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À découvrir
Cher Vous,
Il me semble avoir déjà écrit que Gou Tabane était un génie…
Je réitère !
L’adaptation graphique est parfois périlleuse, souvent dangereuse, voir casse-gueule si tu t’attaques à certains chefs d’œuvres, à des romans cultes que l’on pense impossible à mettre en image, et bien ce mangaka là, il en est capable, et pas qu’à moitié !
Le Cauchemar d'Innsmouth, c’est l’histoire d’un jeune gars, un peu trop curieux, qui tient à percer le mystère d'Innsmouth.
Prends pas la peine de chercher sur une carte, Innsmouth est un village côtier fictif du Massachusetts.
Et dans ce bled, on trouverait des créatures mutantes, mélange d’humain, de grenouilles et de poiscailles, pas ce qu’il y a de plus beau gosse, je te le concède… Mais surtout, ces bêtes-là vouent un culte à Cthulhu – le fameux – et à Dagon, un dieu philistin intégré au Mythe de Cthulhu.
Bref, réussir à mettre cela en image en respectant le texte source, c’était loin d’être gagné, mais une fois de plus, Gou Tanabe relève le défi avec succès !
Stanislas Petrosky
http://cecibondelire.canalblog.com/archives/2023/04/26/39891024.html
Cher Vous,
Hélène a vécu 10 ans d'Amour avec Paul. Et pourtant, leur histoire a démarré d'une bien étrange façon : entre incompréhension et colère.
Un an plus tôt, Hélène est rentré à la maison, un petit mot l'attendait. Paul était parti. Il la quittait sans plus d'explications !
Alors qu'elle commence à se reconstruire tout doucement, à accepter la solitude, à ne plus être dans l'attente permanente du retour, le téléphone sonne.
Paul est décédé dix jours plus tôt... Les obsèques sont le lendemain... Ce qui laisse peu de temps pour se décider à y assister.
Mais
pour Hélène, privée du premier au revoir de la séparation, il n'est pas question de ne pas assister à celui-ci... le dernier.
Ce qu'elle ne sait pas encore, c'est qu'elle va partir à la rencontre de l'homme qu'elle a aime éperdument et qui, peut-être n'était pas tout à fait celui qu'elle croyait.
Entre road-trip et rencontre un peu brutale avec le passé de Paul, Hélène va vivre une expérience aux milles sentiments contradictoires. La colère va côtoyer le chagrin, la jalousie sera voisine de l'amour, la tristesse se transformera petit à petit, doucement pour devenir nostalgie.
Mais, au final, il ne restera que le plus précieux : l'Amour.
Connait-on si bien la personne qui partage notre quotidien ?
Voilà la question que pose Solène Bakowski avec ce huitième roman à double voix.
D'une part, nous faisons la connaissance d'Hélène, en plein deuil de cette histoire au goût amer puisqu'elle ne sais pas pourquoi Paul l'a quittée si brutalement. Voilà une année qu'elle vit avec cette absence, qu'elle tente de faire avec, qu'elle tente de faire au mieux...
D'autre part, les confidences de Paul, comme faites à voix basse, permettent d'assembler les morceaux, de découvrir cet absent qui pourtant occupe tout l'espace.
Et autour de ces deux-là, toute une galerie de personnages aussi à la fois originale et à la fois si vraie, naturelle... un assemblage de ceux que nous côtoyons au quotidien : des êtres avec leurs forces et leurs faiblesses, leur franc-parler, leur grande gueule ou leur silence.
L'écriture de Solène Bakowski est douce, intimiste... comme si cette histoire nous était contée à voix basse, au creux de l'oreille.
Tout en finesse et en délicatesse, l'Auteur détricote puis retricote les relations familiales, professionnelles, amicales, amoureuses... mettant en avant tout ce qui peut créer le lien entre les êtres (et notamment le pouvoir de la littérature).
Un roman tendre, doux, lumineux, qui enlace le lecteur et l'emmène sur un chemin plein de cailloux mais surtout de bonté, d'humanité et d'amour.
http://cecibondelire.canalblog.com/archives/2023/04/23/39887409.html
Cher Vous,
Roman japonais sorti la première fois en 1931, hier donc, qui a été réédité, avec deux autres œuvres de l’auteur dans un coffret chez Picquier.
