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Une station de ski miniature dans les alpes des Grisons suisses. Le décor est minimal : une cabane, un téléski, une pelle et une fraiseuse à neige, quelques outils.
Paul et Georg attendent les skieurs en ce début de saison poussive et tuent le temps en jouant aux cartes, pelletant le peu de neige fraîchement tombée. Cette neige qui pourrait être la dernière, car demain est incertain. Les journées s'égrènent, monotones, rythmées par le ronronnement du téléski tandis que sourd, dans les récits et discours de ces « Vladimir et Estragon en bonnet de laine », une inquiétude face à un monde qui n'est plus le leur.
Drôle, poétique et métaphysique, La Dernière Neige illustre à merveille ce conteur-né qu'est Arno Camenisch.
Arno Camenisch est né en 1978 à Tavanasa, dans les Grisons.
Il écrit de la poésie, de la prose et pour la scène, principalement en allemand, parfois dans sa langue maternelle, le romanche (sursilvan). Il vit à Bienne. Publié par l'éditeur Urs Engeler, il est l'auteur de Sez Ner (2009), Derrière la gare (2010), Ustrinkata (2012), soit le cycle dit des Grisons, tous publiés par Quidam.
La Dernière Neige (2018) est inédit en français.
La dernière neige
Arno Camenisch est de retour, ton meilleur pote écrivain suisse est de retour, et dio que c'est bon de le retrouver !
Chez Quidam toujours ; merci Quidam.
Les Grisons suisses, une station de ski, rikiki, deux zozos Paul et Georg tiennent boutique dans la cabane du tire-fesses. Ça cause météo, et la neige qui ne vient pas, et les skieurs qui ne se pressent pas, et le bureau de poste qui a fermé. Ça cause des femmes et des hommes du village en se sirotant un petit café ou un petit verre de vin rouge. Et ça blablabla comme au comptoir du bout du monde. On dégoise, on se gausse, on fait l'inventaire de ceux qui sont partis ailleurs ou dans le royaume des cieux. Et puis, l’amour du travail bien fait aussi, c’est que leur tire-fesses ils en prennent soin.
Mais surtout, au fond de tout ça, on fait la constatation que le monde a changé, celui d'hier n'est plus celui d'aujourd'hui.
Un roman d’Arno Camenisch est toujours un moment à soi, avec les autres, c’est pétri de fraternité, c’est bourré d’humour et d’histoires en tous genres ; un peu comme une balade dans un coin paumé à la rencontre du lieu et de ceux qui le font.
Drôle, gouailleur, finaud et bien malin qui s’y prend, à leurs lèvres de ces deux camarades c’est de la philosophie ordinaire, du brin de causette qui mine de rien sonne comme de la profondeur.
Il faudrait imaginer, par exemple, Jean Carmet et Claude Brasseur dans leur bicoque, le coude qui se lève, la langue bien pendue, le regard un peu mélancolique mais tout de même pétillant. Le bar des bons amis en quelque sorte.