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Cher Vous,
Cet opus est à mes yeux l’un des meilleurs, si ce n’est le meilleur roman que Dupuis n’ai jamais écrit. Il a su créer une galerie de personnages fort intéressante, des anciens flics et militaires qui forment un clan, une famille de braqueurs qui ne font pas dans la dentelle.
Mais derrière ce polar sous testostérone qui ne te laisse pas une seule seconde de répit, se cache un problème de société dont on parle malheureusement trop peu, le stress post-traumatique des militaires d’élite…
Comment, quand un état a appris à tuer à un homme peut-il revenir à une
vie civile normale ? Oh ça ne date pas d’aujourd’hui hein, regarde un peu la vie de Mesrine, comment il est devenu le Grand, l’ennemi public N°1 au retour de la guerre d’Algérie.
On fabrique des tueurs et on les relâche dans la nature comme ça, du jour au lendemain, comment tu veux qu’il n’y ait pas de dommages collatéraux ?
Bien sûr, en aucun cas Éric ne cherche à excuser les crimes et délits commis par ce clan, faut pas déconner non plus, le gus a été poulet toute sa vie !
Un polar de très bonne facture, qui prouve que Dupuis au fil de ses romans gagne ses galons d’auteur de romans policiers incontournable…
Stanislas Petrosky
http://cecibondelire.canalblog.com/archives/2021/06/09/39293067.html
Mes Chers Vous,
Dans les années 30, Robert Johson entre dans la légende du blues. Le musicien devient très vite une référence pour deux raisons : son talent est certain et n'est pas mis en doute mais... surtout, il se dit qu'il doit celui-ci à un pacte conclu avec le Diable.
Cette aura sulfureuse élèvera Robert Johnson au panthéon des mythes. D'autant qu'il n'aura enregistré que 29 chansons (c'est assez peu, en final) et qu'une trentième chanson existerait mais n'aurait jamais été enregistrée.
Les fans de Blues rêvent alors de découvrir cet ultime titre... qui dévoilera
peut-être si Robert Johnson a vraiment vendu son âme au Diable.
Imaginez la surprise de Donald Kane et Virginia Craft, deux spécialistes du genre, quand ils se trouvent détenteurs de quelques éléments qui les lancent sur la piste du célèbre bluesman.
Et quand leur enquête se trouve entravée par des phénomènes étranges voir surnaturels, il en faut peu pour que la légende du pacte diabolique hante leurs esprits.
Si ce roman se déroule en 2021, Hervé Gagnon transporte le lecteur, et ses deux personnages principaux, dans les années 30 afin de mieux démêler l'incroyable histoire de Robert Johnson.
Si l'ensemble des éléments relatifs au musicien sont vrais, Hervé Gagnon étant particulièrement amateur de ce dernier, l'histoire se lit comme une enquête policière teintée de vapeurs de Bourbon, de la chaleur du delta du Mississipi et d'un brin d'ésotérisme grâce à la présence du Hoodoo.
Un roman fascinant autant pour les amateurs de Blues qui redécouvriront probablement Robert Johnson que pour les néophytes qui en apprendront beaucoup sur l'émergence de cette musique.
Un roman à la fois dense et abordable, servi par une écriture passionnée et une playlist absolument incroyable !
A lire, pour le voyage en Louisiane, pour la plongée dans le Blues, pour le mystère teinté d'ésotérisme et pour le duo d'enquêteurs atypiques.
http://cecibondelire.canalblog.com/archives/2022/01/04/39290098.html
Cher Vous,
Longtemps j’ai eu un grand jardin et une immense passion pour les plantes que je collectionnais. Julie Subirana elle aussi les collectionne…
Mais attention, pas n’importe lesquelles !
Celles qui rendent malade, intoxiquent, foutent la nausée, donnent la diarrhée, te refilent des boutons, voire, te flinguent carrément…
Ce petit traité de botanique toxique est fort intéressant, fait avec un petit humour noir qui rajoute une touche supplémentaire de bonheur.
De celles qui provoque l’avortement à celles qui donnent la mort en passant par les préférées des sorcières,
Julie Subirana les passe toute en revue.
Tu vas y découvrir des plantes que tu pensais juste jolie, dont tu humes de temps à autre le doux parfum, et qui sont en fait de vraies vicieuses qui peuvent te filer un aller-simple pour aller claquer la bise à Saint Pierre !
Que ce soit pour te cultiver, pour des recherches afin de te débarrasser de ta belle-mère, ou écrire un bouquin, tu trouveras tous sur les végétaux qui filent une mauvaise santé !
Ce livre est issu de la collection passionnante Dilaceratio Corporis que je te recommande chaudement !
