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Pour raconter l'histoire du capitaine Tome Barnes, tragiquement ordinaire pour un soldat au front, qui – ou plutôt quoi – de plus objectifs que les différents objets qui ont assisté ou même participé à sa mutilation ? Ici, pas de pathos, pas d'omnipotence, juste les faits et leur intransigeance.
Un roman dur à la narration soignée, paradoxalement plein de vie et d'humanité à travers le combat de ce jeune homme, ainsi qu'à travers l'histoire de son ennemi.
Le prince Sébastien a un secret : il aime porter des robes, en secret, sans qu'on le reconnaisse. Sa couturière personnelle, Francès, est l'une des trois seules personnes à savoir, et ne le juge pas. Mais un tel secret ne peut le rester très longtemps.
Graphiquement réussi, le dessin coloré est appuyé par une écriture simple, douce et moderne. Même s'il traite et résout un peu rapidement certains des problèmes soulevés, l'album reste un beau conte pour tous ! De quoi réfléchir sur le regard des autres, l'acceptation de soi et l'épanouissement personnel...
Pour un premier tome, Sylvain Runberg (Orbital, Millenium...) pose un univers bien construit, réfléchi et mature, mais qui manque peut-être d'un soupçon d'originalité, de piquant qui permettrait d’adhérer pleinement aux enjeux de la guerre qui s'y déroule, ainsi qu'aux idéaux de son personnage principal. Le seul vrai intérêt de celui-ci, à ce stade, étant sa capacité à se fondre dans la masse, les traits de son visage ne pouvant être retenu par qui que ce soit, jamais... Fort heureusement, le dessin efficace de Guerrero et Montes apporte aux amateurs du genre l'action et le spectacle qu'ils réclament, faisant de l'album un titre tout à fait honnête en ce début d'année. Reste à voir comment la série évoluera, je croise les doigts.
Salem Village, Massachusetts, 1692. Abigail Hobbs, quatorze ans, se plie difficilement aux règles austères de la vie dans cette paisible bourgade rurale. En forêt, elle rencontre un jeune homme au visage peint en noir, avec qui elle finira par se lier d'amitié... sans imaginer une seconde les conséquences sur sa communauté. Salem Village est sur le point de se rendre tristement célèbre.
Cet album ne parle pas seulement d'un fait historique ; il parle de peur, d'ignorance, de jalousie et de fanatisme. Cette chasse aux sorcières ressemble finalement plus à une excuse pour les protagonistes
à laisser parler leur côté barbare – et entre les combats contre les indiens, les sorcières à punir et les païens à purifier, il y a de quoi faire... Côté graphique, si le dessin n'est pas toujours "beau" (ce qui est déjà subjectif), il est d'une efficacité remarquable, jouant avec les ombres et lumières pour un résultat tour à tour saisissant.
Guy est un ivrogne – ô surprise. Il fait la manche, chante des chansons idiotes et agresse les passants en étant perpétuellement rond comme une queue de pelle. Car Guy n'est pas quelqu'un de bien. Il n'a aucune morale, aucune empathie et n'hésite pas à manier le couteau quand ça lui chante.
Œuvre conjointe d'Olivier Schrauwen et de Ruppert & Mulot, adeptes de la BD alternative, Portrait d'un buveur est avant tout une histoire de pirate, sans foi ni loi, capable de tout et surtout du pire. Au croisement de leurs styles respectifs, l'album surprend graphiquement, par sa narration non
linéaire pleine de bonnes idées et son trait simpliste, presque haché par moment ; ainsi que par son écriture, violente, crue, et sans pitié, à l'instar de son anti-héros. Un excellent album pour débuter dans le roman graphique indépendant.
... mais à plusieurs, sans Matt Damon, et dans le respect des lois de la physique, oui ! Une petite équipe d'astronautes est envoyée dans la première mission habitée sur Mars, où les attend depuis déjà depuis des années tout leur matériel de recherche et de survie. Tout est calculé, et l'erreur n'a pas sa place dans cette mission ! Et ce ne sont pas les problèmes techniques et autres imprévus qui vont entacher le moral indestructible de ces pionniers..
