En cours de chargement...
La 4ème de couverture annonce un véritable page-turner. Il a fallu quand même attendre pas mal pour que les fourmis de mes doigts me poussent à tourner ces fameuses pages. Combien de fois ai-je eu envie de refermer le livre. Trop de bavardages au début, trop lent à se mettre en route. OK, on dira que c’est un diesel ! Oh, je sens que je vais me faire lyncher. On se calme car, après, je n’ai pas résisté, entraînée par l’histoire, je n’ai pu fermer ce bouquin qu’à la dernière page.
Jusqu’où un écrivain peut-il aller pour être publié. Vaste et rude question. Ian Minot
cela pose t-il en servant des cafés au Morningside Coffee ? La frustration engendre-t-elle la vengeance ? La rencontre de Ian Minot, auteur en mal de reconnaissance et Jed Roth (tiens, comme Philippe), ex-éditeur désabusé nous en fera une belle démonstration.
A un moment j’ai pensé à Méphisto, mais non, Ian ne vendra pas son âme au diable pour être publié, c’est autre chose basé sur la connaissance du petit monde de l’édition New-yorkais. ce livre m’a fait penser à un autre: à L'ombre du vent de Carlos Ruiz Zafon. Ce fut fugace. Non, ce lire se ressemble et, même si les débuts de notre relation fut un peu ennuyeuse, je l’ai aimé
.
Ce bouquin, outre son côté thriller, est une satire du monde de l’édition américaine. Ian Minot, dans le rôle de l’écrivain incompris aux prises avec des éditeurs-requins est parfait.
Jed Roth en sa qualité de manipulateur est excellent. Les éditeurs faisant du fric avec des « auteurs » genre Blade Markham, rappeur, avec sa biographie Remaaarquable alors qu’il est incapable d’aligner deux phrases correctes. On connait également. Les biographies de nos stars de la téléréalité ne sont pas mieux.
Tout ce petit monde, se côtoie, se fourvoie, s’étreint, se déchire, s’encense…. ce que veut tourner en ridicule (mais ne le sont-ils pas déjà) au vu et au sus de tout le monde Jed Roth. Pour cela, il utilise Ian Minot, se sert de sa naïveté, de son désir de prouver qu’il est un bon romancier ou nouvelliste. Très, trop, simple. Adam Langer ajoute un petit piment dans ce livre. Au fil de la lecture, j’ouvre une à une les poupées matriochkas, jusqu’à avoir déballé la dernière.
Le côté, les maisons d’édition et leurs éditeurs sont tous pourris alors que je suis un écrivain authentique, un écrivain qui n’en rajoute pas ; La poupée roumaine amoureuse de Ian est trop caricaturale (après, j’ai compris pourquoi) m’ont un peu énervée. Par contre, ce Blade Markham, rappeur de son état, est très convaincant.
J’ai pensé à Romain Gary en lisant les aventures d’Anya et de son recueil « Jamais nous n’avons parlé de Ceausescu ».
Je m’aperçois en me relisant que les voleurs de Manhattan m’ont ramenés à plusieurs autres ouvrages.
Au final une lecture agréable avec, dans le texte, des néologismes comme franzens (lunettes de soleil) salinger (vivre en solitaire volontaire), steinbeck (moustache soigneusement taillée)… Les titres des chapitres ne sont pas en reste et ont également un rapport avec la littérature américaine. Ma culture littéraire américaine étant des plus pauvres, je me suis rendue en fin de livre où se trouvent les glossaires.
Lucas Menget écrit le quotidien des correspondants de guerre, le quotidien de la guerre.
Les directs sont parfois précédés d’attentats « On parle de politique, avant le premier direct. BAOUM ! Une bombe pas loin. Bilan, cinq morts et dix-sept blessés. Une voiture piégée. Et Muthanna : « Oui, mais il y en a vraiment de moins en moins, ça ne réveille plus la nuit. »
Le balai des puissants 4x4 lancés à grande vitesse pour éviter les snippers, les barrages de police surveillés par de vrais ou faux policiers, les rendez-vous annulés, ou reportés…. Lucas Menget essaie de nous
faire comprendre la guerre de l’intérieur en décrivant les atrocités quotidiennes. Les factions, hier ennemies des américains, font allégeances mais peuvent changer de camp sans remords du jour au lendemain après avoir empoché armes, uniformes et dollars. Le seul mot d’ordre commun : les américains doivent partir.
