Gaylord Kemp est bien connu des amateurs de romans noirs puisqu’il a tenu pendant plusieurs années un blog sur le sujet et qu’il est également le créateur du Salon du polar de Noeux-les Mines – où pour la petite histoire Gérard Houiller débuta sa carrière d’entraineur – et des éditions «Aconitum». Voilà un homme qui sait payer de sa personne pour un genre littéraire qu’il considère comme vital. La publication de son recueil de nouvelles « Dysfonctionnement de l’être » est évidemment un événement parce que Kemp connaît son affaire et qu’il fournit à son lecteur une dose de noirceur qui tache les doigt et laisse un goût amer au fond de la gorge.
La proposition narrative est alléchante puisqu’elle part de six chansons de la scène rock française, six chansons , six titres, six nouvelles terriblement efficaces qui examinent le mal qui sommeille en nous. Gaylord décrit avec délice six pertes de contrôle où des êtres ordinaires se transforment en bêtes sauvages sous des empires multiples : la drogue, l’alcool, la maladie, ou même l’amour. L’écrivain examine cette radicalité tellement humaine avec une qualité de trait et une profondeur psychologique qui n’ont d’égal que l’économie de moyens que Kemp met au service de son récit : descriptions abrasives, dialogues taillés à la serpe, atmosphères plombées. Chaque nouvelle est un composé de violence déchainée qui tourne rapidement au cauchemar et c’est sans doute là que se situe le moteur du récit gaylordien qui ne laisse guère de respiration à son lecteur.
Il faut lire « Dysfonctionnement de l’être » pour son efficacité narrative qui porte rapidement les personnages au bord du précipice mais aussi pour ses vertus cathartiques. Après tout Aristote ne savait pas que la littérature noire aurait un jour beaucoup à voir avec le genre tragique.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)
Gaylord Kemp est bien connu des amateurs de romans noirs puisqu’il a tenu pendant plusieurs années un blog sur le sujet et qu’il est également le créateur du Salon du polar de Noeux-les Mines – où pour la petite histoire Gérard Houiller débuta sa carrière d’entraineur – et des éditions «Aconitum». Voilà un homme qui sait payer de sa personne pour un genre littéraire qu’il considère comme vital. La publication de son recueil de nouvelles « Dysfonctionnement de l’être » est évidemment un événement parce que Kemp connaît son affaire et qu’il fournit à son lecteur une dose de noirceur qui tache les doigt et laisse un goût amer au fond de la gorge.
La proposition narrative est alléchante puisqu’elle part de six chansons de la scène rock française, six chansons , six titres, six nouvelles terriblement efficaces qui examinent le mal qui sommeille en nous. Gaylord décrit avec délice six pertes de contrôle où des êtres ordinaires se transforment en bêtes sauvages sous des empires multiples : la drogue, l’alcool, la maladie, ou même l’amour. L’écrivain examine cette radicalité tellement humaine avec une qualité de trait et une profondeur psychologique qui n’ont d’égal que l’économie de moyens que Kemp met au service de son récit : descriptions abrasives, dialogues taillés à la serpe, atmosphères plombées. Chaque nouvelle est un composé de violence déchainée qui tourne rapidement au cauchemar et c’est sans doute là que se situe le moteur du récit gaylordien qui ne laisse guère de respiration à son lecteur.
Il faut lire « Dysfonctionnement de l’être » pour son efficacité narrative qui porte rapidement les personnages au bord du précipice mais aussi pour ses vertus cathartiques. Après tout Aristote ne savait pas que la littérature noire aurait un jour beaucoup à voir avec le genre tragique.
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)