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À découvrir
Ce n'est que longtemps après la mort de ses parents qu'Alain BERENBOOM trouve le courage de fouiller leurs caisses remisées à la cave, incursion indiscrète dans un passé auquel il n'a jamais eu accès. Documents, lettres et photos précieusement conservés par sa mère lui ouvre l'accès à une histoire familiale mouvementée que la vie tranquille de ses parents de ne laissait pas présager. Il découvre son père sous un jour nouveau, un père courageux, volontaire, aventurier, caché derrière le pharmacien bruxellois bien établi. Au fil de ses découvertes se dessine l'histoire d'un homme
: la naissance dans un shetl proche de Varsovie, les premiers pas en Belgique terre d'accueil, la rencontre avec Rebecca, sa "princesse lituanienne", la soif d'intégration, l'amour pour sa nouvelle patrie, les années de clandestinité pendant la guerre, le deuil de ceux qui n'ont pas survécu, et surtout l'indéfectible optimisme qui lui a permis de surmonter tous les drames. Ne parlant ni le polonais, ne le yiddish, Alain attend avec de plus en plus d'impatience les traductions des lettres rassurantes et confiantes qui racontent la douceur de vivre au shetl, les espoirs, les projets de toute une communauté qui, par-delà les menaces nazies et soviétiques, continue d'étudier la Torah, d'organiser des mariages, de s'inquiéter d'un célibat prolongé, sourde et aveugle au fracas du monde. Des grand-parents, des tantes dont il ne savait rien, lui proviennent d'un passé à jamais révolu, balayé par les horreurs de la guerre. Chaïm Berenboom est devenu belge et a choisi de garder un silence hermétique sur cette ancienne vie, sur l'Occupation, sur les drames et les souffrances, préférant mettre en avant les bons côtés de la vie. Pourtant, sous ses airs débonnaires gonflait une colère sourde, sous le pharmacien respectable, athée et optimiste, se cachait l'assistant d'un magicien, un résistant, un lecteur assidu de la Bible, un admirateur des kibboutz israélien, un homme complexe et contradictoire.
Elevé dans le respect du roi, nourri à la carbonade, bilingue franco-flamand, y a-t-il outre-Quiévrain citoyen plus belge qu'Alain BERENBOOM ? C'est ainsi que ses parents l'ont éduqué, coupé de ses racines, premier d'une ligne de Berenboom, belge avant tout. Pourtant, son enquête dans les archives familiales va lui faire entrevoir une histoire familiale marquée par les affres de la guerre. Mais en bon belge, l'auteur fait fi du ton tragique de rigueur pour adopter l'humour et la dérision, cachant ses larmes derrière les folles aventures d'un père habité par la soif de vivre et la confiance en des lendemains meilleurs. Rire pour ne pas pleurer mais surtout redonner une voix à ceux qui ont été broyés par le nazisme. Du shetl au ghetto, les lettres dévoilent un quotidien de plus en plus difficiles mais gardent la flamme de l'espoir, celle qui s'éteint sur le chemin des camps. Chaïm aura perdu une grande partie de sa famille mais il ne dira jamais rien de sa peine, épargnant son fils, mais le privant aussi de son histoire. Alain remonte la piste, renoue avec l'héritage familial, tentant de garder une distance pudique mais qui ne masque pas tout à fait le flot de ses émotions. Hommage aux siens et surtout au père, ce Monsieur optimiste est un hymne à la vie, une suite de chroniques drôles et émouvantes qui nous rend chers et intimes des êtres dont les voix se sont éteintes trop tôt. A lire pour la leçon d'Histoire et pour l'exploit d'avoir su alléger l'horreur des faits par des touches d'humour bienvenues.
