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Au fil de ses romans, Thomas Lavachery ne perd en rien son charme ou son talent pour raconter des histoires.
Dans son dernier-né, il nous emmène dans un petit village pittoresque de l'Amérique des années 30, intrigué par plusieurs mystères, que l'ensemble de ses habitants, qui sont soudés et
ont fort heureusement le sens de l'entraide, vont s'efforcer de percer...
Comme pour ses précédents romans, le style est fluide et raffiné, un vrai bonheur.
Et puis sa fantaisie naturelle s'exprime une nouvelle fois dans le portrait de ses personnages, soigneusement croqués.
Ainsi, on les suit avec beaucoup d'intérêt, dans cette aventure rocambolesque au suspens parfaitement entretenu, mais qui sait ménager de vrais éclats de rire.
C'est peut-être pour cela que, une fois arrivé(e) à la dernière page, on ne peut s'empêcher de se dire que franchement, oui, il ferait bon vivre à Chatom !
Ce roman, qui est avant tout un bel objet, outre le fait d'être passionnant, propose plusieurs sujets judicieux.
La fascination pour les mondes virtuels, via les jeux en ligne, l'emprise qui en découle, et qui, chez des personnes fragiles, peut vite devenir une addiction, l'identité numérique,
ainsi que la collecte de données personnelles à des fins mercantiles, tous les risques qu'encoure finalement une personne qui ne connaît pas ces multiples pièges et risque d'en subir les conséquences.
A travers l'histoire d'Alex, qui fuit un quotidien dénué d'intérêt en passant des heures sur NEB, le jeu mondial dont tout le monde parle, l'auteure de « La pyramide des besoins humains » que j'avais beaucoup aimé, offre un thriller avec tous les ingrédients qui tiennent un lecteur en haleine.
Conflit parent-enfant, dépendance, manipulation de la part des GAFAM, piraterie sur le net, esprit critique qui débouche sur des actes de résistance, le tout servi par une écriture, dynamique, incisive, impeccable.
Très intéressant, et prenant.
Nous vivons une époque qui, tous les jours, apporte son lot de faits divers marquants, d'autant plus que les principaux protagonistes en sont des jeunes de tous âges.
On parle « d'ultra violence », et qu'elle soit physique, verbale ou plus insidieuse, parce qu'instillée jour après jour via
les réseaux sociaux, elle n'en fait pas moins des ravages.
Ce roman choral terrible, bouleversant, malheureusement hyper réaliste, est un condensé de tout ce qui peut arriver à un jeune, à n'importe quel moment, mépris, injures, haine gratuite, isolement, jusqu'à lui faire perdre pied et le conduire à une réaction extrême.
Dans cette histoire, s'expriment tous ceux qui ont approché de près ou de loin les deux principales actrices du drame.
Et qui n'ont rien vu venir.
Parce-que Orlane, la victime, se mure dans un silence dévastateur.
Et que Sarah, l'instigatrice de ce lent supplice, est la reine des hypocrites.
(Même si sa propre situation est difficile à vivre, cela ne lui donne pas le droit de se défouler sur quelqu'un.)
Ce roman utile laisse une profonde empreinte de tristesse, car notre société regorge de Sarah et d'Orlane.
Et ça, c'est intolérable.
Petit par l'épaisseur, mais d'une intensité exceptionnelle, ce court roman, qui sonne comme un cri de révolte, est construit sur l'alternance de deux points de vue.
Celui d'un adolescent en rupture de ban qui décide de fuguer, et celui d'une biche qui essaye désespérément d'échapper aux balles
des chasseurs.
En commun, un désir profond et urgent « d'ailleurs », car pour l'un comme pour l'autre, l'instant présent est inacceptable.
Et puis, durant une fraction de seconde, le choc de la rencontre.
D'une écriture directe, efficace, fébrile, (des phrases courtes et nerveuses), l'auteur réussit à happer le lecteur et à lui faire embrasser le destin de ces deux êtres au bord du gouffre.
Un texte simple, soigné, prenant, haletant, révoltant, mais aussi généreux, qui se lit d'une traite, et qui , après vous avoir fait redouter le pire, vous laisse le sourire en toute fin, (et vous conforte dans l'idée que décidément, la chasse vous est insupportable !)
Si tu as les joues roses, c'est simple, c'est que tu as le béguin pour quelqu'un.
Armés de cette conviction, Julius et sa copine Elsa partent en chasse d'une hypothétique amoureuse pour Victor, le papa de Julius, afin de le « faire retomber sur terre ».
C'est l'un des premiers romans de Malika
Ferdjoukh, que l'Ecole des Loisirs a l'excellente idée de rééditer, et où l'on retrouve avec bonheur sa plume légère et pétillante..
