En cours de chargement...
C'est le dernier soir à L'Helvezia, le bistrot du village racheté par des investisseurs. Tous les habitués sont là: la Tante, hôtesse de tout son monde, la Silvia, l'Otto, le Luis, l'Alexi, et les autres aussi, encore vivants ou déjà morts. L'alcool coule à flots et ça fume à tout-va. On est en janvier et il ne neige pas. Il pleut comme vache qui pisse. C'est quoi cette bizarrerie climatique ? Le déluge ?On cause de ça, de tout, sans discontinuer.
Ressurgissent alors les histoires enfouies de ce village qui pourrait bien être le centre du monde. La fin est proche, mais tant qu'il y a quelqu'un pour raconter, on reprend un verre. Ce Prix suisse de littérature 2012 s'avale cul sec !
Arno Camenisch est né en 1978 à Tavanasa, dans les Grisons. Il écrit de la poésie, de la prose et pour la scène, principalement en allemand, parfois dans sa langue maternelle, le romanche (sursilvan).
Il vit à Bienne. Publié par l'éditeur Urs Engeler, il est l'auteur de Sez Ner (2009), roman bilingue (allemand-romanche), Derrière la gare (Hinter dem Bahnhof, 2010), Ustrinkata (2012), soit le « cycle grison ». Et aussi de Fred und Franz (2013), Die Kur (2015) et de Der letzte Schnee (2018).
Ustrinkata
Ils sont tous là. A l’Helvezia.
Les vieux copains d’la fin du monde.
Avec leur gouaille et leurs humeurs
Avec la Tante qui sert la bière comme les médocs par l’infirmière
Avec le Luis, avec l’Otto, avec l’Alexi qui a décidé de ne rien boire ce soir alors que c’est pourtant le dernier soir
Ces émouvants qui parlent tous en même temps
Avec toutes les histoires qui vont autour de toutes les histoires.
Ça s’entrecroise, les voix de comptoir,
ça s’entrefile les celui-ci-qu’a-fait-ça les ceux-là-qui-jouaient-dans-la-paille
ça part pisser contre le vent.
Avec la Silvia, le Romedi
Avec ceux-là qui sont partis, ceux-là qui sont revenus.
C’est la mémoire qui est en jeu
dans une langue infusée d’argot
Avec le monde qui part en vrille.
Alors on lui boit à la santé au monde,
on boit à la santé des copains,
alors on boit et on fume ses cigarettes parce que… quoi d’autre.
Ustrinkata, c’est tout ça, avec plein de tendresse dedans.