Etudiante en archéologie, Hélène s'installe à Paris dans la chambre de bonne de son grand-oncle Daniel Roche. Elle n'est pas très proche de cet éternel enfant qui faisait la joie des plus jeunes lors des réunions de famille en racontant avec force gestes et mimiques ses voyages aux quatre coins de la planète. Ses talents de conteur, il les a aussi mis au service de Peter Ashley-Mill, le héros de La Marque noire, une série à succès de romans d'aventures pour adolescents dont il est l'auteur, sous le pseudonyme de H.R. Sanders. Mais Hélène n'a jamais réussi a dépassé le troisième
chapitre du premier tome de ces livres qui ont fait frémir toute une génération. Daniel, à l'instar de son héros, voyage beaucoup, Hélène n'a donc que très peu de contacts avec lui et elle s'en félicite. Pourtant, à force de côtoyer ses fans, dont son petit-ami Guillaume est un bel exemple, ses voisins et amis, elle finit par s'intéresser et aux livres et à l'homme. Elle découvre ainsi que derrière Daniel Roche se cache Daniel Ascher, un petit garçon juif qui a fui l'Occupation et les rafles pour trouver refuge en Auvergne chez ses arrière-grands-parents. Intriguée, Hélène part sur les traces de son grand-oncle, à la recherche de ce qu'il fut et aussi de ce qu'elle est.
En même pas 200 pages, dans un roman qui ne paie pas de mine, un premier roman qui plus est, Déborah LEVY-BERTHERAT réussit avec beaucoup de douceur et de pudeur à évoquer des sujets graves sans tomber dans les clichés ou le pathos. On y suit une jeune fille sérieuse, à peine sortie de l'adolescence, et qui en garde encore les préjugés et les jugements à l'emporte-pièce, qui au fil d'une enquête au coeur des non-dits familiaux, va mûrir et se révéler à elle-même. Face à Hélène la pondérée, le fantasque Daniel roche, alias H.R. Sanders, semble frivole et pourtant...De la rue d'Odessa à Paris jusqu'à New-York, en passant par l'Auvergne, Hélène va découvrir l'histoire d'une famille juive décimée par la guerre, d'un enfant tiraillé entre le souvenir des siens et son nouvel attachement à ceux qui l'ont recueilli, sauvé, adopté et qui n'a eu d'autre choix que de s'évader et de se raconter à travers ses romans. Car c'est dans La Marque noire qu'Hélène va trouver les cailloux semés par Daniel pour aller vers la vérité. Chez les Roche le parcours de Daniel n'est pas un secret, plutôt un non-dit, un épisode recouvert du voile de l'oubli; les Justes sont discrets. Mais Daniel, bien sûr, n'a pas oublié le petit Ascher, ses parents, sa soeur, la boutique de photographe qu'ils habitaient et la nostalgie de ce bonheur saccagé par les nazis n'a jamais cessé de le hanter. C'est cette histoire, intimement mêlée à la sienne, qui va faire grandir Hélène, la réconcilier avec sa part d'enfance, lui donner les ailes pour s'envoler vers l'avenir.
Un roman tendre et sensible qui révèle une auteure brillante et prometteuse. A découvrir.
En voyage au Groenland avec un groupe d'agriculteurs français, Landry est victime d'un accident qu'il a lui-même provoqué et qui le contraint à prolonger son séjour sur place. Rien ne le rappelle en France. Sa femme est partie avec ses enfants et ses voisins sauront s'occuper de ses terres durant son absence. Il décide donc de passer sa convalescence avec Germain, un belge expatrié en terre inuite. Lors d'une partie de chasse, Landry trouve un oisillon sanderling dans un nid posé sur la toundra gelée. Pour l'agriculteur las de vivre, cet oiseau appelé à devenir un extraordinaire migrateur,
représente l'espoir et la persévérance. Landry y voit le signe d'un renouveau et c'est, dopé par une envie d'en découdre et de tout changer, qu'il rentre à Belligny, sur les terres qui l'ont vu naître et auxquelles il a consacré sa vie. Il ne sait pas encore que sa révolution intérieure va trouver un écho très concret dans sa vie. Les volcans islandais ont décidé de rappeler les hommes à l'ordre en déversant lave, fumée et cendres sur l'Europe ébahie et désemparée. L'Islande est rayée de la carte, le Danemark et l'Ecosse sont au plus mal, l'Europe toute entière est menacée. A Belligny, on s'organise pour faire face au nuage de cendre et son lot de calamités : été caniculaire, hiver polaire, inondations, glissements de terrain, gaz toxiques. Face à cette nature soudain hostile, il faut inventer une nouvelle façon de vivre; certains s'adaptent, d'autres rechignent, les plus vils tentent d'en tirer profit. Landry est un des hommes-clés de la communauté et, pour lui, c'est un nouveau départ, difficile certes, mais peut-être l'occasion inespérée pour tout recommencer à zéro sur des bases plus saines.
