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À découvrir
C’est une drôle d’histoire que l’histoire de cet homme-là. Jules Vernes aurait pu l’écrire mais ne l’a pas fait. Comme beaucoup d’hommes de son temps, il fut orphelin, savant, explorateur, chercheur, graphomane, arpenteur et à la différence de nous tous, trouva son bonheur. Le livre de Patrick Deville dans la veine de Jean Echenoz ou d’Eric Vuillard nous livre une biographie qui ne dit pas son nom et préfère se dire de la littérature… Récit et roman d’un homme qui n’avait bientôt plus à choisir entre la peste et le choléra mais à guérir, élève indiscipliné de Pasteur mais l’un des meilleurs de la bande à Pasteur, presque contemporain d’Arthur Rimbaud, on sait grâce à lui et à la littérature quels liens capricieux et étonnants poésie et science entretiennent avec la folie et le réel. Fin observateur de la beauté du monde et de ses mécanismes sous-jacents, ingénieur en roue libre, esprit indépendant et rebelle, Alexandre Yersin méritait un tombeau plutôt qu’une tombe. Et comme le dit Patrick Deville, il nous faudrait chacun écrire dix vies pour écrire l’histoire de l’humanité. Une biographie qui ne dit pas son nom, une vie bien remplie qui ponctue et rythme l’ébauche d’un destin singulier, et permet à la littérature par des détails qui parlent, les choix d’un homme, des rapprochements, une alternance des temps un tableau vivant et savant, un portrait de cet homme-là, Alexandra Yersin, maintenant curieux personnage de la littérature et figure de son temps... Un homme qui ne s'intéressa pas à la littérature malgré son immense curiosité mais aujourd'hui lui doit tout...
Quelle belle surprise que la lecture de cet ouvrage au titre à priori peu engageant ! On y découvre la vie d'un de ces héros méconnus de la science, élève de Pasteur, qui a non seulement identifié le virus de la peste mais aussi trouvé le moyen de la soigner. Curieux de tout, véritable touche à tout, ce monsieur a su exporter son savoir-faire un peu partout sur le globe, et plus particulièrement en Asie, tout en respectant les populations et coutumes locales et en les aidant à valoriser leurs propres ressources. Patrick Deville brosse ici un portrait fort documenté mais jamais difficile à lire car plein d'humour et d'anecdotes.
Alexandre Yersin ? La plupart des gens ne savent pas qui il est, et même, n'en n'ont jamais entendu parlé. Sans doute est-ce parce l'homme s'est toujours tenu à l'écart des mondanités et des honneurs. Pourtant, on lui doit, entre autres, la découverte du bacille de la peste et la mise au point de son vaccin. Scientifique de génie, collaborateur de Pasteur, Yersin ne s'est pas contenté d'une seule discipline ni d'une seule vie. Pour ne jamais s'enfermer, s'ennuyer, il a touché à tout : la médecine, la bactériologie, l'ethnologie, agronomie, l'exploration, l'aviation, la botanique,
la mécanique, etc. Avide de connaissances, tout l'intéresse, mis à part l'art et la politique. Car si Yersin se préoccupe du bien de l'humanité et œuvre pour un monde meilleur, il évite de se mêler à ses semblables, sorte de misanthrope contradictoire. Trop à l'étroit dans les laboratoires de l'Institut Pasteur, il part pour l'Indochine où il sera médecin de bord pour les Messageries Maritimes et finira par s'installer à Nha Trang pour y créer son paradis. Mais il ne s'agit pas pour Yersin de profiter de la douceur de vivre et de la beauté des paysages qui l'entourent. Très vite, il se rêve explorateur, traversant la jungle hostile, ouvrant des routes, rencontrant des populations inconnues. Mais pasteurien un jour, pasteurien toujours, l'Institut le sollicite pour ouvrir un centre à Saïgon, tâche dont il s'acquitte avec zèle, pour mieux reprendre sa vie aventureuse une fois sa mission accomplie. Toujours guidé par la passion et la curiosité, Alexandre Yersin a vécu mille vies, libre, insatiable, audacieux, jusqu'à sa mort.