Comme à son habitude, les personnages qui évoluent au fil de l'histoire sont un vrai régal.
Julius qui doit gérer prématurément des problèmes d'adultes, Elsa qui n'est jamais à cours d'idées, parfois un rien douteuses, Victor, complètement déconnecté de la réalité, et une mention particulière pour Tatie, la tante d'Elsa, légèrement « azimutée », et grande consommatrice de romans à l'eau de rose.
Incontournable ! Dès 9 ans.
Racontée à la première personne, cette histoire instructive et dépaysante n'est autre que celle de l'auteur, qui dépeint son enfance vers les années 60', dans une URSS archaïque et autoritaire, où la suspicion, la délation, l'indigence du peuple règnent en maître.
Comme c'est un récit à
hauteur d'enfant, qui ne mesure pas vraiment la portée d'une politique raciste, répressive, ni les extrêmes difficultés liées au seul fait de survivre, on a souvent le sourire en suivant les péripéties de cette famille unie, attachante, dont chaque membre est à lui seul un vrai poème.
Et puis c'est un vrai document sur une époque où la guerre froide fait rage, où tout ce qui vient de l'ouest est maudit, où l'accomplissement passe forcément par un talent d'exception, en d'autres termes où la médiocrité n'est pas de mise, si l'on veut avoir une petite chance de réussir sa vie.
Insolite et drôle, dès 10/11 ans.
Ce récit retraçant l'histoire de l'Allemagne entre 1914 et 1933 du point de vue d'un citoyen lambda, est d'une actualité glaçante.
Et ça se lit comme un sombre et excellent roman à suspense.
Si vous voulez comprendre les mécanismes qui menèrent à l'ascension d'Hitler et qui aboutirent
aux camps d'extermination ; si vous voulez comprendre certaines dérives (terrorisme djihadiste, montée des extrêmes droites) bien de nos jours ; si vous voulez des clés pour que la lucidité reste la norme devant toutes les menaces à la liberté ; alors, n'hésitez pas : la lecture de ce texte ne vous décevra pas.
Si vous ne voulez rien de cela, mais tout simplement un très bon roman nous racontant l'histoire d'un combat – inégal – entre un simple individu et un État tout puissant, vous n'avez plus à chercher : Histoire d'un Allemand est votre roman.
Je ne les avais pas lues, ces chroniques, à l'époque de leur sortie. J'étais passé à côté de leur première publication en livre. Et voilà que le récit du procès des attentats terroristes du 13 novembre 2015 à Paris sort en format poche.
Je le prends, j'ouvre les premières pages, je m'engouffre
– car c'est dans un gouffre que l'on plonge dès les premières lignes de ce récit mené d'une main de maître tel un roman à suspense : dès le début, on est happé par la force, la précision, l'intelligence du texte. Mais aussi, et surtout, par la puissance émotionnelle de l'expérience qu'il nous raconte.
Un texte bouleversant à l'image de la bouleversante réalité qu'il essaie de nous transmettre. Jamais manichéen, il nous jette au visage la face troublante, virevoltante, multiple de l'humain.
Dans un monologue exalté, le narrateur raconte comment il devient un homme, un vrai, à l'image de Schwarzenegger son idole.
Obsédé par son programme, il enchaîne les exercices (en justaucorps bleu) pour faire sortir le monstre et plaire aux femmes.
Victor Malzac signe un premier roman fou au
rythme effréné qui sonde avec brio et beaucoup d'humour la question de la masculinité.
Délicieusement loufoque,et merveilleusement illustrée , cette histoire qui démontre la difficulté de créer, de croire en soi, d'être fidèle à ce que l'on est, et de plaire au plus grand nombre...
L'art c'est subjectif !
Et Paty va vouloir abandonner plus d'une fois son projet d'exposition,
mais va finalement s'accrocher, et contre toute attente, ça payera !
Excellent, dès 4 ans.
Outre les adorables aquarelles lavées, et la plume légère qui aborde des thèmes forts, le côté génial de cet album réside dans la manière dont l'histoire est abordée, avec une inversion des rôles, tels qu'ils se déroulent habituellement dans les histoires d'abandon.
Ainsi, c'est le chien
qui se croit coupable d'avoir abandonné son humain...
C'est tendre, délicat, c'est plein d'humour , ça parle d'amitié et d'entraide,c'est une vraie réussite signée Claire Lebourg qui nous ménage également une chute émouvante, à la hauteur du reste, en « bouclant la boucle »...
Mais ce n'est pas étonnant de la part de quelqu'un qui nous a toujours habitués au meilleur.
