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Vous n"aimez pas le tennis (ou même le sport en général )? Cet album est fait pour vous. Vous êtes un lecteur quotidien de l'Equipe ? Il est également fait pour vous car c'est une pure merveille !
En fait, ça se déroule dans le milieu sportif pour mieux développer un formidable récit qui nous tient en haleine et où se mêlent tout une palette de réflexions sur la domination, la culpabilité, sur l'humanité tout court ! Car le propos ici, en plus d'être passionnant, est aussi et surtout de faire réfléchir le lecteur. De l'environnement toxique de l'athlète (père mais aussi attachée
de presse énervée), à l'étude psychologique de Max, aussi sensible dans la vie qu'il est implacable avec sa raquette, en passant par une description économico/politique du monde actuel, tout fait sens et nourrit de façon remarquable une intrigue haletante, qui se dévore avec passion.
Entre quête de soi, témoignage sur le traumatisme de la guerre et aussi interrogations sur la sexualité, le couple, l'amour, la masculinité, la féminité, "Mauvais genre" est une totale réussite. Ca se lit comme un roman passionnant,avec en plus le regard porté par un dessin délicat et inspiré, où un peu de rouge éclaire toutes les nuances de gris (non, rien à voir avec le best seller états uniens, parce qu'ici il y a une vrai sensualité, de vrais détails érotiques). J'ai refermé cet album à la fois bouleversé par cette histoire mais estomaqué par la maîtrise de l'auteur qui signe là un album que je pourrai qualifier de parfait. Chloé Cruchaudet allie efficacité narrative, beauté plastique et réflexion. Cet album possède toutes les qualités pour prouver à ceux qui pensent encore que la bande dessinée est un genre mineur (oui, il en existe encore !!!!), qu'il va falloir qu'ils révisent sérieusement leur jugement et que bien souvent, elle est du même niveau (voire plus parfois) qu'un roman de littérature générale. Il suffit de regarder quelques planches de l'album pour apprécier du premier coup d'oeil le travail très soigné de l'auteur dont le dessin exprime parfaitement les sentiments des personnages ou arrive à créer une ambiance.
Histoire somme toute banale d'une dérive adolescente, "Le muret" parvient à attraper le lecteur et à ne pas le lâcher. Le récit tout en douceur, sans aucun jugement, tisse sa trame délicate, sans aucune surenchère mais avec une attention toute particulière à son héroïne. On la suit, on l'observe, on l'écoute, on découvre les vertus euphorisantes et chaleureuses du whisky, on ressent les vibrations apportées par les Ramones ou les Sonic Youth, on épouse petit à petit son mal être. Et le récit devient suspens, car moi, lecteur, je n'ai pas envie qu'elle plonge, Rosie. Je veux bien l'accompagner sur ce muret où elle noie son chagrin mais aussi où elle rencontre la vie et ses tentations faciles, mais je n'ai aucune envie qu'elle passe totalement de l'autre côté. Ce muret devient, en filigrane, le symbole du passage : basculera-t-elle ou pas ?
" La violence des riches" est donc à la fois un essai sociologique, bien écrit, facile à lire mais également un tremplin pour réfléchir à un autre monde que libéral , qu'il est grand temps d'éradiquer si l'on ne veut pas que tout explose, car malgré tous les moyens déployés, tous les commentateurs et spécialistes qui glosent à longueur de journées, le système se fissure petit à petit... C'est la conclusion de cet essai, seule lumière d'espoir au milieu de propos désespérants. Et ceux qui comme moi, pensaient que les riches pouvaient peut être, quand même, avoir un léger remord, le soir, avant de s'endormir, devant toutes ses masses jetées à la rue et dans le désespoir et autres turpitudes pour satisfaire le pouvoir financier, les sociologues ont cette phrase définitive en parlant du riche : " ... l'entre-soi des beaux quartiers lui renverra toujours une image de respectabilité."
Le sujet possède indéniablement une jolie portée symbolique. Cependant, l'écriture très froide et à la précision historique minutieuse gomme la majeure partie de l'émotion qui aurait pu s'en dégager, lui donnant un côté un peu raide. Sûrement l'auteur a-t-il eu un peu de mal à se débarrasser de la raideur obligée de ses travaux universitaires mais surtout des discours qu'il écrivait pour François Fillon lorsqu'il était premier ministre. Cette nouvelle (ah, pardon, roman!) ne m'a donc pas totalement convaincu. Mais félicitons tout de même Maël Renouard qui a des chances d'entrer dans le livre Guinness des records avec ce prix.... Je n'en dirai pas plus, sinon je risque de faire plus long que le livre !
