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Touché par la lettre d'une de ses lectrices, Eric Reinhardt fait une entorse à sa règle et accepte de rencontrer la jeune femme lors d'un de ses passages à Paris. Cette rencontre amicale sera suivie de quelques mails, quelques SMS et d'une seconde rencontre, essentielle celle-là puisque Bénédicte Ombredanne, professeure agrégée de lettres dans un lycée messin, mariée et mère de famille, entreprend de lui raconter sa vie. Une vie qu'elle rêvait enchantée, sublimée, merveilleuse, mais qui s'est brisée sur l'écueil de la réalité. La jeune fille qui avait tout pour réussir est,
la trentaine passée, une femme résignée, sous la coupe d'un mari abusif qui fait de sa vie un enfer.
On a beau avoir tout pour réussir, parfois la machine se grippe. Une déception, un échec et on se retrouve démuni et prêt à se tourner vers une main tendue dans ce moment difficile. Ce moment de faiblesse ne prête pas à conséquence, le temps guérira les blessures...Mais si la main tendue est moins amicale qu'il n'y paraît, le drame s'installe. Si celui qui est là, toujours présent, attentif, protecteur, en profite pour se rendre indispensable, prendre le dessus, prendre le contrôle, alors tout bascule. Et c'est ce qui est arrivé à Bénédicte Ombredanne, héroïne tragique du dernier roman d'Eric REINHARDT. L'ami d'enfance qui lui fait remonter la pente après un rude échec, est un pervers narcissique prêt à lui faire payer l'indifférence dont il a été victime jusque là. Sous son emprise, Bénédicte se fane peu à peu, oublie ses aspirations, ses ambitions, se recroqueville sous le regard toujours critique d'un mari humiliant et possessif. Pourquoi reste-t-elle ? Et pourquoi toutes les femmes dans son cas continuent-elles de supporter jour après jour les tortures psychologiques infligées par un mari despotique qui combat un sentiment fort d'infériorité par un féroce besoin de contrôle et de domination ? Par gratitude, amour, peur ? Parce qu'il a détruit en elles toute rébellion, toute confiance en soi ? Parce qu'elles ne supporteraient pas un nouvel échec et veulent donner à leur entourage l'image du bonheur conjugal ?
Avilie, asservie, Bénédicte Ombredanne est seule, isolée, par le despote, de ses amis et de sa famille, éloignée de ses enfants par le travail de sape et de manipulation de son mari. C'est dans la lecture et l'écriture qu'elle s'évade, puisant là la force de continuer. Grâce à son imaginaire, elle peut vivre une autre vie, rencontrer peut-être l'amour véritable, la passion...Et en payer le prix ! Le harcèlement de son mari ne connaît pas de limites, se moque du jour et de la nuit, la tue à petit feu, la privant de sommeil, de calme, de vie.
C'est ce lent processus, insidieux et pervers, que raconte Eric REINHARDT dans ce livre où il se met en scène, dépositaire des confidences et des secrets de Bénédicte, sans s'imposer. Il devient un personnage à part entière de cette histoire à tiroirs où les révélations arrivent lentement, où l'on ne peut pas toujours démêler le vrai du faux, mais où Bénédicte Ombredanne, soumise mais lumineuse, raconte l'amour de la vie et la capacité à sublimer chaque instant, chaque petit rien, pour en faire quelque chose de précieux. Une héroïne forte et touchante, portée par la très belle plume d'un auteur qui signe ici un roman attachant et marquant.
En 1905, le globe-trotter Eugène Gallois effectue un séjour au Japon, à la rencontre d'un peuple qui s'ouvre peu à peu sur l'Occident. De cette expérience des plus exotiques, il rapporte ses notes, ses photos et des cartes postales à foison.
La plasticienne Gwenaëlle Trolez a exhumé son caret de voyage de la Société de géographie de Paris pour l'illustrer et en faire un livre-objet aussi magnifique que riche en découvertes.
