En cours de chargement...
À découvrir
Mon avis sur le dernier livre de Pierre Lemaitre, encensé par la plupart des critiques et présent sur de nombreuses sélections des prix littéraires, est vraiment mitigé. Certes, l’auteur est un excellent "faiseur d’histoires" ; on est bien diverti et/ou touché par cette aventure rocambolesque qui met en scène deux anciens soldats de la première guerre mondiale tentant de se réinsérer dans la société après le conflit. Pour être gentil, je dirais même qu’un certain souffle romanesque parcourt le récit très généreux en séquences émotives et en péripéties rocambolesques,
un peu à la manière d’un Alexandre Dumas par exemple. Cela est d’autant plus important de le souligner qu’en France, peu d’écrivains s’essaient à cette tradition littéraire du roman feuilleton qui vise à captiver le lecteur de bout en bout.
Malheureusement, si l’intention est louable le résultat final n’est guère à la hauteur… La faute à une écriture plate et maladroite, à l’image du narrateur Albert Maillard. Le style de l’auteur est assez catastrophique et nous gâche le plaisir de la lecture. Le roman contient certaines bonnes idées (notamment celle brillante des masques d’Edouard Pericourt) qui ne sont hélas pas assez exploitées ; l’intrigue principale est plus convenue et moins accrocheuse, c’est dommage ; l’épilogue en forme de "comment finissent nos héros ?" est assez maladroite mais constitue par contre un synopsis idéal pour un potentiel futur film.
Un roman dit populaire (comme je déteste cette catégorisation !) ne doit pas forcément rogner sur la qualité littéraire, bien au contraire – sauf à prendre les gens pour des débiles. En ce sens, pour moi, Au revoir là-haut est un mauvais roman populaire. Et l’incursion de Pierre Lemaitre, écrivain de polars, dans le domaine de la littérature générale n’est pas des plus réussies.
3 rescapés de la guerre 14/18.
3 destins ou rien en dehors de cette guerre aurait pu les rapprocher.
Henri, Albert et Édouard vont devoir se reconstruire en portant leurs fardeaux, si lourds parfois qu'il peut
vous consumer.
Un roman d'une grande sensibilité, surprenant et réussit.
Quand la guerre est finie,les survivants, de retour à la vie civile, sont rarement les bienvenus. C'est l'amer constat que font Edouard, atrocement défiguré, et Albert, psychologiquement anéanti, deux rescapés de cette immense boucherie que fut la guerre de 14-18. La Patrie fort peu reconnaissante préférant honorer ses morts plutôt que de s'occuper des vivants, ils vont décider de se venger.
Avec une gouaille inimitable, Pierre Lemaitre mêle émotion, cynisme et humour noir pour nous offrir ce très beau roman, qui est aussi une attaque en règle contre ceux qui sont prêts à faire
du business en toutes circonstances, même avec les morts.
Tout commence dans les tranchés, c’est la Grande Guerre, une dernière bataille inutile. Deux hommes voient leurs destins profondément bouleversés à quelques jours de l’armistice. Suivra un difficile retour à la vie civile d’autant plus que l’un d’eux a été horriblement mutilé au visage. Je m’attendais à une grande histoire de vengeance mais non, pas du tout ! On parle ici des traumatismes de la guerre et de l’accueil réservés aux poilus après le conflit. Au revoir là-haut ce sont des personnages puissants, une plongée dans la France de 1918 et une dimension sociale qui ajoute encore à l’intérêt de ce roman bouleversant que je n’ai pas lâché jusqu’à la dernière page. Une incontestable réussite couronnée par le Goncourt 2013.
J'ai été enthousiasmé par ce roman du début à la fin; cette petite description des atrocités de ces guerres dont on n'a pas vraiment conscience aujourd'hui et si longtemps après; parfois quelques répétions inutiles; mais très prenant dans l'ensemble à tel point que je n'arrivais plus à le déposer; il faut aimer la fiction. A recommander vivement.
Page de ma chronique:
http://www.leslecturesdelily.com/2015/07/au-revoir-la-haut-ecrit-par-pierre.html
Extrait de mon avis:
Au revoir là-haut, est un très bon et très beau livre.
Loin de mes lectures habituelles, j'aurais pu ne pas du tout accrocher, car je ne suis tout simplement pas une grande adepte des lectures historiques ni des prix littéraires quels qu'ils soient, mais là la plume de l'auteur qui est juste irréprochable m'a complètement transportée en 1918 dans l'après-guerre et j'ai vraiment beaucoup aimé être témoin de la reconstruction et de l'évolution de ces deux
soldats (Édouard et Albert), qui sont tous les deux en première ligne dans cette histoire.
