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Voici décrits, au travers du regard de la jeune Gracie 6 ans (promenée et guidée par la fée de la bière, excusez-du peu), l'histoire de la bière et de ses procédés de fabrication.
Un petit roman jubilatoire de ce bon vieux Tom Robbins, toujours prêt à nous faire part de sa philosophie du bien vivre armé de sa loufoquerie et de sa bonhommie habituelles.
Entre Peter Pan et Alice au Pays des Merveilles, quelques pages réjouissantes à consommer sans modération !
Caitlin a 12 ans, pour toute famille : sa mère, usée par le travail, la dèche.
Caitlin passe son temps entre l'école et l'Aquarium où, un jour, elle rencontre un vieil homme. Comme un fantôme surgissant du passé, cette rencontre va faire basculer son monde.
Un roman fort, puissant et bouleversant.
Une prose pure et cristalline qui nous ouvre les portes d'un univers de fêlures et d'espoirs.
La richesse et l'aura de la famille Amberson n'est plus à démontrer. Notables parmi les notables, bourgeois parmi les bourgeois. Nul ne peut ignorer l'importante et l'omnipotence de ses membres. Ils se croient d'un autre monde puisqu'appartenant à « l'élite ». Le faste de leurs cérémonies, la vanité de leurs apparitions, l'opiniâtreté oisive et l'arrogance superbe sont à leur psychologie ce que les dollars sont à leurs portefeuilles.
George, le dernier rejeton que nous suivons au long du roman n'a rien a envier à ses ancêtres : ambitieux à ne rien faire qu'être et représenter,
méprisant et supérieur. Des filles qui se pendent à son cou il n'a que faire : il veut Lucy Morgan !, fille d'un inventeur d'automobiles. Seule dame à lui résister un tant soi peu.
Roman caustique d'une haute société bien en peine de comprendre ses marges, où le progrès est tout à la fois ingénieux et déjà démodé (ces voitures qui jamais n'auront la force de supplanter le cheval,...), où la mode du jour importe autant que celle d'hier qui leur apparaissait pourtant sans équivoque.
On rit de ces caractères trempés dans l'encre de la bonne société. On s'énerve face aux réactions démiurgiques du jeune George. On savoure cet état des lieux d'une Amérique début de siècle.
C'est l'Education Sentimentale, Bel Ami et Steinbeck réunis.
Un bouquin indémodable qui méritait bien sa réédition.
Ça commence comme ça - alors que le vin coule à flots et que malgré tout on ne parvient jamais à étancher sa soif -, par un discours sur la puissance des mots. La philosophie devient comptoir, les têtes tournent à la vapeur d’alcool, l’imagination lâche les brides de la vraisemblance.
L’intelligence n’a plus de bornes que la frivolité délirante des mots et de la pensée. On se retrouve dans cet ailleurs lointain où toute réalité se fait œuvre fantaisiste. On y élabore concepts et prophéties, poésie et vanité, tout y est n’importe quoi tout en restant vissé à la
perception viscérale du monde. On y règle ses comptes, contre la bêtise et la critique, contre une société en proie à son propre désœuvrement. On jubile, on rit, on prend des postures de dramaturgie hilare.
René Daumal écrit comme on projette un trait d’arbalète, c’est une comète lancé à pleine vitesse dans l’univers rond de la routine. Echevelée, l’écriture de Daumal possède cette folie, cette mélodie étincelante, qui font de cette grande beuverie une bacchanale puissamment originale.
C’est Socrate passé à la moulinette d’Audiard,
c’est Alice au pays des merveilles sauce Alfred Jarry
Désopilant et grave !
On ne remerciera jamais assez les éditions Allia.
D’une écriture à la souplesse poétique, d’une fantaisie curieuse, entre épiphanie et inquiétude, une écriture solaire aux nuances délicates qui pose un regard amoureux sur ce monde qui nous entoure, ce monde que nous sommes mais qui ne nous appartient pas.