Evacuation des populations en Islande, trafic aérien paralysé en Europe, quand il entre en éruption en mars 2010, l'Eyjafjöll a rappelé aux hommes que la nature parfois reprend ses droits et que rien ne peut la maîtriser. Quelques années plus tard, cet épisode n'est plus qu'une anecdote qui 'a eu pour conséquence que de clouer au sol quelques vacanciers malchanceux qui de toute façon l'auraient été par une grève des aiguilleurs du ciel. Mais si ce coup de semonce venu du Nord n'était qu'un avertissement avant une catastrophe de plus grande ampleur ? Et si les volcans islandais sortaient de leur sommeil pour déverser sur l'Europe leur lave, leur fumée, leur cendre ? Quelles seraient les conséquences humaines, économiques, écologiques ? C'est à cette réflexion que nous invite Anne DELAFLOTTE MEHDEVI dans son roman mi-roman d'anticipation, mi-conte moderne qui raconte la vie d'un village français à l'heure où le continent européen est mis sous cloche par un nuage de cendres volcaniques. Privés de soleil, confrontés à des problèmes d'un autre âge, les habitants de Belligny, aux personnalités hautes en couleurs, vont créer une communauté parée à survivre en mêlant les méthodes du passé et les nouvelles technologies. Mais comme dans toute communauté humaine, les natures les meilleures côtoient les sentiments les plus vils. Le partage, l'échange, la solidarité seront confrontés à la jalousie, la trahison, la violence. Mais Landry, Merlin, Ladona, Alice, Lila et tous les autres sauront trouver un équilibre dans un univers qui vacille au bord du gouffre.
Au-delà d'une vision catastrophiste de l'avenir de l'humanité, Sanderling est une belle réflexion sur le monde rural, le travail de la terre, l'écologie et un chant d'espoir pour l'Homme, ses défauts les plus terribles palliés par sa fabuleuse capacité à s'adapter. Anne DELAFLOTTE MEHDEVI est une auteure d'ambiance qui sait à merveille raconter les aléas d'un microcosme dont elle nous rend les protagonistes infiniment proches. Malgré les circonstances dramatiques et la noirceur du contexte, on s'attache à ces survivants-combattants et on les quitte avec un immense regret. Ils sont en guerre contre un ennemi qui s'est rebellé après des années de maltraitance mais ils savent que l'ennemi d'aujourd'hui était l'ami d'autrefois et sera obligatoirement celui de demain. Optimiste et plein de bons sentiments, Sanderling, sous ses airs un peu naïfs, est une invitation à la réflexion sur l'avenir, le rapport à la nature, le monde paysan, le voyage, la vie. A lire.
Versailles, 1686. La France va mal. La révocation de l'Edit de Nantes entraîne des révoltes en région, les puissances étrangères complotent et dans les îles, les esclaves se rebellent. Si Louvois, ministre de la guerre de Louis XIV, veille augrain, le roi a des préoccupations plus terre à terre. Ses soucis se concentrent sur une infime partie de son anatomie : son anus. Diminué par une fistule anale, le Roi-Soleil souffre le martyr et a du mal à s'intéresser aux affaires de l'Etat. Les courtisans pensent déjà à sa succession et sont enclins à trahir. Tandis que son médecin attitré
pratique des saignées à tour de bras, que l'ambassadeur de Siam attend d'être reçu, que les cours européennes dépêchent des espions pour être tenues au courant de la situation, que Madame de Maintenon et le Père La chaise prient avec ferveur, Félix de Tassy hante les couloirs de la Bastille et de l'Hôpital général et s'entraîne sur les condamnés et les indigents pour perfectionner sa technique opératoire et ses instruments chirurgicaux. Il a en effet été décidé que le roi serait opéré, il en va de l'avenir du pays. Et Félix sait qu'il n'a pas droit à l'erreur.