Si ce roman vous tente, vous découvrirez quelle terrible arnaque nos deux compères ont mise en place et pourquoi l'ont-ils fait, quant à la fin... J'ai eu le cœur serré et je suis sûre que vous l'aurez aussi.
À tous ceux qui vont prochainement se lancer dans ce roman de Pierre Lemaître, je vous souhaite une très bonne lecture.
Recherche écrivain nommé pierre Lemaire. auteur de plusieurs thrillers de belles factures. Aux dernières nouvelles il a été aperçu au fond d'un trou d'obus avec 30 cm de terre au dessus de lui et il ne peut bouger. Si qq le retrouve, priere de le ramener d'urgence aux éditions du livre de poche collection thrillers. Sa famille l'attend. Peut être y retrouvera t il style qualité de narration et de construction complètement perdues dans les tranchées. Merci de votre aide.
J'ai enfin trouvé le temps de lire le prix Goncourt que j'avais deviné et annoncé un mois avant son obtention.
J'étais curieux de découvrir comment Pierre Lemaitre, grand écrivain de polar, allait devenir un romancier incontournable. Et le moins que je puisse dire, c'est que je n'ai pas été déçu!
Une mini critique: la longueur du roman. Par moment, j'ai lu en diagonale du fait des lenteurs et des redites.. 50 à 100 pages de moins étaient certainement jouables.
Mais pour l'essentiel, quel roman passionnant!
Raconter la fin de la 1ere guerre mondiale n'a rien d'évident, surtout
pour un néo-romancier. L'histoire d'Albert et Edouard est une réussite! On s'attache à ses deux soldats alors qu'on haït assez rapidement Henri Pradelle le capitaine. La façon dont l'auteur traite l'intrigue et la conclut est aussi passionnante qu'inattendue. La fin de la guerre, la démobilisation, la perte d'un être cher ou la vie d'après sont toutes parfaitement décrites.
L'atmosphère est prenante et souvent on a du mal à lâcher l'histoire.
Un roman incontournable! Un prix Goncourt amplement mérité et pour une fois très accessible.
Chapeau l'artiste!
2014 : quelle meilleure année d'anniversaire de la première guerre mondiale pour lire ce livre ?
Vous découvrirez la fin de la première guerre mondiale sous un autre angle. Celui de deux amochés mais rescapés qui tentent de se reconstruire ensemble.
Pierre LEMAITRE nous emmène au coeur du combat : celui des tranchées mais également le combat pour reprendre sa vie après cette terrible épreuve qu'à connue la France.
Triste quand il s'agit de la mort des soldats mais en même temps révoltée face aux actes inhumain de ce lieutenant Pradelle, joyeuse pour la rencontre entre ces
deux anciens combattants et à la fois amer quand on pense à tous ceux qui n'ont pas été punis pour leurs actes immondes, voici ce que j'ai pu ressentir à la lecture du Goncourt de 2013 (prix amplement justifié).
En résumé, un livre à lire absolument que vous aimiez l'histoire ou non.
Nous avions eut des grands romans sur la Guerre de 14-18, nous avons maintenant Le Grand Roman de l'après-guerre.
Se plaçant dans toutes les couches de la société, l'auteur décrit non seulement le chaos de la démobilisation, mais également le monde nouveau qui s'ouvre aux ambitieux de tout poils.
J'avais toutefois espéré un vrai méchant en la personne de Pradelle, un genre de psychopathe patibulaire. Légère déception.
En revanche, le personnage d'Edouard n'a cessé de m'intriguer et de me plaire, allant jusqu'au bout de la destruction.
Quelques phrases à l'accent céliniens
m'ont faites sourire, mais l'auteur retrouve vite la plume qui a fait son succès.
L'image que je retiendrai :
Celle des masques d'Edouard, de plus en plus travaillés et détaillés, à la limite du Grand Guignol.
Une citation :
"Même les grandes joies vous laissent un peu de regret, il y a un fond de manque dans tout ce qu'on vit." (p.283)
Albert et Edouard qui formeront le binôme principal du roman se rencontrent dans les tranchées en novembre 1918. Jusque-là, même s’ils ont fait partie du même corps d’armée et se sont croisés, ils n’ont pas fraternisé. Pourtant, alors que la guerre touche à sa fin, le second va sauver le premier et ils en seront tous deux marqués à vie : par un lien indéfectible qui les unit, à leurs corps défendant, par les stigmates physiques d’Edouard et ceux psychologiques d’Albert.
