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La Dispute de l'ère Jôô naît au milieu du XVIIe siècle japonais comme une querelle scolastique tournant, notamment, autour de l'interprétation de la Terre pure : ce domaine du Buddha Amida existe-t-il réellement à l'ouest de notre univers ou ne se trouve-t-il pas plutôt dans le coeur même du pratiquant, comme le soutient le Zen ? Réglée à travers la Réfutation publiée à cette occasion par Ryônyo, le 13e patriarche du Honganji, la querelle doctrinale se doubla d'une crise institutionnelle entre ce temple et le Kôshôji, sa principale dépendance.
D'abord interne à l'Ecole véritable de la Terre pure (Jôdo-Shinshù), la Dispute de l'ère Jôô fut finalement tranchée par les autorités shôgunales en faveur du Honganji, qui devint un rouage capital dans la politique de surveillance de la vie religieuse du Japon pour les deux siècles à venir. Ce livre aborde la Dispute de l'ère Jôô sous une double perspective doctrinale et historique à partir des sources originales, tout en offrant la première traduction occidentale de la Réfutation de Ryônyo.
Il retrace ainsi la genèse d'une véritable scolastique au sein du Jôdo-Shinshô, ainsi que le développement de l'interprétation immanentiste de la Terre Pure depuis la Chine du VIIe siècle. Il tente aussi de débrouiller les tenants et aboutissants du conflit né entre le Honganji et le Kôshôji, dont les moindres ne sont pas les liens familiaux étroits entre ces deux temples, l'aristocratie impériale et la nouvelle oligarchie shôgunale.
Au final, le lecteur découvrira que l'Ecole véritable de la Terre pure se présentait au XVIIe siècle comme une école sophistiquée, tant sur le plan doctrinal qu'institutionnel, loin du cliché occidental qui veut faire d'elle un bouddhisme vulgaire en l'opposant à l'élitisme du fameux " "Zen des samouraïs".