Les notes de Gallois sont celles d'un homme du début du XXè siècle, à l'esprit ouvert malgré une pointe de condescendance. Son approche du pays est celle
d'un occidental, un ''civilisé'' qui découvre des mœurs et des paysages ''exotiques''. Au début surtout, on sent un léger sentiment de supériorité mais très vite il se laisse séduire par ce peuple de ''gringalets'' certes, mais tellement courtois, propres et organisés. Le Japon de 1905 n'est pas sous-développé, c'est un pays industrialisé, qui s'est modernisé sans oublier ses traditions. Et finalement, ses observations ne sont pas si éloignées de celles que pourraient faire un voyageur du XXè siècle. La foule de travailleurs affairés qui s'empressent dans les rues de la ville, les temples, les cerfs de Nara, les parcs, les policiers gantés de blanc, etc. Même si le pays a changé, s'est modernisé, on peut encore marcher dans les pas d'Eugène Gallois et surtout se réjouir de l'accueil chaleureux des japonais.
Un carnet de voyage délicieux donc, encore rehaussé par le fabuleux travail de Gwenaëlle Trolez. L'artiste s'est fait une spécialité d'illustrer les carnets de voyageurs de ses créations aux tons doux et délicats. Ses collages faits de vieilles photos, de cartes postales qu'elle colorise finement incluent aussi de vieilles enveloppes, des factures calligraphiées, des timbres, des enveloppes, etc. On y retrouve, outre les paysages sublimes du Japon et les japonais ''d'époque'', tous les symboles du pays : estampes, hérons, carpes, chrysanthèmes, etc. C'est tout simplement magnifique !
En 1938, Shusai, le ''Maître invincible'', met son titre en jeu pour la dernière fois. Il a 65 ans, son corps le lâche mais sa capacité à s'immerger totalement dans une partie de go reste intacte. En face de lui, Otaké, 30 ans, a durement combattu contre ses concurrents pour avoir l'honneur d'affronter le Maître. La partie durera 6 mois, interrompue par les ennuis de santé du Maître. Uragami, journaliste, est envoyé par sa rédaction pour suivre ce combat historique entre celui qui incarne la tradition ancestrale du go et le représentant de la jeune garde.
KAWABATA qui, pour les
besoins du roman, devient Uragami, n'en demeure pas moins le témoin privilégié de ce mémorable tournoi de go. Et, comme il pratique le jeu sans être un expert, il s'est plutôt attaché à décrire la personnalité des protagonistes et les enjeux de cet affrontement.
La bataille du go est aussi une bataille d'ego. La Maître, sage et discret en apparence, entend tout de même faire savoir que son grand âge et son statut lui donnent des prérogatives et se laisse parfois aller à une forme d'autorité que le jeune Otaké a souvent du mal à tolérer. Il est certes respectueux mais veut aussi que l'on suive les règles et chaque entorse dictée par son adversaire donne lieu à de longues négociations. Otaké menace d'abandonner, on négocie, on le raisonne, il cède, conscient de sa position délicate. Peut-il être celui qui aura empêché le Maître d'aller jusqu'au bout de son tournoi d'adieu ? Soumis au jugement de ses pairs, il se doit de continuer même si affronter un homme vieillissant et diminué le met dans une situation ambiguë. Qu'il perde ou qu'il gagne, on discutera sans fin sur l'issue de la partie.
Rendant compte des tensions, des enjeux, le journaliste se veut impartial mais ne peut empêcher de laisser transparaître son respect et sa tendresse pour le Maître, l'homme du passé, le garant d'un go qui tient plus de l'art que du jeu, un combattant prêt à laisser ses dernières forces, sa vie même, dans cette ultime partie.
Derrière le silence de la concentration, derrière le calme apparent, derrière les visages impénétrables, c'est une guerre qui est déclarée et on en connaît l'issue. Le Maître va s'éteindre et, avec lui, une page se tourne sur le Japon ancestral et traditionnel.