Edouard et Albert vont se retrouver après la guerre, anonymes parmi les héros oubliés de cette
boucherie, et partager bon gré mal gré un projet fou d’arnaque pour s’enrichir et fuir vers une nouvelle vie plus dorée. Si en plus elle permet à Albert de se venger du gradé, Henri, responsable de leur sort commun.
En dehors du montage et de la réalisation de leur arnaque, Edouard et Albert rassemblent tout ce qui reste de la guerre : un relent putride mêlé de haine, de rancœur et d’oubli. D’oubli d’abord parce la France de l’après-guerre s’attache plus à honorer ses morts qu’à célébrer ses héros, glorieux ou non, ces soldats revenus souillés, amochés, abîmés et à jamais perdus, parce qu’il faut bien passer à autre chose, tourner en quelque sorte la page. De rancœur ensuite de ces soldats qui pensent que la société a une dette éternelle envers eux, qu’elle ne doit pas, qu’elle ne peut pas tourner la page parce que ce serait ignorer le sacrifice rendu à la Patrie. De haine enfin incarnée dans celle développée par Edouard envers Henri, son bourreau du champ de bataille qu’il craint mais dont il rêve de se venger.
« Au revoir là-haut » porte tout cela entre ses lignes mais, chassez le naturel il revient au galop, on sent que Lemaître vient du polar quand même. Il ne s’agit certes pas d’une enquête mais il relie astucieusement tous ses personnages entre eux : Edouard est le frère de la future femme d’Henri, l’ennemi d’Albert, par exemple. Il va se faire recruter par le père d’Edouard ce qui lui permettra de financer son arnaque…
Il y a deux choses qui frappent au cours de la lecture de ce très bon roman.
Tout d’abord, il n’y a pas de « bon » personnage. Chaque protagoniste a un truc, plus ou moins lourd, à porter sur sa conscience. Edouard et Albert, a priori les plus nobles au démarrage du livre, se trouvent pervertis par la guerre et sombrent dans la malversation la plus diabolique parce qu’elle est un cercle vicieux qui va toujours plus loin : d’abord par nécessité pour trouver de la morphine à moindre coût, ensuite pour prendre une revanche sur la vie, par volonté de nuire à ceux qui n’ont pas connu directement la guerre. Henri est une crapule du début à la fin du livre : il est pervers de bout en bout et rien, pas même ses atermoiements vers la fin, ne pourra ressembler à de la rédemption, pas même sa chute. Sans parler de ses magouilles dans le cadre du marché des cimetières militaires construits pour accueillir les dépouilles des soldats français déterrés sur les champs de bataille. Madeleine, sa femme, sous des dehors effacés de femme du début du siècle, est une calculatrice patentée au détriment de son mari. Le père de Madeleine et d’Edouard est à la tête d’une entreprise florissante, semble avoir tout réussi sauf sa vie d’homme et de père.
Ensuite, l’idée que la guerre finit par rattraper tout le monde. Personne, qu’il soit allé au front ou qu’il soit resté à l’arrière ou au civil, n’échappe à la guerre. Edouard et Albert sont des victimes directes et immédiates, Madeleine et son père sont des victimes collatérales assez immédiates, Henri est une victime (terme tout relatif le concernant) directe en sursis. Il en va ainsi aussi du fonctionnaire qui va procéder aux inspections des chantiers de récupération des corps des soldats destinés à intégrer les cimetières militaires créés à cet effet. Alors qu’il a passé une vie de fonctionnariat noyé dans la masse, qu’il approche de la retraite et que la guerre s’est résumée pour lui à une gestion des stocks alimentaires, la guerre va en quelque sorte lui éclater au visage à travers les morts lamentablement et littéralement profanés par Henri.
Si ce n’est pas LE roman de la rentrée littéraire (aurait-il eu le Goncourt si nous n’étions pas à l’approche du centenaire de la guerre de 14 et s’il n’en avait pas parlé ?) ni de la guerre de 14, la structure du livre est parfaitement maîtrisée, alternant les récits d’Edouard et d’Albert, de Madeleine et de son père, d’Henri… Le style de Lemaitre est particulièrement judicieux et sert son propos admirablement : un style direct, proche du franc parlé qui interpelle directement le lecteur comme si nous assistions à la représentation d’un conteur. Un très bon moment qui ne laisse pas indifférent et dont l’humour n’est pas absent.
A la lecture de ce livre, après la guerre et ses horreurs, on se rend compte que pour la majorité de ces poilus, le combat est loin d'être terminé et il continue dans la vie civile.
Et là, se jouent des arnaques à différents niveaux, même si c'est toujours au détriment du souvenir de tous ces soldats morts pour la France. Il y en a de plus amorales et plus abjectes que d'autres où l'on se surprend à être plus indulgents.
