No et moi plonge le lecteur dans le monde de Lou Bertignac, une adolescente surdouée qui nous fait découvrir son monde: sa vie de famille - compliquée depuis un drame survenu plusieurs années auparavant - ses expériences et observations sur la vie, Lucas, l'école... Un jour, elle se voit obligée de faire un exposé devant sa classe, épreuve qu'elle redoute plus que tout. C'est ainsi qu'elle va rencontrer No, une fille à peine plus âgée qu'elle qui vit dans la rue. Lou décide alors de la sauver, à n'importe quel prix.
Cette histoire est extrêmement touchante et traite le sujet des
sans-abris d'un point de vue inhabituel: celui d'adolescents. Les personnages principaux ont tous une quinzaine d'années - 13 ans seulement pour Lou - et se posent des questions sur la vie qui attendrissent le lecteur. En même temps, la réalité d'adolescent "normal" est confrontée à celle bien moins rose de No. Avec une telle histoire, on aurait pu s'attendre à un contraste exagéré (d'un côté une sans-abri et de l'autre côté une enfant gâtée), mais ce n'est pas le cas. Lou a elle aussi ses problèmes, et comme nous le verrons, être surdouée et se poser tant de question n'est pas toujours facile. De ce point de vue, Delphine de Vigan a trouvé le juste milieu, de manière que les personnages ne paraissent pas - trop - "clichés".
Le style d'écriture est simple, facile et agréable à lire. Il est parfaitement adapté aux adolescents mis en scène, car il ne faut pas oublier que même si elle est surdouée, Lou est encore très jeune. Ainsi, nous découvrons les problèmes habituels et les questions typiques qu'une adolescente de son âge peut avoir: l'école, les relations amoureuses, les amis. Elle a pourtant également d'autres problèmes, qui eux ne sont pas de son âge: tout d'abord la dépression de sa mère suite au drame qui s'est déroulé plusieurs années auparavant, et ensuite No.
La relation entre les deux adolescentes est bouleversante. D'un côté, Lou ne demande qu'à apporter son aide, mais de l'autre côté, No n'a pas l'habitude de faire confiance. D'à peine quelques mots impersonnels échangés au début, leur amitié se développera petit à petit, avec ses hauts et ses bas.
La fin du roman m'a surprise et, je dois l'avouer, un peu déçue. Je n'attendais rien d'utopique, mais de trop nombreuses questions subsistent à mon goût. C'est toutefois un livre qui vaut vraiment la peine d'être lu dès l'adolescence et qu'on ne lâche pas jusqu'à la fin - qui arrive d'ailleurs de manière assez inattendue...
"Nous sommes de toutes petites choses."
La jeune Lou Bertignac n'a aucun lien avec le chanteur mais elle se suffit à elle-même pour ressortir du lot : petite surdouée dans une famille brisée, elle tente de trouver sa place entre l'école et la maison. Un peu par hasard, elle se donne pour sujet d'exposé "les femmes de la rue" mais elle ne pensait pas vivre grâce à ça une expérience sensible et marquante à vie.
À travers les témoignages de No, c'est tout un monde d'invisibles ou plutôt d'ignorés, entre la Gare d'Austerlitz et les rues parisiennes, que le lecteur découvre aux côtés de Lou. L'amitié qui lie peu à peu les deux jeunes filles renforce le souhait que tout aille bien de nouveau pour elles, que tout puisse se réparer si on s'en donne la chance.
Delphine de Vigan offre de nouveau un condensé de réalisme, des mots justes pour retranscrire des maux injustes, les larmes d'empathie alternant avec les sourires d'espoir. Ce livre comme son histoire est une rencontre qui, qu'importe la fin, ne sera pas regrettée.