Stanislas Petrosky
http://cecibondelire.canalblog.com/archives/2022/01/03/39288561.html
Il est de ces petits rituels de lecture immuables : se préparer une tasse de son thé préféré, caler les coussins les plus confortables dans son dos, attendre que le chat s'installe en ronronnant doucement collé aux jambes...
Et puis, il y a ce petit rituel infaillible de la rentrée littéraire depuis maintenant de nombreuses années : se plonger dans le nouveau roman d'Amélie Nothomb.
Parce qu'il faut l'avouer, c'est incontournable, Amélie Nothomb lance la rentrée littéraire française... et c'était encore le cas cl'an passé avec "Premier sang", son trentième roman.
En mars 2020,
le père de l'auteur décède. Malheureusement, la pandémie de Covid-19 ne lui permettra pas de lui dire au revoir.
Et puisqu'il n'y pas eu de dernier adieu, ce père reste vivant... du moins sous la plume de sa fille qui décide de lui dédier son nouveau roman.
Et parce qu'Amélie Nothomb décide d'écrire ce récit à la première personne, la voix de Patrick Nothomb, de son enfance très particulière tiraillée, entre deux couples de grands-parents aux vies totalement différentes, à sa vie d'adulte, conte avec tendresse, humour et quelquefois sarcasme un parcours incroyable...
L'écriture d'Amélie Nothomb n'est jamais aussi sensible, drôle, mordante et belle que lorsqu'elle traite de l'intime.
Un roman intense et beau qui, par l'Histoire du Père, dévoile peut-être un peu du pourquoi la Fille a développé une personnalité si originale.
Un roman qui aurait pu être mélancolique et triste mais qui se révèle solaire.
"Premier sang" ramène le lecteur à l'essentiel : le lien d'Amour, indéfectible, comblé d'une pointe d'admiration et de beaucoup de respect pour un Homme à la vie incroyable et dont il aurait été dommage de rien savoir.
Un roman d'une grande force... à la fois intime et pudique... une belle preuve d'Amour !
Mes Chers Vous,
Dernier tome de sa trilogie démarrée avec L'Affaire Rose Keller et Les Filles du Panier, Ludovic Miserole se consacre cette fois aux dernières années de Donatien Alphonse François de Sade.
Après ses dernières frasques, celui-ci est cloîtré au Château de la Coste. Sa famille tente, tant bien que mal, de faire oublier les divers faits divers associés à leur nom, jetant ainsi l'opprobre sur leur nom.
Mais c'est sans compter sur l'appétit démesuré de Sade pour les amours scandaleuses, voir illicites.
Et malgré les dix années passées à tenter de le faire
oublier, son nom va de nouveau surgir dans une affaire de moeurs qu'il sera bien difficile de faire passer sous silence cette fois.
D'autant que l'époque n'est pas que mouvementée pour la famille Sade, la France toute entière commence à frémir d'une révolte qui va changer la donne et ne plus permettre aux appuis habituels d'intervenir en sa faveur...
Avec ce troisième tome, et un sujet délicat puisqu'il démarre par le goût un peu trop prononcé du Marquis pour les jeunes enfants, Ludovic Miserole parvient à brosser le portrait d'un homme adepte de tous les abus sans jamais frôler la vulgarité et le graveleux.
Et surtout, bien que l'auteur s'attache à la biographie du Marquis, se dessine en filigrane la grande Histoire puisqu'indéniablement, la chute de Donation de Sade flirte avec la chute d'une certaine France.
Ainsi, doucement, sous ses yeux, le lecteur est plongé dans une période historique capitale qui aura redessiné tout un pays... donnant aux Marquis un petit air désuet qui, indéniablement, ne pouvait survivre à la mutation qui s'annonçait en France.
Un troisième tome qui clôt remarquablement une grande fresque consacrée à un homme controversé et qui réussit le pari de faire flirter le roman historique avec le thriller.
Il faudra dire adieu au Divin Marquis avec ce tome et attendre, impatiemment le prochain personnage historique qui reprendra peut-être vie sous la plume de Ludovic Miserole... ce qu'il avait déjà merveilleusement fait avec Rosalie Lamorlière et Zamor, le nègre républicain.
http://cecibondelire.canalblog.com/archives/2021/10/26/39193522.html
Cher Vous,
Jérémy Bouquin est un drôle de zig...