Bon roman où chacun se bat pour vivre ou survivre avec ses cicatrices physiques et/ou psychiques au sortir de cette Grande Guerre.
Fin de la première guerre mondiale, à quelques jours de l'armistice, l'unité d'Albert Maillard se lance à l'assaut de l'ennemi. Au milieu de la boucherie Albert se rend compte que les deux soldats tués par les allemands et cause de cette offensive ont en réalité été tués par derrière par leur capitaine. Celui-ci se rend compte que son crime a été découvre et essaie de se débarrasser du témoin gênant en le poussant dans un trou d'obus qui sera bientôt recouvert par l'explosion d'une autre bombe. Albert ne doit son salut qu'au courage d'un des ses camarades qui le déterre
avant mais est grièvement blessé peu après.
Le roman raconte la démobilisation et comment ces deux hommes se sont arrangés pour vivre avec leurs traumatismes (le compagnon d'Albert devient en fait une gueule cassée). L'atmosphère de cette période et le cynisme des profiteurs d'après-guerre sont dépeint avec un humour féroce et un sens de la description très aiguisé qui nous font vivre cette période comme si on l'avait vécue.
J'avais un peu d'appréhension à découvrir Pierre Lemaitre auteur de roman particulièrement parce j'adore ses livres policiers. Mais là aucune déception, une histoire où il ne manque rien, un récit bien écrit, très étonnant, des personnages construits, complets, tout, je me souviendrais longtemps de cette oeuvre. J'apprécie d'autant plus que de nombreux faits historiques m'auraient échappés sans cette lecture. Le Goncourt est mérité.
Nous sommes le 2 novembre 1918, les troupes attendent dans les tranchées cette fin de guerre annoncée. Mais le lieutenant Henri D’Aulnay Pradelle veut gagner un dernier combat, il envoie donc son bataillon à l’assaut de la côte 113. Pendant cette offensive, le soldat Albert Maillard est témoin d’une scène qu’il n’aurait pas du voir. Son lieutenant veut l’empêcher de parler en l’enfermant dans un trou d’obus creusé dans la terre. Il le laisse pour mort, enterré vivant, mais par chance un de ces collègues de camp, Edouard Péricourt, le sauve in extremis. Au cours de
ce sauvetage, le soldat Edouard Péricourt reçoit un éclat d’obus et augmente ainsi le nombre de gueules cassées de la grande guerre.
Cet épisode nouera entre les deux hommes une relation inévitable faite de reconnaissance, de protection et de rancœur.
Dans Au revoir là-haut, nous suivons le destin de ces trois hommes, des vies guidées par la reconstruction, la vengeance pour certains et la recherche de gloire, de fortune pour d’autres.
Dés les premières pages de ce roman, Pierre Lemaître inculque à son récit un rythme endiablé qui ne tarît pas tout au long de l’histoire, tant les rebondissements sont nombreux. Dans les derniers chapitres, on lit même ce roman comme un roman policier – premières amours de Pierre Lemaître-.
Au revoir là-haut nous propose un récit pas très moral où l’on s’interroge sur la limite entre le romancé et le réel. Par des mots simples et précis, des phrases rythmées, des descriptions réalistes, Pierre Lemaître fait que le lecteur voit, sent, ressent les péripéties de ces héros.
Un magnifique roman sur l’après première guerre mondiale à lire absolument.
Je dois avouer que lire le prix Goncourt est toujours un peu une corvée, une obligation à laquelle il faut se plier. Pour dire "je l'ai lu!". Si, si, soyons honnêtes, y'a de ça....tous les ans.
Et cette année, enfin ! enfin un vrai plaisir ! Enfin un bouquin qui a plus que mérité son prix.
Pas d'envolée lyriques malgré le sujet grave mais un roman très social qui montre la difficile réinsertion des poilus après le conflit. Des personnages attachants même dans leur médiocrité. Un vrai bon moment de lecture.
Les prix littéraires ont plutôt tendance à me faire fuir. En regardant les lauréats du prix Goncourt, je me suis pourtant rendue compte que j’en avais lu quelques uns. Et puis vint Pierre Lemaître. Que j’ai déjà beaucoup apprécié pour ces polars. Lorsqu’est sorti ce titre, j’ai tout de suite sauté sur l’occasion de le découvrir dans un autre registre. Et, avant même de l’ouvrir (vous connaissez les PAL), j’ai vu qu’il était en lisse pour le Goncourt 2013, qu’il a obtenu en novembre. Quelques jours après, je le sortais de la pile dans laquelle il menaçait de végéter
quelques mois de plus. Et cela aurait été dommage.