Entre lenteur poétique et tension palpable, ce petit roman va bien au-delà du jeu proprement dit, même si les parties sont très détaillées, pour cueillir aussi bien ceux qui sont au fait de la stratégie du go, que ceux qui n'y connaissent rien.
Il a suffi d'une simple lettre de Geneviève pour que Vincent saute dans sa voiture et fonce vers le coin de campagne où s'est retirée celle qu'il a aimée et qu'il n'a pas revue depuis leur séparation, il y a quinze ans de cela. Geneviève est mourante et veut revoir Vincent avant de partir. Vincent n'a pas réfléchi avant de la rejoindre, mais, alors que les kilomètres défilent, ses pensées reviennent vers le temps de leur amour. Un amour qui n'a pas résisté à la disparition de leur petite fille, Clara, enlevée sans doute, à la sortie de l'école. Pendant les quinze dernières années,
Vincent a enterré ce passé douloureux, a tout fait pour oublier mais il sait qu'il va devoir s'y confronter en retrouvant Geneviève.
Un concentré d'émotions qui nous emmène au cœur d'un couple aimant mais déchiré. Car ils s'aiment Geneviève et Vincent, ils ont été unis dans la passion mais se sont désunis dans la douleur, chacun s'isolant dans sa peine et son chagrin, incapable de se tourner vers l'autre. Sans cesse les taraude la question de savoir si d'autres auraient réussi à surmonter l'épreuve ensemble, en restant soudés. Eux n'ont pas pu. Vincent s'est muré dans le silence et dans l'espoir de plus en plus insensé de retrouver Clara. Geneviève s'est tue elle aussi, même si elle a déversé son trop plein d'émotions dans de petits cahiers, trouvant le salut dans l'écriture. La séparation, inéluctable malgré l'amour toujours intact, a été une fuite. Fuite en avant pour Vincent décidé à vivre au jour le jour, sans passé, sans souvenirs. Fuite en elle-même pour Geneviève qui s'est recentrée sur l'essentiel et a vécu en solitaire dans le calme de la campagne.
Oui on survit à la perte d'un enfant mais pour quelle vie ? On survit mais on garde une blessure éternelle qui est, dans leur cas, avivée par l'incertitude sur le destin tragique de Clara. D'elle, comme eux, on ne saura rien. Sa disparition laisse une page blanche mais elle est la lumière de leur histoire, de leur couple, même si leur amour pour elle n'a pas résisté aux sentiments mêlés d'angoisse, de culpabilité, de colère et d'impuissance.
Un livre sur le deuil impossible, sur l'amour, sur l'écriture aussi. Un livre qui bouscule, émeut et secoue l'âme de ceux qui ont des enfants, et des autres. Un livre petit par la taille mais grand par les émotions qu'il procure. Un livre à lire absolument.
Deux meurtres déjà, deux femmes abandonnées dans un lieu public, vêtues d'un qipao rouge déchiré, nues sous la robe traditionnelle. La presse se déchaîne contre la police, incapable d'arrêter celui qui pourrait bien être le premier tueur en série de l'histoire de Shanghai. Mais l'inspecteur principal Chen Cao n'en a cure. Il a repris ses études de littérature et planche sur une dissertation, laissant à son adjoint Yu la conduite de l'affaire du qipao rouge. Quand il est contacté par le Comité de réforme du système judiciaire pour enquêter officieusement sur l'avocat qui s'occupe
d'un scandale immobilier, le policier craque. Un tueur en série, un procès à risques et une dissertation compliquée, c'en en trop ! Heureusement, Gu, le ''gros-sous'' dont il est l'ami, l'envoie se reposer dans un lieu de cure enchanteur où il est bien décidé à profiter de son séjour en oubliant la pression et tous ses dossiers. Mais à Shanghai, le tueur n'a pas dit son dernier mot. Une troisième femme est assassinée, et cette fois il s'agit d'une collègue, la jeune Hong qui voulait piéger l'assassin. Chen revient très vite à Shanghai et prend l'affaire en main.
