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Rio de Janeiro, fin des années 20. Brancura est un malandro, un beau gosse, arnaqueur et proxénète. Bien sûr, il voudrait être honnête, travailler, épouser une vierge et écrire les meilleures sambas du pays, comme le fait déjà Silva dont une samba a été enregistrée par Alvès, la voix d'or du Brésil. Mais la Zone l'attire comme un aimant et ses bonnes résolutions fondent devant Valdirène, la plus belle prostituée du quartier qui rend fous tous les hommes qui la croisent. C'est souvent que Brancura doit sortir son coupe-chou pour éloigner les amoureux transis de la belle. Son
rival, son ennemi même, c'est Sodré, un employé de banque, blanc, portugais, qui voudrait lui piquer sa belle et sa place dans la Zone. Valdirène les désire, les aime, les trahit, est incapable de les départager. Tout cela empêche Brancura de se donner entièrement à la musique comme le font Silva, Bide et tous les autres. Entre deux parties de bonneteau truquées, deux bagarres avec la police, deux tournées de cachaça, tous réinventent le rythme de Rio. Ils font fi des vieilles musiques, se fabriquent des percussions pour créer la samba d'avant-garde, sensuelle, troublante, entraînante.
Tel un ethnologue, Paulo LINS nous offre une plongée dans le creuset d'un quartier mal famé de Rio. Dans la Zone se côtoient malfrats, proxénètes, mafieux juifs, artisans, employés de banque, poètes et chanteurs en vogue, descendants d'esclaves ou de colons portugais, noirs et blancs. S'inspirant de la capoiera, des traditions du condamblé, puisant dans leur quotidien difficile les paroles de leurs chansons, ils innovent pour créer une samba capable de rameuter les foules lors de chaque fête. La police veille au grain. Les noirs ont interdiction de se rassembler, la samba est interdite aussi. Qu'à cela ne tienne ! Ils vont s'associer, se donner un statut en formant un ''bloco'' (association de quartier qui défile au carnaval) et faire naître les premières écoles de samba. Moyen d'intégration, la musique est aussi source de conflits. Apparaissent les premiers contentieux au sujet des droits d'auteurs, les rivalités entre ceux qui réussissent et les autres, les vols de musique.
Roman foisonnant, enfiévré et truculent, Depuis que la samba est samba est une fresque où bouillonnent le sang, le sperm, la sueur et la musique sous le soleil langoureux de la Cité Merveilleuse. Amours passionnelles, rivalités obsessionnelles, rythmes endiablés...un roman qui emporte le lecteur dans un monde inconnu et pittoresque. A découvrir.
Li Yan, le policier pékinois et Margaret Campbell, la légiste américaine, ont abandonné leur projet de mariage qui était incompatible avec le maintien de Li Yan dans la police. Ils vivent ensemble, illégalement, dans l'appartement que les autorités ont mis à la disposition du chef de section et ils y sont bien à l'étroit depuis la naissance de leur fils Li Jon Campbell. Margaret ne travaille plus et se consacre entièrement à son nourrisson, une vie qui ne lui convient guère, surtout que Li Yan, absorbé par son travail, n'est qu'un courant d'air qu'elle voit de loin en loin. Mais
le chef de la section n°1 a des excuses. Quatre jeunes femmes ont été assassinées dans des conditions effroyables par un fou furieux qui reproduit scrupuleusement les crimes du célèbre Jack l'éventreur. Les meurtres sont odieux mais les indices sont minces, voire inexistants et Li Yan consacre ses jours et ses nuits à l'enquête. A la recherche du mobile, il entrevoit de terribles perspectives. Et si l'éventreur de Pékin était un policier ? Et si, au delà de ses crimes, il visait personnellement le chef de section le plus connu du pays ? Li Yan doit se rendre à l'évidence : il a un ennemi, particulièrement retors, et surtout prêt à tout pour le faire tomber.
Et voilà le sixième et dernier opus de la série chinoise de Peter MAY, le temps est donc venu du bilan. La trame est toujours à peu près la même : Li Yan enquête, Margaret pratique une ou deux autopsies et leur vie de couple connaît plus de bas que de hauts. Au fil des tomes, les répétitions s'accumulent, Margaret est une blonde aux yeux bleus dont la peau très blanche est parsemée de tâches de rousseur. Li Yan est très grand pour un chinois puisqu'il culmine à 1,80 mètres. On n'échappe pas non plus à la recette des ''jianbing'', les délicieuses crêpes dont se régale Li Yan chaque matin et on saura que la révolution culturelle a fait bien des dégâts dans la société chinoise.