Disons d’entrée que j’ai mis plus d’une dizaine de jours à le lire. Certes, c’est un pavé de presque 600 pages, mais ce n’est pas pour cela. En fait, j’ai été perturbée par un changement d’ordre professionnel qui m’a pris beaucoup d’énergie. Je retournais à mon livre tous les soirs avec énormément d’envie et de plaisir à retrouver les personnages, mais à peine quelques pages plus loin, le livre me tombait des mains tandis que je faisais de même dans les bras de Morphée.
On peut dire que cette année, à l’occasion du 11 novembre, on aura beaucoup parlé de la guerre de 14-18. Mort des derniers poilus, crise justifiant le besoin de se rassembler et de s’unir… Avec le sujet de son livre, Pierre Lemaître tape pile dans le mille. Et pourtant, si les premières pages se déroulent bien en 1918, la fin de la guerre est proche. Albert n’est plus qu’à quelques jours de la fin du calvaire ; les bruits d’une signature de l’armistice enflent. Un dernier coup d’éclat voulu par le lieutenant d’Aulnay-Pradelle l’entraîne, lui et son camarade Edouard, au fin fond de l’enfer. Albert en ressort psychologiquement affaibli et redevable à Edouard, devenu une gueule cassée. Rideau. Et nous nous retrouvons en 1919. Tant bien que mal, ils doivent se réinventer une vie. Et faire face à ce qu’ils sont devenus.
En construisant son récit à la 3e personne, Lemaître devient un narrateur omniprésent et omniscient, au ton légèrement cynique. C’est qu’il connaît les règles qui ménagent le suspense et qu’il ne manque pas de s’en servir pour entraîner le lecteur dans les pas de ses anti-héros : Albert qui doute en permanence, s’angoisse et s’inquiète de tout ; Edouard qui ne se supporte pas ; et Pradelle dont les dents rayent le parquet (comme on dirait vulgairement de nos jours). L’écriture est vive et pourtant le récit montre un souci flagrant de documentation conséquente.
On déteste certains personnages, on compatit avec d’autres. Pourtant, aucun n’est tout blanc. Car les riches ne se privent pas d’écraser les autres, de retirer les lauriers d’une guerre dans laquelle ils ont mené des hommes à la boucherie. Qu’importent les morts, qu’importent les disparus, qu’importent les familles qui pleurent. Les revenants, quant à eux, ne sont précisément plus que des fantômes, l’ombre d’eux-mêmes. L’horreur des tranchées a pris leur humanité et ils ne sont absolument pas soutenus par ce pays qui leur a pris leur vie. Les personnages secondaires sont peut être les plus intéressants, entre une Madeleine fière, qui ne se laisse pas manipulée, un Péricourt qui découvre enfin, bien que tardivement, l’amour qu’il porte à son fils, ou encore un Merlin, petit fonctionnaire insignifiant et rabaissé qui n’hésite pas et fait preuve de bien plus de morale et de patriotisme que tous les autres réunis. A se demander si on ne préférerait pas que les survivants soient morts pour de bon, tellement ils sont encombrants. Au moins, on sait comment leur construire des monuments.
C’est un point de vue différent sur la Grande Guerre, sur la marchandisation des corps et des sépultures, qui ne peut que lever le cœur, mais qui en apprend beaucoup au lecteur sur cette époque. Le commerce avant tout.
Ça se dévore, ça se savoure. Ça se lit, tout simplement.
On met en avant les millions de morts de la guerre de 14/18 et on oublie trop vite les survivants de cet enfer, leur retour difficile dans la société.
Pas de temps mort dans ce roman qui prend aux tripes. On y retrouve de l'intrigue, de l'histoire, de l'émotion et de la fraternité,
Un vrai régal!!
[...]
Au-revoir là-haut est une œuvre magistrale qui semble avoir été écrite dans la colère. Cette œuvre raconte l’écœurante cupidité sans fin des hommes de pouvoir, celle plus pitoyable des misérables qui tentent juste de survivre. Ici, on fustige sans cesse l’auto-satisfaction, les mesquineries, les petitesses, l’égoïsme le plus pur. Même Albert, si bon et si doux, y passe, car il est traité comme il accepte de l’être : comme de la merde.
Cette œuvre parle aussi des femmes de haut rang, calculatrices, qui veillent à préserver leur lignée, et de ceux qui salissent
l’honneur de la famille parce qu’ils sont nés différents. Dans Au-revoir là-haut, la ressemblance avec l’œuvre d’Irène Némirovsky est troublante : on y retrouve l’ambition et le cynisme des hommes, les bourgeois comme les pauvres.