Certains romans se distinguent des autres, et laissent une empreinte tenace à leurs lecteurs.
LX18, cette dystopie addictive et fascinante, est de ceux-ci
Faisant écho, d'une certaine manière, à l'actualité, qui, malheureusement, n'évolue pas vraiment vers la paix entre les nations,
son sujet
est à la fois insolite, brillamment exploité, et superbement écrit.
Dès les premières pages, le héros principal, Hélix,se montre extrêmement attachant.
Déterminé à s'intégrer, appliqué à apprendre, sa découverte de la littérature, des émotions nouvelles qu'elle lui apporte, le faisant réaliser ce qu'il est (et par la même occasion ce qu'il n'est pas) , est bouleversante.
Il nous donne cependant parfois l'occasion de sourire, tant sa perception du monde des « vrais » humains est vue sous le prisme d'un être formaté, un soldat dénué d'états d'âme, juste bon à faire la guerre.
Ce qui le fait d'ailleurs s'exprimer d'une manière abrupte, militaire, efficace, donc drôle, et apporte un peu de légèreté à l'histoire somme toute tragique de ces êtres, comme lui, « sacrifiés », pour qui on ne peut s'empêcher d'espérer un dénouement sinon heureux du moins acceptable.
Utopie ?...
A vous de le découvrir.
Mettrons-nous jamais un terme à la bêtise humaine ? J'en doute.
En attendant, en espérant ce jour improbable, replongeons dans ce classique de la littérature tchèque, suivons ce brave et stupide soldat qui ne jure que par l'ordre, celui de la Patrie, notamment. (De quoi se demander : l'ordre,
patriotique, religieux, scientifique, économique, sociétal, n'amènerait-il pas, invariablement, à la guerre, et donc, au plus grand désordre qui soit ? Ŝvejk ne serait-il pas un miroir reflétant la stupidité générale, celle de toute une société ?)
Par ces jours de menaces rampant de tous bords, ce roman, tout en dénonçant notre passé de bêtises et d'horreurs, tout en nous amusant, et en suscitant la pensée, nous éclaire sur notre présent – fait, lui aussi, de bêtises et d'horreurs.
La couverture de ce roman ne me prédisposait pas à en avoir une appréciation aussi enthousiaste, je l'avoue.
Alors vous, ne tombez pas dans le même piège...
Car ce roman est une merveille:
de pureté, de sincérité, d'amour vrai, d'espoir, offrant de profonds sujets de réflexion, dans lesquels
chacun pourra puiser ce qu'il en attend, et, (je m'avance un peu mais je défends cette idée!), ne sera jamais déçu.
La plume est originale, poétique, rythmée par des vers libres d'une folle élégance, offrant parfois des calligrammes somptueusement composés.
Les personnages, à l'image de l'écriture, et malgré les doutes et les larmes dissimulées, sont pleins de vie et d'envies, ouverts, altruistes, bienveillants, de ceux que l'on aimerait rencontrer.
Adèle et Nilo sont jeunes, ils ont un avenir à construire, et grâce à cet entourage favorable, bénéficient de l'essentiel pour le rendre heureux
Le talent de Nadine Brun-Cosme s’exprime d’habitude plutôt par l’écrit.
Nous la découvrons ici sous un aspect plus rare, celui d’une saisissante aquarelliste.
Cet album, à l’histoire et à la plume bouleversantes, évoque l’angoisse d’un enfant face à l’absence soudaine de son
chien.
Il passe par une succession d’émotions que quiconque reconnaîtra dans une situation similaire, inquiétude, angoisse, impatience, résignation, espoir, le tout exprimé par des phrases courtes, où le passé simple apporte un côté définitif et douloureux.
Jusqu’à la chute qui apporte un sourire mêlé de larmes…
Devant la complexité de l'Histoire, et les questions qu'elle nous pose, nous avons tendance à trouver des réponses plutôt simples et manichéennes : le Bien contre le Mal, la Civilisation contre la Barbarie.
Mais que dire des rapports entre Voltaire et l'impérialisme, le siècle des Lumières
et l'Holocauste, la modernité et le révoltes de tous bords, Bakounine et les terroristes contemporains ?
Dans cet essai d'une érudition à couper le souffle, d'une clarté et d'une rigueur sans reproches, l'auteur, en balayant deux siècles d'histoire et tous les continents, nous délivre une réflexion aussi éclairante que novatrice sur les violences contemporaines.
Pour toutes celles et ceux qui s'inquiètent des et veulent comprendre les dérives extrêmes – nationalistes, identitaires, sexistes, suprémacistes, djihadistes – qui menacent de partout la vie en société.
