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"Peu après la sortie de mon premier roman, Le coeur cousu, une lectrice m'a raconté une coutume espagnole dont j'ignorais l'existence : dans la sierra andalouse où étaient nées ses aïeules, quand une femme sentait la mort venir, elle brodait un coussin en forme de coeur qu'elle bourrait de bouts de papier sur lesquels étaient écrits ses secrets. A sa mort, sa fille aînée en héritait avec l'interdiction absolue de l'ouvrir.
J'ai métamorphosé cette lectrice en personnage. Lola vit seule au-dessus du bureau de poste où elle travaille, elle se dit comblée par son jardin. Dans son portefeuille, on ne trouve que des photos de ses fleurs et, dans sa chambre, trône une armoire de noces pleine des coeurs en tissu des femmes de sa lignée espagnole. Lola se demande si elle est faite de l'histoire familiale que ces coeurs interdits contiennent et dont elle ne sait rien.
Sommes-nous écrits par ceux qui nous ont précédés ? Il faudrait déchirer ces coeurs pour le savoir... ". Carole Martinez, formidable conteuse, libère ses personnages morts et vivants et nous embarque à leur suite dans un monde épineux où le merveilleux côtoie le réel et où poussent des roses fauves.
Le désir en héritage
En ouvrant le cœur cousu de son aïeule, Lola est submergée par les souvenirs de cette femme et s'ouvre au désir et à la passion qui se transmettent de femmes en femmes dans sa famille.
Comme toujours chez Carole Martinez, on oscille entre le réel et le fantastique et on ne sait jamais complètement à quel moment on bascule de l'un à l'autre.Grâce à ses talents de conteuse, elle nous parle de transmission et d'héritage familial mais aussi d'apprentissage du désir et de la sensualité. C'est sauvage, poétique et ça nous embarque totalement.