Et pourtant, dans ce texte violent, où l’injustice, l’honneur, l’amour-propre sont les premiers mobiles, on voit aussi les faiblesses de ces hommes, même s’ils sont pratiquement tous détestables. Albert, lui, est un personnage inoubliable, hyper attachant, parce qu’il semble avoir été écrit avec tendresse. Les personnages de cette trempe sont rares ; malgré tous les livres qui passent, ceux-là sont beaux, humains, drôles, pathétiques. Ils resteront figés dans le temps, dans une époque que les hommes veulent oublier, que plus aucun Poilu ne peut raconter. Il y a des choses qu’on ne comprendra jamais parce qu’on n’a pas vécu à cette époque, mais avec Au-revoir là-haut, on peut prétendre s’approcher, un peu, de ce que c’était.
Mais ce n’est pas tout, car il y a le style. Le narrateur se débarrasse des descriptions et épouse à chaque instant l’esprit et le corps de celui dont il parle, quitte à nous apostropher de temps à autre et à nous jouer de petits tours. L’effet est d’autant plus réussi qu’il s’adresse au lecteur contemporain. Tout y est : la maîtrise des temps de narration et d’action, du discours indirect, du rythme, à la fois lent et rapide, du langage oral. L’intrigue est habilement construite, nourrissant une tension constante (les mains crispées sur le livre au plus bas de la tourmente jusqu’aux cris de surprise quand rien ne va plus), et la fin est superbe. Tout est parfait, et pendant plus de 500 pages.
Bref, on en sort secoué, reconnaissant envers Pierre Lemaitre de nous faire découvrir la vie après les tranchées. Difficile, après ça, de plonger dans un autre livre sans craindre d’en être indifférent.
L'article entier sur mon blog :
http://www.bibliolingus.fr/au-revoir-la-haut-pierre-lemaitre-a103701370
La fin de la guerre 14/18 laisse parmi ses survivants des gueules cassées,des estropiés de la vie,des profiteurs....Les atrocités commises ne sont pas seulement le fait de l'ennemi:le lieutenant Pradelle n'hésite pas à sacrifier ses soldats pour obtenir les honneurs qu'il pense lui être dus.Albert et Edouard auront bien du mal à ne pas retomber sous ses griffes quand ils le recroiseront après guerre.
Tous les personnages de ce roman sont tellement bien campés qu'il m'est difficile de les oublier alors que j'ai lu d'autres bons livres depuis celui la.Tout ne finit pas bien qui finit
bien dans ce roman,comme dans la vraie vie.J'ai découvert une nouvelle facette de cet auteur que j'ai apprécié en lisant ses polars.Pierre Lemaitre
est vraiment un grand auteur
Tout commence sur un champ de bataille le 2 novembre 1918. Les soldats allemands ou français attendent l’armistice et ne se cherchent plus. Mais le lieutenant Henri d’Aulnay-Pradelle, un bel aristocrate " terriblement civilisé mais foncièrement brutal" veut un dernier coup d’éclat pour "regagner son rang dans l’échelle de l’aristocratie". Il envoie deux éclaireurs, les coups de feu claquent et la dernière bataille sera mortelle pour les éclaireurs et déterminante pour l’avenir de deux soldats, Albert Maillard et Edouard Péricourt.
Il ne faut pas trop en dire sur l’histoire
car, en bon maître du polar, Pierre Lemaitre sait nous tenir en haleine. Il a l’art de nous faire croire à certaines possibilités puis de retourner la situation. Et nous nous retrouvons dans "une situation explosive à allumage progressif".
Les personnages ont tous un trait de caractère imposant. Honneur, pouvoir, morale se débattent au sein des histoires de famille ou de corruption.
Les relations sont toutes complexes. Regrets, rancune, responsabilité que ce soit entre Albert et Edouard ou entre le père Péricourt et son fils.
L’auteur utilise la troisième personne pour ce récit ce qui lui permet de mieux analyser les réflexions des personnages, leur évolution mentale, de parfaire la mise en scène et de nous asseoir en première loge de ce grand spectacle.
Déjà largement accaparée par l’histoire et ses rebondissements, je me suis aussi fait cueillir par l’apparition épisodique d’ une opinion générale, d’ une note d’humour ou par d’un instant d’émotion.
Voici un Prix Goncourt largement mérité.
Prenez un maitre du polar français et mélangez le avec un sujet aussi passionnant que 14-18 et vous obtiendrez… un vrai bijou !