Les détails cocasses, la dérision allègent tout en soulignant le côté ubuesque ; comme ce plongeon dans la piscine de l’hôtel ou les fautes de vocabulaire de Lucas « Louca, tu n’arrêtes pas de te tromper. Même avec le ministre. Tu confonds Al-Sahwa et Al-Shawa. Al-Sahwa, c’est le réveil ; mais tu dis Al-Shawa, et ça c’est l’orgasme d’une femme ».
Les GI’s vont partir mais le conflit n’est pas réglé. Les sunnites et les chiites se déchirent encore et toujours ; les « amis » saoudiens ou iraniens tirent les ficelles, comme dans d’autres pays moyen-orientaux.
Le style journalistique souligne l’atrocité de cette guerre. Il souligne également cette d’addiction qui semble prendre certains journalistes ou belligérants.
Lucas Menget écrit : « J’espère néanmoins que ces lettres réussiront à faire toucher du doigt cette folie collective, voire à en transmettre, ici ou là, quelque chose d’essentiel. J’espère aussi, qu’elles laissent transparaître à que point j’étais, et reste, attaché à ce pays et à ses habitants ». Oui, vous m’avez permis de ne pas en rester aux images des journaux télévisés, oui j’ai ressenti votre amour pour ce pays dévasté et ses habitants.
Un livre à lire et à faire lire à beaucoup. Ce très bon livre va voyager vers mes amis.
Jean-Luc Coatalem, rédacteur en chef adjoint à Géo a-t’il eu envie de jouer les G.O. en Corée du Nord ? Jeu de mots très facile, j’en conviens, mais vous me connaissez, je ne sais résister.
C’est sous le projet fallacieux d’un potentiel touristique formidable en Corée du Nord que l’auteur obtient le fameux sésame pour pénétrer le pays le plus fermé au monde. Son ami Clorinde se joindra à lui. Voyage ubuesque, qu’il détaillera sur un petit carnet caché dans la doublure de sa valise fermée par un code et écrit dans les toilettes. Il va découvrir une prison à ciel
ouvert, un pays plus qu’exsangue ou la malnutrition fait des ravages, mais… on ne le lui montrera pas.
Il visitera, entre autre joyeuseté, un studio de cinéma avec des rues grandeur nature. J’ai eu l’impression tout au long de ce livre que c’était cela ce pays, un studio de cinéma où le scénario est écrit, où les acteurs guides récitent leur texte appris par cœur, où la voiture ne peut dévier d’un iota, où Jean-Luc Coatalem et son ami sont prisonniers dans leur hôtel dès la fin du dîner. Surtout ne pas changer de ce qui est prévu et les Kim, c’est ainsi qu’il a nommé leurs guide, chauffeur et surveillant des deux autres (mais se surveillent mutuellement).
Ils auront, durant leur séjour, leur comptant de doctrines, de bourrage de crâne, de courbettes devant les portraits des Kim-Il-sung, Kim Jong-Il, Kim-Jong-Un (cités dans l’ordre de l’apparition dans la vie, à savoir, le grand-père mort et déifié, le fils mort depuis ce voyage et certainement tout autant déifié et le petit-fils qui règne sur son « bon peuple ».
Je doute que le petit dernier, bien qu’élevé dans des écoles privées suisses, fasse entrer un brin de liberté de peur de faire s’écrouler le colosse aux pieds d’argile.
Jean-Luc Coatalem savait très bien, en allant en RPCN que liberté est un mot et une façon de vivre interdits, mais la réalité dépasse la fiction. Quelques avantages :il n’y a pas de bouchons sur les routes. Vous aurez l’impression de revenir de la planète Mars pour beaucoup moins cher et en moins de temps ou d’une remontée dans le temps. Mince, il faut positiver !
Question gastronomie, entre les nouilles froides même pas bonnes, la soupe à la grimace et les couleuvres qu’on leur fait avaler, sans compter les brouets qu’on leur fait manger aux repas, il y a mieux, beaucoup mieux.