Entre petite dépression, poésie, confucianisme et gastronomie chinoise, Chen Cao est fidèle à lui-même dans cette enquête où il rechigne à s'impliquer tant il est pris par une envie folle de changer de carrière. C'est donc tout naturellement que l'enquête piétine, même si son adjoint fait de son mieux pour être à la hauteur de son chef. Mais il faut dire que le tueur est particulièrement malin, se jouant de la surveillance policière mise en place, narguant même les autorités en abandonnant ses victimes dans des lieux très exposés et très fréquentés. Cet assassin énigmatique, aux motivations incompréhensibles, donne bien du fil à retordre à la police de Shanghai et il faudra toute la sensibilité intuitive de Chen pour trouver une piste. C'est du côté de la psychanalyse, spécialité qui, dans ces années 90, commence tout juste à être autorisée, qu'il va puiser certaines réponses. Comme souvent, le crime trouvera sa source dans le passé et la tragique Révolution culturelle dont la Chine ne finit pas de se remettre.
Si l'on regrette la lenteur de l'action et les égarements poétiques de Chen, c'est toujours un plaisir de se promener à Shanghai et d'être surpris par les spécialités culinaires de la ville, dont certaines sont particulièrement gratinées ! Pas le meilleur de XIAOLONG mais les adeptes de son camarade inspecteur seront indulgents.
Kaito Kuroba est un lycéen qui aime faire tourner en bourrique sa camarade Aoko, chose d'autant plus facile qu'il est, comme son défunt père, un magicien très doué. Mais Tôichi Koruba, décédé il y a 8 ans déjà était aussi Kid l'insaisissable, un cambrioleur que l'inspecteur Nakamori, le père d'Aoko a traqué sans succès. Quand Kaito apprend que son père aurait été assassiné, il décide de rechercher le meurtrier et, pour cela, il fait renaître Kid, pour le plus grand malheur de Nakamori.
Les fans de Conan Edogawa connaissent déjà Kaito Kid puisque le petit détective a
croisé la route de l'insaisissable cambrioleur dans plusieurs de ses aventures. Cette fois-ci, il est la vedette de ce manga où le gentleman-cambrioleur nargue la police, vole le cœur d'une princesse, brise celui d'une sorcière, rencontre un pirate et rend chèvre son amie Aoko dans des historiettes un brin déjantées, follement rythmées et portées par des personnages très sympathiques. Le tout n'est pas franchement transcendant mais plaira aux inconditionnels de Gôshô AOYAMA qui s'offre là une occasion de faire un clin d'oeil à la France. Son cambrioleur est bien sûr inspiré d'Arsène Lupin, mais il n'est pas le seul à tirer ses origines de notre pays. L'inspecteur européen qui vient prêter main forte à nakamori s'appelle Dolon, et si une petite lettre change, il a l'arrogance et la prétention de notre Delon national. Quand au chat de la princesse Anne, il porte le nom de Belmond...
Un premier tome qui part dans tous les sens, un peu brouillon et farfelu, autant au niveau des dessins que du scénario, sauvé par son ton résolument comique.
Après une soirée arrosée, Myamoto échoue à La rose trémière, une bibliothèque pour enfants nichée au fond d'un parc. Même s'il est accueilli plutôt vertement par Mikoshiba, le gérant, le jeune homme est attiré par cet endroit charmant chacun trouve toujours le livre qui lui convient grâce à l'intuition et aux conseils avisés de Mikoshiba, bibliothécaire irascible mais passionné.
Un très joli manga dans l'univers préservé d'une bibliothèque. Les livres sont le cœur du sujet avec un rappel des lectures de l'enfance aussi diverses que L'île au trésor, Le voyage de Nils
Holgersson ou Le prince heureux. L'âme du lieu est Mikoshiba, psychorigide quand il s'agit de rangement et de respect des livres, il sait pourtant se faire aimer des enfants qui attendent ses conseils; même la petite frappe du quartier s'assagit car il ne connaît plus l'ennui grâce aux aventures passionnantes qu'il vit à travers les romans qu'il dévore. Oui, cela peut sembler un peur simpliste mais le propos de ce manga est justement de révéler la magie des livres, ceux qui nous emportent, nous font rêver ou réfléchir, nous révèlent à nous-mêmes.
