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Un sujet grave, traité avec légèreté et bienveillance et qui nous concerne tous.
Bienvenue chez le cinquième âge. Ils devraient pourtant être bien calmes dans leur résidence haut de gamme et avec les ressources nécessaires pour leur assurer la sécurité, tous ces séniors !
C’est sans compter sur « la bande ». Jeanne va faire la connaissance de cette équipe qui ne veut rien abandonner au temps qui passe, bien décidée de réparer tous les regrets de ses membres.
Les débuts de Jeanne avaient pourtant été douloureux, placée contre son gré dans cette collectivité qu’elle
n’avait pas choisie, elle n’avait eu d’autre solution que de simuler un Alzheimer pour atteindre la conscience de ses cinq enfants et de leur descendance, dix petits-enfants et treize arrière petits-enfants.
Chaque mois les cinq complices choisissent donc de réparer l’histoire de leur vie et vont mettre tout en œuvre pour réaliser le souhait le plus cher de chacun.
Qui sont donc les « sales gosses », la descendance de Jeanne qui va être malmenée jusqu’à …, les cinq larrons octogénaires qui vont …
C’est une plaisante fable idéaliste, sur les rêves délaissés au détriment de la rude réalité du quotidien. L’auteur égratigne en passant pas mal de clichés sur notre société bien trop « normée ».
Agréable moment de lecture.
Agent de sécurité à Cannes, c’est une sinécure sauf par temps de Festival. La routine de Dusan, émigré Yougoslave porteur d’un secret intime qui lui pourrit la vie, va être bouleversée par un contrat un peu particulier. Il va devoir en effet assurer la protection d’une villa de star et ça ne sera pas de tout repos.
Une satire bien plaisante d’un monde superficiel et avant tout guidé par la finance, avec une intrigue qui mériterait de ne pas être spoliée par le prologue trop explicite … un agréable moment de lecture, une pause salutaire sans mort suspecte ni hémoglobine,
ou alors si peu ! Un court roman de 208 pages.
A noter un contexte social bien abordé également où l’on découvre l’envers du décor de paillettes et de strass, de selfies et de fêtes, d’alcool …
Un père de famille détestable à souhait disparaît, sa femme ne déclare pas sa disparition, trop heureuse de cette aubaine. Elle va enfin profiter de la vie, changer de look et c’est ce qui va déranger les bien-pensants locaux …
Un corps sans tête et démembré est retrouvé au milieu de nulle part, l’enquête est confiée à un tout nouveau duo d’enquêteurs de Clermont-Ferrand, qui s’apprivoise en peinant à identifier le corps…
Il n’y a que le lecteur pour y voir des convergences. Mais si le lecteur se trompait …
Des fausses pistes comme s’il en pleuvait, de la
malversation politico-économique et l’immersion dans les milieux libertins, des trahisons à l’usurpation d’héritage, de bons vieux secrets de famille à vous légitimer n’importe quel mobile, bref une profusion de mensonges…
480 pages pour une intrigue dense et une enquête qui piétine … le lecteur peut parfois s’impatienter car pour partie, il sait lui. Mais il sera récompensé par le dénouement assez inattendu quoique …
En même temps c’est une chronique rurale, dans les environs de Clermont-Ferrand, en hiver donc il faut prendre des précautions pour ne pas déraper sur les pistes de l’assassin !
Sasha, obligée d’accoucher avant terme dans une maternité ayant mauvaise réputation et qu’elle n’a pas choisie, est persuadée que l’enfant qu’on lui présente a été échangé avec un autre beaucoup plus ressemblant à ce qu’elle ressentait pendant sa grossesse. De plus, c’est un petit garçon qui est né au lieu d’une petite fille qu’elle attendait depuis son échographie. Elle n’arrive pas à éprouver ce formidable attachement de mère à son nouvel enfant, est-elle une bonne mère ? N’est-ce pas LE signe de cette substitution ? Et dire que enfant est attendu depuis
plus de dix ans.
Tous les personnages de ce thriller psychologique ont leur secret inavouable, son mari, son père, son amie d’enfance, ses médecins, les autres patientes et c’est un véritable enfer que va vivre la narratrice. Sont-ils complices pour remplir un sombre dessein ? Les lecteurs vont assister à la descente aux enfers de Sasha, puis à sa résilience réelle ou feinte, dans un univers trouble où tout est suspicion et où les soignants ne sont pas plus équilibrés que les patients… un vrai nid de coucous ! Un peu plus de 350 pages pour nous faire tourner en boucle dans l’amas de neurones perturbé de la jeune mère, où l’on se plait en conjonctures et quand arrive le dénouement, on se dit : soit, c’est une explication parmi d’autres, un peu improbable mais bien amenée par l’auteur qui signe ici son premier roman.