Heureusement, les livres qu’ils ont apportés avec eux leur permettre de supporter le néant. A ce sujet, j’ai beaucoup aimé le passage du livre laissé dans la poubelle de sa chambre. J’ai souri à l’écriture quelque fois caustique, mais je souriais jaune (non, pas de jeux de mots, je serai stoïque malgré l’envie) en pensant à ces millions de coréens, dont le lavage de cerveau permanent commence dès le plus jeune âge, qui supportent au quotidien les folies kimiesques.
Jean-Luc Coatalem est un très bon guide puisqu’il réussit à nous intéresser à ce pays fantomatique et non fantasmagorique. Il termine son livre par « Faut-il rire ou bien pleurer ? » Rire jaune sûrement.
Cela me rappelle un voyage en URSS à Leningrad, c’était les noms à l’époque. Le soir, nous étions en juin, nous sommes allés nous promener. Une ambulance nous suivait partout. Pratique si vous vous cassez la figure ou vous vous perdez !!!
Première surprise en ouvrant le livre, il débute par le paragraphe 6, étonnant non ! Et cela ira décrescendo pour se terminer avec le chapitre 1. Est-ce parce qu’une autre histoire pourrait débuter, ou la fin de quelque chose que je ne dévoilerai pas ?
« Le petit village se nommait Mourava, ce qui traduit de l’ancien russe donne à peu près « la jeune herbe » ». Ici habitent quelques familles vivant de chasse, de pêche et de vodka. Les hommes n’ont pas de sang dans les veines, mais de la vodka qu’ils distillent eux-mêmes avec on ne sait trop quels ingrédients, mais qui
s’avère très efficace.
Vladimir Golovkine détonne dans ce milieu. Il essaie tant bien que mal, de nettoyer le village, mais comme le tonneau des Danaïdes, c’est mission impossible. « Un homme qui nettoyait au lieu de boire ne pouvait qu’éveiller les soupçons de ses congénères. On ne l’aurait pas jugé plus sévèrement de broder des chemises ou d’enfiler des jupes ».
Ce n’est pas Sergueï qui dira le contraire, lui qui est toujours plein comme une barrique de rhum vodka « Du matin au soir, on voyait le dénommé Sergueï, toujours vêtu d’un uniforme gris râpé aux coudes, somnoler sur la troisième marche de son logis, hors d’atteinte des cochons dont les groins velus fouaillaient la boue sous l’escalier. »
Au débarcadère, alors que Volodia cherche à tout prix à embarquer, descend un voyageur ; Un français dont on ne sait ce qu’il vient chercher ici. Un français avec un piano ! oui, vous avez bien lu. Colin Cherbeaux se retrouve locataire chez Vladimir Golovkine (c’est sûrement la maison la plus propre du village). La contraste est rude pour Kolincherbo (c’est ainsi que le nomme Volodia) « Du coin de l’œil, Colin inspecta la couverture crasseuse jetée sur le matelas, genre de capote militaire en feutre gris, ravaudée partout, dont les plis bourdonnaient de mouches ».
Colin Cherbeaux est arrivé en ce lieu perdu pour essayer de guérir, d’oublier, sa main qui se paralyse toujours au même endroit lorsqu’il interprète le concerto n°2 de Rakhaminov. « Le pianiste eut une grimace. Avec sa main gauche encore valide, il souleva la droite, réduite à l’état de marotte incapable, qu’il présenta au Sibérien comme un animal tend sa patte meurtrie par le piège ».
Ces deux-là vont s’apprivoiser sous les regards envieux des autres villageois. Oleg, ex-futur cosmonaute, autre personnage qui interviendra dans la vie de Kolincherbo est un concentré d’humanité doublé d’un amoureux des livres.
A mi-chemin du conte, de la farce, ce roman est un vrai enchantement. Enchantement des paysages enneigés, enchantement du texte. Olivier Bleys force un peu le trait sur les habitants de ce hameau, j’ai souri plus d’une fois, il y a de la poésie, de la farce, de l’humeur, de l’absurde, tout cela servi par un très beau texte.