S'il a eu une vie fascinante et s'est investi avec passion dans de nombreux projets d'envergure, Alexandre Yersin, en tant qu'homme, n'est pas tout à fait à l'abri de certaines lacunes. Son indifférence aux problèmes du monde, son refus de s'impliquer, sa misogynie évidente, en font un personnage fort peu attachant sur le plan humain. Cependant ses contributions dans des domaines aussi différents qu'hétéroclites montrent tout le génie d'un homme qui semble austère de prime abord. On peut donc comprendre que Patrick DEVILLE ait voulu lui rendre justice avec cette biographie très bien documentée qui lève le voile sur un des grands hommes du XXè siècle. Au fil des pages, des voyages, des enthousiasmes de son sujet, on finit par prendre goût à cet hyperactif touche-à-tout, impatient de connaître sa prochaine ''lubie''. Pourtant, il faut bien du courage pour s'accrocher au style particulièrement agaçant de l'auteur. Des phrases courtes, sèches, sans verbe parfois. Des redondances ridicules : Pasteur décrit comme ''le vieil homme à la redingote noire'', Yersin étant ''l'orphelin d'Aubonne'', etc. Plus de simplicité n'aurait pas nui. Et Deville ne s'arrête pas là dans le maniérisme. Il ose se mettre lui-même en scène. Sous prétexte de suivre les pas de Yersin dans ses nombreux voyages, il ''invente'' un ''fantôme du futur'' qui hante les lieux où a vécu Yersin, observe et fait même des prédictions sur l'avenir. Nul intérêt dans le procédé, on se doutait bien, à la lecture du livre, que DEVILLE s'était très bien renseigné sur son sujet, les preuves de sont travail de documentation sont superfétatoires. Et passons aussi sur le rapprochement Yersin / Rimbaud, difficilement convaincant, les détails sur les inventions en tout genre de l'époque qui viennent se greffer artificiellement au récit et dans lesquels DEVILLE s'égare parfois. Heureusement, son personnage est suffisamment fort pour sauver l'ensemble du naufrage. La vie, riche et captivante, d'Alexandre Yersin méritait bien un livre, dommage que celui-ci pêche par le style...Restent la description d'une époque, la rencontre avec des célébrités du monde de la science et bien sûr la sortie de l'ombre de Yersin.
Contrairement à d'autres, j'ai été enthousiasmé par le style de Patrick Deville,ses phrases cinglantes, compactes, ciselées pour en faire de petites piques, des traits d'esprit vifs et marquants. Tout sauf lourd, au contraire : épuré jusqu'à l'os, au point d'imprimer un rythme endiablé à la lecture, parfaitement en accord avec le personnage et sa vie trépidante et protéiforme. La forme, ici, soutient et magnifie le fond ; elle rend ce savant splendide encore plus flamboyant. J'ai adoré ce livre au point de le relire quelques temps plus tard avec la même délectation. Puis d'enchaîner avec Kampuchéa, du même auteur, qui m'a presqu'autant emballé.
Très beau livre sur ce scientifique curieux de tout et qui a approché toutes les innovations de la fin du XIXème et début XXème. Un grand humaniste qui a préféré l'anonymat en France à la gloire, qui a éradiqué des maladies et épidémies sur plusieurs continents.
Aurait mérité un prix Nobel....
Très bon moment de lecture.
J'ai eu beaucoup de mal à lire ce livre, trop compliqué avec une écriture fouillis qui m'a déstabilisée et des termes ardus. Une construction de récit que je n'apprécie pas donc vraiment pas pour moi!
La vie de Yersin est passionnante, ainsi que la saga pastorienne dans laquelle elle s'inscrit. Mais, à la fin de l'ouvrage, on ne souhaite pas pour autant lire une autre oeuvre de Deville, tant son style est ici rébarbatif. A qui allaient les prix littéraires décernés ? A Deville ou à Yersin ?
Excellent. Le parcours de Alexandre Yersin, scientifique ayant découvert le bacille de la peste bubonique, resté dans l'ombre de Pasteur. Des aventures qui se dévorent très rapidement (peut-être trop), au gré des multiples facettes de Yersin.
Le travail de recherche pour ce livre a été énorme, ça se sent dans le contenu, bravo à l'auteur.
De plus, la vie de Alexandre Yersin (découvreur du bacille de la peste) est passionnante: un homme avec des idéaux, intègre, peu intéressé pas la gloriole mais avec son ego et la volonté d'être le premier à réussir à trouver un vaccin...