Un album merveilleusement abouti sur le plan graphique.
Ses aquarelles fines sont colorées et pleines de vie.
La mise en page est hyper dynamique grâce à l’alternance d’illustrations pleine page et de petites vignettes parfaitement représentatives des péripéties vécues par les héros
qui animent l’histoire.
Quant à celle-ci, c’est un régal, car chaque fois que la nature sauvage et innocente peut reprendre ses droits sur la présence envahissante, destructrice, bruyante et sans âme de l’être humain, c’est à mon sens une petite victoire…
A contempler et à aimer à partir de 3/4 ans.
Page après page, les saisons se succèdent dans une multitude de petits détails propres aux situations quotidiennes et aux lieux familiers que nous avons coutume de fréquenter dans nos vies de tous les jours.
Cet album a la grâce et la finesse du trait de Claire Lebourg, qui excelle dans l’art
de raconter des histoires en images.
Chez elle, le texte est souvent d’une grande sobriété, l’économie des mots étant compensée par la richesse et la minutie dont elle fait preuve à chaque illustration.
Ses aquarelles sont délicieuses d’humour et de sensibilité, en un mot, de charme.
Candidat de la saison 2019 du Meilleur Pâtissier (M6), Baptiste Fache a depuis créé sa propre marque de cookies. C'est donc naturellement que son premier livre de cuisine est consacré entièrement à ce gâteau, avec plein de déclinaisons originales. Cinq chapitres nous font faire le tour du biscuit
: les cookies de sa vie (qui relate les étapes importantes de la vie de Baptiste), cookies de voyage (pour (re-)découvrir les saveurs du monde), cookies en couleurs, cookies glacés, et enfin (et non des moindres) les cookies pâtissiers, encore plus gourmands et plus élaborés !
On connaît tous la pièce iconoclaste de Jarry, mais connaissons-nous l’œuvre immense de ce franc-tireur des lettres françaises ?
Poésie, proses diverses, romans, almanachs, dessins, on retrouve dans ce volume les multiples facettes de ce personnage hors-pair à l'écriture acide et tranchante.
Un
esprit libre pour un temps de débâcle, ça fait merdrement du bien !
Un petit roman peu vraisemblable mais divertissant, ou, comment une adolescente qui s’enferme délibérément dans une spirale de mensonges, va
se retrouver piégée
se ridiculiser
et découvrir le vrai sens du mot « honte »
Ça se lit vite, l’héroïne est un peu crispante tant elle
est prétentieuse, mais les dialogues sont vivants et par moment on a tout de même de la compassion pour elle, lui souhaitant de découvrir que la valeur intrinsèque de quelqu’un est sans rapport avec l’épaisseur de son porte monnaie…
Parfait pour passer du temps sans aucune prise de tête !…
Deuxième roman d’une jeune auteure au talent fou, à la plume atypique, personnelle, sensuelle, parfois surprenante, mais vraiment intéressante.
Après « Et dans nos coeurs, un incendie », qui m’avait bluffée, voici une plongée dans le monde désenchanté d’une bande d’ados, dans
la France profonde des années 90’.
Leur quotidien, teinté d’un ennui chronique, leurs peurs, leurs déceptions, leurs attentes, leurs fêlures, nous renvoient à nos dix sept ans, avec une bienheureuse nostalgie.
Elodie Chan dépeint avec justesse un milieu provincial où chacun des personnages est une sorte de stéréotype, qui va du père alcoolique et violent au « fils à papa tombeur de minettes », en passant par l’amoureux transis ou l’adolescente rêvant d’une vie de star.
Le titre résume parfaitement l’état d’esprit de tout ce petit monde, on est des gens ordinaires, avec des rêves ordinaires, mais les rêves ne sont-ils pas à eux seuls une raison d’exister sinon de (sur)vivre ?
Recueillir un bébé animal, l’aider à grandir, s’y attacher et devoir lui dire adieu...
Un thème maintes fois visité, mais particulièrement bien traité dans cet album.
Les illustrations d’un grande finesse accompagnent un texte élégant et bien rythmé.
Dès 4 ans.
Pour tous les amateurs de rigolade, cet album facétieux propose des saynètes toutes plus cocasses les unes que les autres :
chacune d’entre elles bénéficie du talent subtil du narrateur qui en est aussi le génial illustrateur.
(Mention spéciale pour l’acte IV!)
La mise en page est attractive,
le trait est fabuleusement drôle, les aquarelles explosent de couleurs, et les dialogues ont un "je ne sais quoi" de charme à la Pagnol…
D’ailleurs, ils sont parsemés de mots en provenance directe de notre sud provençal, qu’il sera de bon ton de prononcer « avé l’assent » !…
Faites confiance à la couverture, elle est carrément prometteuse, quant au contenu il est savoureux.