Mais la série s'est améliorée au fil des épisodes et constitue un bon panorama de la société chinoise et de son évolution rapide des dernières années, avec son formidable essor économique et son corollaire, l'élargissement de la fracture sociale. Et, à côté de ses deux héros toujours empêtrés dans leur relation amoureuse compliquée, Peter MAY a su faire vivre des personnages secondaires plutôt intéressants, entre autres Wu et Qian les fidèles collaborateurs de Li Yan et Mei Yuan, la vendeuse de jianbing, intellectuelle réprimée durant la révolution culturelle, avec qui le policier se livre à des jeux d'esprit dont elle sort toujours gagnante.
La série se termine donc, sans fin véritable, l'auteur ayant choisi de laisser ses héros à leur routine et à leur destin. Finalement, elle fut intéressante et plaisante mais peut-être faut-il éviter la lecture des tomes les un après les autres pour ne pas saturer. A lire...à petites doses.
Quand l'été bat son plein, on sait qu'on va pouvoir faire baisser son taux de cholestérol et diminuer son tour de taille en se gavant de carottes râpées et de rondelles de concombre relevées d'une vinaigrette citron/yoghourt pour plus de légèreté. Mais quand l'automne s'invite dès le mois d'août, quand les températures dégringolent, que la pluie vous glace les os, peut-on encore se contenter d'une feuille de laitue et de trois tomates cerises, et garder le sourire ? Que nenni ! Quand l'été se fait la malle, il faut du costaud, du rustique, du roboratif. Et c'est tout naturellement qu'on va chercher un peu de bien-être avec l'aliment préféré des français : la pomme de terre ! Oui, la patate, c'est bon, c'est chaud, ça fait du bien au ventre quand il fait froid. C'est donc dans 100 recettes de pommes de terre qu'on va pouvoir trouver son bonheur. Pourtant, pas question d'innover en se lançant dans la confection hasardeuse d'une confiture de pommes de terre ou d'une brioche à la patate ! Exit aussi les salades en tout genre. On l'a dit, on veut du lourd ! Alors, potées, gratins, farcis, de Prague, d'Alsace, de Vienne, le choix est vaste et finalement avec un peu de crème, des champignons, quelques lardons, on peut se consoler des vicissitudes de la météo tout en se préparant de confortables rondeurs qui seront fort utiles l'hiver prochain. Et une tariflette, une ! Les températures restent basses mais le moral remonte en flèche !
Alexandre Yersin ? La plupart des gens ne savent pas qui il est, et même, n'en n'ont jamais entendu parlé. Sans doute est-ce parce l'homme s'est toujours tenu à l'écart des mondanités et des honneurs. Pourtant, on lui doit, entre autres, la découverte du bacille de la peste et la mise au point de son vaccin. Scientifique de génie, collaborateur de Pasteur, Yersin ne s'est pas contenté d'une seule discipline ni d'une seule vie. Pour ne jamais s'enfermer, s'ennuyer, il a touché à tout : la médecine, la bactériologie, l'ethnologie, agronomie, l'exploration, l'aviation, la botanique,
la mécanique, etc. Avide de connaissances, tout l'intéresse, mis à part l'art et la politique. Car si Yersin se préoccupe du bien de l'humanité et œuvre pour un monde meilleur, il évite de se mêler à ses semblables, sorte de misanthrope contradictoire. Trop à l'étroit dans les laboratoires de l'Institut Pasteur, il part pour l'Indochine où il sera médecin de bord pour les Messageries Maritimes et finira par s'installer à Nha Trang pour y créer son paradis. Mais il ne s'agit pas pour Yersin de profiter de la douceur de vivre et de la beauté des paysages qui l'entourent. Très vite, il se rêve explorateur, traversant la jungle hostile, ouvrant des routes, rencontrant des populations inconnues. Mais pasteurien un jour, pasteurien toujours, l'Institut le sollicite pour ouvrir un centre à Saïgon, tâche dont il s'acquitte avec zèle, pour mieux reprendre sa vie aventureuse une fois sa mission accomplie. Toujours guidé par la passion et la curiosité, Alexandre Yersin a vécu mille vies, libre, insatiable, audacieux, jusqu'à sa mort.