Tu discutes avec lui cinq minutes, il t’a balancé cinq scénarios et trois concepts…
Pis un jour, le gus te dit : « J’vais faire une Odyssée post-apo ! »
Moi, je me marre, je ne sais pas pourquoi, mais je me marre. Certainement parce que vu le boulot, vu tout ça, je me dis que c’est chose impossible… Et un beau jour, je reçois les deux volumes de son Odyssée, Heureux qui comme Alyce…
En un bon millier de pages, Jérémy refonde la légende d’Alyce et de son terrible voyage.
Tout est là, dans un monde futuriste
où tu n’as pas vraiment envie de vivre.
L’art de l’avenir pourri, Jérémy le maitrise parfaitement, dans les méandres de son esprit retors tout est déjà cadré… Des camps de travail, des gangs qui font leur loi, les ruines de notre monde.
Achyll, TélémaK, le Cyclope, tout est savamment recyclé dans un univers sombre.
Attention, ne va surtout pas croire que les deux tomes de cette saga sont un pastiche de l’Odyssée d’Homère, bien loin de là, c’est un véritable grand roman d’anticipation, une épopée qui devrait marquer le roman de genre.
Quand j’ai refermé le second tome, je me suis dit que Jérémy était un digne hériter de Pierre Pelot. Je me souviens encore du cycle Des hommes sans futur, Heureux qui comme Alice est à ranger sur la même étagère, c’est dans la même veine.
À lire impérativement, avant que cela ne devienne un jour une série à succès !
Stanislas Petrosky
http://cecibondelire.canalblog.com/archives/2021/10/20/39185645.html
Cher Vous,
Jérémy Bouquin est un drôle de zig...
Tu discutes avec lui cinq minutes, il t’a balancé cinq scénarios et trois concepts…
Pis un jour, le gus te dit : « J’vais faire une Odyssée post-apo ! »
Moi, je me marre, je ne sais pas pourquoi, mais je me marre. Certainement parce que vu le boulot, vu tout ça, je me dis que c’est chose impossible… Et un beau jour, je reçois les deux volumes de son Odyssée, Heureux qui comme Alyce…
En un bon millier de pages, Jérémy refonde la légende d’Alyce et de son terrible voyage.
Tout est là, dans un monde futuriste
où tu n’as pas vraiment envie de vivre.
L’art de l’avenir pourri, Jérémy le maitrise parfaitement, dans les méandres de son esprit retors tout est déjà cadré… Des camps de travail, des gangs qui font leur loi, les ruines de notre monde.
Achyll, TélémaK, le Cyclope, tout est savamment recyclé dans un univers sombre.
Attention, ne va surtout pas croire que les deux tomes de cette saga sont un pastiche de l’Odyssée d’Homère, bien loin de là, c’est un véritable grand roman d’anticipation, une épopée qui devrait marquer le roman de genre.
Quand j’ai refermé le second tome, je me suis dit que Jérémy était un digne hériter de Pierre Pelot. Je me souviens encore du cycle Des hommes sans futur, Heureux qui comme Alice est à ranger sur la même étagère, c’est dans la même veine.
À lire impérativement, avant que cela ne devienne un jour une série à succès !
Stanislas Petrosky
http://cecibondelire.canalblog.com/archives/2021/10/20/39185645.html
Cher Vous,
Je suis bourré de vices, je l’avoue et sincèrement, je m’en cogne. Si je te dis cela, c’est parce que l’héroïne de ce bouquin est croupière, elle s’occupe d’une table de blackjack, et le jeu fait partie de mes vices.
Derrière la table, les joueurs ne voient que leurs cartes et celle de la banque... Laurence, la croupière, personne ne la regarde ! Pourtant, avec son physique, son poids, on la remarque.
Laurence qui traîne un lourd passé, une vie tourmentée qui l’a rendue obèse, lui a donné la bouffe comme palliatif. Lorsque sa santé est en jeu, que
rester comme cela devient trop dangereux, Laurence n’a pas d’autre choix que de maigrir. Que de se transformer, d’essayer de prendre une revanche sur sa morne existence.
Sophie Loubière manipule son lectorat aussi bien que Laurence manipule ses cartes, c’est te dire si ce thriller psychologique est sympathique à lire.
Un roman qui te plonge au cœur du jeu, du parcours du combattant auquel se livre la personne atteinte d’obésité morbide, et de la soif de vivre ce que la graisse, le regard des autres, interdisait…
Stanislas Petrosky
http://cecibondelire.canalblog.com/archives/2021/09/28/39154729.html
Mes Chers Vous,
Qui n'a jamais rêvé de partir ailleurs ? Loin... De s'immerger dans une culture tellement différente qu'il faudra savoir sortir de sa zone de confort pour pouvoir aller à la rencontre de l'autre ?
C'est ce que souhaite chaque membre de ce groupe qui décide, chacun pour des raisons différentes, de partir pour le Mali à la rencontre du peuple Dogon.
