Première surprise en ouvrant le livre, il débute par le paragraphe 6, étonnant non ! Et cela ira décrescendo pour se terminer avec le chapitre 1. Est-ce parce qu’une autre histoire pourrait débuter, ou la fin de quelque chose que je ne dévoilerai pas ?
« Le petit village se nommait Mourava, ce qui traduit de l’ancien russe donne à peu près « la jeune herbe » ». Ici habitent quelques familles vivant de chasse, de pêche et de vodka. Les hommes n’ont pas de sang dans les veines, mais de la vodka qu’ils distillent eux-mêmes avec on ne sait trop quels ingrédients, mais qui
s’avère très efficace.
Vladimir Golovkine détonne dans ce milieu. Il essaie tant bien que mal, de nettoyer le village, mais comme le tonneau des Danaïdes, c’est mission impossible. « Un homme qui nettoyait au lieu de boire ne pouvait qu’éveiller les soupçons de ses congénères. On ne l’aurait pas jugé plus sévèrement de broder des chemises ou d’enfiler des jupes ».
Ce n’est pas Sergueï qui dira le contraire, lui qui est toujours plein comme une barrique de rhum vodka « Du matin au soir, on voyait le dénommé Sergueï, toujours vêtu d’un uniforme gris râpé aux coudes, somnoler sur la troisième marche de son logis, hors d’atteinte des cochons dont les groins velus fouaillaient la boue sous l’escalier. »
Au débarcadère, alors que Volodia cherche à tout prix à embarquer, descend un voyageur ; Un français dont on ne sait ce qu’il vient chercher ici. Un français avec un piano ! oui, vous avez bien lu. Colin Cherbeaux se retrouve locataire chez Vladimir Golovkine (c’est sûrement la maison la plus propre du village). La contraste est rude pour Kolincherbo (c’est ainsi que le nomme Volodia) « Du coin de l’œil, Colin inspecta la couverture crasseuse jetée sur le matelas, genre de capote militaire en feutre gris, ravaudée partout, dont les plis bourdonnaient de mouches ».
Colin Cherbeaux est arrivé en ce lieu perdu pour essayer de guérir, d’oublier, sa main qui se paralyse toujours au même endroit lorsqu’il interprète le concerto n°2 de Rakhaminov. « Le pianiste eut une grimace. Avec sa main gauche encore valide, il souleva la droite, réduite à l’état de marotte incapable, qu’il présenta au Sibérien comme un animal tend sa patte meurtrie par le piège ».
Ces deux-là vont s’apprivoiser sous les regards envieux des autres villageois. Oleg, ex-futur cosmonaute, autre personnage qui interviendra dans la vie de Kolincherbo est un concentré d’humanité doublé d’un amoureux des livres.
A mi-chemin du conte, de la farce, ce roman est un vrai enchantement. Enchantement des paysages enneigés, enchantement du texte. Olivier Bleys force un peu le trait sur les habitants de ce hameau, j’ai souri plus d’une fois, il y a de la poésie, de la farce, de l’humeur, de l’absurde, tout cela servi par un très beau texte.
Une belle pépite d’émotions, de rêve, de charme et d’émotions. Un des bons romans de cette rentrée 2013.
Critique de Sophie, bibliothécaire
Un bon texte même si parfois c'est pénible tant de noirceur. Rien ne semble beau, rien ne semble positif... Sauf peut-être....................................................................................................................................................................................................