Une belle pépite d’émotions, de rêve, de charme et d’émotions. Un des bons romans de cette rentrée 2013.
Stock a « déchiré » sa traditionnelle couverture bleue pour faire apparaître un phare battu par les brisants des vagues.
Couverture déchirée par le vent, déchirée par de petites mains innocentes, déchirées pour ne pas dire, déchirée par une nouvelle société qui émerge de la guerre…. Beaucoup d’options correspondent à ce livre.
Pourtant, je reste mitigée. Oui ce livre prend aux tripes et j’y ai mouillé deux mouchoirs. Oui, c’était un bon moment pour le lire, après plusieurs autres livres beaucoup plus consistants. J’y ai fait ma petite pause midinette, mais la débauche
de bons sentiments me gêne.
L’histoire est cousue de fil blanc dès le début. Tom après la tuerie 14-18 se sent coupable de vivre alors que ses hommes sont souvent morts au combat. L’amour lui arrive sous les traits d’une jolie Isabel. Ils vivront leur amour sur l’île de Janus en Australie dont il est le gardien. De grosses peines seront séchées par un grand cadeau. Mais ce cadeau est empoisonné par le mensonge par omission…. Je ne vous en dirai pas plus car beaucoup en ont parlé.
C’est un classique des classiques le secret qui étouffe. L’épée de Damoclès est au-dessus de leurs têtes et lorsque le glaive tombe, tout le monde est éclaboussé, tronqué, coupé avec des cicatrisations impossibles.
Je n’ai pas boudé mon plaisir puisque je n’ai pu le lâcher avant le mot fin, c’est un bon livre sentimental, mais cela n’a pas suffit. Je pense que la vie sur cette petite île n’avait rien de paradisiaque malgré ce que laisse à penser M.L. Stedman. Certaines choses ne sont pas évoquées, j’ai l’impression que l’auteur a gommé la rudesse, les à-côtés de la vie comme l’on gomme les rides ou certains bourrelets disgracieux avec Photoshop.
Un jeu de mot involontaire : « Vous savez Point Partageuse est un endroit convivial »… Si vous n'êtes point partageuse, vous n’êtes point conviviale ! C'est tout.
Tout commence par un bocal, une branlette dans une voiture pour la bonne cause de la survie de l’espèce humaine, un bocal en plastique surdimensionné et une voiture de police. Alors, où est le terroriste ? Non, ce n’est pas celui auquel vous pensez. Un début sur les chapeaux de roue !
Dans un style narratif, le bien-nommé narrateur Pakistanais d’origine musulmane, mais athée, pragmatique et professeur de littérature anglaise raconte sa cohabitation avec Ravi, un indien fortuné de la caste des brahmanes, thésard à ses heures. Karim, indien également, mais de confession musulmane,
vivant son Coran à la lettre, propriétaire de l’appartement est le troisième larron. « Karim était notre aîné de plus d’une décennie. Comme Ravi il était indien ; comme moi, il était musulman. Contrairement à moi, il croyait en Dieu et ses prophètes, surtout le dernier d’entre eux ; contrairement à Ravi, il ne se mettait pas dans tous ses états à propos de ce que l’Occident avait fait subir au reste du monde, ainsi que Ravi aimait à le dire. » Dans cet immeuble habite également, à l’étage au-dessus, le Grand Claus, sa femme Pernille et leurs deux filles. Leur ami le Petit Claus fait également partie du groupe, ils ont leur importance.
Tout ce petit monde se côtoie, s’invite, s’évite, enfin bref, cohabitent tant bien que mal, dans la petite ville d’Aarhus, au Danemark, jusqu’à ce que la machine s’emballe. Chacun a ses idées bien arrêtées, ne cherchant pas trop à s’ouvrir ou ouvrir les yeux sur l’autre malgré l’exigüité des lieux.
Ravi et le narrateur vivent une vie normale pour nous. Ils sortent, vont dans les cafés, cherchent l’âme sœur pour un instant seulement. Karim quant à lui, vit sa vie, fidèle aux préceptes du Coran. Chaque vendredi il organise, dans son salon-chambre, des réunions, sorte d’école coranique.
