Mosaïque fine, savoureuse et enfiévrée d'une jeunesse aux contours multiples, tiraillée de toute part, famille-religion-héritage-classes sociales, qui regarde ses idoles et l'âge d'or, accrochés aux murs, la tête bondée de rêves, d'entre-deux qui agitent les questionnements comme les désirs de lendemains.
C'est des existences à tracer, des fiertés à porter, les souvenirs des tontons, entre le Sénégal et la France, cette vieille amante.
Un roman en forme d'hommage bouillonnant à une ville, excessive, belle et folle, comme le miroir tendu d'une modernité où trouver sa place.
C'est
Dakar qui vibre de tous ses pores, ses rues criardes, suintées de poussières, sa modernité complexe qui embrasse les traditions et la voix des griots. Ses héritages pesants qui traversent les entrailles brûlantes et sans fin de sa toile, de Pikine aux plages de la corniche.
C'est un plat de Thiep qu'on partage, moqueur, les fesses posées sur une chaise-plastique-fanta-orange, en attendant les nuits chargées d’électricité, en fond les basses du Super étoile de Dakar qui résonnent parmi les oiseaux d'nuit.
Définitivement vivant, cadencé des mots d'une langue jouissive, gorgés de sociologies qui débordent et pétillent, des qui cherchent à s'extraire.
Tibi la blanche, la classe du wax,
Un souffle épicé, de désir et de liberté.
La fin de l'innocence
-"C'est quoi qui est beau ?"
Voilà sans doute le livre le plus dépaysant de cette rentrée bien que la France ne soit jamais très loin. Mais cette fois, on est de l'autre côté et rester au pays est une option sérieuse quand on a dix huit ans, le bac avec mention, une appartenance et un visa facile. Et avant de partir, il y a un deuil à faire, celui de Dakar. Une ville présente à chacune de ces pages et incrustée dans le caractère et l'histoire de Rigobert Coly dit Neurone, Issa Sow, Tibili Kanté. Une tronche, un styliste, une fille au caractère bien trempé, trois enfants du pays. Solinké, peul, à chaque maison ses démons et son histoire avec la France et l'importance. Il n'est pas encore tout à fait temps de tirer toutes les leçons adultes du Thiep mais voici venu le temps de dire au revoir aux amours d'enfance, aux amitiés de lycée, aux folies familiales et d'imiter d'un pas de danse la statue de la Renaissance Africaine. Un pur bonheur. Un aller simple pour Dakar.