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Le Vantablack est un matériau en nanotubes de carbone, qui ne reflète pratiquement pas du tout la lumière. Ce noir est considéré comme le pigment le plus foncé du monde (et pour info, c'est Anish Kapoor qui en a obtenu les droits exclusifs). Et c'est certainement dans ce noir profond que Jonathan Munoz est allé tremper sa plume pour ce premier tome d'Annick Tammaire. Nous sommes donc en plein humour noir avec ce qui pourrait être une demi-sœur de Mortelle Adèle, qui aurait frayé avec les héros de South Park, et qui manie de façon allègre et autoritaire l'insulte et la violence physique sur ses petits camarades de classe. Il faut dire que sa vie n'est pas simple avec un père chômeur dépressif et une mère qui n'attend que de le quitter. Bref tout est très (très) sombre et très drôle.
Le Portugal a connu plus de quarante ans de régime autoritaire et la force de cette bd est finalement de ne raconter qu’un court moment de cette période et surtout à travers des individus lambdas pour qui cet état de fait n’est quasiment plus qu’une musique de fond du quotidien. Le dessin est agréable, les choix chromatiques sont intéressants notamment pour voyager sans se perdre entre le présent de narration (1968) et la vie universitaire des protagonistes dix ans plus tôt. Les personnages sont attachants et souvent loin de la figure du héros révolutionnaire, et au final très humains.
Pour son premier album, Molly Mendoza signe une des plus belles couvertures - en relief - de bd, et tout du long le dessin est très beau. Néanmoins, ce conte est assez complexe à présenter car le dessin, le texte et les thèmes (l’amitié, la création) sont, pour moi, vraiment axés jeunesse, mais le récit, un peu comme Les Aventures d'Alice au pays des merveilles, ressemble à un trip sous L.S.D. ! Donc j’ai été ultra convaincu par la beauté de l’objet, par l’univers très ancré dans la nature, par le côté éclaté du récit et les changements de couleurs qui l’accompagnent, mais moins par le fond un peu trop naïf pour moi.
Avec Square Eyes, ce fut le coup de foudre immédiat. Dès la couverture j’ai été attiré par ce roman graphique de SF et après avoir commencé à le feuilleter, j’étais subjugué. Le dessin est magnifique, avec des ambiances chromatiques très différentes et surtout l’illustratrice réussit à restituer un des aspects de l’histoire, à savoir qu’il existe une réalité recouverte d’une « couche » de vision projetée (réalité augmentée comme on dit aujourd’hui), thème très dickien. Alors niveau narration, il faut s’accrocher un peu, en tout cas être concentré, car
l’auteur n’a pas choisi d’être dans le très explicatif. Il faut donc s’immerger et reconstituer le puzzle de cet univers dans lequel Fin se retrouve déconnectée du système et égarée dans la ville, comme effacée.
Un roman graphique magnifique, notamment au niveau de l’architecture des immeubles, et un scénario un peu exigeant, mais bien fait.
Une petite dizaine de quasi-trentenaires se retrouvent à un carrefour de leur vie, comme ces lignes de métro qui se croisent dans la ville où ils habitent. Deux musiciens : un récemment séparé assez paumé, un autre qui oscille entre son boulot alimentaire et sa musique, une future maman, une jeune disquaire, une photographe de retour d’un long périple... Tous ces personnages se croisent dans la ville, au gré des bars et des concerts, et leurs appartements se dévoilent, par tranche, avec des vues de coupe des pièces qu’ils occupent.
Belle réussite graphique et narrative, Pierre
Jeanneau réussissant même à matérialiser la musique, que les personnages écoutent. On a qu’une hâte, lire la suite de cette histoire prévue en deux tomes.
Parues à deux reprises chez Denoël et rapidement épuisées, les nouvelles de Philip K. Dick sont de nouveau disponibles chez Quarto Gallimard en deux volumes (1947-1953 et 1954-1981). Et pour bien appréhender l’œuvre qui suit, la biographie, complète et documentée de l’auteur par Laurent Queyssi, est idéale. Il ne reste plus qu’à s’attaquer aux 120 nouvelles, certaines ayant été déclinées en romans, d’autres ayant été adaptées au cinéma (Minority Report, Total Recall...). Parmi mes nouvelles préférées, L’inconnu du réverbère. Ed Loyce se rend en ville pour rejoindre
le magasin de téléviseurs, dont il est propriétaire. Alors qu’il fait un tour pour garer sa voiture, il voit un homme pendu à un réverbère. Quand il interpelle les gens autour de lui, personne ne réagit. Il s’emporte de plus en plus et veut prévenir la police. Justement, deux agents arrivent. Ces derniers l’interrogent et Ed réalise rapidement qu’il ne les connaît pas, ce ne sont pas de vrais policiers...
Nous voilà en plein thème dickien : une réalité distordue, un monde où tout a l’air normal, mais pourtant quelque chose n’est pas net.
