Belle Du Seigneur

• Eblouissant
• Vibrant
• Merveilleux

Comment, pour préserver l'étincelle et la perfection du début, deux amants vont sombrer dans le ridicule et la folie.
Belle du Seigneur est un véritable bijou, un anti-histoire d'amour de génie à plusieurs voix qui se moque des canons du roman sentimental pour livrer une oeuvre infiniment plus grande.

Critique bloguesque : http://prettyrosemary.wordpress.com/2014/04/12/ariane-et-solal/

Genève dans les années 1930. Un homme séduisant se déguise en vieillard juif et s’introduit chez Ariane Deume pour la séduire. Cet événement marque le début d’une relation hors du commun entre une femme mariée et le supérieur de son mari. Du mépris à la passion, nous suivrons la belle Ariane et son Seigneur Solal dans leur amour à travers l’Europe de l’avant-guerre.
Autour du couple d’amants gravitent d’autres personnages, tous aussi intéressants les uns que les autres. Nous avons la famille Deume, qu’Albert Cohen ne se prive pas de ridiculiser. Adrien, le mari d’Ariane, fonctionnaire au Palais des Nations, est l’exemple parfait de l’homme intéressé par rien d’autre que son ascension sociale. Pour lui, tout est basé sur les relations, l’importance des fréquentations et, surtout, sur l’apparence. Les scènes qui le concernent sont très comiques, toujours dans l’exagération et même les événements les plus sérieux basculent systématiquement dans le ridicule. Le fait qu’il vive dans la même maison que ses parents ajoute à cette impression et, par ce choix, l’auteur a en même temps l’opportunité de nous faire faire connaissance avec d’autres personnages – tout aussi divertissant : M. et Mme Deume.
Du côté de Solal, nous rencontrons les Valeureux, ses cousins, qui visitent Genève à plusieurs reprises. Les passages les concernant m’ont beaucoup plu car ils sont tout à fait inattendus. Débarquant tout droit de leur Céphalonie natale, ils sont complètement décalés par rapport aux diplomates et représentants de la ville. Ils ont une manière de parler et d’agir très différente de tous les autres personnages et mettent en place différents stratagèmes pour s’attirer les bonnes grâces de Solal – et bien sûr son argent.
Les variations de langage dont je viens de parler sont sans aucun doute l’intérêt principal de ce roman. Chaque personnage à sa propre manière de parler, son vocabulaire, ses expressions. On reconnaît immédiatement si c’est Ariane qui parle, Solal, les Valeureux, la famille Deume ou Mariette, leur domestique. Nous avons principalement affaire aux amants, qui s’enferment à plusieurs reprises dans des monologues intérieurs. Sur le modèle d’Ulysse de James Joyce, ces derniers ne sont la plupart du temps pas ponctués. Nous suivons ainsi le fil des pensées des personnages, ce qui nous donne de nombreuses informations sur leur caractère et leur personnalité. De plus, ce procédé nous permet de passer d’un point de vue à l’autre et nous aide ainsi à regarder les faits de plusieurs points de vue différents.
Certains de ces monologues sont toutefois relativement longs et difficiles à comprendre. Ajoutés à quelques longueurs dans le déroulement de l’intrigue et à la complexité de l’écriture – qui teinte toutefois magnifiquement de poésie cette œuvre – ils dissuaderont probablement plusieurs lecteurs.
Ces quelques difficultés dépassées, on aura alors tout le loisir apprécier une critique de la bourgeoisie et de son monde impitoyable, du snobisme et de la Société des Nations ainsi que, bien évidemment, l’analyse du thème principal du roman : la passion. On assistera à la séduction, qui se transformera en passion avant d’entamer sa décadence. Tout au long de ce chemin, on découvrira ainsi plusieurs facettes des personnages.
L’histoire est centrée sur les deux amants bien sûr, mais nous visitons en même temps Genève et, dans une Europe où l’antisémitisme prend de l’importance, nous découvrons la vie d’avant la première Guerre Mondiale.
Ce chef-d’œuvre de la littérature francophone du XXe siècle est à lire absolument pour quiconque apprécie les histoires d’amour - l'amour, étudié sous tous ses aspects - et les belles plumes, et qui n’a pas peur du grand nombre de page et de la complexité de certains chapitres.

• Inattendu
• Irritant
• XXe siècle
• France
• suisse
• Solal
• Ariane
• Adrien Deume

Présenté comme étant le roman d'amour par excellence, j'ai sans hésité plongé dans ce livre. Toutefois, dès les premières lignes, j'ai très vite déchanté...
Le thème est pertinent mais les très (trop) nombreuses longueurs (des lignes et des lignes de succession d'idées) de ce livre et la carricaturisation de la femme (parfaite idiote !) m'ont vraiment empêchés de l'apprécier.
J'étais vraiment ravie en refermant ce livre uniquement car j'avais enfin réussi à le finir !!

• pontifiant

J'ai du le reprendre une dizaines de fois, et j'ai ressenti à chaque fois une profonde détresse et un grand ennui.
merci Joseph Gibert, cette fois-ci, je l'ai revendu, ouf, bon débarras !!!!

