J'ai commencé ma lecture comme si j'avais entre les mains un roman “lambda”… Quelle erreur !
Au bout d'une cinquantaine de pages, je me suis rendu compte que si la “forme” était très agréable, sombre, pluvieuse et tourmentée, un meurtre pas-ci, un autre par-là, de la magie, des incantations, de belles descriptions des paysages, mais malgré une bonne dose d'humour, je me suis rendu compte que je n'avais pas saisi le “fond”, et que j'avais perdu l'intrigue du récit.
Stop, j'arrête tout.
Le mieux est peut-être de reprendre depuis le début, n'étant pas un spécialiste
de l'histoire irlandaise ni des légendes celtes, surtout que les explications historiques et politiques sont assez présentes.
Oui, j'avais bien vite ressenti la passion de Gérard Coquet pour le pays (et pour la bière aussi… mais ça reste entre nous !), certains mots m'avaient perdu.
Je reprends donc ma lecture.
Il a même fallu que je prenne des notes pour m'y retrouver parmi tous les personnages tous les plus improbables les uns que les autres. Mais ça y est, j'ai définitivement mordu à l'hameçon… et pas besoin de Duck fly, de Connemara Black, ni de Rusty Rat, pour cela !
Difficile de ne pas s'attacher à certains personnages, notamment Ciara au caractère bien trempé, et tout en ambivalence, qui mène l'enquête au sein de la Garda Síochána, la police irlandaise, et se retrouve sur les traces de son passé qui l'a fortement marquée, lui faisant revivre de vieilles rancœurs.
Les légendes et le passé tumultueux de l'Irlande ont la peau dure, pas facile de tenir sa place pour une femme, malgré les drames et les meurtres qui la suivent de près. Mais elle n'a pas dit son dernier mot !
Un polar haletant, très noir, à travers les mythes et les légendes celtiques, et surtout la découverte de l'écriture de Gérard, soignée, érudite et poétique à la fois, avec ce roman violent entre polar et mystères…
Je recommande !
Je ne sais pas pour vous, mais une bonne bière serait la bienvenue… ou peut-être un Bushmills ?
Merci Gérard… pour ces bonnes idées !
UNE FEMME FLIC EN IRLANDE
J’ai découvert (chaudement recommandé par Nelly Burglin) Gérard Coquet avec May Fly puis- -alors qu’il s’est « acoquiné » pour mon plus grand plaisir avec un autre auteur- avec le superbe roman Souviens toi de Sarah sous le pseudo de Pagecoman, j’ai tout de suite aimé son style et son écriture. Aujourd’hui c’est retour en Irlande avec Aughrus Point.
Après un mariage très compliqué et la mort de son amie Jessica, Ciara McMurphy est entré dans la police Irlandaise la Gardia Schiocana, où elle est lieutenant. Suite à une série de meurtre sa hiérarchie l’envoie mener l’enquête dans sa terre natale. Elle se retrouve face à ses anciens amis et familles où l’indépendantisme est toujours légion et qui voue une haine farouche à la Gardia. Son enquête va s’avérer compliquée ; méfiante envers un co-équipier qui lui est imposé, face à ses peurs et son passé, est-elle animée par la vengeance ou le sort fait-il en sorte qu’elle se libère de son passé ?
Ce roman est subtil, subtil dans son histoire car c’est vraiment une immersion en terre irlandaise. Vous avez le contexte conflictuel entre les indépendantistes et les loyalistes l’Irlande de nos jours qui pourrait j’imagine être aussi bien la même des années en arrière. Mais attention c’est un thriller abouti avec une série de meurtres et Ciara est une vrai irlandaise avec du caractère qui parfois devra se faire violence pour avancer. Les personnages sont bruts, durs, tourbés comme le wiskey, sauvages comme la lande, fiers de leurs traditions et coutumes, gardant une haine farouche contre les Anglais. L’écriture est franche, ciselée avec une pointe d’humour et un vocabulaire imagé et poétique. Au cœur de l’histoire il y a les mythes et légendes celtiques, les catholiques ou protestants, activistes unionistes, rancoeurs et haines, politique et histoire qui forment un puzzle où chaque pièce compte.
En revanche il faut comme à la pêche prendre son temps j’avoue que le mélange peut être perturbant, la mythologie explique beaucoup et les personnages gravitent, il faut donc bien entrer dans l’histoire pour ne pas la lâcher.
Pour résumer Gerard Coquet nous immerge dans cette Irlande qui l’inspire ou les descriptions sensorielles des lieux comptent autant que le contexte policito-mystique de l’enquête. Si avec tout ça je ne vous donne pas envie alors ! ...