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"J'ai aimé passionément ce livre pour l'esprit et la liberté qui le guide. C'est comme si Jean Teulé avait joué l'alphabetblues des voyelles de Rimbaud sur la trompinette de Boris Vian". Jean Vautrin J'ai aimé passionément ce livre pour l'esprit et la liberté qui le guide. C'est comme si Jean Teulé avait joué l'alphabetblues des voyelles de Rimbaud sur la trompinette de Boris Vian. A chaque chapitre s'ajoute une couleur.
La poésie est une angoisse fondue qui tourne parfois au fou rire. Robert se prend pour Rimbaud. Il a trente-six ans. Des yeux de porcelaine/. C'est un type dans les deux mètres, avec des cheveux copeaux sur la tête. Il a toujours habité Charleville-Mézières, une maison de silence. Il a appris à respirer l'air du large, enfermé dans une armoire. Au coeur du bois il a gravé le mot "bateau". Isabelle est standardiste à la SNCF.
Elle se prend pour un buisson d'aubépines. Entre eux s'embrase le feu bactérien. Même un borgne appelerait cela l'amour. La jeune fille essaie d'apprendre au puceau les mais et les corps qui se donnent en réponse. Robert, ses voix sont ailleurs, sorties des pages d'un volume de la Pléiae. Impérieusement, c'est Rimbaud qui commande. Sous un soleil de feu, ivres zigzags au travers d'une Afrique non conforme, Isabelle le suit jusqu'à l'heure extrême de la mort arc-en-ciel.
Jean Vautrin
Un enfant qui ne voulait pas grandir, un rêveur déçu par la réalité,
La lecture a bien commencée, j'ai ri en lisant les premières lignes. Et j'ai tellement retrouvé des "repères familiers"... Pas les miens, je dois dire ici que j'ai un frère qui a vécu chez mes parents jusqu'à l'age de 34 ans... Je me doute de l'enfer que cela a dû être pour lui et je comprends Robert... Mon frère pourrait mieux que tous comprendre Robert !
J'ai donc très bien compris pourquoi ce grand garçon de 36 ans se réfugie dans son armoire-bâteau et dans les écrits de Rimbaud ! Que c'est dur d'être un adulte à une place d'enfant, ne pas avoir pas quitter le domicile familial, n'avoir pas pris son envol, de n'avoir pas vécu sa prore vie...
Cet extrait est révélateur :
"Le père de Robert ne comprends pas. Le père de Robert dit :
- Mon fils est un con.
Où est sa place ? Au milieu de ses parents déçus et aigris, cet homme connaissant par coeur Rimbaud est "Comme un gamin entiché d'un chanteur, quoi ! A 36 ans." comme le dit si bien son père !
Un grand adolescent... avec certainement une puberté douloureuse, comme Rimbaud, il ne s'est pas insurgé contre l'autorité parentale, emprisonné dans ce corps hors norme (une queue de cheval rouge, 2m10)... il se réfugie dans son armoire-bateau... Il "vit" (survit) par procuration.
Son aventure commence lorsque son père décide de mettre en morceaux cet armoire-refuge... Robert décide alors de quitter son quotidien, de quitter sa prison, de partir en voyage. Il appelle la sncf et tombe sur Isabelle qui a fort affaire avec son buisson d'aubépines installé sur son balcon...
Symbolisme de l'Aubépine : L'aubépine est la plante du cœur par excellence.
Ici elle est considérée comme dangereuse voir toxique...
Robert, Je est Rimbaud ! Son voyage hors du domicile familial , une folie... C'est un enfant-adolescent à la découverte d'un monde qui lui est inconnu, Isabelle suit Robert dans cette quête d'identité, ou plutôt sur les traces de Rimbaud = une fugue, une fuite... Robert découvre l'amour et le monde... Les illuminations de Robert en parallèle de celles de Rimbaud... Il est bien démuni face à tout cela , ses seuls repères : Rimbaud, son arme : la Pleiade !
J'ai beaucoup aimé ce livre, j'aime beaucoup l'écriture de Jean Teulé, c'est le 2ème ouvrage de lui que je lis (j'ai lu "Mangez-le si vous voulez"). Adolescente, je lisais Rimbaud, pas comme le fait Robert : Arthur Rimbaud représente l'enfance perdue, l'enfant qui n'a pas réussi à trouver sa place d'adulte, l'homme qui a essayé de se trouver et qui s'est perdu... Un enfant qui ne voulait pas grandir, un rêveur déçu par la réalité, un spectateur de la vie ne sachant vivre celle-ci.