Je suis très déçue par ce roman. Il s'agit d'une véritable tragédie!
Cette passion amoureuse devient très vite épuisante et étouffante au fil des pages.
Selon moi, ce roman est plat. Les longues tirades des deux protagonistes sont ennuyeuses. Mon ressentie est que les deux amants gâchent leur vie en se repliant sur eux-même et en tournant le dos au monde. Ils ne vivent que pour leur amour, ce qui va très vite devenir lassant.
Je me suis vraiment forcée à finir ce livre, ce qui m'arrive que très rarement.

• Révoltant

Non mais berk ! Pourquoi, pourquoi Belle du Seigneur érigé en "chef d'oeuvre"? C'est quand même hallucinant le nombre de personnes à porter ce livre au rang des "top 10" de la litterature française. Bon chacun ses goûts, on est d'accord, mais quand même.

C'est frustrant car d'une part au niveau du style il n'a strictement rien inventé : il entasse des différences stylistiques de narration sans aucune logique, certains passages ne servent à rien et d'autres formes sont tellement utilisées qu'on aurait bien envie de les lire en travers, en diagonale juste pour en finir (je pense notamment aux 40 pages sans ponctuation vers la fin...)

Et d'autre part c'est typiquement un auteur qui croit (ou fait croire) qu'il sait tout au sujet des femmes, il en fait des tartines sur la psychologie feminine (désastreux son passage sur les babouins, franchement horripilant.)

Son heroïne se fait traiter de tous les noms durant 1000 pages et ne fait rien pour arrêter ça, elle quitte son mari (le pauvre chéri n'a rien compris, oh la vilaine épouse !) pour un homme sans intérêt (d'ailleurs elle prend la décision de partir avec lui après s'être fait démontrer par A+B pendant 2 heures que les femmes sont des cruches sans cervelles, normal quoi...), elle pense durant toute la première partie du roman et comme par magie ses pensées disparaissent dès qu'elle part avec son amant (comme si elle avait enfin trouvé quelqu'un pour penser à sa place, ouf un travail de moins!), elle est typiquement hautaine et chieuse (pardonnez le mot) avec les employés qu'elle rencontre, elle se fait finalement frapper, tirer les cheveux et insulter durant la dernière partie du livre et aprés tout ça ne prend même pas ses jambes à son cou. (un cas pour Ni Pute Ni Soumise tiens...) Ce doit être le livre de chevet de tout ceux qui battent leur femme, il est plein de bonnes raisons pour le faire (en plus on peut frapper avec le livre vu l'épaisseur.)

L'auteur a une vision pessimiste de l'amour (si on est seuls sur une île deserte on ne tient pas 5 secondes, c'est parce que le monde et la société sont jaloux de nous et de notre relation que l'amour existe, sans autres pas d'amour : on s'ennuie) et abjecte de la femme.

Bref, il y a quand même des livres beaucoup plus intéressants qui ne sont pas, eux, qualifiés de "chef-d'oeuvres". Mais parce que ce livre là est adulé depuis des années personne ne peut dire qu'il ne l'aime pas sans s'entendre répondre "tu n'y connais rien, tu n'aimes juste pas la littérature"...

Une histoire d'amour torturée , magnifique , provocante ....
Un tableu acerbe d'une certaine société . et surtout une écriture somptueuse , un style à vous couper le souffle.
identification aux personnages garantie.

Merveilleux roman d'amour, de passion. Mais sans la complaisance, l'hypocrisie habituelle de l'amour. Non, Solal ne le permet pas. Il ne veut pas être aimé pour sa beauté et sa prestance, il voudrait être aimé édenté et sans force. Une écriture magnifique, tout au long de ces monologues intérieurs, qui nous permettent de venir au plus près des pensées intimes des personnages. Ah, les monologues de Mariette, la bonne dévouée, la voix du peuple, des "ordinaires". Ah, les monologues d'Ariane dans son bain ! de vraies délices...

Voici Le roman amoureux contemporain par excellence. Solal veut séduire Ariane. Solal est beau, une beauté solaire, il est cynique et manipulateur. Ariane joyeuse s’enthousiasme, elle soliloque dans sa baignoire, elle s’imagine en Diane chasseresse… mais elle est mariée. Le postulat de départ est plutôt simple mais raconté par Cohen ça change tout. Le lecteur patientera (avec plaisir) 400 pages avant d’assister à une leçon de séduction magistrale. On imagine un acteur sur scène, un monologue au rythme incroyable. Ariane serait juste là pour qu’on se souvienne que c’est d’elle dont il s’agit. On l’imagine assimiler tout ça de façon désordonnée. Il la charmera en moins de 3 heures. Elle deviendra la belle de son seigneur, s’efforçant de garder sa retenue toute aristocratique. Au final l’histoire sera douce amère. Lentement Cohen démystifie cet amour passion que l’on voit fatalement s’enliser. C’est toute l’ambivalence entre cet amour passionné et ce désir de pureté qui motive les personnages. Cohen est impitoyable ! Après avoir lu le livre le mieux est de voir l’enregistrement de l’émission Apostrophe consacrée à Cohen. Il reçoit Bernard Pivot chez lui, en robe de chambre et il nous parle de sa Belle du Seigneur : « Les premiers temps, c'est... un éclair de Dieu, le fait que tu lui dis que tu l'aimes, mais après, bon, elle le sait, c'est entendu! Et toi aussi tu le sais"