Davide Morosinotto renouvelle l’exploit de m’avoir tenue en haleine durant les quelques six cent trente pages de son dernier roman.
Une fresque époustouflante à tous points de vue, remarquablement documentée, écrite avec la minutie qu’on lui connaît, qui possède le souffle d’un roman
d’aventures avec un grand A.
XVIII ème siècle, cap sur la mer de Chine, où sévissent les plus redoutables pirates.
Parmi eux, Shi Yu, personnage hors norme, jeune femme à la volonté farouche, au courage édifiant, virtuose dans la technique de combat du wushu, un art martial pratiqué par les pirates.
C’est une femme libre, indomptable, fière, mais c’est une femme.
Prête à aimer, à donner, elle est fidèle et loyale envers ceux qui la côtoient.
Les chapitres qui se succèdent ponctuent les différentes périodes de sa vie, de ses six ans, alors qu’elle est une misérable petite fille exploitée par un aubergiste sans scrupule, à ses quarante six ans, quand elle est devenue quelqu’un d’important, de riche et de respectée.
Formidablement romanesque, dépaysant, ce roman est avant tout le cadeau d’un merveilleux conteur.
Six mois se sont écoulés depuis les évènements qui ont secoué la vie paisible d’Annabelle, qui s’en remet difficilement.
(cf : »L’année où j’ai appris à mentir »)
On la retrouve avec un bonheur immense, toujours aussi profondément altruiste, spontanée, se posant mille (bonnes!)
questions, entêtée et curieuse dans le bon sens du terme, ce qui l’amène à se mêler de la vie des autres, mais toujours pour la bonne cause…
Ces nouvelles aventures, dépeintes avec la poésie et la sensibilité , mais aussi l’humour qui caractérisent la plume de Lauren Wolk, nous parlent du privilège de grandir dans une cohésion familiale complice et épanouissante, de maltraitance animale, mais aussi malheureusement domestique, et enfin, de la possibilité de se racheter de ses fautes, ce qui s’apparenterait à une forme de rédemption salvatrice.
Terriblement attachant.
Ce court roman, écrit à la première personne sous forme d’une palpitante dystopie, est un astucieux prétexte, pour faire la connaissance de Sitting Bull, un des derniers chefs indien à résister à l’administration américaine.
L’action se déroule dans un New-York futuriste, dévasté,
où les bandes rivales s’affrontent sans merci, et fait émerger des personnages broyés par le système, révoltés, telle Jennifer, qui ne cherchent qu’à survivre le mieux possible.
Une lecture simple, tranchante, idéale pour amateurs de romans courts.
Comme auparavant dans le savoureux « La littérature sans estomac », Pierre Jourde s'en prend à nouveau, sans relâche, à la bêtise. Son champ, cette fois-ci, est plus large : la littérature, bien sûr, mais aussi la culture, l'éducation, la politique.
Toujours dans son style polémique,
mitraillette à la main, l'auteur fait un tour d'horizon comme on tire à l'aveugle. Sauf qu'il ne tire pas à l'aveugle, et chaque tir, juste, atteint son but.
N'étant quand même pas qu'un tireur, il sait, comme toujours, reconnaître l'intelligence et la qualité là où elles, rares de nos jours, sourdent.
On est en pleine guerre, et ce « dieu gavé de sang » n'épargne personne : comme toute guerre, celle-ci est sanglante.
Mais au-delà de la dénonciation de cette « épouvantable machinerie », nous voilà face à un grand, très grand roman !
À travers une écriture plastique et cinématographique
d'une efficacité rare, on fait corps avec un jeune soldat pris par les événements et combattant deux farouches ennemis : l'armée d'en face et – le pire – sa propre conscience.
Troublant !
Ce livre de cuisine sort vraiment du lot. Ses petits plus ? Décliner un plat à partir d'une base ou par saison, estimer le prix pour chaque recette, proposer un véritable système d'organisation, autant d'atouts parfaits pour optimiser notre budget et notre gestion de stock tout en faisant attention à notre santé et à l'environnement.
Vous connaissez peut-être déjà @thedailysaby sur Instagram? Saby a eu la bonne idée de compiler ses meilleures recettes et astuces dans un livre. Son objectif ? Nous donner envie de cuisiner. Pari réussi! Ses préparations sont en effet archi-simples dans un esprit sans prise de tête, idéales même pour les très grands débutants !
