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En septembre 1912, lorsqu'il arrive au sanatorium de Görbersdorf, dans les montagnes de Basse-Silésie, le jeune Wojnicz espère que le traitement et l'air pur stopperont la maladie funeste qu'on vient de lui diagnostiquer : tuberculosis. À la Pension pour Messieurs, Wojnicz intègre une société exclusivement masculine, des malades venus de toute l'Europe qui, jour après jour, discutent de la marche du monde et, surtout, de la "question de la femme".
Mais en arrière-plan de ce symposium des misogynies, voici que s'élève une voix primordiale, faite de toutes les voix des femmes tant redoutées.
Hypersensible, malmené par un père autoritaire, Wojnicz veut à toute force étouffer son ambiguïté et dissimuler aux autres ce qu'il est ou redoute de devenir. Pourtant, une mort violente, puis le récit d'autres événements terribles survenus dans la région, vont le conduire à sortir de lui-même.
Alors qu'il est question de meurtres rituels et de sorcières ayant trouvé refuge dans les forêts, notre héros va marcher au-devant de forces obscures dont il ne sait pas qu'elles s'intéressent déjà à lui.
Le banquet des Empouses
Inquiétude. Effroi. Vanité. Brume. Sacrificiel. Un rendez-vous au sanatorium de Görbersdorf en 1912, un décor majestueux où rôdent la mort, la maladie et les bouteilles de Schwärmerei.
Un formidable roman niché dans les creux et les bosses de poumons phtisiques, qui, à la manière d'un conte de pénombre automnale envoûte et entête, on y entre par la porte, on n'en sort jamais vraiment.
Dans une ambiance à la moribonderie désinvolte et volubile - on boit à tour de bras des liqueurs de plantes en slurpant des cuillères de goulash - des hommes malades viennent aux soins dans une vallée aux vertus réparatrices. Et on discourt beaucoup, on parle et on jase, on a son mot à dire sur tout. De philosophie, de métaphysique, de cosmogonie, de médecine. Et des femmes, il sera beaucoup question. Racontées par des hommes aussi intelligents qu'ils peuvent être ignares, cadenassés dans des idées fermées, des points de vue d'homme, arriérés, grotesques, plantureusement assis sur leur domination.
Une très stimulante réflexion à poumons ouverts, une fine exploration des domaines de curiosité en cours au début du XXème siècle.
Et tout cela observé, du coin de l'œil invisible, par des femmes mythologiques errant des lattes du plancher au voûtes des mansardes.
Drôlatique, inquiétant, ce Banquet des Empouses est un festin royal servi sur un plateau d'argent émaillé par la maîtresse géniale qu'est Olga Tokarczuk.