Parues à deux reprises chez Denoël et rapidement épuisées, les nouvelles de Philip K. Dick sont de nouveau disponibles chez Quarto Gallimard en deux volumes (1947-1953 et 1954-1981). Et pour bien appréhender l’œuvre qui suit, la biographie, complète et documentée de l’auteur par Laurent Queyssi, est idéale. Il ne reste plus qu’à s’attaquer aux 120 nouvelles, certaines ayant été déclinées en romans, d’autres ayant été adaptées au cinéma (Minority Report, Total Recall...). Parmi mes nouvelles préférées, L’inconnu du réverbère. Ed Loyce se rend en ville pour rejoindre
le magasin de téléviseurs, dont il est propriétaire. Alors qu’il fait un tour pour garer sa voiture, il voit un homme pendu à un réverbère. Quand il interpelle les gens autour de lui, personne ne réagit. Il s’emporte de plus en plus et veut prévenir la police. Justement, deux agents arrivent. Ces derniers l’interrogent et Ed réalise rapidement qu’il ne les connaît pas, ce ne sont pas de vrais policiers...
Nous voilà en plein thème dickien : une réalité distordue, un monde où tout a l’air normal, mais pourtant quelque chose n’est pas net.
Parues à deux reprises chez Denoël et rapidement épuisées, les nouvelles de Philip K. Dick sont de nouveau disponibles chez Quarto Gallimard en deux volumes (1947-1953 et 1954-1981). Et pour bien appréhender l’œuvre qui suit, la biographie, complète et documentée de l’auteur par Laurent Queyssi, est idéale. Il ne reste plus qu’à s’attaquer aux 120 nouvelles, certaines ayant été déclinées en romans, d’autres ayant été adaptées au cinéma (Minority Report, Total Recall...). Parmi mes nouvelles préférées, L’inconnu du réverbère. Ed Loyce se rend en ville pour rejoindre le magasin de téléviseurs, dont il est propriétaire. Alors qu’il fait un tour pour garer sa voiture, il voit un homme pendu à un réverbère. Quand il interpelle les gens autour de lui, personne ne réagit. Il s’emporte de plus en plus et veut prévenir la police. Justement, deux agents arrivent. Ces derniers l’interrogent et Ed réalise rapidement qu’il ne les connaît pas, ce ne sont pas de vrais policiers...
Nous voilà en plein thème dickien : une réalité distordue, un monde où tout a l’air normal, mais pourtant quelque chose n’est pas net. Et il n’y aura pas de super-héros pour venir vous sauver...
Frank Pé et Zidrou (L’élève Ducobu) revisitent l’œuvre de Franquin avec une version bien plus sombre, mais très réussie du Marsupilami. L’histoire démarre dans un port, à Anvers en Belgique, en 1955. Un navire de braconniers a connu une avarie en plein océan et sa cargaison d’animaux rares a bien souffert. A bord, donc, le Marsupilami, que l’on ne verra que réellement à la moitié de la BD. Il s’échappe et sera recueilli par François, un garçon d’une dizaine d’années, qui a pour habitude d’accueillir chez lui tous les animaux qu’il croise, au grand dam de sa mère. Francois est le souffre-douleur de trois autres « camarades » de classe, qui le briment à cause de son père, un soldat allemand, qui a regagné son pays après la guerre. Les auteurs mêlent dépression, humour, amour, haine, humanité et colère avec un réalisme saisissant.
Mon collègue David, responsable BD, me racontait que Jason Shiga voulait faire plus fort que le Habibi de Craig Thompson en publiant le roman graphique le plus épais de l'histoire ! Avec ses 7,5 cm d'épaisseur et son 1,86 kg, c'est chose faite. Mais au-delà des chiffres et de la possibilité de se muscler les avant-bras, ce qui est remarquable dans ce projet, ce sont l'humour et la folie que Shiga y a injectés. Tout part d'un homme qui veut mettre fin à ses jours, mais qui après chaque tentative se réveille comme la veille. La suite est géniale et délirante, entre caution scientifique, scènes d'action, loufoquerie absolue et nihilisme
Étude du consommateur de drogues en milieu naturel dans les années 40 et ensuite
De William Burroughs, Le festin nu est le roman le plus connu, mais il est loin d’être le plus simple à lire, en raison de cette technique de cut-up, qui aboutit à un récit ultra fragmenté. Son premier roman, Junky, se lit en revanche très bien et c’est un plaisir de se replonger dans cette quasi étude sociologique, vingt ans après l’avoir lu. William Lee (toute ressemblance avec l’auteur ne serait pas fortuite) y navigue entre New-York, New-Orleans et Mexico City, alternant périodes de consommation (héroïne, cocaïne, benzedrine, codéine, opium, peyotl, marijuana, vodka...) et de désintoxication. Loin de faire l’apologie des drogues, il relate de façon clinique sa vie de camé et les effets de ce qu’il s’injecte et s’envoie dans le corps. On y lit par exemple : « La came prend tout et n’apporte rien, sinon une assurance contre les douleurs du manque. »