En revanche, deux points viennent noircir le plaisir de lecture.
Le premier concerne le découpage temporel du livre, on saute d'une époque à une autre mais les repères manquent et les transitions ne sont pas claires.
Le second est le pire:
le style de l'auteur est très lourd, le livre est empli de phrases nominales totalement déplacées, les liaisons entre phrases manquent de cohérence.
Parfois, engager un "nègre" se révèle très utile...
Moi, je n'ai pas réussi à accrocher à l'histoire de ce livre. De plus, le style de l'auteur ne m'a pas convaincu, et j'ai été satisfaite d'avoir terminé l'ouvrage.
Ce livre est une merveille, d'un coté on découvre un homme chercheur et explorateur surprenant. Mais en même temps l'auteur arrive parfaitement à remettre en place tout le contexte historique (guerres, Rimbaud, pasteur, colonies...), et tout s'imbrique parfaitement, on apprend, découvre... Le style est certes épuré, des phrases courtes, mais certaines sont d'une beauté incroyable. Il m'est arrivé de m’arrêter et de ma dire "whoua! c'est beau!". Un livre que je vous conseille!!!
Voici un livre que je viens de terminer et par lequel j’ai découvert un monde totalement inconnu, celui de la recherche bactériologique.
Ce roman de Patrick Deville est écrit dans un style très particulier puisqu’il découpe la vie d’Alexandre Yersin, un médecin chercheur en bactériologie. L’auteur crée des vas-et-vient entre les différents moments qui ont marqué la vie du chercheur, passant de sa fin de carrière à son tout début et inversement. Lors des premières pages, j’avoue avoir été un peu perdue, mais on y prend vite le plie et finalement, on n’a pas réellement
cette impression de lire une biographie ennuyante telle quelle, mais bien le roman d’une vie.
Un livre que je conseille sans la moindre hésitation !
Très bien documenté. Il faut juste s'adapter au style de l'auteur qui est un peu haché. Bcp d'humour et d'émotion. L'atuer connait parfaitement les lieux où se déroulent les faits.
On connaît tous les découvertes de Louis Pasteur qui ont permis d'énormes avancées scientifiques. Les vaccins contre le choléra des poules, la maladie du charbon, le rouget des porcs et surtout contre la rage sont à mettre à son crédit.
Mais, Louis Pasteur a surtout eu à ses côté toute une équipe; ses pasteuriens.
Parmi eux, un jeune scientifique franco-suisse, pour qui "ce n'est pas une vie de ne pas bouger". Au travers de ces voyages et explorations au fin fond de l'Asie, Patrick Deville nous fait partager le quotidien de ce scientifique pas comme les autres.
Un scientifique hors
pair, qui découvrit (presque par hasard!) le bacille de la peste (Yersinia Pestis), mais surtout un homme, avec une soif insatiable d'apprentissage dans tous les domaines(agriculture, astronomie, météorologie, etc..).
Avec son écriture limpide, tout en utilisant l'imparfait et le futur, Patrick Deville nous emporte totalement dans le monde d'Alexandre Yersin.
Le parcours d'un grand nom de la science, au travers d'une période de l'Histoire marquée par deux Guerres Mondiales en l'espace de 30ans. Un homme libre à qui il n'aura finalement rien manqué...hormis peut-être le prix Nobel...
Un roman biographique sur Alexandre Yersin, découvreur du bacille de la peste et membre de la "bande à Pasteur". Yersin est un voyageur né. Souvent comparé à Rimbaud par le narrateur, il fait sienne la célèbre phrase du poète : "Ce n'est pas une vie que de ne pas bouger." Au bout de deux ans passé à l'institut Pasteur, auprès du Maître, il se lasse et décide de naviger. Puis il s'intéresse successivement à tout un tas de domaines, allant des cerfs-volants à l'agriculture, de la navigation à la météorologie. Mais toujours le plus éloigné possible de la politique et des honneurs.
Une vie extraordinaire, au sens propre du terme, un esprit totalement indépendant. L'âge venant, il appréciera de plus en plus de demeurer à Nha Trang, le petit Paradis qu'il s'est créé de toute pièce au Vietnam.