Point de suspense dans ce roman situé en 1686 puisque l'on sait que le Roi-Soleil est mort en 1715, à l'âge canonique de 76 ans. C'est donc avec bienveillance que l'on regarde les hésitations et questionnements du chirurgien Félix de Tassy au sujet de l'opération royale, parfaitement au courant de la réussite de son entreprise. L'intérêt n'est donc pas là mais plutôt dans la formidable leçon d'histoire que nous propose Christian Carisey. Un instantané de la vie de Louis XIV au moment où son règne connait une crise majeure due à ses problèmes de santé. Titubant de son lit à sa chaise percée, le monarque absolu délaisse les affaires de l'Etat et les courtisans en profitent pour créer de nouvelles alliances. Ce petit monde s'inquiète, complote, frétille entre jalousie et flagornerie. Pendant ce temps, le pays s'agite et l'auteur en profite pour nous raconter les querelles qui opposent jansénistes et jésuites, les missions d'évangélisation à l'étranger de ces derniers, les conséquences de la révocation de l'Edit de Nantes. La fistule anale du roi est aussi l'occasion d'évoquer la naissance de la chirurgie moderne qui jusque là était exercée par les barbiers et se débattait contre la méfiance des médecins et de l'Eglise. Le monde des sciences est en ébullition, on remet en question les dogmes, on s'interroge sur l'asepsie, on ne veut plus laisser la vie entre les seules mains de Dieu.
Peuplée, outre le roi, des grandes figures de l'époque, la Palatine, la Maintenon, Louvois, le Père La Chaise, Félix de Tassy, etc. et de quelques personnages inventés pour pimenter le récit, cette Maladie du roi est une lecture plaisante, vivante et instructive, à lire pour apprendre sans en avoir l'air.
Fils de vieux, enfant malingre, Louis Désiré Diedonné Maître est pourtant né avec le don, le don de soigner de ses mains, du bout de ses doigts. Devenu Maît'Louis, le rebouteux, il a passé sa vie à prendre sur lui les maux des autres et à la cinquantaine son corps ne répond plus. Vieilli avant l'âge, noué par la douleur, Maît'Louis vit retiré dans sa bergerie, près du hameau de Villemort. Mais il est encore sollicité par ses contemporains qui acceptent mal sa retraite. Jean Dieu, par exemple, le boulanger contraint d'arrêter de faire le pain, cloué au lit par une sciatique. Maît'Louis
ne peut pas laisser la région s'affamer faute de pain alors il soigne celui qu'on appelle simplement Boulanger. Et toutes les douleurs du boulanger s'envolent pour venir se nicher dans les genoux et le dos du rebouteux qui ne marche plus qu'avec peine. Pour se faire pardonner, pour rendre un peu, Jean Dieu aide le vieillard à enluminer le marronnier de la cour. Une lubie du rebouteux qui veut éclairer le chemin de ceux qui viendront lui rendre visite. Qui, il ne sait pas. Mais ils viendront, c'est certain. Un phare dans la nuit, une étoile du berger pour alléger la route de ceux qui vont braver le froid et la neige à quelques jours de la Noël dans cette campagne désolée, désertifiée. Et trouant la nuit de ses gros phares, se frayant un chemin dans la neige qui tombe dru, avance une Ariane gris étoile. A son bord, la Vache, le Mon filleul, la Ma filleule et leur bout de zan brûlant de fièvre, une famille atypique nouée par la peur de perdre le petit.
La France profonde des années 50, celle des campagnes, des petits villages où tout le monde se connait et aime à cancaner, celle où l'on croit en la terre, en Dieu et en Maît'Louis, le rebouteux. Voilà tout ce qu'évoque Louis-Edouard MARTIN dans une langue poétique, gourmande, proche de l'oralité où se mêlent les odeurs du bon pain, les saveurs du boudin, les bruits de la neige qui craque. Roman du terroir mâtiné de conte de Noël, sa Nativité cinquante et quelques parle, avec simplicité mais profondeur aussi, d'un temps révolu, d'une époque rude, d'une campagne rugueuse mais aussi d'êtres attachants, tenaces, humains, qui ne se résignent jamais. Une écriture lumineuse, ciselée pour une histoire où humour et macabre se marient pour donner le meilleur. A découvrir absolument !
