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Littérature en kevlar contre les balles dum-dum du racisme primaire, roman noir anti bombes puantes, antidote à la haine, Traquenoir de ce drôle de zig que dû être Ed Lacy (petit surnom de Leonard Zinberg) sort de son chapeau de magicien le premier détective noir dans le polar, colosse en proie à tout ce qui pue au royaume USA dans les 50's. Et ça défourraille hard-boiled, ça punche gauche-droite, Ed Lacy devient le chaînon manquant entre mister Hammet et sieur Joe. R Lansdale.
Avec un sens prodigieux de la narration, Isabela Figueiredo nous emporte dans l'histoire contrariée de Maria Luisa, faite de ces humiliations et ces hontes d'être considérée grosse, ces insultes des couloirs scolaires, ces hommes qui se détournent, cette mère qui appuie làoùca fait mal ; pourtant elle est belle Maria Luisa, elle rayonne, d'envie, de plaisirs, d'idéal, elle aime l'amour et le sexe, elle aime la vie dans tout ce qu'elle offre de défis.
La grosse est un roman charnel, plein et entier de corps qui s'emboîtent, ou se rejettent, qui se dévoilent et se laissent toucher
ou bien se cachent.
La grosse dresse le portrait magnifique, touchant, d'une femme dans le creuset d'une société prise dans les feux des changements radicaux, la décolonisation du Mozambique, les chaos politiques du Portugal, et dans les eaux toujours complexes de l'acceptation de soi.
Un hommage aux sensations, un vibrant éloge des élans qui nous poussent toujours à grandir, magnétique autant que déchirant parfois.
Lily et Braine
Christian Gailly, c'était avant tout une voix, un timbre particulier, la voix du jazz, un rythme l'air de rien, mais un vrai rythme de jazz, sequencé, virtuose parfois, du virtuose qui fait semblant de se casser la gueule.
Christian Gailly écrivait des corps dévorés par la passion du jazz et des femmes, des nuits bleues drapées dans le satin blanc de la fumée des cigarettes, les âmes y tournent en rond, dans un swing souvent mélancolique, névrosé, un déhanché sans mouvement, une nostalgie des amours tangibles ou non.
Lily et Braine, c'est le même livre qu'Un soir au club, qui était peut-être le même livre que Dernier amour, en cela encore c'est une voix unique, la sienne autour de la sienne.
Christian Gailly était un petit géant, un talent précieux, une fureur contenue qui fascine dès que l'œil s'y pose, un souffle galvanisant sur nos fêlures, son écriture est le lieu d'une rencontre inoubliable entre le lecteur et l'auteur.
Ses livres sont autant de mausolées que d'élégies.