonie et la télévision, un peu comme Bouygues Télécom sous l’ère Sarkozy.
Sous
l’œil totalitaire de Phonemark, à cause des prisons surpeuplées, les délinquants sont mis en cage chez les particuliers qui sont payés pour ce service. La valeur humaine se désagrège, la violence est sublimée en spectacle.
Dans Côté cour, on croise beaucoup de monstres, que ce soit des monstres à l’état pur comme des zombies, des créatures étranges ou enchanteresses, mais aussi de gros salopards tout à fait humains. Et c’est cette galerie de personnages excentriques, combinée à des chutes féroces et au ton distancié, qui fait de Côté cour un super moment de lecture avec une playlist de l’auteur à la clé.
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http://www.bibliolingus.fr/cote-cour-leandro-avalos-blacha-a107171922
Dans une ville dystopique où règnent le chaos, la misère et l’individualisme, un employé tombe amoureux et commence à rêver d’une autre vie.
[...] Obéissant, résigné, passif voire inerte, l’employé au centre de l’histoire a tout d’un anti-héros répugnant, mais il dit quelque chose de nous. Nous préférons souvent ne rien faire plutôt que d’agir, et c’est comme ça que nous laissons passer de plus en plus d’événements inacceptables.
À travers les thèmes récurrents des dérives capitalistes et de l’individualisme, Guillermo Saccomanno montre les conséquences
de l’escalade et de la banalisation de la violence, à la fois physique et psychologique. Si la radicalité des guérilleros augmente la riposte étatique, la passivité des personnes soumises (bien plus nombreux) n’est pas non plus la solution d’un monde meilleur. Tels des animaux, elles acceptent que des personnes de pouvoir définissent pour elles un espace vital, une liberté, de plus en plus restreints.
Si les traits sont forcés, il n’y a rien d’absolument surréaliste. Dystopique ou futuriste ?
[...] L’Employé est publié chez Asphalte, un éditeur engagé à la ligne éditoriale aboutie : les textes présentés dans la collection Fictions sont accompagnés d’une playlist choisie par l’auteur (disponible sur leur chouette site).
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En 1959, Josef Mengele, un médecin nazi recherché pour avoir fait des expériences criminelles à Auschwitz, traverse l’Argentine et rencontre sur son chemin Lilith, une petite fille argentine de douze ans qui le fascine.
[...]
Lucía Puenzo, un nom à retenir ! Wakolda, qui mêle histoire vraie et fiction avec talent, révèle la personnalité monstrueuse de Josef Mengele sans mettre les pieds dans le plat : l’auteur ne l’aborde qu’à travers les détails : ses manies, ses obsessions, ses goûts. Ainsi, s’il est insensible aux cris de douleur d’un être humain, il est touché
à l’extrême par un air d’opéra. Et ce sont ces détails qui font froid dans le dos et qui fascinent en même temps.
L’obsession de la pureté aryenne, la mécanique et la douceur des poupées aux visages si humains, les exterminations nazie et indienne en Patagonie mises en parallèle… l’univers de Wakolda, qui parle du corps humain admiré et détruit dans le même élan, est à la fois déconcertant car les choses et les sensations sont écrites à demi-mots, et surtout surprenant, étrange et horrible par son éclectisme et son unité.
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Pepino, un jeune homme à la dérive, veut revivre la gloire qu’il a connue lorsqu’il était acteur dans une télénovela argentine mythique.
[...]
Obsession de la réussite, peur de la médiocrité et de l’oubli… La Malédiction de Jacinta, un roman sur la gloire aussi éblouissante qu’éphémère qui renvoie directement à la télé-réalité et aux ravages psychologiques qu’elle peut entraîner. Mais pas seulement. La télénovela en Argentine est un puissant outil de propagande ou de soft power pour diriger la population et influer sur la culture des pays récepteurs. Santa Cruz,
le scénariste de Señorita Maestra, est pour Pepino ce que la télénovela est pour le peuple : un gourou de la « bonne conduite »... et un sésame pour assurer à la famille des acteurs une manne financière.
La Malédiction de Jacinta est habité de personnages hétéroclites, fragiles et sombres, souvent privés de leur libre-arbitre, qui d’un instant à l’autre semblent prêts à basculer. La force de ce roman, c’est que tout semble possible, et ce sont toutes ces possibilités qui fascinent et tiennent en haleine. Impossible de trop en dire, mais ce roman est plein de choses étonnantes et troublantes. Les non-dits laissent des zones d’ombre, et tout comme dans la « vraie vie », les questions n’ont pas toujours de réponses et tout n’est pas élucidé au moment où on referme le livre, mais l’universalité et la puissance de la gloire donnent à l’histoire sa postérité.
