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Le 20 septembre 1519, Magellan entreprenait depuis Séville le premier grand voyage autour du monde. Ce 500e anniversaire est l'occasion de découvrir l'une des meilleures biographies consacrées à ce navigateur légendaire, celle de Stefan Zweig. La seule traduction de ce récit datait de près de soixante ans. Une nouvelle version s'imposait, plus proche du texte original. Elle a été confiée à Françoise Wuilmart, traductrice de renom et spécialiste du grand écrivain autrichien, qui procède à une véritable redécouverte de l'oeuvre.
L'art du romancier se déploie pleinement dans cette odyssée biographique. Zweig nous plonge dans une aventure sans pareille, au coeur des affrontements, rivalités et mutineries qui ont émaillé cette traversée encore jalonnée d'autres épreuves - froid polaire, tempêtes, faim et maladies. Mais rien n'est venu à bout de la détermination du Portugais qui avait convaincu le roi d'Espagne Charles Quint de soutenir ce projet fou : prouver qu'"il existe un passage conduisant de l'océan Atlantique à l'océan Indien" : "Donnez-moi une flotte et je vous le montrerai : je ferai le tour de la Terre en allant de l'est à l'ouest ! " C'était sans compter l'océan Pacifique, dont les Européens ignoraient encore l'existence.
L'expédition se terminera trois ans plus tard, sur un rafiot ne comptant plus qu'une vingtaine d'hommes sur les 265 embarqués à Séville, et sans Magellan lui-même, tué lors d'un combat avec des indigènes sur une île des Philippines. Mais elle a abouti, en ouvrant la route des Epices, à une découverte considérable pour l'histoire de l'humanité. Cette aventure est aussi celle d'un destin entraîné par une volonté sans mesure.
Un de ces exploits qui illustrent pour Zweig la conscience créatrice des hommes, prouvant qu'"une idée animée par le génie et portée par la passion est plus forte que tous les éléments réunis" et sert le progrès de la connaissance et le besoin humain de dépassement de soi.
Le détroit de Magellan, cette découverte qui bouleverse
Décidément, Stefan Zweig est pour moi le plus grand biographe dont j’aime lire les récits des grands personnages historiques qu’il a souhaité nous faire découvrir. Et de quelle brillante manière ? Toujours avec ce travail de recherche minutieux dans les écrits de l’époque et avec un style d’écriture émouvant. Une des sources indispensables est le journal de bord de l’Italien Pigafetta, fidèle parmi les fidèles de Magellan, ce chevronné marin portugais qui, il y a plus de 500 ans, a démontré qu’un seul océan recouvrait la Terre et que l’on pouvait ainsi en faire le tour d’ouest en est à condition de trouver le passage qui permettrait de relier l’Océan Atlantique à l’Océan Pacifique. Stefan Zweig a été ébloui, car depuis 500 ans, un tel exploit n’avait pu se réaliser (le prochain exploit aura lieu en 1969 avec le premier pas sur la Lune). Cette biographie pleine d’énergie et de courage nous transmet une époque incroyable de conquêtes par les mers. L’auteur rend le plus beau des hommages à Magellan, le navigateur le plus impressionnant de tous les temps.