"Chambre 2" est un livre prenant, incisif, original qui ne laissera personne indifférent. Un premier roman que la Fnac a eu raison de mettre en avant parce qu'assez singulier dans sa démarche à contre courant. Un livre qui dérange un peu, qui bouscule les idées préconçues mais qui sait aussi rester très humain et dont la sensibilité à fleur de peau touche indéniablement le lecteur.
Véritable plongée au coeur de l'intime, le récit de Dominique Noguez entraîne le lecteur à s'interroger sur la puissance de l'amour mais aussi sur la nécessité à exposer publiquement son intimité. Bien qu'il se décrive comme "pas immensément séduisant" physiquement, il n'a nul besoin de cet atout pour séduire le lecteur que j'ai été, sa culture, sa réflexion et sa grande sensibilité d'écrivain ont vraiment fait la différence !
C'est un petit format que l'on lit d'une traite parce que l'on a envie de savoir la fin. C'est monté comme un suspens et en plus ça distille, au fil de phrases acérées ou intrigantes, une multitudes de détails d'une densité romanesque incroyable. En peu de mots, il brosse le portrait d'un personnage jusqu'à le rendre incroyablement complexe ou formidablement précis et présent.
Si vous avez un court trajet et que vous ne voulez pas vous encombrer d'un gros livre voire d'une liseuse ou tout simplement pour le plaisir de découvrir une bonne nouvelle (et pour pas cher), jetez-vous sur "Une
vie de petits fours", squattez le buffet, il est excellent !
Sous cette couverture faite de chair et de peau, se cache finalement un court roman de haute tenue dont le symbolisme très présent n'est jamais écrasant grâce à une très belle écriture qui passe avec élégance de l'analyse politique à l'étude des sentiments. Et si la photo de prime abord paraît sensuelle, la pression de cette main sur cette partie indéterminée du corps est bien à l'image du récit de Dermot Bolger, réaliste et dure. Cela n'exclue pas quelques joies mais qui très vite prennent le goût amer d'un monde complexe où l'homme avance, confronté à une solitude de plus
en plus prégnante.
Incursion dans l'usine à rêves
Ce n'est certainement pas LE livre de l'année mais j'ai passé un agréable moment à la lecture du dernier roman de Sylvie Testud.
Sybille, faisant partie des comédiennes qui comptent et qui ont donc un nom dans le métier, écrit le scénario de son deuxième film en tant que réalisatrice. N'ayant pas eu encore l'idée de penser à son financement, et comme tout se sait dans ce milieu très fermé du cinéma, un couple de producteurs s'engage, quasi avant lecture, de produire son film. En deux temps, trois mouvements, la voilà poings et pieds liés à ce frère et cette soeur que tout le monde déteste. Répondant au doux nom de Ceaucescou et surnommés les Thénardier du cinéma, ils vont pressuriser notre pauvre comédienne, lui faire avaler maintes couleuvres, lui promettre tout et son contraire...
Bonne comédienne, romancière honorable, réalisatrice devant faire ses preuves ( La vie d'une autre, en 2012, son seul film en tant que réalisatrice est quand même loin d'être un chef d'oeuvre), Sylvie Testud touche un peu à tout (mais comment fait-elle ? ) et arrive à insuffler son énergie dans ce petit roman idéal pour un trajet en train. Avec des phrases courtes, simples, elle arrive à rendre son histoire haletante. On suit le rythme effréné de l'héroïne complètement absorbée par son projet de film et luttant pour que sa vie personnelle ne bascule pas dans un enfer domestique pourtant pas loin. Un peu caustique, non dénué d'humour, son roman se lit d'une traite. On est très vite dans la peau d'une comédienne célèbre et on compatit au trouble que laisse infuser ses producteurs, véritables personnages, hauts en couleurs et totalement déjantés. Sylvie Testud décrit d'une plume alerte ce monde qu'elle connait évidemment très bien. Le lecteur que j'ai été, a été heureux de pénétrer dans les coulisses de la préparation d'un film, tout en restant persuadé que la réalité doit être bien pire que ce qui est décrit ici.