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Pressentant que la fuite est la meilleure option, Vicente quitte la Pologne pour l'Argentine en 1928. Dix ans plus tard, il vit avec Rosita avec qui il a eu trois enfants, et il gère un magasin de meubles à Buenos Aires. Il ne s'est jamais réellement posé de question sur son identité. Il se sent à la fois argentin, polonais, juif, passionné par la culture allemande, mais la situation qui arrive va le faire changer. Commence alors à infuser en lui ce sentiment de culpabilité d'avoir laisser sa mère et son frère à Varsovie, démultiplié par cette peur face à l'horreur qui se profile.
Amigorena détaille précisément la mise en place de ce génocide avec par exemple l'installation des premières chambres à gaz dans des camions. Il s'intéresse aussi à la couverture médiatique mondiale de cet événement, à la question de savoir ce que chacun savait et surtout de comment vivre lorsque l'on sait ou que l'on sent ce qu'il va advenir. Il livre un roman touchant sur la mémoire, sur la transmission de celle-ci, et sur les mots à poser sur ce drame.
Illustratrice jeunesse, ayant également collaboré par ailleurs avec Oceanerosemarie ou Thomas Cadène, Sandrine Revel se lance une nouvelle fois dans une biographie. Après le pianiste canadien Glenn Gould, c'est à un de ses compatriotes qu'elle s'intéresse, à savoir le peintre Tom Thomson. Elle y raconte donc la reconversion de ce dernier en observateur des paysages de l'Ontario, après avoir quitté un poste de graphiste, afin de se recycler en garde-forestier et artiste. En parallèle, on suit un homme qui enquête, quarante ans plus tard, sur la disparition de Thomson, les causes de sa mort à 39 ans, étant sujette à de nombreuses théories. La dessinatrice rend ici un très bel hommage à cet artiste et notamment avec cet amour commun pour les beaux rendus de paysage.
Craig Thompson l'annonce d'emblée en préface : « A l'heure actuelle, c'est mon roman graphique préféré au monde ». Comme dans Blankets de Thompson, Dungo y narre une relation amoureuse, mais dans In Waves, l'auteur intercale cela avec l’historique du surf hawaïen à travers deux grandes figures de cette discipline. A chaque histoire correspond une couleur (bleu et marron), Dungo ayant opté pour la monochromie. Le résultat est extrêmement touchant, et nous rappelle que la vie est comme l'océan et ses vagues, alternant calme et apaisement avec brassages intenses et creux spectaculaires.
Gaspard vit seul dans la montagne avec son chien et ses brebis. C'est l'été et son troupeau paît paisiblement, mais une louve rode. Il décide d'éliminer l'animal, laissant un louveteau derrière son forfait. L'hiver suivant, le louveteau s'attaque au troupeau. Dans la panique, les bêtes et le chien se ruent dans un précipice. Seul et en colère, Gaspard piste son nouvel ennemi au péril de sa vie. Dans cette fable magnifiquement ancrée dans le massif des Écrins, Rochette questionne sur la place du berger et de son troupeau face au loup. Et c'est le philosophe Baptiste Morizot, qui apporte une analyse très pertinente sur ce sujet polémique dans la postface de ce roman graphique. Sans manichéisme, il propose un éclairage et lance des pistes salutaires pour les jeunes éleveurs face à cette présence animale. Cette postface justifie quasiment à elle seule l'achat de ce bel objet.
J'ai lu Despentes dans le désordre, et j'ai fini par Bye Bye Blondie et Teen Spirit qui sont mes deux préférés (dans cet ordre), son essai King Kong Théorie, restant au-dessus de tout, à tout jamais.
Dans Bye Bye Blondie, Gloria, la trentaine, inadaptée de la vie, vit à Nancy, traîne souvent dans un bar où elle peut étancher sa soif sans limite.
Un soir, elle retombe sur Eric, présentateur TV adulé, installé désormais à Paris. Ils étaient sortis ensemble durant leur jeunesse punk. Ils s'étaient rencontrés en HP.
De Despentes, on a rarement l'image de quelqu'un de fleur
bleue, c'est pourtant ce qu'elle est, et c'est d'amour dont il est question dans cette relation compliquée. Il est aussi question de la marge et des marginaux, et de la façon de faire rentrer les personnes dans des cases, quitte à forcer un peu et à perdre quelques bouts, au passage, en tassant tout ça.
Je n'ai pas été vraiment convaincu par le concept du livre : le père qui parle de la vie et de sa vie avec le fils qu'il aurait pu avoir. Peut-être aussi parce qu'il m'a fallu un certain nombre de pages avant de comprendre que les phrases en gras étaient les commentaires du fils ! J'ai trouvé que l'interaction entre les deux marchaient peu. Au-delà de ça, cela reste un plaisir d'écouter De Luca conter les épisodes de sa vie, et le lieu qu'il a instauré pour cette rencontre, assis à cette table, près de sa cheminée, au soir de sa vie, marche très bien. D'autant qu'il glisse des punchlines puissantes et bouleversantes tout au long du récit. Mes deux préférées : " Il faut avoir du courage : je ne suis pas arrivé à en avoir, mais j'ai persécuté mes peurs jusqu'à les étourdir. " et " À Sarajevo stagnaient les gaz de l'encerclement. La ville était un peu moins fracassée que Mostar, rive est du fleuve Neretva, où j'ai découvert que les incendies des maisons ne réchauffent pas. Il existe des feux qui font geler. ".