Un masseur aveugle est passionné par les courbes du corps féminin. Pour lui, pas de vue... il remplace donc par le toucher pour se faire une idée de la beauté. Mais l’homme est manipulateur et pervers, il réussit ainsi à créer des mises en scènes cruelles où ses victimes seront torturées.
Un roman très court qui permet de découvrir une écriture du polar très éloignées de la nôtre dans la narration. En effet l’atmosphère
du livre est pesante, souvent glauque, et l’on a envie de rire. Simplement parce que parfois l’auteur coupe son texte, et afin de ne pas entrer dans un long descriptif, il note : « il suffira au lecteur de se représenter un aveugle pleurant sur le corps de sa maîtresse… »
Bien sûr nous avons aussi des auteurs qui interpellent, jouent avec leurs lecteurs, mais pas de cette façon.
Il est toujours intéressant de lire des polars, romans noirs, de diverses origines et époques, premièrement parce que ces genres littéraires sont souvent des témoignages de leurs époques, et surtout, on s’ouvre à de nouveaux horizons.
En conclusion, malgré une narration bien différente de ce que l’on lit habituellement, on a avec Edogawa un univers bien sombre qui flirte avec l’horrifique et la science-fiction.
Stanislas Petrosky
http://cecibondelire.canalblog.com/archives/2019/12/15/39876663.html
Cher Vous,
Lorsqu'il est proposé à Diane Mazloum de passer une nuit dans un musée, il lui est naturel de choisir le Musée national de Beyrouth.... parce que le Liban est son pays, bien qu'elle soit née à Paris et élevée à Rome... parce que ses parents, qui se sont exilés dans les années 70, ont cultivés et transmis la nostalgie d'un Liban libre et flamboyant.
"Il n'y a pas un jour à Rome où le Liban n'a pas été présente par son absence."
Diane Mazloum, en acceptant cette expérience, pense pouvoir (re)traverser l'histoire du Liban, peut-être de la réappropriée aussi... Mais,
doucement, au fil des heures, et de la nostalgie de son histoire familiale qui ressurgit brutalement, c'est surtout la constatation d'un immense gâchis qui la surprend.
Ainsi, au fil des pages, petit à petit, l'auteur revisite l'histoire contemporaine de ce pays qui est le sien bien qu'elle l'ai peu habité. Et c'est alors le constat qu'elle se redécouvre elle, dans tous les liens qu'elle a tissé avec son pays d'origine, de toute l'image idéalisée qu'elle a construit pour, petit à petit, laisser monter une colère sourde quant à ce qu'est devenu "son" Liban trop longtemps martyrisé par la guerre civile et la corruption.
Mais même si le constat est un peu amer, l'écriture fine, poétique, douce de Diane Mazloum promène le lecteur dans le Beyrouth de son enfance... une ville colorée, aux odeurs d'épices, bruyante qui semble bordélique mais qui, au final, est un grand cocon doux, soyeux et protecteur.
Un épisode de Ma nuit au musée qui, une fois de plus, embarque le lecteur dans un univers, un monde et surtout, une histoire intime, intense et pudique à la fois.
Le Musée national de Diane Mazloum peut sembler nostalgique, triste, courroucé, il est avant tout une très joli balade dans une ville fascinante et spectaculaire.
Une lecture riche, forte, sensible et intense !
http://cecibondelire.canalblog.com/archives/2022/03/18/39874322.html
Cher Vous,
Un jeune étudiant à des idées bien à lui sur l’architecture, la beauté de la nature, la façon dont doit être le Paradis. Par un tour de passe-passe macabre, il va prendre la place d’un milliardaire pour créer ce monde auquel il rêve.
Mais sa vision du paradis, de son utopie, pourrait bien être un enfer pour les autres.
L’univers d’Edogowa est particulier.
Il tente d’emmener le lecteur dans de drôles de cauchemars, pas de l’horreur avec des créatures cruelles, ou des meurtres abjects, non, il se base sur des images qui pourrait venir de nos rêves d’enfants
et leur offre une distorsion malsaine.
Prendre vos plus beaux souvenirs et en faire vos craintes, voilà ce qu’aimait faire cet auteur japonais... créer une utopie pervertie.
Quand on lit cet ouvrage, il faut garder à l’esprit qu’il a été écrit en 1926. Les bases du roman policier n’étaient pas les mêmes, on se permettait parfois des fins un peu expéditives...
