En cours de chargement...
Le précédent roman Durian Sukegawa – “Les Délices de Tokyo” a été un énorme succès de librairie au Japon mais aussi dans le monde entier. Comment ne pas avoir été touché par cette magnifique histoire de transmission qui fut d’ailleurs rapidement adaptée au cinéma par Naomi Kawase. “Le rêve de Ryôsuke” prolonge d’une certaine façon la veine des “Delices de Tokyo” à travers le parcours du jeune Ryôsuke Kikuchi qui a perdu son père de façon prématuré et qui a bien du mal à s’orienter dans la vie au point de tenter d’en finir définitivement.
Heureusement il est aussi peu doué pour se donner la mort que pour trouver un sens à sa vie. A vingt huit ans il décide donc de s’embarquer pour l’archipel d’Aburi sur les traces de son père disparu. Ce dernier y avait passé ses dernières années. Après quelques péripéties il va s’installer sur une île réputée pour ses chèvres sauvages, des chèvres qui produisent un lait de grande qualité. Ryôsuke va alors reprendre l’un des rêves de son père à son compte : confectionner du fromage de chèvre.
Jusque là le récit à suivait une pente douce où les doutes qui traversaient le jeune homme semblaient progressivement s’estomper à mesure que son projet prenait consistance. Mais les plus beaux rêves ne sont pas toujours partagés par les autres et Ryôsuke va rapidement l’apprendre à ses dépens. Les iliens voient d’un assez mauvais oeil qu’un étranger s’installe et démarre une activité en ignorant tout des coutumes et des tabous locaux. Rapidement certaines de ses initiatives vont susciter la colère des habitants de l’ïle et le placer dans une situation délicate. Aura-t-il le courage de défendre son rêve jusqu’au bout ?
On retrouve dans “Le rêve de Ryôsuke” l’écriture fluide et profondément métaphorique de Durian Sukegawa qui nous avait déjà séduit au moment de la parution des “Délices de Tokyo”. Cette fois il explore avec beaucoup d’acuité la question de la filiation et du prix que nous accordons à la réalisation de nos rêves. Le combat de Ryôsuke est celui d’une vie d’homme avec toutes les oppositions qu’elle peut rencontrer pour forger un destin. C’est un roman fort, profondément japonais et pourtant universel.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)
Certains sujets sont de véritables sous marins politiques, tout le monde sait qu’ils existent mais personne ne les voit. L’agro alimentaire est un mastodonte qui représente un pan entier de l’économie française. Mais ce système crée du gaspillage, de la surproduction, de la malnutrition et de la pollution. Chacun sait par ailleurs que notre système agricole a progressivement glissé entre les mains de lobbies puissants : Lactalis, Bigard, Monsanto, Bayer. Il y a des conséquences graves à cette situation comme une utilisation massive des pesticides, des pratiques très controversées
dans le domaine de la grande distribution et une paysannerie qui s’appauvrit année après année. Arash Derambarsh et Eric de la Chesnais reviennent dans leur ouvrage “Agriculteurs : les raisons d’un désespoir” avec beaucoup d’acuité sur les problématiques qui traversent cette filière.
Les enjeux éthiques, environnementaux, sanitaires et sociaux dans le domaine agricole sont majeurs et pressants. Pour De la Chesnais et Derambarsh il est grand temps de repenser nos rapports avec le monde animal et de modifier nos modèles agricole et alimentaire. En effet l’agriculture française traverse une crise sans précédent. Les cessations d’activité ne permettent pas forcément aux jeunes de s’installer : les terres sont vendues au plus offrant – c’est la loi du capital – et, souvent, bétonnées. De plus, le métier n’est pas attractif : on a les mains sales, les journées sont longues, les vacances rares ou inexistantes, la reconnaissance sociale quasi nulle. Par ailleurs le risque qui pèse sur le métier rend les banquiers frileux alors que l’outil de travail est coûteux. Résultat : les immatriculations de tracteurs sont en chute libre.
L’analyse de De la Chesnais et Derambarsh est impitoyable et aborde toutes les thématiques relatives à l’agriculture. Le paysage, l’économie, la santé, le traitement des animaux, la pollution des terres sont traités successivement et avec acuité par les deux auteurs. Il faut lire cet ouvrage qui permettra au lecteur de répondre à une question fondamentale : l’agriculture française vit-elle ses derniers jours ? Eclairant !