S'il a eu une vie fascinante et s'est investi avec passion dans de nombreux projets d'envergure, Alexandre Yersin, en tant qu'homme, n'est pas tout à fait à l'abri de certaines lacunes. Son indifférence aux problèmes du monde, son refus de s'impliquer, sa misogynie évidente, en font un personnage fort peu attachant sur le plan humain. Cependant ses contributions dans des domaines aussi différents qu'hétéroclites montrent tout le génie d'un homme qui semble austère de prime abord. On peut donc comprendre que Patrick DEVILLE ait voulu lui rendre justice avec cette biographie très bien documentée qui lève le voile sur un des grands hommes du XXè siècle. Au fil des pages, des voyages, des enthousiasmes de son sujet, on finit par prendre goût à cet hyperactif touche-à-tout, impatient de connaître sa prochaine ''lubie''. Pourtant, il faut bien du courage pour s'accrocher au style particulièrement agaçant de l'auteur. Des phrases courtes, sèches, sans verbe parfois. Des redondances ridicules : Pasteur décrit comme ''le vieil homme à la redingote noire'', Yersin étant ''l'orphelin d'Aubonne'', etc. Plus de simplicité n'aurait pas nui. Et Deville ne s'arrête pas là dans le maniérisme. Il ose se mettre lui-même en scène. Sous prétexte de suivre les pas de Yersin dans ses nombreux voyages, il ''invente'' un ''fantôme du futur'' qui hante les lieux où a vécu Yersin, observe et fait même des prédictions sur l'avenir. Nul intérêt dans le procédé, on se doutait bien, à la lecture du livre, que DEVILLE s'était très bien renseigné sur son sujet, les preuves de sont travail de documentation sont superfétatoires. Et passons aussi sur le rapprochement Yersin / Rimbaud, difficilement convaincant, les détails sur les inventions en tout genre de l'époque qui viennent se greffer artificiellement au récit et dans lesquels DEVILLE s'égare parfois. Heureusement, son personnage est suffisamment fort pour sauver l'ensemble du naufrage. La vie, riche et captivante, d'Alexandre Yersin méritait bien un livre, dommage que celui-ci pêche par le style...Restent la description d'une époque, la rencontre avec des célébrités du monde de la science et bien sûr la sortie de l'ombre de Yersin.
En cet été 1969, la petite ville d'Angel Rock est secouée par un drame : la disparition de Tom Ferry et de son petit frère Flynn, deux enfants que tout le monde connaît et que tout le monde recherche dans le bush inhospitalier. Sans résultats.
A Sidney, Gibson, flic à la dérive, est confronté au suicide d'une adolescente originaire d'Angel Rock. Il n'y a pas lieu d'enquêter mais Gibson, contre l'avis de son chef, prend sur ses congés pour aller fureter du côté de la bourgade isolée. Il espère découvrir les causes du suicide de Darcy, et peut-être comprendre pourquoi sa propre
sœur s'est tuée des années plus tôt. Il est accueilli par le shérif Pop Mather et rencontre Tom, revenu du bush, seul avec son sentiment de culpabilité.
Bienvenue à Angel Rock où derrière des apparences paisibles se cachent bien des drames et des secrets. La vie y semble douce mais il ne faut pas s'y fier. Le bush alentour est un danger permanent, les temps sont durs et les hommes aussi. Le plus faible plie sous les coups du plus fort. Mais dans cet univers où l'espoir se fait rare, il reste encore des coeurs purs. Tom Ferry est de ceux-là, pré-adolescent qui rêve d'aller sur la lune, qui rêve d'amour et, par-dessus tout, qui rêve de retrouver son petit frère. Depuis le drame, son beau-père lui en veut, sa mère ne quitte plus son lit, les habitants le suspectent d'avoir tué Flynn. Heureusement, le shérif Pop Mather le prend sous son aile et le fait profiter de sa sagesse et de sa vision tendre de la vie. La ville, isolée, garde ses secrets et n'accueille pas volontiers les étrangers, surtout quand il fouille, interroge, dérange, comme Gibson, le flic de Sidney. Mais il ne se laisse pas démonter, sa quête de la vérité est un peu sa dernière chance pour ne pas sombrer. Ravagé par une histoire familiale qu'il s'est jusqu'alors efforcé d'oublier, il s'oblige à aller jusqu'au bout de son enquête, débusquant les secrets, les ombres, les fantômes.