Des recettes simples (comme le suggère le titre de l'ouvrage...), écoresponsables (recettes végétariennes nécessitant peu d'ingrédients et peu de vaisselle), classées par saison, avec des mises en scènes appétissantes, un livre dans la droite lignée des éditions La Plage, premier éditeur
sur la cuisine alternative.
En plus, l'autrice est de Lyon! A suivre absolument...
Les grands discours sont superflus…
C’est une petite fable simple, incroyablement actuelle, mais aussi cruelle…
dont la chute suffit à la rendre terriblement efficace.
Un album militant, et ça, j’adore.
De l'autrice, on aimait déjà ses romans graphiques au dessin si particulier nous renvoyant à la peinture de De Chirico ou à celle de Paul Delvaux : hiératiques et pleins d'une expression muette, ses personnages nous touchaient d'une façon profonde et mystérieuse.
Et voilà que Marion Fayolle
nous offre un premier roman d'une écriture aussi crue, incisive et elliptique que ses dessins.
Et la magie opère encore !
Nous voilà devant un texte d'une mélancolie soutenue, d'une tendresse souterraine, d'une beauté souveraine qui nous fait sentir les odeurs, entendre les sons, les silences, sentir la dureté et la douceur de ce coin de pays, de ses bêtes et de ses gens qu'on n'oubliera pas de sitôt.
Ce dernier roman de Nathalie Bernard se révèle tout aussi passionnant que les précédents, et il colle à l’actualité de façon frappante : en effet, à l’occasion de la COP28, la France a reçu fin novembre 2023 quatre des gardiens de ces forêts primaires du globe, menacées de déforestation.
L’action
se situe en Amazonie, et l’auteure a su mêler suspens et pédagogie dans cette histoire qui a le mérite d’aborder un thème crucial en tenant le lecteur en haleine, puisque notre jeune héroïne veut faire la lumière sur la mort de son frère, et démasquer celui ou celle qui trahit les intérêts de sa tribu.
La plume de Nathalie Bernard, une nouvelle fois militante, ( après ses deux ouvrages sur les amérindiens que j’ai beaucoup aimés ), est des plus agréables, soignée et pleine de vie, et nous offre un voyage dépaysant au coeur d’un continent dévasté, ou continue d’exister tant bien que mal, ce que l’on a coutume de nommer le poumon vert de la planète.
Mais pour combien de temps, encore ?…
Antonio Carmona est un jeune auteur à suivre, car son premier roman est un pur délice.
Il aborde un sujet grave avec une élégance et une sensibilité qui touchent le coeur, mais il sait aussi apporter le rire grâce à des personnages détonants et des situations cocasses.
C’est un récit à
la première personne, qui parle de la vie, mais aussi de la perte de quelqu’un qu’on aime, de la force du souvenir qui le garde vivant en soi, d’une amitié profonde qui surgit là où on ne l’attend pas, et puis c’est aussi un voyage au Pays du Soleil Levant, une immersion dans sa culture, ses coutumes, qui offrent un vrai dépaysement.
D’une écriture soignée, l’auteur fait prendre vie à des personnages pittoresques à souhait, merveilleusement dépeints (oh ! L’inénarrable Madame Dédenon!), des gens vrais, qui « essayent » tous d’exister malgré leur fêlure, leur différence, leur solitude ou leur chagrin.
A lire, à offrir de toute urgence, car l’émotion, la bonne humeur et la tendresse qui s’en dégagent sont comme une friandise qui fond lentement sous la langue…
Quand un roman réunit deux auteurs majeurs de la littérature young adults, il y a des chances pour qu’il tienne toutes ses promesses.
Et la lecture de celui-ci m’a confortée dans cette idée.
Cette quête d’amour désespérée d’ une mère indifférente et égoïste, et d’un père disparu
soudainement de la vie de ces deux adolescents, m’a rappelé à quel point ces deux auteurs ont le don de s’adresser à leurs lecteurs à travers des histoires d’une authenticité et d’une humanité bouleversantes.
Le roman se présente sous forme d’échange épistolaire, (ici, des mails), qui nous dévoile peu à peu la vie vide de sens de Ezra et Béa, la fugue de celle-ci, l’angoisse de son jeune frère devant son silence, l’incompréhension et la colère qui les habitent tous les deux, la réelle affection qui les lie.
Le désamour d’une mère n’est-il pas révoltant ?
Comment se construire pour une vie d’adulte épanoui quand dans l’enfance, il a manqué le principal ?
Dans leur dialogue par écrit, le frère et la sœur se confient, s’expliquent, se consolent, jusqu’à ce qu’un évènement déterminent leur apporte enfin des réponses.
