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David déserte Londres quand la femme dont il s'apprêtait à adopter le petit garçon le quitte. A Paris, il s'installe dans le premier appartement venu, avec une grande baie vitrée sur la Seine. Encore sous le choc, il accepte sans arrière-pensée de montrer à l'homme qui l'aborde sur un banc de l'île aux Cygnes, en contrebas de chez lui, sa vue exceptionnelle. Vingt-cinq ans plus tard, David et Emile, toujours amoureux, habitent encore le lieu de leur rencontre.
Emile, jeune interne à l'époque, est à présent un neurochirurgien réputé. David, tout à ses biographies de musiciens oubliés et à sa vie harmonieuse avec Emile, est parfaitement heureux. Mais la courte période où il a failli devenir père se rappelle parfois à lui comme un rêve récurrent... et le vertige le saisit. Emile le sait bien, dont les certitudes et la froideur clinique vacillent le jour où, sur son carnet de rendez- vous, il voit inscrit le nom de Simon Weber.
Il sait bien aussi que ce patronyme est celui du fils perdu de son compagnon. Tenu par le secret médical, il ne peut rien en dire à ce dernier. Commence alors un magnifique pas de deux, où le sentiment amoureux se conjugue au sourd désir de paternité de David, dans l'alternance de poignants monologues intérieurs. Une troisième voix, surgie d'un lointain passé, jouera le contrepoint, donnant à ce beau roman de la complexité des émotions une ampleur et une force troublantes.
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Quitté par la femme dont il était sur le point d’adopter l’enfant, David s’est réfugié à Paris, dans un appartement avec vue panoramique sur la Seine. Le temps a passé. Désormais quinquagénaire, il partage depuis vingt-cinq ans sa vie et sa vue exceptionnelle avec Emile, un chirurgien. Pourtant, une ombre s’obstine à assombrir son existence : jamais il n’est parvenu à oublier cette paternité manquée, qui l’obsède jusqu’à l’en rendre malade.
Ce bref roman est construit sur des coïncidences impossibles. Curieusement, cela importe peu, tant il est porté par le canon à trois voix de ses personnages, David, Emile et leur jeune voisine Clarice. Contraints aux choix décisifs que la vie réserve, ceux-ci restent déchirés par les possibles entrevus et à jamais perdus, par ces pages qu’ils croyaient tournées et qui continuent à les empoisonner de regrets d’autant plus pernicieux qu’ils ont cru pouvoir les oublier. Tous trois gravitent autour d’un amour qui leur a parfois manqué enfants et qu’ils continuent leur vie durant à rechercher comme des papillons attirés par une lampe, dans une quête affective douloureuse, mais irrépressible. Alors, touché et saisi par le réalisme de leur présence, on en oublie les improbables hasards qui réunissent leur triangle autour du même absent.
Le style est sobre, aucun sentimentalisme ne vient brouiller le texte qui, pourtant, n’est qu’émotion subtilement suggérée : celle-ci parvient, en quelques traits simples, à dessiner l’âme des personnages et à leur donner une saisissante consistance. Et l’on reste confondu par ce récit express, qui, en si peu de pages, réussit à concentrer tant de sensibilité et d’intensité.