Hugues DE SINGLY (CULTURE-CHRONIQUE.COM)
Etrange roman que “Récidive” de Sonja Delzongle qui se présente comme un thriller atypique qui joue sur des ressorts psychologiques surprenants. Le lecteur ne peut manquer d’éprouver pendant plus de quatre cents pages un sentiment mêlé d’inquiétude et de malaise. Un homme qui porte la mort en lui comme une femme porte la vie, un homme qui laisse derrière lui une trainée de sang qui ne devrait jamais s’achever. Cet homme c’est Erwan Kardec qui sort de prison en 2014 après avoir purgé une peine de 30 ans pour l’assassinat de sa femme. Le crime a eu lieu devant sa fille
Hanah qui n’était encore qu’une enfant. Kardec s’en serait tiré si la fillette n’avait pas eu le courage de le dénoncer. Il lui avait alors fait la promesse de la retrouver un jour pour se venger.
Erwan Kardec se trouve à Saint-Malo et sa fille Hanah vit de son côté à New-York terrassée par une sourde angoisse : l’assassin de sa mère est libre et cette seule pensée l’a fait basculer dans un cauchemar. Des appels anonymes font montés l’adrénaline et Hanah s’interroge sur la conduite à tenir face au danger de voir apparaître Erwan Kardec à tout moment. Entre la France et les Etats-Unis Sonja Delzongle construit un récit vertigineux qui fait basculer le lecteur dans un doute qui ne le quittera pas. Quelle conduite Hanah Baxter devra-t-elle avoir face à un danger qui ne va pas cesser de grandir.
Sonja Delzongle qui a déjà publié plusieurs thrillers qui ont fait date - “Dust” et “Quand la neige danse” - réussit avec “Récidive” un roman d’une incroyable noirceur psychologique qui entraine le lecteur dans un tourbillon où les repères se brouillent et la nécessité de survivre peut pousser à certaines extrémités. Hanah Baxter devient une héroïne malgré elle dans un combat qui peut la détruire mais qui la révélera. Très fort !
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)
L’avantage avec les nouvelles c’est qu’elles démarrent tambour battant et il faut reconnaître que Robin Macarthur sait engager la clef de contact narrative et faire rapidement ronfler le moteur du récit : « L’année de nos dix-sept ans, on avait l’habitude, Annie et moi, de sécher les cours et de nous réfugier dans une Karmann Ghia 1957, un coupé violet qui avait appartenu à son frère Jack. » En trois lignes tous les ingrédients d’une nouvelle fulgurantes de vingt pages sont rassemblés. Celle là s’intitule « Karmann » comme la fameuse automobile américaine
que l’écrivaine a immédiatement mise en scène, une nouvelle éponyme en quelque sorte.
Comme beaucoup d’auteurs publiés par Francis Geffard dans la collection “Terre d’Amérique”, chez Albin Michel, Robin Macarthur puise son inspiration dans l’Amérique profonde. On est très loin du centre de Manhattan, des hipsters de la côte Ouest ou des industriels hyper actifs de l’état de Washington. Les hommes et les femmes qui peuplent ses nouvelles travaillent au fond des forêts, retournent la terre et la fécondent, s’assurent péniblement une carrière d’artistes très loin des centres villes où l’art se met en scène et se vend. Macarthur situe l’action de ses onze nouvelles au coeur du Vermont l’un des plus petits états de la côte Est, fort peu peuplé mais auquel les hommes ont donné une véritable identité à force de travailler le sol. “Le coeur sauvage” - remarquablement traduit par France Camus-Pichon - transporte le lecteur au coeur d’une nature d’où se dégage un incroyable magnétisme. Tout est beau, sauvage, fort et il émane des sous bois des senteurs qui envahissent chaque page car la nature est partout flamboyante, omniprésente et terrible. Mais il y a aussi la vie des hommes, des fermiers, des bûcherons, des artistes, de vieux hippies qui cherchent à donner un sens à leur vie au coeur battant d’un monde sauvage.