La narration nous balade de 1863 (date à laquelle il est né, en Suisse) à sa mort en 1943, avec des va-et-vient dans un sens, puis dans l'autre. J'avoue que ça m'a parfois décontenancée. En tout cas, je trouve que ça rend difficile de trouver un sens à ses choix, ses revirements, ses passions soudaines pour un sujet, avant de passer à autre chose. C'était peut-être le but, montrer qu'il n'y avait pas de direction dans son parcours, pas de logique dans son évolution.
Malgré tout, une lecture très agréable, très instructive (j'ai énormément appris sur la bande à Pasteur) et dépaysante (puisqu'on passe beaucoup de temps en voyage, puis au Vietnam). Janvier 2013
J'avoue que j'ai hésité avant de me décider à lire ce livre.
Mais quelle surprise ! Ce récit est passionnant et m'a fait découvrir la vie romanesque de personnages inconnus par moi jusqu'à cette lecture et en particulier la vie et l'oeuvre d'Alexandre Yersin le découvreur du bacille de la peste.
Son travail aux cotés de Pasteur et sa façon de se lasser très vite d'un sujet pour s'intéresser à des sujets nouveaux pour l'époque, son intérêt pour l'innovation et la découverte dans une période particulièrement chahutée politiquement.
Tout y est : le contexte politique, économique,
artistique et culturel.
A lire !
Voici un livre que j’ai dévoré. J’avais déjà lu Patrick Deville, à mon retour d’un voyage au Cambodge. Kampuchéa m’avait beaucoup plu et j’avais aimé la façon de mêler des récits historiques, le présent.
Dans « peste et choléra », il nous narre la vie si extraordinaire d’Alexandre Yersin. Extraordinaire par son itinéraire mais pas par son personnage, car il était assez modeste pour que l’Histoire l’oublie et que certains, surtout du milieu médical, aient son nom en mémoire car nous lui devons la découverte du bacille de la peste qui porte son nom.
Alexandre
Yersin était Suisse, il a commencé ses études en Suisse, en Allemagne puis est venu à Paris où il est rentré à l’Institut Pasteur. Nous sommes au début du 20e siècle et l’aventure peut être médicale, scientifique, culturelle..
Cet homme, si curieux de tout et ne tenant pâs en place, va alors faire partie des pasteuriens. Il va partir en Indochine, pour soigner et faire des recherches. Il va tomber d’admiration pour ce pays et s’installer à Nha Trang, où il va installer un centre médical mais aussi faire de l’horticulture..
Comme le docteur Livington, qui est un de ses modèles Alexandre Yersin est curieux de tout : il fait des recherches médicales, mais est aussi fasciné par les premiers avions, par les plantes, par les étoiles…
Tout l’intéresse : il ne tient pas en place mais cela fait partie aussi de la richesse de l’époque dans laquelle il vivait.
Des chapitres courts, une écriture fluide nous entraînent sur les pas de ces personnages, si romanesque. Nous croisons des personnes restées eux célèbres : Doumer, Calmette, Lyautey, Céline… Nous sommes à Paris, à Berlin, au Vietnam, à Hong Kong.
Nous voyons s’édifier la tour Eiffel, nous sommes au bord des premiers avions qui vont vers l’Asie, nous découvrons qu’il a été le premier à inventer le Cola Cola mais lui n’avait pas déposé de brevet, nous sommes avec les créateurs des pneus, nous sommes dans les premières voitures, nous suivons les pasteuriens et leur philosophie scientifique qu’ils vont éparpiller dans le monde… Nous croisons donc Pasteur « en redingote noir, un nœud papillon, des yeux bleus », Céline et quelques pistes pour mieux comprendre son roman « voyage au bout de la nuit (on a alors très envie de le relire), la famille Boucicaut, créateur du « bon marché » à Paris et constructeur du célèbre hôtel Lutetia (où notre héros descendait chaque fois qu’il venait à Paris).
Bref, j’aime déjà cette époque si florissante de personnes singuliers, de découvertes scientifiques, culturelles mais aussi d’événements terribles avec la première guerre mondiale…
Un récit historique qui nous ouvre l’esprit et nous fait faire un voyage dans le temps très sympathique et j’aime quand le narrateur « le fantôme du futur » se permet de faire quelques remarques sur notre époque contemporaine.