Un format généreux pour une adorable histoire merveilleusement illustrée : craquez pour découvrir les péripéties cette petite chouette arrachée à sa vie bien tranquille nichée tout en haut d’un vertigineux sapin.
Noël approchant, les bûcherons s’en donnent à coeur joie, et notre petite
héroïne va vivre une grande aventure.
Définitivement craquant !
Vous ne connaissez pas encore Annie Le Brun ? Il n'est pas trop tard. Prenez ce volume, emportez-le chez vous, dans un parc, à la campagne, devant la mer, dans les hautes montagnes, dans le bistrot du coin. Ouvrez-le et laissez-vous emporter par cette voix intransigeante, d'une intelligence rare,
solitaire, vivante.
À travers ses poèmes et ses essais critiques, Annie Le Brun ne cesse de nous rappeler, par ces temps de fermeture de tout horizon, et avec une lucidité implacable, l'importance de nous trouver des appels d'air dont la poésie et l'amour, dans leur plus haute expression, seraient et la source et les garants.
À la fin de cette lecture, vous ne verrez plus le monde comme avant. Vous ne serez peut-être plus le même. Et ce sera tant mieux pour vous.
Voici un petit manuel de résistance et de combat.
En revenant sur quelques épisodes de lutte contre l'accaparation par le capital de tout territoire et de toute forme vivante, Kristin Ross nous livre une analyse novatrice sur les formes d'action menées par celles et ceux qui ne se laissent pas
faire.
Se battre pour une idée ? Non, se battre pour un lieu. Pour des nouvelles formes de vivre. Contre les hiérarchies. Pour la décentralisation et la participation. Pour un temps où les priorités seraient celles du vivant, de la justice, de la solidarité.
Par un temps – en apparence – sans issue, voici un opuscule qui propose des chemins.
Par ce roman abrupt et sans concession, Anne Lise Heurtier s’attaque à deux sujets très actuels, brûlants, qui font des ravages dans tous les milieux, y compris, évidemment, celui des adolescents.
Le pouvoir destructeur des réseaux sociaux et le harcèlement, vont faire passer son héroïne,
Louise, du statut de jeune fille équilibrée et bien dans sa peau à celui de victime, bafouée, rejetée par tout le monde, et ce, juste sur un malentendu.
Mais elle aborde aussi avec force le sentiment d’infériorité qui prédomine dans le fait de ne pas posséder de smartphone, la pression de « faire comme tout le monde », la cruauté gratuite, la dissimulation du harcèlement, qu’entretient par honte, le plus souvent, celui ou celle qui en souffre, jusqu’à perdre pied et remettre toute sa vie en question.
Avec sa narration fluide et directe, ce roman est donc une lecture utile, pleine d’enseignement, qui prouve que cela « n’arrive pas qu’aux autres », et qui, à mon sens, devrait être diffusée le plus largement possible au sein des collèges.
Thimothée le Veel rend hommage à ce conte relativement peu connu d’Emile Zola, ( qui n’est pas sans rappeler de par sa morale, la fameuse fable de Jean de la Fontaine, « Le loup et le chien » ), dans cet album d’une qualité graphique exceptionnelle.
Quoi de mieux, que la liberté, même
si c’est au prix d’un perpétuel ventre creux !…
Le matou de notre histoire n’est pas prêt à un tel sacrifice, et regarde avec respect et admiration son compagnon de folle équipée, dont il gardera, au mieux, le souvenir ému d’une excitation sans pareille, ainsi que celui d’une certaine volupté, celle d’avoir pu s’encanailler au moins une fois, dans sa vie de chat domestique bien rangée.
Un conte espiègle, fabuleusement beau, le cadeau parfait…
Le temps de ce nouvel et épatant album, Torben Kuhlmann délaisse son héroïne habituelle, notre petite souris l’aventurière, pour un récit original, raconté comme d’habitude avec l’élégance de style qu’on lui connaît, et la virtuosité artistique de ses illustrations.
Et en outre parfaitement
documenté, car là encore, il y ajoute un petit côté pédagogique très pertinent, en donnant quelques notions scientifiques au lecteur, au cours du récit et en fin d’album, sur les couleurs et la lumière.
C’est aussi une belle histoire de courage et de résistance de la part des deux héros, qui veulent faire sauter la contrainte imposée à toute une population de vivre dans un univers uniforme, dépourvu de joie de vivre.
Le texte est relativement dense et convient à un bon lecteur dès 8/9 ans.
Kristin Ross continue sa relecture de l'histoire de la France en s'attaquant, cette fois-ci, à la brutale modernisation du pays après la Seconde Guerre mondiale.