L’écriture fluide et vive de Robin Macarthur entraine le lecteur à la manière d’un ruisseau qui traverse la montagne. On découvre des personnages âpres et profonds comme les paysages qui les entourent. Onze magnifiques nouvelles qui font monter du fond de la terre le sens de l’existence.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)
Incroyable thriller que ce “Little Girl Gone” qui vous retient au fond du puits pendant que l’eau monte. Il faut dire que celle qui l’a écrit Alexandra Burt est membre de “Sister’s in Crime” le fameux cercle des femmes autrices de polars. Burt connait ses gammes et ce qui aurait pu être un coup d’essai s’est révélé être définitivement un coup de maître. Ce qui est le plus fort dans son approche du récit tient au fait qu’elle part de presque rien. Tout commence, en effet, par une absence définitive, comme si quelque chose de la réalité n’avait simplement
jamais existé. Burt part d’un cauchemar et le pire c’est que le lecteur n’arrive pas à se réveiller.
De quoi s’agit-il ? New-York. Une jeune mère, Estelle Paradise, s’aperçoit à son réveil que sa fille Mia, âgée de sept a disparu de sa chambre. Tout a disparu, ses vêtements, ses jouets, ses biberons. Aucune trace d’effraction. La porte d’entrée de son appartement est fermée à double tour. Pour Estelle qui sort d’une longue dépression post partum, c’est la panique. Elle va mettre plusieurs jours à signaler la disparition de Mia à la police.
Devant les explications alambiquées de la jeune femme et l’absence de preuves les enquêteurs se mettent à douter bientôt relayés par les médias qui voient dans cette affaire un excellent feuilleton qui fait vendre. Estelle Paradise devient rapidement le suspect numéro un y compris au yeux de son mari qui ne la comprend plus depuis sa dépression. Seule contre tous Estelle va devoir rassembler ses forces et tout tenter pour retrouver sa fille .
Alexandra Burt réussit un thriller qui place le lecteur en permanence sur le fil du rasoir. Jouant avec un formidable talent sur la psychologie des personnages Burt parvient à porter le récit à l’incandescence ne laissant aucun répit à ceux qui ont eu l’idée de lire le début de “Little Girl Gone”. Le piège de papier se referme et seule la dernière page fournira au lecteur la possibilité de sortir de ce cauchemar. Attention cependant à la crise de tachycardie…
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)
Tony Cavanauh ne doit pas être content car cela fait un moment qu’on le présente comme le “Michael Connoly australien” ! C’est agaçant de voir son existence littéraire affublée d’un double prestigieux ! Evidemment la comparaison est flatteuse mais pour tout lecteur de polars anglo-saxons sait que Cavanaugh se suffit à lui même. Il est s’est forgé une solide réputation de spécialiste du thriller dans son pays mais aussi aux Etats Unis grâce à une série de best-sellers aux titres évocateurs : “Promise” , “The Soft Touch”, “Dead Girl Sing” , “The Train
Rider”. “L’affaire Isabelle Vine” est le premier roman de Cavanaugh traduit en français - au passage il faut rendre hommage au remarquable travail de traduction de Fabrice Pointeau – qui nous permet de découvrir un auteur injustement méconnu dans notre pays. Publié dans les pays de langues anglaises sous le titre “Kingdom of the Strong” il se présente sous la forme d’un roman profondément melbournien puisque Melbourne – très jolie ville de la côte sud-est de l’Australie - est le coeur même de la narration cavanaughienne.
Tout part d’une petite phrase aux conséquences considérables : “ J’ai fait quelque chose, il y a environ vingt ans, quelque chose qui pourrait être révélé maintenant , qui pourrait anéantir ma réputation.” Celui qui parle est le futur chef de la police et l’affaire concerne de très près les services de police. C’est pourquoi Darian Richards qui s’était retiré de la Brigade des homicides qu’il dirigeait depuis des années pour prendre du recul est rappelé pour faire toute la lumière sur une vieille affaire : en 1990 la jeune Isobel Vine est retrouvée morte à son domicile après une fête qu’elle avait organisé. Quatre jeunes flics avaient participé à cette fête ce qui avait alors rendu l’enquête un peu compliquée. Meurtre ? Suicide ? Accident ? L’affaire avait été classée sans suite mais le doute persistait jusqu’alors. L’obstination de Darian Richards aura-t-elle raison des obstacles qui vont se dresser devant lui ?