Un vrai bonheur pour les amateurs d'astronomie et de conquête spatiale tant l'écriture est empreinte de réalisme. De quoi parler
de l'espace à des curieux, par des passionnés !
Spirou revient sous la plume du génial Émile Bravo (les Épatantes aventures de Jules) en tant que suite à l'excellent Journal d'un ingénu, dans lequel il plaçait le fameux héros dans sa situation d'origine : groom dans un grand hôtel bruxellois de la fin des années 1930.
Cette fois, ça y est, la guerre est aux portes de la Belgique... Je vous entends d'ici : "Encore un album sur la guerre ?" Oui, certes, mais sans doute l'un des meilleurs. A travers Spirou, c'est le portrait de toute une génération qui est dépeint, celle qui ne comprend rien à ce qui est en train d'arriver. Émile
Bravo aborde très simplement un sujet sans doute sous estimé aujourd'hui, lui redonne un nom, des visages, des lieux. Le dessin, très "franco-belge", contribue à atténuer ce propos, tout comme les gags (que comporte tout volume de Spirou digne de ce nom).
A partir de 10 ans
Il m'aura fallu du temps pour l'ouvrir celui-ci, alors qu'il patientait dans ma pile à lire... et il me faudra encore plus de temps pour le refermer. Rarement un album m'aura fait vivre autant d'émotions différentes, au point de le relire – deux fois – à peine refermé.
Sabre est un smilodon qui nait durant le pléistocène, 15000 avant notre ère. C'est alors tout un monde, sauvage et immense, qui s'ouvre au félin alors que se prépare une glaciation. Eric Feres livre ici une fable préhistorique sans texte, donc portée uniquement par son dessin ; les couleurs sont sublimes, le trait
parfaitement réaliste – à l'exception de Sabre, oui – et le tout sait parfaitement maintenir la cohérence narrative qui donne son âme à l’album.
Toues les qualités d'un chef-d'œuvre, donc. À lire et à admirer au calme, afin de se plonger dans l'ambiance.
Du jour au lendemain, cinq enfants constatent que familles, amis, voisins – tout le monde – a disparu. Ou presque... Livrés à eux-mêmes, ils vont devoir apprendre à se débrouiller pour survivre, à se connaitre et se faire confiance, pour peut-être essayer de percer le mystère de leur solitude.
Une BD qui mêle suspens et merveilleux, rires et frissons, dans laquelle on prend plaisir à suivre des personnages attachants et débrouillards. A partir de 10 ans, et sans limite au delà !
Un peu de Disneyland, côté Tour de la terreur
Mickey et ses amis ont de plus en plus de mal à tenir leur petite agence de détective, désertée de clientèle. Ainsi, lorsqu'on leur demande de retrouver un chat disparu, pas de problème : un contrat est un contrat ! Les trois compères se rendent sur-le-champs à Horrifikland, le vieux parc d'attraction abandonné, où l'animal a été aperçu...
Pour sa troisième incursion dans l'univers de Mickey, Lewis Trondheim signe un album sous le signe de l'horreur gentille et mignonne, où, sans foncièrement révolutionner le genre, les gags s'enchainent naturellement et efficacement. Occasion pour les auteurs de nous balader dans leur décor, bien pratique pour effrayer Donald mais surtout pour déployer le talent graphique d'Alexis Nesme (Les Enfants du capitaine Grant). Du château hanté au laboratoire du savant fou, en passant par la tanière de l'araignée géante l'illustration est superbe et la mise en scène toujours efficace.
Si le niveau de lecture est assez simple pour mettre ce titre entre les mains des plus jeunes, le lecteur plus âgé appréciera tout autant la narration visuelle – et notamment les nombreuses références à la pop culture ! Bref, une réussite pour une histoire à partir de 8 ans.