Un entretien d'embauche chez 1T !! Katie Dûma n'osait en rêver et pourtant elle touche au but d'intégrer cette vénérable entreprise spécialiste des microprocesseurs. Pour cette fille de la Zone, c'est une chance inespérée de se faire une place à la Capitale, à l'endroit même où le génial inventeur Nikola Protéus a fait ses débuts. L'entreprise est certes mal en point mais Katie est persuadée qu'elle saura se relever et affronter la concurrence déloyale que lui impose Sinind. Sa joie est cependant ternie par l'annonce de rachat d'1T par Zoran Adamas, richissime homme d'affaires,
redouté et détesté par tous, qui déclare d'emblée que son but est d'anéantir 1T. Pour parvenir à ses fins, celui qu'on surnomme dédaigneusement Le Gitan, impose aux salariés un jeu de simulation : le Cosplay. Trois jours durant, chaque employé évoluera dans un monde virtuel où la hiérarchie est abolie. Dans la peau d'un personnage de son choix, réel ou imaginaire, caché derrière un masque, chacun pourra proposer des idées, dénoncer des injustices et même éliminer les gêneurs. A tout moment, le choix est possible de quitter la société avec un chèque substantiel en poche. Seuls resteront ceux suffisamment attachés à l'entreprise pour vouloir la défendre et, bien sûr, la jeune Katie, embauchée au pied levé par le nouveau directeur des ressources humaines.
Laurent LADOUARI, pour ce premier tome de son cycle Volution, situe son histoire dans un futur indéterminé dont on sait peu de choses si ce n'est que la guerre du Pacifique a ravagé la planète dont il ne subsiste que le Continent et sa Capitale qui pourrait bien être Paris. Siège d'une sorte de révolution nommée la Commune qui a été matée il y a quelques vingt années, cette Capitale est désormais protégée de la Zone par un mur hautement sécurisé. Tandis qu'elle concentre les capitaux et les industries, la Zone végète plus ou moins dans la misère. Voilà pour le contexte général.
Mais l'auteur n'entre pas dans les détails, son propos étant de nous présenter 1T et le Cosplay qui va secouer l'entreprise pendant trois jours d'une rare intensité. Dépassée par la concurrence et par la fin d'internet, ce fleuron de l'industrie est en sursis. Des dirigeants au service, avant tout, de leur intérêts personnels ont fini de mettre à mal cette société qui n'a pas su évoluer. Le jeu va bouleverser tout cela avec en finalité, soit l'implosion, soit la renaissance. Le Cosplay est un monde anarchique a priori mais qui a le mérite de révéler les vrais talents. Profiteurs et tire-au-flanc sont éliminés et ne restent que les plus méritants, quel que soit leur grade. Ainsi, Katie Dûma, ayant à peine plus de poids q'une stagiaire, devient un personnage important du jeu, et il en va de même pour les secrétaires, assistantes et autres voituriers, habituellement brimés, négligés, maltraités et qui se découvrent une âme de leader, de décideur. Les identités réelles restent anonymes mais sous le costume d'Athos, Madonna ou Périclès, des personnalités se révèlent et la galerie de personnages qui en découlent est fort réjouissante. C'est aussi vrai en dehors du jeu où les envoyés du terrible Adamas sont hauts en couleurs et contribuent grandement à l'intérêt et à la curiosité du lecteur. On peut toutefois regretter un manichéisme outrancier avec des gentils, volontaires, intelligents et désintéressés opposés à des méchants stupides, cupides et cyniques.
L'ambiance générale est baroque, avec un petit côté steampunk qui donne du relief au Cosplay et à cette Capitale partiellement détruite par la Commune.
Dans l'ensemble, ce premier tome est très accrocheur et addictif, on ne peut qu'espérer que la suite sera à la hauteur et que Laurent LADOUARI saura apporter des réponses cohérentes à toutes les questions en attente. On veut mieux connaitre Zoran Adamas et ses "enfants". On veut tout savoir sur la guerre du Pacifique et la Commune et bien sûr on attend un retournement de situation dans l'ordre établi avec, pourquoi pas, une révolte de la Zone... Une belle réussite dont on ne peut qu'attendre la suite avec impatience.