Cavaunaugh joue avec beaucoup d’efficacité sur la psychologie de ses personnages et en particulier celui d’un Darian Richards, un dur à cuir qui ne se laisse imposer sa feuille de route ni par les hommes, ni par les circonstances. L’écriture est rapide, vive et souvent brutale emportant le lecteur dans les méandres d’une enquête où les morts croisent souvent les vivants. Une remarquable découverte !
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)
Gaylord Kemp est bien connu des amateurs de romans noirs puisqu’il a tenu pendant plusieurs années un blog sur le sujet et qu’il est également le créateur du Salon du polar de Noeux-les Mines – où pour la petite histoire Gérard Houiller débuta sa carrière d’entraineur – et des éditions «Aconitum». Voilà un homme qui sait payer de sa personne pour un genre littéraire qu’il considère comme vital. La publication de son recueil de nouvelles « Dysfonctionnement de l’être » est évidemment un événement parce que Kemp connaît son affaire et qu’il fournit à
son lecteur une dose de noirceur qui tache les doigt et laisse un goût amer au fond de la gorge.
La proposition narrative est alléchante puisqu’elle part de six chansons de la scène rock française, six chansons , six titres, six nouvelles terriblement efficaces qui examinent le mal qui sommeille en nous. Gaylord décrit avec délice six pertes de contrôle où des êtres ordinaires se transforment en bêtes sauvages sous des empires multiples : la drogue, l’alcool, la maladie, ou même l’amour. L’écrivain examine cette radicalité tellement humaine avec une qualité de trait et une profondeur psychologique qui n’ont d’égal que l’économie de moyens que Kemp met au service de son récit : descriptions abrasives, dialogues taillés à la serpe, atmosphères plombées. Chaque nouvelle est un composé de violence déchainée qui tourne rapidement au cauchemar et c’est sans doute là que se situe le moteur du récit gaylordien qui ne laisse guère de respiration à son lecteur.
Il faut lire « Dysfonctionnement de l’être » pour son efficacité narrative qui porte rapidement les personnages au bord du précipice mais aussi pour ses vertus cathartiques. Après tout Aristote ne savait pas que la littérature noire aurait un jour beaucoup à voir avec le genre tragique.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)
Pas facile de démarrer en tant qu’inspectrice dans une brigade criminelle de Dublin ! Antoinette Conway en rêvait mais la réalité qu’elle découvre est très loin de ce qu’elle espérait. Elle qui voulait botter les fesses de toutes les brutes de la ville se retrouve à traiter des affaires ingrates et sans intérêt et lors des gardes de nuit elle s’ennuie à mourir. Et pour ne rien arranger elle doit subir plaisanteries et harcèlement d’une gente masculine aussi peu compréhensive à son égard que salement libidinale. Heureusement il y a son binome, Stephen Moran, qui apprécie
de travailler avec elle. Antoinette est presque au point de rupture quand elle va se retrouver avec Stephen sur une nouvelle enquête.
“L’invité sans visage” fait rapidement basculer le lecteur dans un récit hyper psychologique où le doute devient rapidement la pierre angulaire de la narration. Quand Conway et Moran découvrent le corps sans vie d’Aislinn Murray, une jolie blonde piquante, au pied d’une table dressée pour un diner romantique, tout semble accuser son petit ami. Le passé de la victime ne révèle aucune aspérité et l’affaire aurait eu toutes les allures du dossier sans grand intérêt si une amie de la victime n’avouait au détour d’un interrogatoire de routine qu’elle savait Aislinn en danger. Et puis Antoinette a la curieuse sensation d’avoir déjà rencontré la victime, impression qui va s’amplifier à mesure que l’enquête avance. Ce que vont découvrir les deux inspecteurs va assombrir l’image lisse de la victime.
“L’invité sans visage” est un thriller profondément irlandais par son contexte mais il faut reconnaitre que Tana French ne fait pas de cadeau aux policiers de ce pays tant ils sont sexistes, brutaux et méprisants. L’écrivaine américaine a su faire d’Antoinette Conway l’archétype du policier obsédé par la vérité mais elle nous la rend aussi plus proche par son combat contre un environnement d’une misogynie insupportable. Plus de cinq cents pages d’une grande intensité narrative qui retient le dénouement jusqu’au terme du roman mais en conservant une profondeur psychologique qui en fait une oeuvre à part.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)
Les éditions Piranha ont pris, depuis quelques années, la bonne habitude de nous proposer des romans aussi imposants par leur épaisseur qu’enthousiasmants par leur contenu. “Breaking News” de l’écrivain allemand Franck Schätzing ne déroge pas à ce qui est désormais devenu une tradition. Près de mille pages d’une prose dense, bouillonnante et inspirée ! Mille pages au bord du précipice écrites avec une plume trempée dans l’encrier des violences du monde. Il faut dire que Franck Schätzing cultive depuis les années 1990 un goût certain pour le thriller politique.