Hommage au métier de bibliothécaire et à la littérature jeunesse, ce tome est gentiment plaisant même s'il manque de liant. Les petites histoires se succèdent sans une véritable trame globale. Comme c'est un premier tome, on peut espérer que cela se corrigera par la suite car on a tout de même envie de retrouver Mikoshiba, un poil soupe-au-lait mais tellement investi dans son métier et grand défenseur de la littérature pour enfants.
C'est charmant, joyeux et plein d'amour pour les livres.
Il ne fait pas bon naître fille dans ce hameau de l'Etat de Guerrero, au Sud du Mexique. Sur cette terre infestée de serpents et de scorpions où la chaleur vous cloue sur place, la nature, hostile, l'est pourtant moins que les hommes. Les frères et les pères sont partis, à Acapulco ou en Amérique, et souvent, ne donnent plus de nouvelles. Ils ont laissé les filles à la merci des narco-trafiquants qui ont colonisé la montagne avec leurs champs de pavots. Dans leur 4X4 aux vitres teintées, ils viennent, armés jusqu'aux dents, pour voler les filles trop belles. Alors les mères rusent,
elles enlaidissent leurs filles, cheveux courts, dents noircies, vêtements informes, les affublent de surnoms masculins et les enfouissent dans des trous creusés dans les cours quand vrombissent les moteurs des 4X4 qu'elles ont appris à entendre de très loin. C'est là que vit Ladydi et ses amies Maria, Estefani et Paula, la plus belle fille du Mexique qui sera volée, repérée dès son plus jeune âge, toujours magnifique malgré les efforts de sa mère.
A quoi rêvent les filles dans la jungle mexicaine ? Sur cette terre oubliée des dieux où le danger peut prendre la forme d'un scorpion albinos dont la piqûre est mortelle, où les fourmis rouges vous brûle la peau plus sûrement que le soleil qui pourtant fait fondre l'asphalte de l'autoroute qui coupe le village en deux et tue les imprudentes qui voudrait la traverser comme on change de trottoir, les filles sont aussi la cible des narco-trafiquants, prompts à les kidnappées pour en faire des esclaves sexuelles, battues, violées, emprisonnées, avilies. La police, corrompue, n'est d'aucun secours. Ladydi, élevée par une mère fantasque et alcoolique, abandonnée par un père qui s'est trouvé une nouvelle famille de l'autre côté du Rio Grande, raconte, dans un mélange de lucidité et de naïveté, une vie de misère entre jungle et champs de pavots. Les femmes subissent, plient mais ne rompent pas. On les voit solidaires, aimantes, lumineuses, débrouillardes dans l'adversité.
En donnant une voix à ces victimes d'une société régie par les hommes et la violence, Jennifer CLEMENT interpelle le lecteur sur le quotidien des femmes mexicaines, ici et maintenant. Son récit évoque les pires horreurs mais la dureté en est atténuée par la poésie et la fantaisie de ces femmes fortes et volontaires. On s'indigne, on se révolte, on compatit, mais surtout on savoure le courage, la tendresse et la gouaille des filles de Guerrero qui rêvent encore à un avenir meilleur.