Stanislas Petrosky
http://cecibondelire.canalblog.com/archives/2023/03/26/39858278.html
Cher Vous,
Nathan est journaliste... Il se doit donc d'être impartial et de relater les événements tels qu'ils sont et non tels qu'il aurait envie qu'ils soient.
Nathan est un homme fascinant... probablement magnétique puisque toutes les femmes de ce roman cherche à le séduire... enfin toutes, sauf la sienne !
Nathan est une épaule solide, à l'écoute, une présence fiable, discrète et rassurante.
Mais Nathan est avant tout un personnage du dernier roman de Philippe Djian.
Et cela devrait suffire à imaginer que rien n'est aussi simple, lisse et facile.
Au démarrage, Sans compter
semble être l'un de ces romans doux, linéaire... Une histoire au final ordinaire d'un couple qui se défait sous nos yeux, une chronique de famille somme toute banale.
Cela pourrait être presque ennuyeux à lire...
Mais, si Nathan est le conteur de cette histoire, Philippe Djian en est la plume.
Alors, tout doucement, la peinture s'écaille, les personnages apparaissent de plus en plus complexes, leurs relations se révèlent, deviennent plus ambigües.
S'appuyant sur l'art de l'ellipse, (parce que, oui, le lecteur fera l'ellipse), Philippe Djian fait glisser ce roman tout doucement vers le roman noir... Et il faudra au lecteur mobiliser toute son attention pour lire entre les lignes, pour deviner Nathan et le fin mot de l'histoire... parce qu'à sa manière si particulière, bien sûr, Philippe Djian ne révèle jamais vraiment tout.
Un 23ème roman très tendre, tout en tensions sexuelles et psychologiques, légèrement fantasmagorique...
A lire parce que... c'est Djian, tout simplement !
http://cecibondelire.canalblog.com/archives/2023/03/25/39856937.html
Cher Vous,
Cela fait maintenant quelques années que Jacques Saussey s’est hissé au sommet du polar français... Il a su en quelques romans choisir les bons sujets, ceux qui font mal, Enfermée[e] en est la preuve flagrante, et les traiter correctement, sans sombrer dans le « pathos », avec une belle intrigue policière.
Cette fois encore il ne déroge pas aux règles qu’il s’est fixé.
Nul besoin de sortir de Saint Cyr pour comprendre de quoi parle ce nouvel ouvrage, il suffit de connaître un peu l’origine du titre de la chanson de Barbara que Jacques emprunte pour son livre...
Il y a aussi le premier chapitre, les paroles…
Puis il y a l’enquêteur, un ex-flic avec du charisme, qui ne tombe pas dans le travers du flic alcoolique pourchassé par ses démons et un tueur en série. Non, Jacques est pourvu du talent nécessaire pour faire un vrai roman avec des personnages que l’on peut qualifier de normaux.
Mais ne parler que de pédophilie serait trop simple, il faut que Saussey fouille, mêle les sujets, les traditions, qu’il crée des rencontres pour le plus grand bonheur de son lectorat. Il transforme un petit bout de paradis en enfer sur terre, donne un arrière-goût de Meth à la vanille, te file des acouphènes avec le bruit du rotor de l’hélico, bref, il t’embarque dans son histoire.
Pour te résumer, L’aigle noir est un roman réussi, Saussey monte encore un barreau dans l’échelle de l’écriture et du talent !
Stanislas Petrosky
http://cecibondelire.canalblog.com/archives/2023/02/25/39826376.html
Cher Vous,
Au démarrage, il y a le New York de la fin des années 70... Un New York bruyant, sombre, violent... à la limite de Gotham City.
Puis, surgit Kessy... née blanche dans une famille noire... née albinos, une malédiction plus qu'une maladie. Parce qu'il a fallu se construire sous les moqueries et tenter, très tôt, de dissimuler cette "tare" pour pouvoir vivre "normalement", Kessy a très vite développé des capacités d'adaptation...
Parce que pour vivre heureux, il vaut mieux vivre cacher.
Mais, quand, dès son tout jeune âge, il faut se terrer au fond de soi pour ressembler
à ce que la société attend, il faut payer le revers de la médaille ! Parce que toute qualité se voit contrebalancée par un défaut, Kessy a également su développer de nombreux travers : mensonge, manipulation, colère... Un cocktail qui fait d'elle une personne difficilement gérable et difficilement supportable.
