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À découvrir
Le Vantablack est un matériau en nanotubes de carbone, qui ne reflète pratiquement pas du tout la lumière. Ce noir est considéré comme le pigment le plus foncé du monde (et pour info, c'est Anish Kapoor qui en a obtenu les droits exclusifs). Et c'est certainement dans ce noir profond que Jonathan Munoz est allé tremper sa plume pour ce premier tome d'Annick Tammaire. Nous sommes donc en plein humour noir avec ce qui pourrait être une demi-sœur de Mortelle Adèle, qui aurait frayé avec les héros de South Park, et qui manie de façon allègre et autoritaire l'insulte et la violence physique sur ses petits camarades de classe. Il faut dire que sa vie n'est pas simple avec un père chômeur dépressif et une mère qui n'attend que de le quitter. Bref tout est très (très) sombre et très drôle.
Le Portugal a connu plus de quarante ans de régime autoritaire et la force de cette bd est finalement de ne raconter qu’un court moment de cette période et surtout à travers des individus lambdas pour qui cet état de fait n’est quasiment plus qu’une musique de fond du quotidien. Le dessin est agréable, les choix chromatiques sont intéressants notamment pour voyager sans se perdre entre le présent de narration (1968) et la vie universitaire des protagonistes dix ans plus tôt. Les personnages sont attachants et souvent loin de la figure du héros révolutionnaire, et au final très humains.
Étude du consommateur de drogues en milieu naturel dans les années 40 et ensuite
De William Burroughs, Le festin nu est le roman le plus connu, mais il est loin d’être le plus simple à lire, en raison de cette technique de cut-up, qui aboutit à un récit ultra fragmenté. Son premier roman, Junky, se lit en revanche très bien et c’est un plaisir de se replonger dans cette quasi étude sociologique, vingt ans après l’avoir lu. William Lee (toute ressemblance avec l’auteur ne serait pas fortuite) y navigue entre New-York, New-Orleans et Mexico City, alternant périodes de consommation (héroïne, cocaïne, benzedrine, codéine, opium, peyotl, marijuana, vodka...) et de désintoxication. Loin de faire l’apologie des drogues, il relate de façon clinique sa vie de camé et les effets de ce qu’il s’injecte et s’envoie dans le corps. On y lit par exemple : « La came prend tout et n’apporte rien, sinon une assurance contre les douleurs du manque. »