À l’image de l’œuvre de Lucía Puenzo, ce roman est surprenant et dérangeant, voire malsain, mais intense et spécial. Le talent de cette auteur est de capter une histoire vraie, un fait divers, pour en faire une histoire intense, presque incroyable, où la part d’irrationnalité est fascinante.
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> Oui, l’espérance de vie en bonne santé baisse en France comme dans le reste de l’Europe.
> Oui, l’agriculture industrielle est la première cause du réchauffement climatique devant l’industrie.
> Oui, nous mangeons trop de viande, et en plus ce n’est pas écolo.
> Non, les agrocarburants (l’éthanol et les agrodiesels) ne sont pas écologiques.
> Non, les plantes transgéniques ne permettent pas de réduire l’usage des pesticides.
> Non, l’agriculture française n’est pas compétitive sur le plan mondial.
Marc Dufumier répond à 50 idées reçues : que l’on
soit déjà convaincu, sceptique ou étonné, il est bon d’avoir une explication de deux-trois pages pour chacune d’elles. En filigrane, on cerne la position idéologique de l’auteur qui dénonce les conséquences néfastes de l’agriculture intensive : usage abusif et exponentiel des pesticides qui contaminent les aliments et les eaux (lesquels sont à l’origine d’une augmentation significative de maladies) ; abus de combustibles utilisés pour les travaux agricoles qui sont responsables de la pollution atmosphérique ; monoculture qui met en danger la biodiversité (et conserver au frigo des semences disparues ne suffit pas !) ; monopole de sociétés de semences comme Monsanto qui mettent à genoux les producteurs. Par ailleurs, l’agriculture intensive coûte cher aux agriculteurs qui s’endettent pour investir dans de nouvelles machines et qui utilisent toujours des engrais chimiques et des pesticides coûteux.
[...] Pour chaque point, Marc Dufumier propose des solutions qui relèvent du bon sens : c’est l’agroécologie, proche de l’agriculture biologique, qui fait de l’interaction des sols, des espèces animales, des insectes et de la diversité des semences une force. Sans utiliser de produits chimiques (ce qui coûte moins cher), mais en se servant des interactions de la nature, l’agriculteur peut revitaliser ses sols (car l’agriculture intensive les appauvrit) et augmenter ses rendements sans polluer outre mesure. En supprimant la mécanisation, il peut créer des emplois (ce qui ferait baisser le chômage et qui redonnerait vie aux campagnes) et entrerait dans la compétition mondiale de manière qualitative et non quantitative, car la France est un pays trop petit pour prétendre produire au même coût que les grands producteurs mondiaux.
Mais comme toujours, la PAC (politique agricole commune) ne privilégie pas assez ce type de production. Comme toujours, les lobbys de la grande distribution font pression sur l’ensemble de la chaîne de production ; les mêmes grandes distributions surfent sur la vague du bio en mentant un peu sur la marchandise, au détriment des filières de commercialisation courtes (comme les Amap). Le chemin est long vers l’alimentation biologique, et quand nous y serons, c’est qu’il sera probablement trop tard.
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50 idées reçues sur l’agriculture et l’alimentation de Marc Dufumier, publié par les toutes nouvelles éditions Allary, est un ouvrage à la fois captivant et inquiétant. Globalement, ses propos ne sont pas surprenants, ils relèvent du bon sens et de la simplicité et s’opposent à la rationalisation extrême qui fait la folie des hommes, mais il est facile à lire, bien rédigé et bien construit, avec peu de mots barbares (lesquels sont expliqués dans un glossaire si besoin), ce qui en fait un ouvrage accessible qui fournit les bases d’une connaissance agroéconomique et écologique.
Entre 2007 et 2012, la consommation de “produits bio” aurait doublé, et ce malgré la crise. Ni tendance ni bobo, une conscience s’élève, malgré la marketisation de ceux qui en profitent. Comme quoi, il n’est pas seulement question du porte-monnaie, mais d’une condition fondamentale : bien se nourrir pour bien vivre. Et vous ?
Les « veuves du jeudi », ce sont ces desperate housewises des quartiers résidentiels hautement sécurisés de Buenos Aires qui voient leurs maris se réunir et discuter le jeudi soir. Privées de leurs maris, elles se regroupent et s’occupent de leur côté. Sauf que lors d’une de ces réunions, les corps des hommes ont été retrouvés dans la piscine.
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Les Veuves du jeudi est un roman captivant parce qu’il décrit de l’intérieur toute la violence symbolique qui règne au sein de ces quartiers résidentiels hautement sécurisés. La tension est constante : se soucier à chaque
instant de ce que notre famille montre, de ce que les voisins perçoivent ou entendent, et cacher à tout prix l’échec et la honte. Toute l’énergie est dépensée en une succession de petites actions perpétrées pour paraître et faire que le bonheur continue à rester lisse et normal. L’obsession des apparences est si ancrée qu’elle se confond avec l’honneur et l’amour propre. On atteint alors des degrés de superficialité et de souffrance glaçants. Jusqu’à quel point doit-on sauver les apparences ?