Le deuil, insurmontable parfois, la perte d'un enfant qui anéantit, la violence, la maltraitance, autant de sujets qui font de ce récit un roman très sombre, mais que contrebalancent l'éveil à l'amour, l'amitié, l'innocence.
Un très beau polar qui sort des sentiers battus et mêle suspens et émotions et réussit le tour de force d'être sombre et doux à la fois. Une très belle découverte.
La campagne que mène le clone d'Hitler contre St Kleio déplaît aux mécènes de l'école qui menacent de se retirer du projet. Mais Rockswell a plus d'un tour dans son sac et promet de rétablir la situation à l'avantage de l'académie grâce au clone de Napoléon. Il sait qu'il saura tirer partie de l'inévitable affrontement entre ces deux fortes personnalités. Mais Kamiya émet quelques réserves. Lui aussi tourmenté par un passé douloureux, Kuroe entreprend de raconter à Shiro son arrivée à St Kleio, sa rencontre avec son père le Docteur X à l'origine du clonage, son amitié avec
Kamiya le clone de ce dernier et les premiers pas de Rockswell à l'académie.
Un long flash-back qui offre son lot de révélations. On apprend que l'académie a connu des drames dès ses débuts. Le projet fou de cloner les personnalités les plus importantes du monde est né dans le cerveau d'un homme obnubilé par son projet, au point de ne s'intéresser à rien ni personne, et surtout pas à son fils qu'il considère comme un raté aux gênes appauvris. Mais l'arrivée d'un humain ''normal'' dans l'école ne passe pas inaperçue. Les clones rejettent Kuroe, se moquent de ses faibles capacités. Et quand il pense trouver un allié en la personne de Rockswell, il se heurte à un mur. Gamin surdoué qui bat les clones sur leur propre terrain, Rockswell cherche le pouvoir par le savoir. Le seul à s'intéresser aux humains est Kamiya le clone du docteur X. Des questions viennent le perturber : Un clone est-il le fidèle portrait de son original ? Tous les clones se valent-ils ? Qu'est ce que la filiation ? Le sens de la famille ? L'amour maternel ?
Ce passionnant retour dans le passé permet de mieux comprendre le présent des personnages devenus adultes, leurs contradictions, leurs doutes et leurs secrets. Sombre et annonciateur de la folie qui entoure St Kleio, ce tome se dévore et laisse augurer une suite tout aussi prenante avec le duel Hitler-napoléon qui s'annonce.
Quand un champion d'haltérophilie meurt, terrassé par une crise cardiaque, dans les bras de l'épouse d'un membre du comité olympique chinois, l'affaire est embarrassante mais fait surtout ricaner les inspecteurs de la Section n°1 de Pékin. Quand un nageur se pend au plongeoir de son centre d'entraînement, c'est surtout de la peine pour cette vie gâchée que ressentent les policiers. Mais quand le chef de section Li Yan fait le rapprochement avec trois relayeurs décédés dans un accident de voiture et un cycliste tombé dans une piscine, les questions commencent à se multiplier : Et
si toutes ses morts étaient des meurtres déguisés en accidents ? Et si quelqu'un cherchait à décimer l'équipe olympique chinoise ? Promu à la tête du service après son retour des Etats-Unis, Li Yan sait qu'il a une semaine pour résoudre l'affaire. Après cela, il sera démis de ses fonctions. En effet, si jusque là les autorités ont fermé les yeux sur sa liaison avec une légiste américaine, elles ne peuvent cautionner un mariage. Or Margaret est enceinte de 8 mois, il est donc plus que temps de régulariser la situation. D'ailleurs sa mère va faire le déplacement à Pékin, tout comme le père de Li. Entre préparatifs de mariage et enquête à hauts risques, les deux amants tentent de maintenir le cap dans une ville qui fait peau neuve pour accueillir les jeux olympiques.
