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James se sent à l'étroit dans son petit bureau new-yorkais du Chrysler Building, à l'étroit dans son métier de journaliste comme dans sa vie. Il travaille pour Fortune, le magazine le plus libéral du pays. Tout ce qu'il hait. Alors quand son rédacteur en chef l'envoie dans son Sud natal pour une enquête sur la vie des métayers en Alabama, James se sent revivre. D'autant qu'on lui adjoint pour ce voyage un jeune photographe inconnu avec lequel il s'entend d'emblée.
Le reportage deviendra un brûlot, un plaidoyer, un cri rageur face à la pauvreté des fermiers dans ces sinistres années trente. Puis un livre, un grand livre signé James Agee et Walker Evans, Louons maintenant les grands hommes. Le nom de James Agee se met à circuler chez les écrivains, les journalistes, tous les intellectuels. On parle d'un type fascinant, insupportable, brillant, révolté, alcoolique.
Il travaille à un scénario pour John Huston, enchaîne les mariages, devient l'ami de Chaplin, et on dit même que pour son premier film en tant que réalisateur, l'illustre Charles Laughton lui a confié l'adaptation de La Nuit du chasseur.
Honorer la fureur...
Dans ma besace de la prochaine rentrée littéraire et les belles lectures qui s'accumulent, j'avais gardé au fond une petite place pour un sacré bouquin qui me faisait de l’œil depuis déjà quelques temps, peut être intrigué par ce livre et le souvenir d'une lecture marquante, il y a quelques années déjà, James Agee et son immense "Louons maintenant les grands hommes" et son cahier photos signé Walker Evans. Un reportage incandescent de 1936 sur l’extrême pauvreté dans le sud des Etats unis, une amorce de ce que sera le nouveau journalisme. De ces livres qui marquent...
Ce bouquin, c'est "Honorer la fureur" de Rodolphe Barry aux Editions Finitude !!!
Un titre splendide pour une plongée vertigineuse dans la vie brève, brûlante et fiévreuse de James Agee, journaliste précurseur et sans concession à l'humanité débordante de générosité, écrivain génial et tourmenté, puis scénariste.
Un écorché vif, un poil à gratter redouté dans l’Amérique ultra libéral et austère des années 40, 300 pages sillonnées de littérature et de cinéma, de colère et d'amours..
Une vie romanesque à la hauteur de sa rage de vivre, une vie de rencontres, tumultueuses et passionnées, à fuir les chimères du passé, noyé dans l'ivresse et le tabac et l'écriture comme unique rempart aux vertiges de l'existence.
Une vie de désirs infinis, de fuites et de fatigues, de ces remous insolubles qui vous hantent et vous plaquent aux murs.
Un grand livre d'une maîtrise impressionnante, furieusement passionnant, que l'on referme à grands regrets, les yeux rivés sur une œuvre à (re)découvrir absolument...