Bref un de mes coup de cœur de la rentrée littéraire.
Une belle lecture que je viens de finir. Un roman passionnant sur Alexandre Yersin (inconnu au bataillon avant ça). Une belle découverte de cet aventurier. L'écriture est fluide et on se laisse bercer par les aventures de ce chercheur, touche à tout, curieux de tout qui malheureusement ne laissera pas son nom dans l'Histoire.
A lire
Avec Peste et Choléra, Patrick Deville signe un roman exaltant, vif, et documenté. Comme à son habitude, l'auteur se penche sur un personnage extraordinaire mais méconnu: Alexandre Yersin, chercheur de l'institut Pasteur, découvreur du bacille de la peste.
Un esprit animé par la nouveauté, la modernité. Alexandre Yersin était d'une insatiable curiosité, un chercheur et un explorateur, fasciné par l'extrême-orient. Il a étudié la physique, la mécanique, la photographie, l'horticulture, l'architecture et encore bien d 'autres disciplines. Un homme brillant en avance sur son époque,
qui n'a jamais recherché les honneurs.
Patrick Deville souligne son portrait d'un joli trait d'humour.
Un roman passionnant.
Alexandre Yersin, vous connaissez ? Non ? moi non plus avant la lecture du nouveau livre de Patrick Deville.
Présenté comme un roman, "Peste et choléra" est plutôt la biographie de ce scientifique formé par l'illustre Pasteur et qui découvrira, entre autre, le bacille de la peste. Homme d'une curiosité sans limite, refusant de s'enfermer dans les laboratoires parisiens de l'Institut Pasteur, il leur préférera les voyages et les explorations de terres inconnues. il finira par se poser en Indochine, créant un domaine immense où il développera la culture de l'hévéa et du quinquina,
tout en s'intéressant à l'astronomie, la physique, la mécanique, la botanique, ... Curieux de nature, forcément laïque, c'est un pur esprit de la 3ème république qui croit en la science, au progrès et au modernisme. Bizarrement, hormis ses travaux, sa vie n'est pas vraiment des plus romanesque. Solitaire, presque ermite, le commerce avec les hommes n'est pas son fort et encore moins celui avec les femmes, grandes absentes de cette vie vouée à la recherche. Tout ce qui donne un peu de piment à une biographie est ici absent de la vie d'Alexandre Yersin. Et pourtant le livre est passionnant, car, à l'écriture, il y a un vrai écrivain.
Patrick Deville dresse avec précision un tableau de toute cette époque bouillonnante où la science et le progrès allaient conduire l'humanité vers des lendemains qui chantent puis qui déchantent avec les deux grandes guerres mondiales. Mais ce qui a retenu mon attention, c'est le joli montage alternant narration chronologique avec l'évocation précise des trois dernières années de vie du savant, tout cela ponctué par les impressions du biographe nommé ici "le fantôme du futur". C'est stimulant, jamais pesant et finement relevé par quelques phrases sans verbe, posées ici pour colorer de sensations subtiles le récit ainsi que quelques expressions d'aujourd'hui, petites pointes de modernité bien senties.
Ce superbe portrait d'un homme brillant, éclairé par sa soif de découvertes et qui a tant donné à l'humanité sans en tirer ni gloire ni fortune (personnelle) est un pied de nez à tous les soi-disants bienfaiteurs de notre époque, plus soucieux de leur image et de leur bien être que de l'avenir du genre humain.
Un conseil : ne fuyez pas "Peste et choléra", lisez-le !
les scientifiques, ces aventuriers!
Un roman fabuleux sur ce personnage méconnu qu'est Yersin, le découvreur du bacille de la peste. Un personnage atypique, obsessionnel , passionné par la recherche qui, outre ses recherches en pointillés à l'institut Pasteur, ira jusqu'à implanter un élevage de poules en Asie, étudier pour Michelin les différents types d'hévéa...Un bourlingueur qui se fera médecin de bord sur un bateau alors qu'une carrière brillante l'attend à Paris.
Patrick Deville nous raconte ce personnage hors du commun, un peu "ours" et dans le même nous raconte les tournants du XIX et du XXème siècle, l'émergence des deux guerres mondiales, les principales évolutions de la société, les amis et connaissances de Yersin, l'institut Pasteur. Un tableau passionnant !