La fin approche, voilà déjà l'avant-dernier épisode des aventures du couple Margaret Campbell et Li Yan. Ils sont de retour à Pékin. Li Yan a pris la tête de la Section n°1 et Margaret partage son temps entre les cours de préparation à l'accouchement et les quelques cours qu'elle donne à l'université ; plus question pour elle de pratiquer une autopsie, son presque fiancé trouvant cela trop dangereux pour le bébé. Ils ne vivent pas encore ensemble et Margaret attend impatiemment le mariage et l'appartement familial que l'administration ne manquera pas de leur attribuer. Bien sûr, Li Yan lui a soigneusement caché qu'il n'a plus aucun avenir dans la police. Pourtant, il se donne à fond dans sa dernière enquête, faisant même fi de ses craintes, en demandant à Margaret de pratiquer une autopsie. Impliqué dans l'enquête, la future mère suit la piste du dopage et va même jusqu'à évoquer une possible manipulation génétique. Grâce à ces précieux renseignements, Li Yan va approcher de dangereux criminels et découvrir un monde où l'argent et les triades bousculent un pays en pleine mutation...pour le meilleur et pour le pire.
Enfin une enquête palpitante ! Du suspens à la fois dans l'intrigue policière et dans l'histoire d'amour, sans parler de la carrière de Li Yan dans la police. La série chinoise se bonifie avec le temps et c'est enfin un vrai plaisir de lire ce mélange de polar, de découverte de la Chine et de romance. Peter MAY est un vrai connaisseur du pays, les anecdotes historiques et l'évocation de vieilles traditions dont il émaille son récit sont de précieux atouts pour un dépaysement complet dans la Chine pré-olympique. Un très bon cru.
Démobilisé à la fin de la deuxième guerre mondiale, après avoir servi dans la marine et participé à la bataille d'Okinawa, Philip Bowman arrive à New-York prêt à se lancer dans la vie professionnelle. D'abord tenté par une carrière de journaliste, il déchante très vite devant le manque d'offres d'emploi. C'est finalement la maison d'édition Baum qui lui donne sa chance en l'embauchant comme lecteur, puis directeur de collection. Très heureux dans sa nouvelle vie, il concrétise son bonheur en épousant Vivian, une virginienne issue d'une riche famille de propriétaires terriens.
Le mariage tourne court, Vivian le quittant sans faire de bruit, énonçant l'évidence : ils n'ont rien en commun. Suivront d'autres femmes, parfois libres, souvent mariées. Il sera aimé, quitté, trahi, il aimera, quittera, trahira. Mais ses liaisons ne seront finalement que de simples péripéties dans une existence bien remplie, faite de voyages en Europe, de rencontres avec les auteurs, les éditeurs, de soirées, de sorties, de week-ends à la campagne.
Un héros désincarné qui, s'il éprouve des sentiments, semble loin de toute passion, des femmes objets toujours belles, les pommettes hautes, le nez long, souvent froides, dont on ne connaît jamais les pensées, du sexe à gogo, une cruelle absence des livres -on évolue tout de même dans le monde de l'édition!-, beaucoup de bavardages, de digressions, de détails inintéressants, il faut vraiment faire preuve de bonne volonté pour arriver au bout de cette longue succession d'anecdotes sans grand intérêt. Misogyne, ennuyeux, mondain ...Et rien d'autre ? Ma foi, non !
Intrigué par un camion frigorifique abandonné sur un parking désert, un shérif texan découvre un charnier : 98 chinois, probablement des clandestins, morts asphyxiés derrière des caisses de fruits. Outre le drame humain, c'est surtout un problèmes politiques pour les autorités américaines et chinoises qui tentent depuis des mois de stopper l'immigration clandestine. L'enquête est donc confiée au FBI et à la INS, tandis que le chef du bureau des légistes de Huntsville, Margaret Campbell, se charge des autopsies avec son équipe. Afin d'être tenue au courant, l'ambassade de Chine
envoie sur place son agent de liaison, qui n'est autre que Li Yan, qui vit depuis presque deux ans à Washington sans jamais avoir contacté Margaret.
Grâce à un carnet retrouvé près d'une des victimes, les enquêteurs découvrent que derrière la mort accidentelle des chinois, se cache un plan diabolique. On leur a injecté un virus mortel, capable de décimer la population américaine, et même mondiale ! Combien sont-ils à être entrés sur le territoire américain porteurs de ce virus ? Quel est le facteur qui déclenchera l'épidémie ? Qui a imaginé une telle ignominie ? Et pourquoi ? Tant de questions auxquelles il faut répondre dans l'urgence. La course contre la montre a commencé pour Margaret et Yan qui doivent aussi gérer leurs retrouvailles après 15 mois de séparation.