Il faut dire que l'occasion est unique parce que cette année se tiendra leur grande fête, celle qui n'a lieu qu'une fois tous les 60 ans... une chance inouïe qui ne se présentera qu'une fois dans une vie !
Mais quand
un incident remet en cause toute l'organisation du voyage et que le village Dogon dans lequel le groupe se réfugie semble à la fois figé dans le temps et particulièrement hostile, le voyage de rêve devient très vite un séjour cauchemardesque.
Clarence Pitz, en donnant un rythme volontairement lent à son récit, pose très vite l'ambiance lourde, pesante d'un huis clos à ciel ouvert. Si s'ajoute à cela la perte totale de repère due à l'immersion dans une culture certes ancestrale mais quasi-inconnue, le lecteur n'a très vite d'autre choix que de se laisser porter au fil des pages, sans véritable possibilité d'anticiper la suite de l'histoire.
Les personnages principaux que sont Armand, Claire et Sacha dévoilent peu à peu leurs craintes, leurs peurs, leurs ambivalences, leurs forces... servis par le reste du groupe, dont chacun des membres s'adaptent à la situation comme il le peut.
(D'ailleurs une nouvelle s'est ajoutée à la fin du recueil et apporte un éclairage plutôt étonnant à l'un des couples...)
La parole du chacal est un ethno-thriller hyper immersif, mais également un roman d'ambiance dans lequel la chaleur terrible, le manque d'eau et de nourriture, le danger latent et non identifié servent l'histoire comme le ferait un personnage à part entière.
Si ce roman peut sembler étrange par moment, il est avant tout terriblement bien mené, s'amusant à jouer avec les peurs ancestrales de tout en chacun.
Un roman anxiogène à souhait !
http://cecibondelire.canalblog.com/archives/2021/09/27/39153035.html
Un roman fort !
Mes Chers Vous,
Assem est un agent du renseignement français. Alors qu'il démarre son ultime mission, à Zurich, il croise Mariam.
Elle est irakienne et archéologue. Elle essaie de sauver les trésors des villes détruites par les terroristes.
Dans ce monde en friche, ils sont tous deux fatigués de cette vie qu'ils ont menés l'un et l'autre pour lutter contre la barbarie de l'Homme.
Ils sont tous deux à ce moment si particulier pendant lequel il est temps de se retourner sur sa vie et d'en faire le bilan.
Laurent Gaudé aurait pu offrir au lecteur le bilan de ces deux vies, celle d'Assem et de Mariam, qui se croisent en plein effondrement de Mossoul... Il aurait alors été simple de comparer la chute d'un pays au bilan d'une vie qui conclurait alors peut-être à sa défaite...
"La défaite vraie, profonde, la défaite que les hommes sentent en eux, un beau jour, comme une force qui leur pèse, les rend moins rapides, moins innocents, la défaite du corps qui s'empâte, se gonfle, s'essouffle, et les yeux qui voudraient ne pas avoir tant vu."
Mais, effectivement, cela aurait été céder à la facilité... parce que quoi de plus complexe qu'une vie entière ? Quoi de plus emplie de mille et une choses qu'une vie aboutie qui entame son dernier cycle, inéluctable ?
Pour mieux comprendre à quel point il est essentiel de saisir que l'on apprend plus de ses défaites que de ses victoires, Laurent Gaudé crée un roman choral mêlant à la fois la voix d'Hannibal marchant sur Rome, du général Grant écrasant les confédérés à celle d'Hailé Sélassié prenant la décision de se dresser contre l'invasion fasciste...
Aussi étrange que cela puisse paraître, ces voix, qui pourraient être dissonantes, se mêlent avec fluidité et beauté, créant un récit d'une puissance rare.
Et doucement, au fil des pages, Laurent Gaudé rappelle que si l'Homme aime regarder avec fierté ses victoires, il doit aussi apprendre à Ecouter ses défaites... parce que ce sont elles qui lui auront donné les plus grandes leçons.
"Qui vincit non est victor nisi victur fatetur."
Celui qui est victorieux ne l'est pas tant que le vaincu ne se considère pas comme tel.
Un roman qui pourrait sembler mélancolique mais qui rappelle surtout à quel point il est important de continuer, à chaque instant, de se battre pour deux choses : la Beauté et l'Humanité... en soi, la Vie !
Et puis, si vous aimez les beaux mots, vous (re)découvrirez également l'absolument magnifique poème de Constantin Cavafy, "Corps, souviens-toi..."
http://cecibondelire.canalblog.com/archives/2022/01/08/39295755.html