Est-ce parce qu'il est né le jour de la tragédie de Doha, ce maudit 28 octobre 1993 où le japon a raté sa qualification pour la Coupe du monde football, que Mutta se sent parfois une âme de perdant ? Enfant, pourtant, il avait des rêves, celui d'abord, d'être un guide pour son petit frère Hibito et surtout le grand, le fou désir d'explorer l'univers en devenant astronaute, Hibito marchant sur la lune et lui explorant Mars.
Mais le temps a fait son oeuvre et, en 2025, si Hibito a concrétisé son rêve et s'apprête à devenir le premier japonais à poser le pied sur la lune, Mutta, lui,
se considère comme un raté. Il vient de perdre son travail après avoir "coupdeboulé" son chef -inspiré par un certain Zinédine Zidane !- et s'est réinstallé chez ses parents. Pendant qu'il se lamente sur son sort et enchaîne les petits boulots, son petit frère pense à leur rêve d'enfant et inscrit secrètement son aîné au programme de recrutement des astronautes de la JAXA, l'Agence d'exploration aérospatiale japonaise. Peu préparé, un brin défaitiste mais aussi très motivé, Mutta part pour trois semaines d'examens, d'entretiens, de visites médicales, d'exercices sportifs, etc. dans un monde où il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus.
L'un est brun, l'autre blond. L'un est un petit prodige à qui tout réussit, l'autre accumule les échecs. L'un a atteint l'objectif qu'ils s'étaient fixé enfants, l'autre y a renoncé depuis belle lurette...On ne saurait être plus différents que les frères Namba et pourtant ils sont liés par un amour sincère et un rêve commun. Leur rivalité, loin d'être mesquine, est une saine émulation qui a porté le cadet toujours plus haut quand l'aîné, gagné par la peur de vaincre, s'est laissé aller à l'échec. Saura-t-il rattraper le temps perd et afficher son portrait à côté de celui de son frère sur le mur dédié aux astronautes japonais à la JAXA ? A 31 ans, il a l'opportunité de pouvoir enfin réaliser son rêve le plus fou mais la route est longue. Il faut sans cesse être le meilleur, ne rien lâcher, être performant dans tous les domaines. Et la concurrence est rude, entre les plus jeunes, les plus motivés et les plus doués. Et Mutta serait plutôt enclin à saper ses chances tout seul, un peu comme si l'échec était inscrit dans son ADN...
Mais son recul sur lui-même, son humour et ses gaffes font de lui un personnage attachant et sympathique, atout majeur de ce manga drôle et rafraîchissant qui saura plaire même à ceux qui n'ont que peu d'intérêt pour la conquête spatiale. n excellent premier tome, très réaliste, très moderne, qui donne plus qu'envie de continuer le chemin aux côtés de ces deux frères attirés par les étoiles.
Armin a réussi à sortir Eren, coincé dans un corps de Titan, de sa torpeur et l'opération de colmatage de la brèche a pu être menée à bien. Cette première victoire de l'humanité sur les Titans est cependant ternie par le nombre impressionnant de ceux qui y ont laissé la vie.
C'est l'occasion de retrouver les jeunes recrues au moment où ils ont quitté le travail des champs, leur quartier, leur village, leur famille pour intégrer la rude formation qui a fait d'eux des soldats.
Un tome intéressant pour le flashback qui permet de retrouver Eren, Amin et Mikasa au moment de leur
formation de soldat. Accompagnés des élèves de leur promotion, ils s'exercent en théorie et en pratique à affronter les Titans. On découvre les personnalités, les motivations de chacun et les rapports de force ou d'amitié qui les lient.
Par contre, si connaitre mieux tous ces jeunes recrues appelées à risquer leur vie, on peut regretter que cet épisode s'insère, comme un cheveu dans la soupe, au milieu d'évènements décisifs dans la lutte des hommes contre leurs puissants prédateurs. On aurait aimé s'attacher à eux avant la bataille, surtout quand on connait le peu d'habileté du mangaka pour dessiner ses personnages. On a parfois du mal à les différencier et il aurait été bon de nous les présenter ainsi avant de les lancer dans de mortels combats.