Listé sur toutes les sélections de prix littéraires, ce magnifique roman historique, aussi sombre soit-il, se lit avec un énorme plaisir tant le duo improbable formé par Albert et Edouard est attachant. Ces deux anti-héros, poilus rendus à la vie civile sans avenir, blessés et délaissés, nous font vivre les difficiles années de l’après-guerre, entre magouilles politiques et galères quotidiennes.
Lemaitre, avec verve et talent, nous entraine dans
cette satire sociale acerbe et sans pitié, digne des grands romans sur 14-18.
Avec un début totalement haletant, mettant en scène avec un réalisme sidérant la violence de l'attaque pour la cote 13 et jusqu'au final lyrico/mélodramatique, il n'y a aucun temps mort. "Au revoir là-haut" est un véritable tourne pages qui se joue avec brio d'une ou deux facilités romanesques grâce à un agencement futé et au talent de conteur hors pair de l'auteur, qui manie avec un art confirmé, grande et petite histoire.
Même si ce n'est pas le chef d'oeuvre de l'année, je me joins au choeur des enthousiastes pour saluer cet excellent roman, vraiment tous publics, qui ouvre avec
flamboyance les commémorations pour le centenaire de cette guerre 14/18.
J'ai beaucoup aimé l'originalité de ce livre. Il ne ressemble à aucun autre. Il s'intéresse aux "héros" de la guerre de retour à la vie civile. Il met en évidence un grand paradoxe : on rend hommage aux morts en érigeant de couteux monuments mais on est incapable de s'occuper dignement des rescapés qui vivent dans la misère, en marge de la société, honteux de leur apparence et traumatisés par leurs souvenirs.
"Au revoir là-haut" est aussi une belle histoire d'amitié entre 2 soldats atypiques, qui sans la guerre ne se seraient certainement jamais rencontrés ni appréciés. C'est
également une magnifique bataille retranscrite dans les premières pages.
Bref, j'ai trouvé ce livre enrichissant, il nous permet d'avoir une autre vision de la guerre.
Tout d'abord, force est de constater que ce roman est très bien écrit. La construction est classique mais cela convient bien au thème. Pierre Lemaître nous montre ce que sont devenus ces poilus qui dérangeaient après la guerre, et il sera bien difficile d'oublier le personnage d'Edouard, cette gueule cassée qui va se cacher derrière des masques tous plus voyants les uns que les autres. L'auteur appuie là où ça fait mal, dénonce le trafic qui a accompagné la recherche des corps, ces gens qui se sont enrichis sur le dos des morts. Il décrit aussi le manque qui suit l'absence d'un être
qu'on avait pourtant rejeté. On s'attache à Albert, Edouard et à sa famille et j'ai vraiment beaucoup aimé l'importance des masques dans ce roman, ainsi que la façon d'aborder l'homosexualité. Si j'ai un reproche à faire à l'auteur, c'est que, si j'aime qu'un auteur me mène en bateau, je n'aime pas qu'il me mente et c'est ce qu'il fait là dans les premières pages.
« Je te donne rendez-vous au ciel où j’espère Dieu nous réunira. Au revoir là-haut, ma chère épouse »
Ce sont ces mots écrits par Jean Blanchard, en décembre 1914, qui ont donné le titre au dernier roman de Pierre Lemaître. Et un fait réel, le scandale des exhumations militaires qui éclata en 1922, qui inspira l’auteur.
J’ai de suite été tentée par le sujet de ce roman, l’immédiate après-guerre, 1918 et la démobilisation. J’avoue aussi que j’étais curieuse de découvrir Pierre Lemaitre dans un registre différent. Et je ne suis pas du tout déçue.
Les gueules
cassées, héros malgré eux de la 1e Guerre mondiale, font tâche dans le paysage. Le pays veut oublier et ils sont un rappel constant des atrocités vécues par tous. Que doit-on faire d’eux ? Les réhabiliter dans leurs fonctions antérieures ? Les cacher ? Les soigner ?
Les caisses de l’Etat sont vides ; pas de soldes, pas de dédommagements et 52 malheureux francs proposés à la démobilisation… ou la possibilité de garder sa vareuse ! Pas de retraite non plus. La plupart de ces soldats ont perdu leur travail et se retrouvent liftier, homme-sandwich, dératiseur… pour un salaire de misère.
Voilà la toile de fond du roman de Pierre Lemaitre. Une plongée au cœur d’une époque tragique, de l’Histoire.
Nous suivons le retour de trois soldats : celui d’Henri d’Aulnay-Pradelle, promu capitaine à la fin de la guerre pour fait d’arme héroïque et celui d’Albert Maillard et Edouard Péricourt, deux exclus, ayant du mal à revenir à la vraie vie après les atrocités vécues dans les tranchées. Comment chacun vivra-t-il ce retour au quotidien ? Comment surmontera-t-il ses blessures morales et physiques ?