En jetant de nouvelles lumières sur le passé récent, l'autrice, comme souvent, nous offre des éléments pour mieux comprendre –
et peut-être transformer – le présent.
Cela commence comme un conte : « Autrefois… » Un conte un peu morose à ses débuts, avec ces phrases répétitives, ces scènes, ces bouts de scènes qui reviennent sans cesse (mais c'est le travail de la mémoire, de la reconstitution du passé). Et puis, petit à petit, on se laisse prendre
par le discours, par la voix subtile de ce maître-conteur.
Un conteur qui sait aussi faire preuve de réflexion sur son art : un art de la frontière, celle qui sépare ou ne sépare pas, qui est plutôt pont – un pont (d'aller-retour) entre mensonge et vérité.
Sensuel, intelligent, cinématographique. Un bel hommage à la littérature !
Voici un texte puissant, magnifiquement illustré par l’incomparable Julia Sarda, peu connu parmi la multitude des contes signés des frères Grimm, merveilleusement adapté dans un style élégant, mais à l’humour à fleur de page.
L’intrigue est terrible, implacable autant que diabolique,
puisqu’elle repose sur le désir de richesse, la loyauté, l’honnêteté et enfin, les choix qui s’offrent à quelqu’un à divers moments « clé » de sa vie.
L’être humain étant terriblement...humain, on devine aisément la tournure que peut prendre l’histoire !
On en sort légèrement « scotché » par une chute à laquelle on ne s’attend aucunement.
Carrément génial.
Dès 8/9 ans.
Esthétiquement parfait, car jouant sur trois couleurs pour des illustrations exquises, cette histoire confirmera aux plus petits qu’un quotidien partagé avec un ami est un remède absolu contre la tristesse.
C’est tout simple... et c’est charmant !
« Rita » fait partie de ces lectures addictives qui nous poursuivent longtemps.
C’est un roman choral, dont les différents points de vue sur l’un des personnages principaux s’entrecroisent et se complètent au fil des pages, permettant ainsi au lecteur d’en savoir plus sur « l’énigme
Rita ».
Qui est-elle vraiment ?
Que vit-elle au quotidien, que cache-t’elle ?
Tout l’art de Marie Pavlenko se retrouve dans cette splendide et poignante histoire.
Sa plume, urgente, directe, nous plonge immédiatement dans le bain, (tout en ménageant avec brio le suspens relatif à l’intrigue), elle épouse merveilleusement l’intimité de chacun des narrateurs, elle s’envole dans des moments de lyrisme absolu, et plus on chemine auprès de cette bande de copains, plus on s’attache à eux, à leurs scrupules, à leurs remords, à leur impression de ne pas avoir été suffisamment attentifs et présents.
Dans ce contexte sombre, ils sont tous lumineux, surtout Rita la généreuse, la discrète, que les circonstances font grandir trop vite en lui volant son adolescence , et que l’on garde en mémoire longtemps après avoir refermé ce livre bouleversant,
Comme tant d’autres, peu gâtés par la vie, Rita a le droit d’être heureuse.
Plus on a aimé un roman, plus il est difficile d’en parler.
« Nous traverserons des orages » est l’un d’eux.
Ce roman magistral, dense, splendide, « dernier-né » d’Anne Laure Bondoux, dont on retrouve la plume directe et poétique avec bonheur, ne se lit pas, il se dévore.
Son
récit (choral) s’encre dans le Morvan, et nous fait entrer de plain-pied, à la veille de la « grande guerre », dans l’intimité d’une famille de la France profonde, comme il en existe des milliers.
La construction du roman s’articule, de façon chronologique, autour des personnages emblématiques de la famille, en leur compagnie nous remontons le fil du temps jusqu’à nos jours, nous vivons des bonheurs trop fugaces, des drames terribles, des non-dits qui rongent, des secrets bien enfouis, tandis qu’en filigrane, l’auteur déroule les grands évènements à l’échelle de la France, mais aussi de la planète.
Une somme !
Passionnante, bouleversante, tout comme le destin de ces braves gens, broyés par l’histoire avec un grand « H », autant que par les mesquineries et les préjugés d’une époque que l’on aimerait révolue…
Pour tous les amateurs de contes en randonnée.
Un chaton effrayé et perdu sous une voiture va bénéficier de l’aide de tout un quartier pour reprendre confiance et trouver une famille d’accueil.
Le texte, entouré d’illustrations aux couleurs vives, qui font penser à de l’art naïf latino,
est parfaitement rythmé, et son originalité est due à l’emploi délibéré de la négation.
On se prend au jeu de retenir à chaque page les phrases de plus en plus étoffées.
Très sympa, dès 4 ans.