Matheo, treize ans, fils d’un couple divorcé, entraîne son ami Mathis sur une mauvaise pente. En proie à ses propres soucis, la mère de Mathis ne prend pas suffisamment conscience du danger. La seule personne à s’alarmer est une professeur du collège : elle-même victime de violences parentales dans son enfance, elle suspecte l’environnement familial de Matheo.
L’auteur déroule son histoire de façon tellement sobre et lapidaire qu’elle vous laisse assommé et sans voix, impressionné par son réalisme si parfait qu’il vous en semble vraiment connaître les protagonistes.
Alignés sans aucun pathos ni jugement, les faits n’en deviennent que plus implacables et soufflettent le lecteur de leur brutalité sans fard, lui laissant à peine le temps de respirer dans cette sombre glissade vers on ne sait quel redoutable dénouement.
Peut-être plus que le drame qui menace, ce sont les interactions entre les personnages qui construisent tout l’intérêt du roman : Delphine de Vigan a réussi à restituer toute la complexité et la profondeur de ces êtres humains, comme emberlificotés dans la toile d’araignée de leur vécu, qui influence leurs perceptions et leurs agissements. Ici, ni voyeurisme, ni sentimentalisme, ni condamnation, mais l’observation fine et précise des processus et des motivations qui sous-tendent les comportements humains.
Admirable de concision, de sobriété et de délicatesse, ce récit parvient en quelques traits à restituer l’âme de ses personnages, nous amenant à comprendre toute la complexité cachée derrière les apparences, et, surtout, les subtiles et invisibles interactions entre notre passé et le présent. Un bien joli roman qui démontre l'indéniable talent de son auteur.
Les revers de la loyauté.
Une nouvelle fois c’est l'enfance que Delphine de Vigan décide d’aborder dans ce récit aux multiples points de vue : Théo, Mathis, Hélène et Cécile.
Traumatisée par une enfance difficile, Hélène possède un sixième sens pour déceler les secrets des personnes qui ont souffert comme elle. Institutrice le cas de Théo, 12 ans et demi, l’interpelle : aurait-il si jeune des problèmes d’alcool ?
La loyauté envers ses racines pousse-t-elle parfois à s’autodétruire ?
Se taire ou réagir, voici une question qui hante notre quotidien.