Le narrateur se pose des questions ; et si Karim était un terroriste ou affilié à une section islamiste agissante ? C’est vrai, quoi, plusieurs fois par mois il disparait plusieurs jours, a toujours besoin d’argent…. Plutôt louche en ces temps discutables et discutés. Est-ce son esprit « verre à moitié plein, à moitié vide » comme son ami le décrit qui fait que cette suspicion est présente. Ravi, son prénom lui va si bien, ne connait pas ces hésitations, il fait partie de la catégorie « verre plein à déborder » et accepte Karim comme il est.
Un jour, suite à la sortie des caricatures de Mahomet dans un journal, le journaliste est agressé par un Somalien. Les choses deviennent sérieuses lorsqu’ils découvrent qu’il s’agit d’Ibrahim, un habitué des vendredis de Karim.
Le narrateur décide d’aller à la police, non pour dénoncer « leur ami », mais raconter leur quotidien chez Karim, puisque, bien sûr, il ne pouvait, selon les journaux, rumeurs… n’être qu’un dangereux islamiste dévoué à Al-Qaïda.
Et bien non, Karim n’est pas celui que l’on pense. Oui, il est très dévot, oui, il suit à la lettre les préceptes du Coran. S’ils s’absentent inopinément, s’il a un réel besoin d’argent, c’est pour s’occuper de quelqu’un qui lui est très cher ; son épouse qui vit maintenant dans son monde à elle et qui l’appelle lorsque la raison lui revient pour quelques heures ou quelques jours.
J’oubliais les Claus petit et grand. Là également, il y a mauvaise interprétation. Ce n’est pas pour une femme que Grand Claus décide de divorcer, mais pour vivre avec Petit Claus, son amour depuis si longtemps. Alors que la famille se liguait contre lui pensant à une autre femme, épouse et filles acceptent avec joie ce coming-out cette révélation. Nos amis ont faux sur toute la ligne.
Le Danemark n’est pas en reste, nos deux acolytes critiquent joyeusement les habitants de ce pays nordique avec leur foi calviniste,
La frontière entre la foi pure et dure et le fanatisme religieux est plus mince qu’une feuille de cigarette. Le narrateur n’aurait certainement pas soumis Karim aux questions des policiers s’il y avait eu une ouverture entre eux, une envie de se comprendre ou simplement de se connaître. Ils sont restés dans le superficiel, vivant chacun pour soi alors qu’ils vivaient en communauté. « Ce que j’éprouvais, c’était l’impossibilité de toute conversation, comme s’il m’avait fallu hurler par-dessus un vacarme niagaresque pour me faire entendre de Karim Bhai : ce qui nous serait parvenu aux oreilles n’aurait pas été les mots que je voulais, ni les mots qu’il aurait prononcé, mais une sorte de grossière pantomime. Non que nous refusions de parler, mais toute conversation était rendue impossible par le Niagara de soupçons, de préjugés et d’effronterie qui cascadait autour de nous. ».
Tabish Khair dénonce, non sans humour, l’individualisme, les jugements hâtifs, les préjugés qui ont la vie dure, quel que soit le pays où l’on vit. Les idées reçues, les informations envahissantes, les on-dit, les à-peu-près font souvent du mal et ce livre en est la preuve.
Le style narratif, sans aspérité de ton, est habilement corrigé par les nombreuses saillies des deux amis, le narrateur et Ravi. C’est un livre agréable et très facile à lire, puis à méditer. Les préjugés et jugements hâtifs font partie de l’âme humaine ; « chassez le naturel, il revient au galop » dit un de nos proverbes.
Quant à la position du missionnaire est-ce celle de Karim Bhai avec ses réunions du vendredi ? Est-ce la position du narrateur ? Est-ce la passivité, le dilettantisme de Ravi ?
Zoé subit de plein fouet les résultantes de la crise économique. Elle vit dans une HLM totalement défoncée. Son père, veuf, est au chômage et dépense tout au pub du coin. Pour comble de malheur, il s’est remarié avec Sheila, un aficionado des chips arômes cocktail de crevettes qui, bien sûr, ne l’encadre pas du tout. Rien de bien folichon pour cette gamine qui s’élève seule.