Pourtant, le monde extérieur avec sa propre violence est à leurs portes. À travers Virginia et les autres desperates housewives, on opère des glissements successifs de plus en plus tendus vers ce jour de septembre 2001 où trois maris sont retrouvés morts dans la piscine.
La violence est aussi dans le désir illusoire de vouloir se replier, de vivre dans le communautarisme, désir de vivre entre soi qui habite les classes privilégiées des pays du monde entier et qui ne fait qu’accentuer la ségrégation des peuples et la peur de l’autre.
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Anne et Marine Rambach, huit ans après Les Intellos précaires Rambach, refont un état des lieux grâce à une nouvelle série d’entretiens qualitatifs. La première partie des Nouveaux Intellos précaires est une redite du premier volume, puisque les intellos précaires existent toujours – et semblent même de plus en plus nombreux, même si le chiffre est difficile à évaluer.
En revanche, la seconde partie propose une démarche intéressante : chaque secteur – journalisme, édition, recherche, enseignement, audiovisuel – fait l’objet d’un chapitre détaillé sur les évolutions
professionnelles et législatives, comme la loi Aubry sur les 35 heures et son impact sur le travail précaire. Les changements propres à chaque secteur ont entraîné une accentuation de la précarité, mais en sens inverse, la précarité entraîne une baisse progressive de la qualité du travail qui a des conséquences de plus en plus visibles.
Parmi les secteurs concernés, on peut évoquer tout particulièrement la précarité dans la presse et chez les éditeurs, mais d’autres précarités, moins connues, existent : les enseignants vacataires, les doctorants et les post-doc dans la recherche, les scénaristes de la télévision.
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Au résultat, la situation des intellos précaires se serait dégradée. En tant que variable d’ajustement de la masse salariale, ils sont dévalorisés. D’une manière constante, la mise sur sellette des travailleurs n’apporte pas une meilleure qualité de travail mais force l’individu à développer des stratégies pour satisfaire l’employeur au détriment de la qualité du travail. La précarité pousse à tricher avec son métier. Les plus intègres changeront de métier ou l’exerceront comme des puristes ; les autres s’accommoderont de “cette nouvelle manière de travailler”.
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http://www.bibliolingus.fr/les-nouveaux-intellos-precaires-anne-et-marine-rambach-a106565544
Au mauvais endroit, au mauvais moment
Arizona dans les années 1960. Hugh avait pris la route pour se rendre à Phoenix pour se rendre au mariage de sa sœur. En chemin, il avait pris une autostoppeuse, une jeune fille, peut-être 14 ou 15 ans, qui avait semblé lui débité des mensonges sur sa destination.Mais Hugh l’avait déposé à l’endroit convenu et avait rejoint sa famille lorsqu’il est interpellé par la police.
Selon la police, il serait impliqué dans le meurtre d’une jeune fille dont le cadavre vient d’être retrouvé près de Phoenix. Plus exactement, ce meurtre aurait été entraîné par un avortement qui aurait mal tourné. Or, Hugh est médecin. Et en plus, il est Noir.
Si la ségrégation a été abolie justement dans les années 1960, les mentalités n’ont pas évolué au même rythme que les lois. À jeter aux chiens raconte comment Hugh, qui se trouve au mauvais endroit, au mauvais moment, est le coupable tout désigné d’un fait divers. Doublement coupable, parce qu’il est accusé de crime envers une personne blanche, et parce que l’avortement est interdit.
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Ce roman n’a aucune portée si on ne connaît pas le contexte. La tension monte en même temps que l’étau se referme autour de Hugh, mais il manque quelque peu d’intensité, comme si l’auteure n’avait pas voulu aller trop loin dans l’injustice. Elle aurait pu pourtant, car la réalité a bien souvent dépassé cette fiction. La langue est simple, sans fioritures, brutale puisque le racisme y est évoqué sans ambages.
La collection Arcanes chez Joëlle Losfeld, malheureusement en suspens depuis quelques années, est une collection de littérature engagée. L’injustice, les inégalités, la peine de mort, le racisme... C’est rare de lire des textes à la fois littéraires et politiques (le combo ultime), mais Arcanes les avait saisis. C’est vrai que la littérature engagée, ce n’est pas vendeur, mais rien que pour elle, ça vaut la peine d’être éditeur. Chers éditeurs de Joëlle Losfeld…
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http://www.bibliolingus.fr/a-jeter-aux-chiens-dorothy-b-hugues-a107567700