"[...] c'est lorsque l'on a peur que l'on a de plus intenses regrets."
Mais, dans ce New York sombre et cahotique, vit également Ron... thanatopracteur, il est confronté quotidiennement à la violence, à la peur, à la mort et... à la solitude.
Alors quand Kessy devient son assistante, c'est une tornade qui déboule dans sa vie. L'Homme morose, taciturne et ennuyeux succombe de suite au charme sulfureux de la très troublante Kessy.
Et c'est un amour dévorant et dévastateur qui va saisir ces deux-là...
Benoit Marie Lecoin, par une écriture à la fois fine et particulièrement ciselée, trame une descente aux enfers d'une noirceur infinie.
L'Amour de Kessy et Ron est servi par un texte tout en contraste, mais sans gore, dont la tonalité se modifie selon les moments de la journée : les tons froids créent l'ambiance des têtes à têtes des deux protagonistes et contrastent, soudainement, avec les tons chauds, presque saturés, de la vie nocturne de Kessy.
Un thriller à la frontière du roman noir... particulièrement bien illustré par Chabouté qui sait donné une autre dimension au texte, entrainant un peu plus le lecteur dans l'univers de Kessy et Ron.
Un roman d'Amour d'une violence rare,
Une descente aux enfers terriblement destructrice,
Un roman qui fascine... autant qu'il dérange !
http://cecibondelire.canalblog.com/archives/2023/02/19/39819862.html
Cher Vous,
Jean-Claude Bauer a couvert en 1987 le procès de Barbie pour France 2.
Si dans Enfant de salaud, de Sorj Chalandon, le procès Barbie est travaillé avec le prisme du secret de famille, cette fois-ci c’est avec celui de l’enquête sur le passé et l’arrestation de Barbie que les auteurs ont décidé d’aborder le sujet.
Bien sûr, on ne peut s’empêcher de faire le parallèle entre les deux œuvres. C’est d’ailleurs fort intéressant de voir que les témoignages des victimes et l’arrogance de Barbie sont tous les deux mis en avant que ce soit dans le roman ou la bande
dessinée, ce qui est d’ailleurs fort logique si l’on y réfléchit bien.
De magnifiques dessins réalistes servis par un scénario au cordeau pour témoigner d’une partie plus que sombre de notre passé, pour raconter aussi une partie de l’histoire de Klaus Barbie que l’on a tendance à oublier, sa fuite.
Où et par qui le boucher de Lyon a été accueilli, ce qu’il a fait, comment il a été retrouvé, extradé.
Un «dossier» fort intéressant, pour ne pas oublier, surtout vu ce qui se passe actuellement non loin de chez nous…
Un très bel album de bande dessinée historique.
Stanislas Petrosky
http://cecibondelire.canalblog.com/archives/2023/01/23/39789595.html
(Re)découvrir un classique de l'Anticipation
Cher Vous,
Ce roman d’anticipation dystopique est sorti en 1932, donc écrit lors du départ de la grande dépression qui fait suite au krach boursier de 1929.
Huxley y décrit un monde eugéniste où il n’y a plus qu’un seul Dieu, Henri Ford, où tout être humain est sous le contrôle d’une drogue, le Soma. Pas de cours d’Histoire, pas d’individualisme ni de culture, on bosse, on baise et on vénère notre Ford… Tous ces détails font que ce livre, jusque dans les années 1980 a subi les foudres de la censure.
Ce roman de SF tombe parfois dans l’oubli, puis une personne le relit et le fait découvrir à une nouvelle génération, il revient et un nouveau lectorat en découvre la force.
Quelle merveilleuse idée a eu là l’éditeur Philéas que d’en faire une adaptation graphique !
Un dessin aux traits fluides, une belle mise en couleurs, et surtout le respect complet du roman original.
Une nouvelle vie pour cette œuvre qui fait quelque peu réfléchir aux bonheurs artificiels.
Est-ce bon de ne pas vieillir, de ne plus enfanter, d’utiliser la sexualité juste comme un moyen de se détendre, de tenir le peuple, peu importe la personne et le nombre de participants…
Bref, un roman dystopique qui fait partie des classiques et que l’on peut (re)découvrir dans ce nouveau format fort bien réussi…
Stanislas Petrosky
http://cecibondelire.canalblog.com/archives/2023/07/15/39974273.html