Par-dessus le marché, Zoé possède un hamster aussi roux qu’elle. Quelle honte pour Sheila qui ne supporte pas ces bestioles !! Le problème est vite réglé dès le début du livre (sans cela l’histoire
n’aurait pas été ce qu’elle est !). Ratatouille Armitage va mettre son grain de sel ou plutôt de poivre, et là Sheila va tousser !!!
Pourtant Zoé ne demande rien d’autre que sa part de rêve, sa part de bleu dans son monde si gris.
Toute une galerie de personnages pittoresques règne sur ce livre désopilant. David Walliams s’appuie sur les dessins en noir et blanc un brin caricaturaux de Tony Ross.
Les titres de chaque chapitre sont un moment de délire (Une haleine de chips arôme cocktail crevette ; ça sent le raton, par ici ; la nabote…) et résument ledit chapitre. Le titre, très explicite lorsque vous lirez, mais je n’en dirai pas plus.
Je me demande si lire ce livre à voix haute ne le rendrait pas encore plus désopilant. L’humour grinçant et noir so british de l’auteur sous fond de chômage, alcool et laissés pour compte de la société anglaise fonctionne très bien. Quant à la bouffée d’air frais promise par le Sun, dans la feuille jointe au livre « un nouveau triomphe pour David Walliams. Ses livres sont une merveilleuse bouffée d’air frais », elle a plutôt une odeur de cocktail de crevettes !
Je n’ai plus qu’à attendre le verdict de mes petits-enfants. Rendez-vous aux prochaines vacances scolaires.
Livre lu dans le cadre de l’opération "Coup de cœur des lecteurs" lancée par Entrée et Livre et la librairie Decitre pour la rentrée littéraire 2013. Un grand merci à eux pour cette lecture jubilatoire
Un instant, je me mets en position, pieds à 10h10, corps bien droit, bras en arceaux, mains souples et, me voici parée pour lire « Danseur ».
Rudolf Noureïev fut quelqu’un de très entouré, en bien ou en mal et c’st cet entourage qui raconte sa vie. Une vie faite pour et par la danse, je devrais écrire Danse tant Noureïev incarne ce mot.
Il incarne également la résistance à un mode de culture, à un monde politique que lui, petit paysan tatare fou de liberté, de Sa liberté, niant toute autorité autre que celle de la danse a payé au prix cher : l’exil volontaire.
Post
coitum omne animal triste est (j’étale mon ignorance) lui convient comme un gant, plutôt comme un collant. Que de fornications, foutrages, alcool, drogues et autres douceurs dignes des années 70 dans ce livre et pourtant, Rudolf Noureïev, avec sa grosse tête, n’est pas heureux.
La fuite en avant de cet homme a quelque chose de troublant. L’âme russe dans toute sa splendeur, enfin selon les on-dit, capable de grosses colères comme de la plus grande générosité, incapable de se restreindre dans l’effort comme ailleurs.
Autant le livre est brillant, lyrique enthousiasmant autant le personnage côté coulisse et vie privée est pathétique. J’ai aimé l’écriture de Colum Mac Cann. Ne me demandez pas de démêler le vrai du roman, la réalité de la fiction, j’en suis totalement incapable, c’est avant tout le privilège d’un bon roman, d’autant que j’ignore tout de la biographie du danseur.
Le livre est brillant. Rudy dans ses orgies seventies ne m’a pas trop enthousiasmée et je l’ai laissé un peu de côté pour me consacrer à Rudolph que j’ai suivi avec un grand intérêt. Noureïev a le goût et le besoin d’un travail forcené, la passion qui l’habite transcende ses douleurs, depuis qu’enfant, il dansait pour les blessés de l’hôpital et qu’il rêvait en écoutant Tchaïkovski à la radio. Rudik n’est que blessures jamais refermées, cette famille trop tôt quittée, cet exil volontaire mais très surveillé. Il n’a jamais supporté de ne plus voir sa mère et ce ne sont pas les coups de fil surveillés qui changèrent les choses. Il a essayé d’oublier le petit garçon en ne restant jamais plus d’une semaine au même endroit, en multipliant les représentations avec sa grande amie Margot Fonteyn, en brûlant la chandelle par les deux bouts.
