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Sur fond de punk rock pur et dur, puissamment porté par un dessin aussi froid qu'un coup de scalpel, Le Muret est une histoire poétique, forte et poignante qui entraîne le lecteur dans les méandres obscurs d'une adolescence ravageuse. 1988, dans la grisaille d'une petite commune ordinaire, Rosie, jeune fille de 13 ans, se retrouve seule. Sa mère est partie vivre avec un autre homme et son père se plonge dans le travail.
Rongée par un quotidien morne et vide, Rosie perd pied. Elle assiste, comme impuissante, à la transformation de sa personnalité, tantôt effrayée, tantôt déterminée face à cette noirceur qui l'envahit et trace sa nouvelle vie.
Mûrée dans le silence
Histoire somme toute banale d'une dérive adolescente, "Le muret" parvient à attraper le lecteur et à ne pas le lâcher. Le récit tout en douceur, sans aucun jugement, tisse sa trame délicate, sans aucune surenchère mais avec une attention toute particulière à son héroïne. On la suit, on l'observe, on l'écoute, on découvre les vertus euphorisantes et chaleureuses du whisky, on ressent les vibrations apportées par les Ramones ou les Sonic Youth, on épouse petit à petit son mal être. Et le récit devient suspens, car moi, lecteur, je n'ai pas envie qu'elle plonge, Rosie. Je veux bien l'accompagner sur ce muret où elle noie son chagrin mais aussi où elle rencontre la vie et ses tentations faciles, mais je n'ai aucune envie qu'elle passe totalement de l'autre côté. Ce muret devient, en filigrane, le symbole du passage : basculera-t-elle ou pas ?