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Perdu dans Jérusalem, le narrateur se maudit de n'avoir su refuser le voyage organisé que lui a offert son neveu à l'occasion de ses cinquante ans. Tout l'agace, à commencer par le groupe de touristes avec qui il est contraint de se déplacer, lui le célibataire endurci qui n'aime rien tant que le calme de sa petite librairie à Bar-sur-Aube. Au moins se félicite-t-il, à la vue de tous les ultra-orthodoxes arpentant la Via Dolorosa, que ses arrière-grands-parents aient atterri en France après avoir quitté leur shtetl ukrainien.
Mais Robert Stobetzky est également très troublé : dans une silhouette familière, il croit avoir reconnu la jeune femme avec qui, l'été 1969, il a vécu trois semaines de bonheur intense sous les toits parisiens. Vingt-six ans plus tard, il comprend, à la violence de son désarroi, qu'il ne s'est jamais remis de leur rupture. Pour tenter de surmonter ce nouvel abandon, l'orphelin dont les parents sont morts tous deux alors qu'il n'avait que onze ans était parti s'installer en Champagne.
Errant dans Jérusalem, cet homme désormais au mitan de sa vie se remémore ses années de solitude, éclairées par la lecture et la révélation de la musique, quand la Suite en do mineur de Bach, entendue par hasard à la radio, l'avait littéralement foudroyé. Sans doute lui fallait-il le fantôme de Madeleine, entrevu dans cette ville toute pétrie de passée pour accepter enfin de remonter le fil de son existence.
Un roman délicieux et triste…
Pour ses cinquante ans, Robert Stobetzky est parti faire un voyage organisé en Israël.
Dieu sait qu'il n'avait pas du tout envie de ce voyage, mais c'est son neveu Émile qui a payé, et s'est occupé de tout, Robert n'a pas voulu lui faire de peine…
À Jérusalem, les touristes se prennent pour Jésus, Mohamed ou un autre prophète. Dès sa première sortie, il perd le groupe avec lequel il a quitté l'hôtel. Soudain, en déambulant dans les rues étroites, il est persuadé de l'avoir reconnue dans la via Dolorosa. Vision furtive, mais il est sûr que c'était bien elle, Madeleine. Comment faire pour la retrouver avec toute cette foule ?
Vingt-six ans qu'il ne l'a pas revue.
Trois semaines de bonheur intense, puis une séparation brutale qui laisse Robert complètement dévasté. Juste un petit mot avant de le quitter, “Tu comprendras un jour, sois heureux”.
“Suite en do mineur”, c'est l'histoire de cet homme défait, incapable de se reconstruire, et là, vingt-six ans plus tard, tout lui revient à l'esprit. Pourquoi ?
Lorsqu'il décide des années plus tôt de prendre des cours de musique, c'est par le violoncelle que Robert est attiré. Son professeur, Johann, qui deviendra son ami, disparaît aussi du jour au lendemain.
Le seul plaisir que la vie lui a offert, c'est ce lien qu'il est arrivé à construire avec son neveu Émile, avec qui il nouera une relation très profonde autour de la littérature, et qui vient lui donner tous les samedis un coup de main dans sa librairie. La vie de Robert est difficile et pèse sur ses épaules…
Je découvre Jean Mattern avec ce roman particulièrement sensible.
Alors qu'habituellement, je n'aime pas spécialement les phrases trop longues dans les romans, ici au contraire, elles se justifient, et donnent véritablement un sens au récit, accentuant même une certaine tristesse présente dans tout le récit. Je me suis laissé porter et Jean est arrivé à m'emmener dans son histoire triste et agréable.