Un vrai coup de cœur pour le chaussonnier anglais qui vit pour son art, qui est capable de créer des chaussons selon le pied du danseur. « Mais ce qu’il fait est magnifique ! Il a consacré des heures de travail à ces chaussons, à vérifier le moindre détail. J’ai senti comme une énergie nouvelle rien qu’en les essayant. »
Oui, très accessible et très facile à lire, une écriture limite simpliste. Je me suis demandée quel était cet enfonceur de portes ouvertes !!!!! Nous savons tous que, pour être heureux il faut le vouloir et que l’argent, la cupidité ne font pas le bonheur. Ce livre n’a pas occupé une place dans le cerveau : Coca Cola a de l’avenir !!!!! Les dialogues entre le Maître et l’élève manquent de naturel. J’ai eu l’impression de leçon bien apprise et récitée « sans le ton ». La pensée positive, l’éducation dans la prime enfance….. Tous ces poncifs sont bien emballés
dans un, je le suppose, magnifique paysage. J’ai ouï dire que ce bouquin allait devenir un film, heureusement, là on verra les paysages sublimes de Bali.
Donc, vous avez compris, ce livre ne me laissera pas de souvenirs. Je m’attendais à quelque chose d’autre, la personne qui me l’a passé m’ayant dit : si tu ne lis qu’un livre alors, lis celui-ci. Bon, chose faite, passons à autre chose
Une baronne en vadrouille
Pincemi et pincemoi sont dans un bateau ? Dans ce livre, la difficulté est multipliée car ce sont trois trentenaires dans une Punto d’auto-école avec double pédales. Aucun rapport me direz-vous, mais ce livre m’a fait repenser à cette histoire que chaque gamin raconte.
Au tout début de l’histoire, ce devait être pour Vittorio, jeune homme de 29 ans violoncelliste et hypocondriaque, un voyage, en amoureux et en train, avec sa fiancée, apprentie vétérinaire, jusqu’à Bari. Une idée simple et séduisante. Francesca, la fiancée accepte ce voyage mais…. pour rompre. Drôle d’idée de vouloir passer un week-end avec cet amoureux-là, juste pour lui dire : je te quitte pour un autre. Le voyage promet.
Là-dessus vient se greffer, en urgence totale, Manu, monitrice d’auto-école le jour et gogo danseuse la nuit, fuyant son amoureux qui la tabasse.
Il faut donc partir fissa pour fuir l’amoureux trop impulsif. La Punto, alias la Baronne, à double commande (très important cette double commande), devra rouler comme une grande pour échapper à la Range Rover blanche.
Attendez, j’oublie le quatrième invité : le violoncelle, pas sur le toit de la Baronne car trop risqué, mais qui hérite de la quatrième place, vous me direz que c’est normal puisqu’il ne reste que cette place.
Un passager clandestin ; un petit Keith Haring piqué à Ivan, le petit ami violent, qui voudra, on s’en doute, récupérer le tableau.
Je crois que je n’ai oublié personne dans ce départ précipité et chaotique. Maintenant, laissez votre esprit logique de côté, embarquez dans cette aventure loufoque et foutraque.
Au cours de ce périple qui doit les mener de Turin à Bari, Vittorio, Francesca et Manu racontent, se défoulent, se confessent, s’engueulent, se réconcilient….
Enrico Remmert nous promène dans un paysage italien hivernal loin des clichés et des cartes postales de vacances. Pas le temps de se poser, Ivan le terrible est à la poursuite du diamant vert du tableau. Ce n’est pas une promenade de santé, Enrico Remmert ne nous laisse pas le temps de rêver. Il y a des courses poursuites, des rencontres quelques peu dangereuses, des situations aussi cocasses qu’improbables. La Baronne à doubles commandes est poussive de temps à autre jusqu’à la panne totale, mais, là, motus et bouche cousue, je vous laisse l’envie de découvrir la suite..
Je sais, encore un bouquin sur ces trentenaires déboussolés, un peu paumés, se posant des questions existentielles, mais là, ils ne se regardent pas trop le nombril, ils n’ont pas le temps. Le rythme est joyeux avec juste ce qu’il faut de causticité, de rêverie, de poésie pour passer un agréable moment de lecture.