Bref, une impression mitigée : la qualité des dessins ne s'améliore pas et le déroulement du récit manque de maîtrise.
C'est Noël mais Kaoru n'est pas à la fête. Son père lui manque et il ne se sent pas à sa place chez son oncle et sa tante. Il envie terriblement Sentarô qui vit entouré d'une famille aimante. Pourtant son ami n'a pas toujours été heureux et ses confidences vont alléger la peine de Kaoru qui se rend compte qu'il ne devrait pas se plaindre. Mais sa mélancolie reprend le dessus quand il constate que Ritsuko ne lui pardonne pas le baiser qu'il lui a volé. Il préfère éviter sa boutique et par conséquent arrêter le jazz. Heureusement Sentarô veille au grain et ne le lâche pas d'une
semelle...
Un tome mélancolique où le jazz cède la place aux histoires plus personnelles des protagonistes. On apprend beaucoup sur l'enfance difficile de Sentarô et sur ses origines. Parallèlement, le mal-être de Kaoru tient une grande place, mélange de pressions familiales et de chagrin d'amour. Les deux amis si différents se rapprochent, surtout grâce à l'insistance de Sentarô qui va jusqu'à accompagner Kaoru à Tokyo à la rencontre de sa mère qu'il n'a pas revu depuis de nombreuses années. La personnalité de Sentarô, instinctif, impulsif et flegmatique, se heurte à celle de Kaoru, réfléchi et posé. Le voyage à Tokyo s'annonce donc chaotique mais l'amitié va certainement prendre le dessus.
Ce troisième tome s'achève au moment où Koaru va revoir sa mère après des années de séparation. Cette rencontre sera-t-elle bénéfique ? Il va falloir lire le tome 4 pour le savoir...
Ravensbrück, 1944
En ce temps-là, Suzanne s'appelait Mila; c'était un nom de code, son nom de résistante. Elle codait les messages et cachait des résistants. Elle était jeune, ne connaissait rien de la vie, de l'amour, mais vivait dans l'urgence comme ceux qui mettent leur vie en danger. Tout bascule le jour où elle est dénoncée et déportée. Vers où ? Nul ne le sait. L'Allemagne sans doute, un camp de travail probablement...Mila ne se doute pas qu'elle part pour l'enfer. A Ravensbrück, des milliers de femmes tentent de survivre à la faim, au froid, à la maladie, aux travaux forcés, aux brimades, aux sévices. Mais Mila s'inquiète surtout pour le secret qu'elle cache au fond de ses entrailles, fruit d'une nuit d'abandon dans les bras d'un résistant de passage. Cet enfant qu'elle va mettre au monde est-il condamné à mort ? Non, dans le camp, Mila n'est pas un cas isolé et il existe une "nurserie", la kinderzimmer, chambre des enfants. C'est dans cette pièce sombre et gelée que Mila voit son enfant dépérir, vieillir prématurément, malgré tous ses efforts, malgré le lait offert par les autres prisonnières, malgré le temps qui joue en sa faveur, les alliés ont débarqué, la guerre touche à sa fin...
Le camp qui avilit, qui déshumanise...L'horizon qui se réduit à un quignon de pain sec...Le règne du "chacun pour soi"...Les jours rythmés par l'appel, les ordres aboyés...Le corps qui lâche, qui se vide, qui n'est plus que plaies...Les fours, les chambres à gaz, la mort partout...Et puis, comme une lueur d'espoir, la solidarité, l'amitié qui éclot, plus forte que la peur, la haine des bourreaux. Un bout de charbon que l'on vole pour réchauffer un bébé, du lait que l'on offre pour le nourrir, l'amour que l'on donne pour remplacer une mère disparue.
Kinderzimmer est une histoire souvent insoutenable qui évoque les atrocités des camps de concentration, le désarroi des détenus après la libération, leur difficile retour, portée par l'écriture incisive, sans concessions de Valentine GOBY. Un récit douloureux, éprouvant mais indispensable.