L’action débute dans les provinces du Nord de l’Afghanistan par une opération militaire désastreuse comme il y en a eu beaucoup dans ce pays. Le grand reporter de guerre Tom Hagen va y laisser une partie de ses idéaux et de son équilibre personnel. Sa carrière est brisée. Mais quelques années plus tard Hagen a la possibilité de revenir dans le jeu quand il découvre d’incroyables données confidentielles qui impliquent les services secrets israéliens. Notre reporter flaire un énorme scandale international mais la grande faucheuse court plus vite que lui et il se retrouve bientôt seul avec quelques bribes de vérité mortellement dangereuses. Commence alors pour Tom Hagen une course impitoyable contre la mort qu’il n’est pas vraiment certain de gagner.
“Breaking News” est un roman d’une incroyable puissance narrative où les personnages sont souvent des pions qu’on pousse sur un échiquier dans une partie où les joueurs avancent masqués. Franck Schätzing balade son lecteur d’Afghanistan au Proche Orient mais aussi dans l’histoire tumultueuse d’Israël à travers le destin croisé de deux familles d’émigrés juifs. Mille pages aussi lourdes que le plomb dont sont faites les balles qui tuent. Un sacré road trip de sang et d’histoire qui remonte les fils d’une immense conspiration dont les racines remontent à la Palestine sous mandat britannique. Du grand art !
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)
RECOMMANDÉ PAR CULTURE-CHRONIQUE
Laurence Devillers qui publie “Des robots et des hommes” est professeure d’informatique à l’université Paris-Sorbonne et chercheuse au LIMSI-CNRS où elle travaille sur l’interaction homme-machine, la détection des émotions, le dialogue oral, l’éthique et la robotique. Elle était la spécialiste toute désignée pour transmettre au plus grand nombre sa réflexion sur ces différentes thématiques et reconnaissons que c’est une lecture tout à fait éclairante pour ceux qui se sont arrêtés à l’oeuvre déjà ancienne d’Isac Asimov qui avait fixé les trois lois relatives au rapport des robots avec les hommes :
- Un robot ne peut blesser un être humain ni, par son inaction, permettre qu’un humain soit blessé.
- Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la Première Loi.
- Un robot doit protéger sa propre existence aussi longtemps qu’une telle protection n’est pas en contradiction avec la Première et/ ou la Deuxième Loi.
Ce sont des lois qui conservent toute leur actualité avec l’émergence des robots sociaux qui sont du point de vue informatique une entité complexe pouvant être pilotée par plusieurs ordinateur, et qui regroupe des fonctions correspondant à différents programmes. Mais ils sont aussi des objets d’une nature différente d’autres objets car ils peuvent se substituer à l’homme, simuler des caractéristiques du vivant, se déplacer dans un environnement humain. Laurence Devillers explore toutes les possibilités qu’offrent ou vont offrir les robots sociaux et les assistants virtuels. Certains imaginent même d’utiliser des robots sexuels pour soigner les pathologies sexuelles les plus graves. Elle explique qu’il n’existe pas encore de robots moraux mais on peut imaginer que ce pourrait être une possibilité. Certains chercheurs pensent que des robots soldats pourraient se comporter plus moralement sur un champ de bataille que des hommes. Pour d’autres il parait impossible qu’un sens moral soit codé sur les robots car ils ignorent la souffrance. Le défi est de créer une machine suffisamment intelligente pour avoir une “conscience morale”, ou au moins un premier niveau de conscience de soi.
Au terme de son ouvrage Laurence Devillers prolonge les trois lois d’Asimov en proposant onze commandements pour les robots sociaux qui sont le fruit d’une réflexion approfondie sur le sujet. Ces onze commandements ouvrent finalement une nouvelle réflexion sur l’intelligence artificielle, indispensable car tout ne fait que commencer.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)