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Pour les fans de musique et de roman, Nick Hornby reste une valeur sûre. Il s'intéresse ici à un artiste disparu, évanoui, pfuit ! Au sommet de sa gloire, le chanteur Tucker Crowe a quitté les radars, sans donner de raison. Il est ainsi devenu un mythe suivi par des fans hardcore ! C'est le cas de Duncan, qui consacre toute sa sa vie à cet artiste. Annie, sa compagne, partage moins cet engouement mais le suit quand même. Et alors que sort un nouvel album de Tucker, Annie va soudain réaliser qu'elle ne veut plus de cette vie, ni de son couple.
Hornby dépeint magnifiquement la lose à
40 ou 50 ans, sur un ton drôle et percutant, et avec même de l'espoir. Une adaptation en film est sortie aux États-Unis en 2018.
Mon collègue David, responsable BD, me racontait que Jason Shiga voulait faire plus fort que le Habibi de Craig Thompson en publiant le roman graphique le plus épais de l'histoire ! Avec ses 7,5 cm d'épaisseur et son 1,86 kg, c'est chose faite. Mais au-delà des chiffres et de la possibilité de se muscler les avant-bras, ce qui est remarquable dans ce projet, ce sont l'humour et la folie que Shiga y a injectés. Tout part d'un homme qui veut mettre fin à ses jours, mais qui après chaque tentative se réveille comme la veille. La suite est géniale et délirante, entre caution scientifique, scènes d'action, loufoquerie absolue et nihilisme.
En 2013, la Fondation Cartier-Bresson à Paris accueillait pour une exposition la collection privée du photographe et galeriste new-yorkais Howard Greenberg. L'occasion de se plonger dans l'histoire de la photo du XXe siècle à travers le regard des plus grands : Robert Capa, Henri Cartier-Bresson, Dorothea Lange, Eugene Smith, Martine Franck, Leon Levinstein, Berenice Abbott..., mais aussi l’école tchèque avec František Drtikol ou Jaromír Funke. L'éditeur Steidl avait, à cette occasion, publié le livre de l'expo, avec 145 planches, où l'humain est au cœur de la pellicule. Soit un siècle de photos condensé en un ouvrage.
Suite et fin pour Vernon Subutex, fresque fictive, bien ancrée dans la réalité des années 2015-2017. Virginie Despentes tisse sa trame narrative en s'appuyant sur sa vingtaine de personnages, qui gravite autour de cet ancien disquaire parisien devenu SDF et qui tente de rebondir avec la musique en bouée de sauvetage. Pleine d'humanité pour ses personnages, qu'elle élabore en finalement assez peu de pages, elle explore notamment un des thèmes qui lui est cher : le fracassement de l'humain par la violence, ainsi que son éventuelle capacité à s'en relever. On ne peut qu'attendre avec impatience l'adaptation en série TV...
Josiane et René, pas tout à fait trentenaires, sont volontaires pour participer à la création et au développement d'un nouveau monde 100% virtuel. Un monde façonné selon leurs désirs et dans lequel la douleur et les besoins naturels n'existent plus. Évidemment, dans un premier temps, nos deux protagonistes vont s’intéresser, chacun à leur façon, à explorer leurs fantasmes sexuels... Cela donne lieu à des univers à l'inventivité géniale, avec pas mal d'humour, tout en questionnant sur ce qu'est l'humain intrinsèquement.
Contrairement au roman, dont cette BD est adaptée, l'ouverture ne se fera pas par une scène d'abordage épique en pleine mer. Non, Genêt et Jaworski repartent au début de cette épopée, avec ce qui fut l'acte de naissance du fameux tueur à gage Benvenuto Gesufal, à savoir Mauvaise donne, la nouvelle issue du recueil Janua Vera. L'action se déroule donc dans les rues de la République de Ciudalia, dans cette sorte d'Italie de la Renaissance où la trahison et les manigances pour le pouvoir sont légion... Et Benvenuto n'est jamais bien loin des sources de pouvoir et des coups à donner ou à recevoir. Genêt restitue parfaitement l'atmosphère et les décors du roman. Le dessin des personnages me convainc moins, mais tout cela est très subjectif !
Hanif Kureishi raconte, en partie, son adolescence dans le Londres des années 70 et 80, au milieu d'une famille aux opinions et visions très hétéroclites.
Ce premier roman, publié en 1990, est une plongée drôle, touchante et singulière dans une époque où le psychédélisme et les trips bouddhistes vont laisser place petit à petit au punk et à la Dame de fer...
L'ambiance est encore au noir dans ce deuxième roman de David Joy. Un bled perdu dans les Appalaches, trois protagonistes brisés, dans la dèche et dans la drogue. Il y a Aiden. Il cherche une famille et un job. Son meilleur ami, Thad, voudrait bien, quant à lui, réparer son cerveau, hanté par la guerre. Et enfin, April, la mère de ce dernier, espère fuir cette ville et les souvenirs horribles qu'elle y a accumulés. Et c'est peut-être un événement inattendu (le dealer du coin, qui se met une balle dans la tête par erreur !) qui pourrait tout changer pour eux... L'auteur fait monter la pression régulièrement. Il entrecroise les récits et prépare sa chape de plomb, tout en laissant toujours pointer un espoir possible. Un roman qui ressemble à un nœud coulant.
Après les succès de Blankets et Habibi, Craig Thompson s'est intéressé au roman graphique dédiée à la jeunesse. Mais, le talent et les préoccupations de l'auteur en font un ouvrage accessible à tous avec des thèmes contemporains (chômage, destruction de l'environnement, vie de famille...) dans un contexte futuriste et intergalactique, avec une jeune fille aventureuse comme héroïne. Le dessin fourmille de détails géniaux et l'auteur laisse libre cours à toute sa créativité avec ses créatures bizarres !
Résultat : un récit drôle, actuel, couplé à une réussite graphique, pour tous les âges.
Casse-tête et fin du monde
L'histoire commence avec un gamin qui veut acheter une glace. Et là, c'est le début du choix multiple : vanille ou chocolat. C'est au lecteur de choisir et de suivre les différents chemins qui s'offrent à lui grâce aux petites languettes en bord de page, et qui le font naviguer de façon anarchique dans cette BD. Comme d'habitude avec Jason Shiga, ça part vite en vrille. Parce que le gamin qui mange sa glace, se retrouve ensuite avec un mal de ventre. Il toque alors à une porte qui s'ouvre sur l'entrepôt d'un savant, dont les inventions pourraient bien anéantir l'humanité. Et c'est au lecteur de circuler dans ce labyrinthe d'histoires possibles (près de 4 000 selon l'auteur) avec ce jeune héros. On peut y rester des heures, et à un moment, devant cette étendue des possibles en forme de casse-tête, on est tenté de remonter les histoires, en espérant réussir à tout lire, un pari ardu. Fou et brillant.