Est-ce parce que Peter MAY situe l'action de ce quatrième roman sur le sol américain que le rythme en est plus trépidant ? Quoi qu'il en soit, l'enquête se déroule sans temps mort, sur la piste d'un criminel suffisamment génial pour mettre au point un terrifiant virus, et suffisamment fou pour l'inoculer à des innocents, les transformant en bombes à retardement. Mais la cible a été parfaitement choisie. Quoi de plus fuyant qu'un clandestin dont la nature même est de se cacher ? MAY nous promène dans les bas-fonds de Houston où de pauvres gens qui ont cru au rêve américain travaillent sans relâche pour rembourser d'énormes sommes à des passeurs qui les battent, violent les femmes, les obligent à se prostituer, les font vivre dans des sous-sols insalubres. La peur est leur compagne au quotidien mais ils gardent l'espoir d'une vie meilleure qu'en Chine. Dans de telles conditions, les faire parler relève de la gageure, les ''têtes de serpents'' se savent protégés par la peur de ceux qu'ils tiennent sous leur coupe et par l'argent dont ils arrosent les fonctionnaires américains qui pourraient les gêner.
Même s'il n'évite pas les clichés (l'asiatique impénétrable, le flic raciste), cet opus, plus nerveux et moins centré sur l'histoire d'amour Margaret / Yan, profite bien de la délocalisation aux Etats-Unis (au moins on évite la énième description de la peau blanche, des cheveux blonds et des taches de rousseur de Margaret) et aborde des sujets difficiles et dérangeants (le flux de clandestins qui arrivent aux Etats-Unis, les réseaux mafieux à leur tête, l'action des américains en Colombie pour éradiquer les cultures de coca). Un mieux pour cette série pas toujours convaincante.
Emouvant témoignage
L'écume, une écume blanche et mousseuse, c'est là la première chose que Sonali a vu de la fenêtre de son hôtel de bord de mer où elle passe des vacances de Noël en famille, dans son Sri Lanka natal. Pourtant l'océan ne devrait pas être si proche...C'est une énorme vague qui déferle, il faut fuir ! Sonali ne prend même pas le temps de prévenir ses parents qui occupent la chambre voisine. Elle presse son mari et ses deux petits garçons et toute la famille embarque dans une jeep qui fuit l'hôtel. Mais la vague, implacable, renverse la voiture. Sonali est séparée des siens, bringuebalée par l'océan, rejetée dans la boue et finalement retrouvée par deux hommes venus au secours des survivants. Hagarde, mutique, Sonali doit se rendre à l'évidence. En ce matin du 26 décembre 2004, elle a tout perdu. Steve, son mari, Vikram et Malli, ses fils, et ses parents ont tous été engloutis par le tsunami.
Bien sûr il y a la douleur, la culpabilité, la honte, la folie, la rage, le désir de mourir...tous ces sentiments qui traversent Sonali, la survivante. Sa perte est immense et irréparable. Elle a survécu, il va lui falloir vivre avec l'absence, avec les souvenirs, quand elle voudrait tout oublier pour ne plus souffrir. Pourtant, son récit n'est pas larmoyant. Le sentiment qui prédomine est l'amour. Sonali nous fait partager son bonheur d'avant le drame. Vikram, la passionné d'oiseaux qui posait sans cesse des questions sur le monde qui l'entourait , Malli, l'artiste toujours joyeux, Steven, rencontré à la fac, son père, avocat austère mais bibliophile averti, sa mère collectionneuse de saris qui se désespérait de son manque de coquetterie, reviennent à la vie lorsqu'elle cesse de s'interdire de penser à eux pour ne pas être submergée par le chagrin. Grâce à eux elle était une mère, une épouse, une fille et depuis leur disparition, elle n'est plus rien que le monstre qui continue à vivre quand tous les autres sont morts. Comment faire son deuil ? Qui pleurer ? Comment continuer, seule ?
Ecrire pour se reconstruire, écrire pour guérir, écrire pour garder la trace de ceux qui ne sont plus là, c'est là le choix de Sonali DERANIYAGALA qui livre un témoignage très émouvant, un hommage digne et pudique à sa magnifique famille. Une lecture certes difficile mais éclairée par Vikram et Malli, deux petits garçons curieux de tout, turbulents et joyeux.