Créatrice de patchwork, Ayané Mashiba se consacre à son travail mais surtout à son mari Yoshitaka dont elle est l'épouse dévouée depuis un an déjà. Malheureusement, elle n'a pas pu lui donner l'enfant dont il rêve et, en accord avec la promesse qu'ils se sont faite avant leur mariage, Yoshikata a décidé de la quitter. Cette annonce n'étonne donc pas Ayané qui décide de partir quelques jours chez ses parents à Sapporo pour réfléchir à son avenir. Deux jours plus tard, la police l'informe que son mari est décédé, mort dans le salon de leur belle maison de la banlieue tokyoïte,
empoisonné à l'arsenic par un des cafés dont il était friand. C'est Hiromi Wakayama, l'assistante d'Ayané et, accessoirement la maîtresse de Yoshikata, qui a fait la macabre découverte et elle est tout naturellement la première suspecte pour la police. En charge de l'enquête, l'inspecteur Kusanagi tombe sous le charme d'Ayané, sensible à sa beauté et à sa douceur. Mais sa jeune collègue, Kaoru, est d'un autre avis. Malgré un solide alibi, elle voit dans l'épouse trahie une coupable toute trouvée. En cachette de son supérieur, elle contacte Yukawa, le brillant physicien qui a souvent aidé la police dans ses investigations. Kusanagi et Kaoru mènent chacun une enquête parallèle, l'un pour disculper la veuve, l'autre pour prouver qu'elle est une meurtrière.
C'est un véritable plaisir de retrouver le duo Kusanagi / Yukawa et l'ambiance feutrée des polars de Keigo HIGASHINO. Bien sûr, il y a crime mais sans effusions de sang ou violence. Un mystérieux empoisonnement à l'arsenic, la préparation délicate du café, un couple qui se sépare en douceur, une maîtresse anéantie et bien sûr un meurtrier ou une meurtrière, suffisamment rusé pour damer le pion à deux policiers et surtout à un physicien fantasque mais très doué, voilà les ingrédients de ce polar qui déroule sa trame tout en douceur, politesse et raffinement japonais obligent. Les interrogatoires ne sont jamais musclés, on essaie de ménager le suspect, de ne pas blesser sa sensibilité, même s'il faut lui soutirer des aveux. Les suspects se prêtent de bonne grâce aux exigences de la police, tout juste fait-on une moue pour marquer sa lassitude ou sa désapprobation. Tout se passe dans le plus grand respect, surtout si l'un des policiers sent en lui s'éveiller de tendres sentiments pour une suspecte. Evidemment, il ne se laisse pas aveugler pour autant, mais entame une saine compétition avec sa collègue pour trouver un autre coupable.
Un polar agréable dans lequel on se glisse avec délice et qui réserve son lot de surprises et de révélations étonnantes. Décidément, Keigo HIGASHINO est un écrivain à découvrir. Il nous livre là une sombre histoire de vengeance à la mode japonaise qui surprendra le plus fin des lecteurs-enquêteurs. Encore une réussite !
Le plein de bon humeur !
Yotsuba et son papa viennent s'installer dans une nouvelle maison à la ville. Pour la petite fille de 5 ans, impétueuse et débordante de vie, tout est découverte dans ce nouvel environnement et le père se laisse parfois débordé par le caractère plein de vie de sa fille. Heureusement, il peut compter sur son ami Jumbo pour lui prêter main forte. Les errances de Yotsuba dans son nouveau quartier l'amène à rencontrer leurs voisines, les Ayase, trois filles et leur mère qui vont elles aussi faire les frais du franc-parler et de l'énergie de la petite fille.
Porté par la bonne humeur contagieuse de Yotsuba, ce manga donne le sourire. Sans temps mort, les situations comiques s'enchaînent, provoquées par la candeur d'une petite fille qui découvre la ville et ses usages. Ses questionnements, ses émerveillements, ses gaffes parfois, sont une source inépuisable de gags qui donnent la pêche et pourront plaire aux lecteurs de tout âge.
C'est joyeux, touchant, mignon sans être niais et les dessins fins et soignés apportent une touche supplémentaire de douceur et de gaîté.
Une bien belle entrée en matière qui donne envie de retrouver ces personnages décalés et cet humour bon enfant pour d'autres aventures dans ce quartier paisible d'une ville japonaise. Un petit bonheur de lecture à découvrir.