Dans une langue superbe, Pierre Lemaitre signe un roman noir cynique et une fresque d’une grande vivacité. Par certains côtés, cette histoire rappelle « La chambre des officiers » de Marc Dugain. On y découvre des faits réels – désorganisation de l’Etat et de l’armée, trafic d’influence, arnaques et escroqueries, abandon physique et moral des mutilés de guerre…- mis en scène dans un roman à l’humour noir et aux sarcasmes qui font mouche. Il nous conte aussi une amitié indestructible dans une époque cynique au possible et on se délecte de sa narration d’un bout à l’autre, ne voyant pas défiler les 567 pages du roman. Et on referme le livre, certain que ces personnages inoubliables nous habiteront toujours.
Proche des récits romanesques de l’après-guerre, ce livre de Pierre Lemaitre, d’une rare intensité, tient toutes ses promesses et nous montre un auteur parfaitement à l’aise dans ce genre auquel il ne nous a pas habitués.
Ce sera mon deuxième coup de cœur de cette rentrée littéraire.
Juste avant la signature de l’armistice, en cette année 1918, un haut gradé décide, histoire de se faire mousser, une sortie des tranchées pour aller tuer du boche.
Un homme est poussé au fond d’un trou d’obus et la terre retombe sur lui en l’ensevelissant et nous assistons à sa mort. Puis, mais, ah… tout est mensonge, tromperie dans ce livre.
Albert, Edouard, Pradelle….. Tous ces rescapés du front vont faire front chacun à leur manière, mais pas bon, enfin vous lirez.
La France victorieuse glorifie ses morts et oublie ses survivants. Oui, les éclopés, les gueules
cassées, on ne veut plus les voir, ils deviennent un poids pour la société qui veut aller de l’avant. Ils leur restent les sous-emplois d’homme sandwich, liftier, garçon de courses (difficile avec une jambe en moins !). Mince alors, il faut que les affaires reprennent et dans ce monde chaotique, tout est possible.
Pierre Lemaitre maîtrise son sujet et je n’ai pas pu faire autrement que lire, tourner les pages, lire, lire jusqu’à la fin. Son phrasé avec beaucoup de virgules est très dynamique, le vocabulaire adapté à chacun. L’auteur ne m’a guère laissé de repos (et bien oui, le fameux repos du guerrier !). De rebondissement en rebondissement, je fus souvent désarçonnée, les sentiers ne sont pas balisés et boueux ; l’imprévu est au menu ainsi que les nuits blanches.
Sur un fond historique et profondément humain, le suspens est omniprésent. Bien sûr, le méchant est beau, intelligent et fait partie de la Haute…. L’exécutant n’est pas très malin et n’est qu’un besogneux, mais, tel est pris qui croyait prendre, la morale de ce livre, c’est qu’il n’y a plus de morale pour paraphraser une célèbre chanson.
Ce livre caustique sur une guerre vaine et inutile, sur l’Etat peu regardant, sur la Morale, sur l’enfer vécu par les poilus est un vrai régal de lecture
Au début du roman, nous sommes à la fin de la première guerre mondiale, les soldats attendent l'armistice. Le capitaine d'Aulnay-Pradelle voit là l'occasion d'une promotion, si seulement, ils arrivent à mobiliser ces soldats pour la conquête de la côte 113. On va le suivre, lui, personnage abjecte, orgueilleux et pathétique ainsi qu'Albert Maillard, gentil garçon, un peu naïf et Edouard Péricourt, personnage haut en couleur avec sa gueule cassée.
Ce roman ne parle pas que de la guerre mais de l'après. Pierre Lemaitre restitue bien l'ambiance de cette époque, au plus près de la
réalité. Il se place comme un « raconteur d'histoire » et nous enchante par son style. Avec une pointe d'humour et de dérision, il malmène ses personnages pour notre plus grand bonheur.
Pour les grands lecteurs
Quel roman! j'ai été très impressionnée par le récit de la bataille au début du roman et ensuite par cette histoire folle totalement fictive mais qui met en lumière cette grande tragédie humaine que fût cette guerre. Cette histoire est cruelle, Les morts sont glorifiés et les vivants, les gueules cassées, sont abandonnés de tous.
Mais Albert et Edouard vont en quelque sorte prendre leur revanche en imaginant une escroquerie qui se sert des idées bien pensantes des politiques et de la société de cette époque tragique, pour berner tout le monde. Ce récit est assez long et dense mais mérite qu'on s'y arrête.