Premier roman donc et une belle découverte, un bon moment de lecture, envoûtant et bien flippant mais … l’auteure n’est-elle pas elle-même médecin ? Elle a mis toute sa féminité au service de cette histoire, certes c’est une fiction et ça ne peut pas se passer dans la vraie vie … quoique !
chronique intégrale sur :
https://collectifpolar.wordpress.com/2019/02/06/lerreur-de-susi-fox/
On retrouve les protagonistes de Femme sur écoute, dans une intrigue plus classique, mais avec un duo féminin immanquable ! Une enquête complexe où l’auteur nous entraine dans les Ardennes. C’est un peu le hasard qui fait se relier deux scènes de crime et qui va lancer Lola et Zoé sur les pistes de ces femmes disparues. Elles n’en ont pas la légitimité, elles devront jouer avec les personnages secondaires pour approcher de la vérité, toujours border line.
Que feriez-vous si, avisé que vous êtes gravement malade, on vous proposait un traitement miracle ? Les pieds sur terre
ou la tête dans les nuages, une galerie de personnages bien campés renforcent toute l’ambigüité posée par l’auteur.
De nombreux thèmes sont abordés par Hervé Jourdain à la périphérie de cette enquête : l’exploitation des immigrés clandestins, les médecines alternatives, les sectes, les maladies rares, l’amour maternel, les SDF … procurent aux lecteurs des moments d’émotions dans ce monde de brutes. Notons aussi la sobriété du ton : pas d’effets spéciaux de superproduction, tout est précision et minutie. En prime une visite du Bastion, le new 36, maintenant opérationnel … ou presque !
J’aime beaucoup, mais il n’aurait pas dû assassiner une 2CV !
François, dessinateur de vocation, a tout perdu quand sa compagne Emilie a disparu en 1979. D’autres disparitions, par la suite, perturbent le microcosme campagnard où vit sa famille, avec en prime la découverte de restes humains dans le torrent. François va revenir dans son village natal car il ne croit pas en la culpabilité de son père, soupçonné d’être « le dépeceur ». L’enquête qu’il va mener avec l’aide de Camus, ancien flic, va l’entraîner à révéler les secrets de famille, ceux que le père a enfouis quand il a changé de région, après la seconde guerre mondiale
et les exactions commises au nom de « l’épuration sauvage ». Ce père va passer de la position de notable à celle de proscrit … et s’il était innocent ? Comment François va-t-il pouvoir passer du doute au mensonge pour préserver le peu d’honneur qu’il reste à sa famille ?
Ce sont bien ces questions que se pose le lecteur au cours de cette double enquête. On sent très bien la patte de l’historien quand François est obligé de rouvrir les vieux dossiers.
Des chapitres courts et rythmés, trois narrateurs, contribuent à impliquer le lecteur dans la quête de la vérité avec un suspense final bien mené.
C’est le quatrième roman de Christian Carayon … auteur à suivre notamment pour l’ambiance campagnarde qui n’est pas sans rappeler celle de Franck Bouysse, attirante et étouffante à la fois où le silence est une valeur partagée, complice de la religion du secret.
Tout d’abord nous retrouvons Kate, journaliste qui avait permis dans le premier roman de Fiona Barton, d’élucider l’énigme de l’enlèvement de Bella. Toujours aussi âpre à la tâche, avec ses méthodes border line, elle va aller où la police ne pense pas aller, se mettre en difficulté pour trouver qui est l’enfant dont on a retrouvé le squelette. La narratrice c’est Emma, pleine de problèmes d’adolescence non résolus, on comprendra pourquoi au fil de ces presque 500 pages que l’on tourne avec avidité. Mais comment l’ADN de la petite victime peut-il correspondre à deux
suspectes qui ne se connaissent pas ?
Flanquée de son jeune stagiaire, notre journaliste n’hésitera pas à remonter le temps, pour retrouver les potentiels témoins et suspects, avec la bienveillance de la police jusqu’à un certain point …
A une centaine de pages de la fin, quand le lecteur tient toutes les ficelles en main, il n’est pas au bout de ses surprises.
Un roman noir plus que polar, une noirceur bien britannique, plaisant à lire, qui assène quelques vérités sur le temps qui passe.
