C’est un livre dur. Dur, noir, déprimant, sans espoir. Un policier, dans le sud des Etats Unis, des trafiquants de drogue, des tueurs à gage, un shérif, et l’homme qui passait par là au mauvais moment.
L’écriture est brute, dépouillée, rêche et rude. Des phrases courtes, lapidaires, les dialogues se passent du tiret cadratin, les points d’interrogation sont inconnus. J’ai été à deux doigts d’abandonner au début, agacée par la répétition de phrases truffées de « et » à croire que l’auteur n’avait pas de virgule à son clavier, un exemple au hasard
: "Il descend du véhicule et va à la porte et fait sauter la serrure avec son pistolet d’abattoir et entre dans la chambre et referme la porte derrière lui." Et des comme ça, il y en a deux par page.
On ne connait les personnages qu’à travers leurs actes et les échanges laconiques. Le seul qui s’écoute, le shérif, nous confie ses doutes, son pessimisme quant à l’évolution de la société, ses réflexions sur le bien et le mal, dieu et démon. On ne peut pas dire que l’histoire soit plaisante, non, mais on y entre, on veut sauver sa peau, on est dedans.
J’ai aimé, moins que La route, qui est largement aussi sombre, mais dont l’histoire m’a possédée totalement pendant les jours où je l’ai lu, et encore après. J’applaudis la performance de rendre autant de profondeur, d’épaisseur, avec une littérature aussi minimale, même si j’apprécierais un peu plus de formes.
No country for old men
Une écriture rugueuse, brutale, sans concessions. On ne s’embarrasse pas de ponctuation quand on s'appelle Cormac McCarthy. Pas besoin : les mots disent ce qu'ils veulent dire, point barre. Et c'est bien ce qui fait le charme de ses romans. Comme toutes ses autres oeuvres, No Country for Old Men est un roman qui porte caleçon, stetson et est chaussé de santiags... Fillette, passe ton chemin ; on est ici dans un univers d'hommes !
Une écriture rugueuse donc, qui colle aux gens du cru. On ne perd pas de temps en bavardages quand on vit sur la terre brûlée du Texas et du Tamaulipas. Il y en a même une bonne part qui préfère faire parler les armes, une forme de réponse universelle aux problèmes qui rongent cette partie du monde, bien compréhensible par tout un chacun. Bref, il ne fait pas bon vieillir là-bas, surtout quand le cumul des années devient synonyme d'examen de conscience. Ce qui est le cas pour le Shérif Bell, en l'occurrence.
Non, décidément, ce pays n'est pas fait pour les vieux.