En cours de chargement...
Et voilà ma deuxième lecture en tant que juré : « Poussière tu seras » de Sam Millar.
Tout d’abord un mot sur l’auteur et son passé pour le moins troublant. Militant de l’IRA, il a était incarcéré en Irlande. Une fois libéré il part aux Etats-Unis où il participe à l’attaque à mains armées d’un camion de la Brinks. Après avoir était gracié par Bill Clinton il rentre à Belfast où il écrit « Poussière tu seras ».
Adrien est un jeune garçon perturbé par la mort de sa mère. Il est élevé par son père, un ancien flic qui est désormais détective privé
et qui souffre d’un problème avec l’alcool.
Jeremiah lui est coiffeur homme à Belfast, ancien homme de foi il vit avec Judith sa femme, une droguée qui « chasse le dragon ».
Millar pose les bases de cette galerie de personnages dont les destins vont se croiser sur fond de cadavre retrouvé dans les bois.
L’écriture est efficace, sans fioriture et implacable lors de certaines scènes qui produisent un impact visuel très fort. On est saisie par le relief qu’elles ont. Ces images nous suivent une fois le livre terminé comme une peinture lugubre dont on ne peut détacher le regard, fascination morbide.
L’auteur a un talent pour décrire des ambiances inquiétantes. Les couleurs de « Poussière tu seras » sont celles de l’automne. Les personnages chutent comme les feuilles mortes avec pour seul destin, qui parait inévitable, une fin de course sur un sol à l’odeur de terre et de sang. Le corbeau, qui transporte les âmes des défunts ayant subis une mort violente est présent en filigrane durant tout le livre, il achève de donner à cette histoire une atmosphère aussi sombre que les plumes de ce dernier.
Les personnages sont justes et profonds, humains même dans l’horreur.
Voilà une vrai belle découverte que je vous recommande fortement. Deux autres de ses romans sont édités en France et me font les yeux doux.
http://dubruitdanslesoreilles-delapoussieredanslesyeux.overblog.com/
Le premier contact avec « Sa vie dans les yeux d’une poupée » est d’abord visuel. D’abord Magnifique couverture. Le message est clair : même l’objet le plus innocent peut se révéler inquiétant une fois vu sous un certain angle. Ensuite le bandeau tapageur où l’on nous dit qu’Ingrid Desjours est « Notre nouvelle reine du thriller ». Cet argument publicitaire est accompagné d’une photo de l’auteur : pose ingénue et sourire innocent, pourtant on peut lire dans ses yeux un : « Tu ne vas pas être déçu du voyage » un brin machiavélique.
On ouvre le livre….
Premier
chapitre : présentation de la frêle et naïve Barbara, on entre dans un univers triste, doux-amer. On devine le serpent proche…
Chapitre deux : présentation de Marc, le flic … le malaise s’installe…
Chapitre trois : uppercut en pleine face, lecteur au tapis. Le serpent est là.
En trente- trois pages on devine déjà que l’on a à faire à un objet unique, sombre, violent et cruel.
Nous sommes spectateurs de deux métamorphoses, celle de la jeune Barbara pour qui la vie n’a pas fait de cadeaux et qui va sombrer et se réfugier dans un monde imaginaire où les poupées parlent et où elle se crée une double personnalité pour assumer ses actes de plus en plus terribles. Il y a aussi la transformation de Marc, cabossé par la vie au sens propre comme au figuré. Lui le misogyne aigri et blasé par la vie se révèlera avoir bien plus de valeurs qu’il n’y parait.
La vie nous transforme, elle peut détruire ou sublimer.
Le style d’Ingrid Desjours est brut de décoffrage, violent et cru. Mais quelle efficacité, on est embarqué dès les premières pages. La lecture se fait de manière très fluide au rythme imposé par l’auteur. Les feuilles se tournent presque d’elles même.
Malgré les actes terribles qui vont se jouer je n’ai pu me départir d’un sentiment d’empathie envers les personnages qui ne m’a pas quitté de la première à la dernière page. C’est la grande force du livre. Barbara et marc prennent vie sous la plume de l’auteur, ils sont habités, ils nous habitent.
Alors verdict : et bien le bandeau n’était pas tapageur, Mme Desjours est bien une reine du thriller !
Interview de l'auteur sur mon blog : du bruitdanslesoreilles
Ma chronique d' "Un employé modèle" de Paul Cleave ici :
http://dubruitdanslesoreilles-delapoussieredanslesyeux.overblog.com/chronique-d%27-%22un-employ%C3%A9-mod%C3%A8le%22-de-paul-cleave
atmosphères noires et romantiques.
Au lieu-dit Noir-Etang… est ma première lecture de la sélection du prix du meilleur polar des lecteurs de points.
Il sera je pense un peu à part dans la sélection car il ne s’agit ni de polar ni de thriller mais plutôt d’un roman noir voir même un drame.
Nous sommes en 1926 en Nouvelle-Angleterre. Henry est le jeune fils d’un directeur d’école pour garçons. Nous allons voir à travers ses yeux une relation adultérine que vont entretenir deux professeurs. D’un côté il y a Mr Reed, marié et père de famille qui cherche encore à s’accomplir et de l’autre Mlle Channing nouveau professeur d’arts plastiques de l’école, fraichement arrivée. Elle est d’une grande beauté et a vécu une vie de voyages et de liberté.
Dès le départ nous savons que l’histoire se finira de manière tragique avec un procès où Mlle Canning sera l’accusée. La construction du roman est originale car Thomas H. Cook fait parler Henry, le Henry d’aujourd’hui proche de la retraite qui subit les réminiscences de ses souvenirs d’enfance à l’occasion d’un retour sur les lieux du drame (pour une affaire concernant son travail).
Le rythme est lent, il règne une certaine torpeur dans les lignes que renferme ce livre. Ce qui frappe dès le départ c’est la maitrise qu’a l’auteur pour instaurer un climat. Thomas H. Cook a assurément une belle plume.
Il y a une totale opposition entre Mlle Channing et le mode de vie de l’époque dans cette région de la Nouvelle-Angleterre. Cette citation résume bien l’état de pensée du personnage : « Un artiste ne doit obéir qu’à ses passions…Tout le reste n’est que nœud coulant autour de son cou. ».
Bien que n’ayant rien à redire sur la qualité de ce livre je ne suis pas totalement rentré dedans, mais c’est une affaire de sensibilité personnelle. Je le recommande à tous les amateurs d’atmosphères noires et romantiques.
http://dubruitdanslesoreilles-delapoussieredanslesyeux.overblog.com/