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Imaginons que quatre Martiens débarquent sur Terre. Ils vous coincent dans une ruelle sombre, vous ne connaissez pas leurs intentions. Ils vous demandent : « Quelle est l'histoire du rap américain de 1979 à 2014 ? ». Pas de panique, dégainez le livre The Rap Year Book, et racontez-leur les débuts engagés et contestataires avec Afrika Bambaataa ou Public Enemy, la naissance du gangsta rap avec Ice-T, puis N.W.A., son apogée avec Tupac et Biggie, la rivalité east coast/west coast...
Et quoi d'autre ? La révolution Wu-Tang Clan, et évidemment tous ceux qui ont fait le rap game :
Eminem, Jay-Z, Kanye West, Drake... Vous pourrez même tester si ces Martiens ont de l'humour, car l'ouvrage en est truffé. Bref, une bible complète et parfaite pour tout savoir sur ce courant musical qui résonne dans tout l'univers, de la Terre jusqu'à Mars.
Scénariste et dessinateur pour DC Comics, Jeff Lemire a également fait parler de lui, dans un autre genre, avec Sweet Tooth, dont le premier volume est paru en 2015. Il a - notamment - lancé depuis, une nouvelle série en cinq tomes : Royal City. Il y est question de famille, de deuil, de panne d'inspiration, de couple en hésitation, de quarantaine, de retour à la maison...
Le premier tome donne instantanément envie de dévorer la suite, le dessin est beau, et son idée principale autour du deuil est brillante. Les fans de musique indé, d'histoire de famille et de surréalisme devraient
totalement s'y retrouver.
Steinkis comme les Editions çà et là, font partie des éditeurs indépendants que l'on peut suivre assez aveuglément. Parmi les pépites de dessinateurs un peu cachés du grand public, on trouve chez Steinkis, le fabuleux Alessandro Pignocchi (à découvrir notamment sur son blog puntish.blogspot.com).
Ce dernier n'est pas loin de ce que serait un Fabcaro écolo, les deux ayant comme points communs un penchant pour l'humour à degré élevé et les scènes qui se suivent avec le - quasi - même dessin, mais des dialogues différents. Dans les deux volumes de Petit traité d'écologie sauvage,
Alessandro nous plonge dans un monde où nos responsables politiques et les dirigeant(e)s de la planète, convertis à l'animisme jivaro, ont désormais un attrait incommensurable pour la vie dans la nature. Parallèlement, il nous fait découvrir les dialogues entre des mésanges qui observent les soubresauts de notre monde (la mésange bleue étant très portée sur le cannabis, et paradoxalement sur la bagarre !). Dernier protagoniste de ces mini-scènes, un anthropologue jivaro, qui observe le Français dans son habitat naturel et tente de décrypter tous ses comportements étranges. Le tout est jouissivement drôle, tout en dénonçant la vision occidentale unique et son absurdité.
Le garçon, c'est avant tout une histoire d'amour sublime, et une question : l'amour est-il plus fort que la guerre ? L'autre question qui parcourt ce roman est : cette tribu d'indiens de l'Amazonie, qui vit loin de tout, est-elle plus civilisée que ces hommes blancs, dont les corps et les membres se volatilisent et se déchiquettent sous des amas de bombes et des pluies de balles, dans un fracas assourdissant ? Le garçon, héros muet, quasiment hors de tout, qui se retrouve seul après le décès de sa mère, va traverser ces mondes et ces questions à l'orée du 20e siècle. Il voudra s'intégrer,
fera quelques rencontres, dont une plus importante que les autres, avec l'amour d'Emma, jeune femme libre, curieuse et entichée de musique classique et de littérature. Ensemble, ils expérimenteront leurs corps et les multiples combinaisons qui en découlent. Ces scènes fort explicites sont tout autant réussies et bien écrites que les scènes de guerre à hauteur de soldat, le niveau d'écriture et de langue étant assez impressionnant tout du long. Le roman, récompensé du prix Femina 2016, est intense, émouvant, archi-documenté historiquement, et traverse toutes les émotions.
Mon passage préféré (pages 426 à 429) : la lettre d'Emma envoyée à son amour de soldat, parti au front, chair à canon, quasiment écrite à la cyprine, qui se finit par : "Branle-toi. Branle-moi. Fais-moi jouir mon amour. Et fais jaillir ton foutre à la gueule des canons !"
Pour commencer avec K. Dick
Dans les années 60, Philip K. Dick est à son apogée et vient pulvériser le monde de la SF traditionnelle avec ses personnages à part, souvent marginaux, dans une Californie grise où se percutent les folies humaines. C'est le cas dans Dr Bloodmoney, qui compile parfaitement tous les thèmes cher à cet auteur : pas de superhéros, mais des personnes lambda (avec parfois des pouvoirs psi), toujours une zone de flou concernant la réalité - une réalité altérée ? - le tout avec une précision hallucinante dans la description psychologique des personnages, Un roman parfait pour débuter avec K. Dick.