En cours de chargement...
" Jean Mattern nous permet avec subtilité d'appréhender ces vies perdues, ces vies qui auraient pu être différentes. " Page des libraires David déserte Londres quand la femme dont il s'apprêtait à adopter le petit garçon le quitte. Il s'installe à Paris dans un appartement avec une grande baie vitrée sur la Seine. Lorsqu'un homme l'aborde sur un banc de l'île aux Cygnes, il accepte sans arrière-pensée de lui montrer sa vue exceptionnelle.
Vingt-cinq ans plus tard, David et Emile partagent une vie heureuse. Mais la courte période où il a failli devenir père se rappelle à lui comme un rêve obsédant... et le vertige le saisit. Jean Mattern est né en 1965 dans une famille originaire d'Europe centrale. Il vit à Paris et travaille dans l'édition. Il a publié quatre romans parmi lesquels le très remarqué Le Bleu du lac.
J'ai beaucoup aimé
Quitté par la femme dont il était sur le point d’adopter l’enfant, David s’est réfugié à Paris, dans un appartement avec vue panoramique sur la Seine. Le temps a passé. Désormais quinquagénaire, il partage depuis vingt-cinq ans sa vie et sa vue exceptionnelle avec Emile, un chirurgien. Pourtant, une ombre s’obstine à assombrir son existence : jamais il n’est parvenu à oublier cette paternité manquée, qui l’obsède jusqu’à l’en rendre malade.
Ce bref roman est construit sur des coïncidences impossibles. Curieusement, cela importe peu, tant il est porté par le canon à trois voix de ses personnages, David, Emile et leur jeune voisine Clarice. Contraints aux choix décisifs que la vie réserve, ceux-ci restent déchirés par les possibles entrevus et à jamais perdus, par ces pages qu’ils croyaient tournées et qui continuent à les empoisonner de regrets d’autant plus pernicieux qu’ils ont cru pouvoir les oublier. Tous trois gravitent autour d’un amour qui leur a parfois manqué enfants et qu’ils continuent leur vie durant à rechercher comme des papillons attirés par une lampe, dans une quête affective douloureuse, mais irrépressible. Alors, touché et saisi par le réalisme de leur présence, on en oublie les improbables hasards qui réunissent leur triangle autour du même absent.
Le style est sobre, aucun sentimentalisme ne vient brouiller le texte qui, pourtant, n’est qu’émotion subtilement suggérée : celle-ci parvient, en quelques traits simples, à dessiner l’âme des personnages et à leur donner une saisissante consistance. Et l’on reste confondu par ce récit express, qui, en si peu de pages, réussit à concentrer tant de sensibilité et d’intensité.