Car ce dont il est essentiellement question, c’est du lien qui nous unit à la nature, de la relation profonde que l’on entretient avec elle.
Kathleen Jamie apparaît dès les premières phrases, dès les premières descriptions, comme une bonne amie qui viendrait nous régaler de ses découvertes. Car elle en connaît un
rayon, de cette science naturelle, parce qu’elle se déplace sur le terrain pour s’émerveiller de ses propres yeux, sur les lieux des aurores boréales, aux lieux de rencontre des fous de bassan, de ses visites auprès d’éminents scientifiques afin de connaître les arcanes du monde animal et minéral,... Elle en connaît un rayon et nous le conte avec l’abondante frugalité du cabinet de curiosité.
Espièglerie de l’écosystème.
Curiosité et enchantement.
Comme toujours à la recherche de l’émerveillement,
toujours émerveillée
inquiète aussi mais optimiste surtout
Poésie du vivant.
Et de l’éphémère
Balade enamourée dans la nature aux grands espaces, des côtes écossaises
A sa manière, Kathleen Jamie nous enrobe, elle nous absorbe.
On lit avec un plaisir sans borne ces chroniques romancées, ces échappées visuelles et olfactives, on se laisse transporter dans ces espaces de majesté, dans le labyrinthe de sa curiosité sans limite. Une écriture de l’éphémère, un baume aux mauvais temps.
A ses côtés, cherchons nous aussi à nous émerveiller !
Jordi soler fait partie de la classe des écrivains qui savent si bien raconter les histoires qu’on a formidablement envie d’y croire.
Un jour, il frappe à votre porte, un sourire jusque là, et vous glisse dans l’oreille : Je suis parti chercher un trésor, un vieux truc aztèque, dans les pyrénées. Je suis revenu avec une histoire. Une grande. Une très grande. J’ai rencontré un type extraordinaire. Un fou, un brinquebalant, un génie dans un certain sens.
Federico de Grau Moctezuma. Descendant de la princesse aztèque Xipaguacin et d’un explorateur espagnol au sang dans
les veines aussi noble que celui des indiens qu’il a sur les mains.
Jordi Soler joue avec la réalité comme la fiction se joue de nous. Entre le Mexique et l’Espagne, au détour d’un festin donné en présence de Dali et Franco, au carrefour de l’histoire d’un empire déchu et d’une Espagne en fin de cycle, l’auteur nous emporte dans ce tourbillon frénétique qui peut faire de l’existence, de toute existence, une expérience de la démesure.
Federico est un personnage si haut en couleurs qu’il déploie en nous des envies de rire, des soifs d’aventures, des volonté de transgresser la réalité pour mieux la rencontrer. Federico est animé par le faste et le grandiloquent, par le souffle vital de la reconnaissance et du paraître.
Jubilatoire et rocambolesque, Ce prince que je fus a le parfum des odyssées délirantes, semées d’embûches, d’échecs et de succès.
Y mettre le nez revient à accepter un voyage pour lequel on a pris un billet mais dont on ignore la destination.
Qui est Federico ? Et pourquoi ?
Il plane sur ce roman un parfum d’amertume, comme une boule de colère qui resterait coincée au fond de la gorge, une colère impuissante.
C’est qu’il est beau ce roman. Dans un village de montagne isolé survient une sécheresse à ce point violente que tous les habitants fuient. Tous sauf un, l’aïeul. L’aïeul et un chien aveugle. S’ensuivent alors des jours, des mois et des années terribles. Il y a la recherche de l’eau pour ces gueules assoiffées, la recherche de nourriture pour ces ventres affamés, la quête d’un sens pour ces âmes faites du bois solide de la persévérance.
C’est qu’il est doté d’une puissance d’évocation ce roman. Tout y vit, tout y vibre, tout y a couleur et parfum. La nature profonde de la montagne y côtoie la nature profonde des cœurs et des corps. On évolue dans ce décor en décomposition à la manière d’un aveugle guidé par un maitre empreint d’une énergie cosmique et physique.