Mais qu’est-ce qui est donc fou dans cette histoire … tout et assurément le grain de folie de l’auteure est contagieux pour le plus grand bonheur des lecteurs ! Rendez-vous compte c’est un premier roman étonnamment maîtrisé, bourré de citations cinématographiques et musicales !
L’auteure nous immerge dans la tête d’Alvie, sa narratrice, à moins que ça ne soit Beth sa jumelle … on peut parfois douter. Alvie : ange ou démon, victime ou manipulatrice, Alvie ou Beth ??? Tout l’entourage s’y trompe alors que nous quittons un quartier sordide de Londres pour la Sicile
ensoleillée et mafieuse. Et comme en supplément il y a beaucoup de désirs et de fantasmes chez Alvie, avec un humour décapant et parfois hard, quelques scènes scabreuses et d’autres sanglantes, elle s’amuse à repousser ses limites pour assouvir ses désirs d’amour, d’argent, de voiture et de … maternité, pour enfin découvrir sa vocation… Un vrai suspense dont le lecteur est en droit de se demander comment va donc s’en sortir l’auteure … c’est pour ça que la fin peut sembler un peu abrupte mais quelle autre alternative y avait-il ?
Jubilatoire et coup de cœur. Je tiens à décerner une mention particulière à la traductrice qui a si bien rendu le ton et les émotions dans un langage très juste.
Pour son troisième roman, Louise Mey nous entraîne dans la suite des Ravagées, dans le quotidien de la Brigade des Crimes et Délits Sexuels (BCDS) avec son lot de faits d’agressions d’une criante actualité. Des binômes enquêtent, traquent, recherchent coupables et victimes de vrais méchants bien tordus qui malheureusement sont tout à fait réalistes. Le lecteur n’est pas épargné par les descriptions, les lectrices sont sans doute aussi d’avantage meurtries dans leur intimité par cette horreur « ordinaire ». Ils connaîtront tout de la panoplie des sévices perpétrés. Dans
la seconde partie de ce thriller, nous serons confrontés aux interférences de la politique et de l’actualité criminelle, aux manques de moyens, à la justice anormalement clémente pour ce genre de crimes, sur un rythme qui s’accélère, passant du style d’un document de journalisme d’investigation à une véritable enquête policière d’aujourd’hui.
C’est un roman dérangeant car il nous interpelle sur la non-réaction des spectateurs d’agression, les différences de traitement selon le « statut » de la victime, sur les dangers d’internet et des réseaux sociaux et bien d’autres choses encore. Un roman riche entre deux genres où le suspense démarre réellement après la première moitié plutôt descriptive.
A ne pas bouder !
En le repérant, Barbara Abel ne s’est pas trompé … une très bonne découverte !
Tout y est. Le lieu : au pied du rocher de Gibraltar, une petite ville oubliée où les voitures arrêtent au passage à niveau pour laisser la priorité … aux avions. Le contexte économique : des industries polluantes en perdition et le système D d’une économie parallèle qui permet la survivance, favorisée par sa situation géographique. La politique : à peine plus corrompue qu’ailleurs, marchés publics truqués, fonds européens détournés et émergence de Podemos. La police : à court de moyens et bien alcoolisée, dont le parking est sécurisé par des junkies qui survivent grâce à ce petit commerce. La culture : la cavalcade des rois mages bien préservée avec les spécialités culinaires locales. Les migrants exploités, qui jouent au foot avec les flics qui les renvoient sur leurs terres natales le lendemain. La vraie vie quoi !
Et une enquête qui échoue entre les mains de l’inspecteur-chef Fulgor et son équipe, par hasard qui, fort de son intuition, va s’acharner à découvrir qui sont les gentils et qui sont les méchants … à qui profitent les crimes ?
Et ces poissons volants … qui arrivent avec six mois d’avance alors qu’une canicule s’est installée sur l’Andalousie, dont le séchage devrait donner de quoi vivre aux pêcheurs, en temps « normal ». Anormal également cette catastrophe écologique d’échouage de cétacés …
Beaucoup de choses dans ces 250 pages, une bonne enquête, classique dans sa structure mais édifiante par son contexte qui évoque tous les centres d’intérêt de l’auteur avec un ton percutant et très juste, avec beaucoup d’humour et de dérision.
Bref, tout ce que j’aime pour ce premier roman de François Filleul. Le ton est juste, sans emphase. Le récit est ponctué de courts dialogues en espagnol, ce qui contribue à la pointe d’exotisme et rythmé d’articles de presse qui apportent la vision décalée du spectateur …