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Pendant le rude hiver de 1860, l'Oise gela, de grandes neiges couvrirent les plaines de la basse Picardie ; et il en vint surtout une bourrasque du nord-est, qui ensevelit presque Beaumont, le jour de la Noël. La neige, s'étant mise à tomber dès le matin, redoubla vers le soir, s'amassa durant toute la nuit. Dans la ville haute, rue des Orfèvres, au bout de laquelle se trouve comme enclavée la façade nord du transept de la cathédrale, elle s'engouffrait, poussée par le vent, et allait battre la porte Sainte-Agnès, l'antique porte romane, presque déjà gothique, très ornée de sculptures sous la nudité du pignon.
Le lendemain, à l'aube, il y en eut là près de trois pieds. La rue dormait encore, emparessée par la fête de la veille. Six heures sonnèrent. Dans les ténèbres, que bleuissait la chute lente et entêtée des flocons, seule une forme indécise vivait, une fillette de neuf ans, qui, réfugiée sous les voussures de la porte, y avait passé la nuit à grelotter, en s'abritant de son mieux. Elle était vêtue de loques, la tête enveloppée d'un lambeau de foulard, les pieds nus dans de gros souliers d'homme.
Sans doute elle n'avait échoué là qu'après avoir longtemps battu la ville, car elle y était tombée de lassitude. Pour elle, c'était le bout de la terre, plus personne ni plus rien, l'abandon dernier, la faim qui ronge, le froid qui tue ; et, dans sa faiblesse, étouffée par le poids lourd de son coeur, elle cessait de lutter, il ne lui restait que le recul physique, l'instinct de changer de place, de s'enfoncer dans ces vieilles pierres, lorsqu'une rafale faisait tourbillonner la neige.
le reve
lien vers ma chronique: http://www.lesmiscellaneesdepapier.com/le-reve-de-zola/
Le mot de la fin : Une très belle histoire que je me suis surprise a aimé. Zola place la religion et l’amour au centre de ce roman. A l’inverse des autres romans que j’ai pu lire de l’auteur, je suis étonnée de la façon douce avec laquelle il traite son roman, on se situerait presque dans le conte. L’histoire du couple Hubert est pour moi la plus belle critique de la complexité des relations humaines et du poids de la société. Le discours de la femme sur l’importance de l’argent car dans la société l’amour ne suffit pas, m’a fait pensé aux réflexions de Jane Austen, notamment la phrase de Madame Bennet « l’affection est souhaitable, l’argent est indispensable« … Une très belle découverte que j’ai dévorée sur une journée.