C’est qu’il est magnifique ce roman. L’écriture est parsemée d’éclats de poésie, comme un ciel punaisé d’étoiles. La lumière du soleil se pèse en grammes, les sentiments ont une odeur, les luttes pour la survie ont de la couleur.
C’est qu’il est fort ce roman, et douloureux. 150 pages parcourues d’envie, de désirs et de folie. 150 pages qui viennent pincer le cœur du lecteur impliqué par l’histoire qu’il fait sienne puisque l’universalité…
Du début à la fin, ce morceau de terre, ce territoire fondu par la chaleur, devient notre terre, et cet homme, l’aïeul, notre père.
Voilà une comédie qui fait du bien...
Maurice est le patron de Mahmoud mais Maurice, en plein divorce houleux avec Cathrine sa femme devenue hystérique, dort dans son bureau, alors Mahmoud se propose à le loger chez lui, cet appartement où s'invitent régulièrement une mère invasive et un imam boulimique, de plus Mahmoud est amoureux, amoureux de la voisine du dessus, ajoutez à cela les parents juifs de la bien-aimée et vous vous retrouvez avec un vaudeville burlesque et désopilant où viennent s'entrechoquer religions et à priori.
Une réjouissante visite au vivre ensemble avec
toute ses difficultés, ses ambivalences et ses potentialités.
William Boyle nous cisèle le portrait d'un adolescent en proie à la morosité, à l'insatisfaction perpétuelle. Un ado tourmenté par le souvenir d'un père qui l'a rejeté dans son identité propre.
C'est d'une mélancolie tempérée de colère que Boyle écrit l'histoire et les allers-retours de ce jeune Jimmy. Il part pour revenir. Il revient pour partir. Un cheminement cabossé, accompagné d'errances éthyliques, d'amitiés foireuses et de rencontres improbables.
On pense à Russell Banks quand il écrit Sous le règne de Bone, on pense à l'attrape-coeurs de Salinger. C'est un
peu tout ça mais ce n'est pas ça.
C'est beau, c'est dur, c'est une chanson de Bob Dylan dans l'ammoniac des vies ahuries.
Girl.
Quelle plus belle voix que celle d’Edna O’Brien pour raconter cette histoire.
Ces jeunes lycéennes enlevées par la secte de Boko Haram. Le cri de ces jeunes femmes, dont le corps sert à nourrir l’appétit bestial de leurs geôliers. Le cri d’un peuple qui ne peut que lutter contre ces forces obscures ou bien, par peur ou par idéal, se soumet à sa violence.
Mais ce n’est pas le roman d’une captivité, ce ne sont pas ces mois d’enfermement et de soumission dont il est tant question. Edna O’Brien va plus loin, plus tard, lorsque son héroïne revient, avec son bébé. Né durant sa réclusion. Pleine du sentiment de culpabilité et de honte, de souillure et de colère, elle se retrouve confronter à sa famille, à ses proches, aux hommes et aux femmes du village.
Et ce retour ne se fait pas sans difficulté ni contradiction. Rejetée par certains, accueille par d’autres, elle porte le poids de cette faute qu’elle n’a pas commise.
Mais quelque part, toujours, existe cette lumière qui nous promet un monde meilleur possible.
La langue est hallucinée, fiévreuse, encrée dans une réalité oscillant entre violence et altérité.
La langue percute et résonne au plus profond de nos complexités.
La langue brave les distances, il n’est pas de frontière autre que celle que les hommes posent entre eux.
Roman de l’horreur mais également roman de la reconstruction, de la laideur et de la générosité, Girl se fait l’écho de la condition féminine tellement malmenée.
Edna O’Brien possède cette voix qui nous permet à lire l’indicible et la révolte.
En ardente défenseur des droits et de la justice pour les femmes, elle nous livre un texte puissant, souvent terrible, mais tellement nécessaire !