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Notre école est forcément finie, celle de demain en marche, déjà ébauchée dans le regard de nos enfants. Et sur le fronton de cette nouvelle école on pourra lire : " Attention chantier ! Chef-d'ouvre en cours de réalisation. "
Endosser le rôle de parent d'élève pendant vingt ans, cela forge un point de vue sur l'école. Vingt années à rêver de pouvoir pénétrer cette fameuse salle de classe, lieu de tous les dangers et des lassitudes.
Car, à l'extérieur des murs, il faut panser les plaies de nos enfants trop souvent cabossés par l'école sans bien comprendre d'où vient le mal. Là où on aimerait entendre les mots d'épanouissement, de valorisation et d'empathie, on parle de sélection, de stress, d'humiliation ou d'ennui.
L'école française, personne n'y est heureux. Si friande de sélection, elle se plaît à faire le tri entre les riches et les pauvres, entre les forts en maths et les autres.
Elle fantasme une classe idéale garnie de bons élèves qui habiteraient dans le centre des villes. Et, quand parents et enseignants partagent la même obsession de la note et de la performance, quand cela devient trop crucial de passer un bac S, nos enfants ont mal au ventre. Ce sont pourtant eux qui auront à inventer le siècle prochain, à devenir des adultes créatifs capables de façonner le nouveau monde à nos portes.
Trop souvent, ils sortent de l'école sans rien savoir de leurs désirs, incapables de dessiner leurs propres rêves. D'autres ont perdu confiance et préfèrent fuir la compétition, convaincus que cette école qui ne sait que pointer la faute n'est pas faite pour eux.
Je veux ici raconter cette conversation entretenue depuis vingt ans avec les enfants à l'heure de la sortie, ces mots échangés avec des enseignants croisés dans les salles vides, ces rencontres avec de jeunes professeurs impuissants qui tentent de survivre dans l'école des ghettos, les confidences de parents d'élèves harassés qui ne savent plus quoi inventer pour donner le goût d'apprendre à leurs enfants.
Parent d'élève est un métier qui oblige à bousculer ses certitudes, à bouger le projecteur, à partir à la rencontre de pédagogues rassurants, visionnaires et enthousiastes, des professeurs qui préfèrent les marges ou des pionniers entreprenants convaincus que les maths sont un jeu d'enfants pour autant qu'on trouve les mots.
Notre école est forcément finie, celle de demain en marche...
Dans les entrailles du Mammouth
L'école, on en a toutes et tous des souvenirs plus ou moins agréables, mais cela a été forcément un pan non négligeable de notre vie. Oui parce que nous avons la chance de pouvoir y aller. Si, si c'est une chance ! Car même si le "mammouth Éducation Nationale" est très imparfait (dixit Claude Allègre), il en reste des pans positifs. Si je vous assure. Même Francine Raymond l'auteur de ce livre serait d'accord avec mon propos. Elle souligne certaines faiblesses, lacunes, problématiques. Elle met parfois le doigt là où cela fait mal, mais dit aussi quand d'autres éléments sont plus positifs. Cependant, le tableau dressé reste très sombre, trop à mon sens. La réalité est plus nuancée, plus multiple.
L'école, on peut en parler longtemps. L'action, ce serait mieux. Reste que rien n'est simple et l'image du mammouth (Claude Allègre toujours), si elle n'est pas flatteuse, reste assez véridique.
Pour celles et ceux qui se sont éloignés de l'école et de ses problématiques, cet ouvrage peut les aider à avoir de nouveau les idées plus claires. Pour les autres, on peaufine ses connaissances. Personnellement, je connais un peu trop bien le dossier je crois.
J'ai pu noter la sempiternelle erreur entre les fonctions de principal (collège) et de proviseur (lycée). Dommage, il y a par ailleurs de bonnes sources citées. Et puis dans un ouvrage sur l'éducation nationale, il aurait été bien de ne pas confondre les deux fonctions (proche, mais différentes). Je sais je suis pointilleuse.
J'ai apprécié la mise en avant de l'idée simple, mais tellement vrai que la confiance en soi est primordiale pour qu'un élève réussisse, passe un cap, avance tout simplement.
Même chose d'ailleurs pour le clan des professeurs et plus particulièrement des débutants. S'il est vrai que beaucoup sont envoyés "au front" avec trop peu ou pas de formation "technique et pédagogique", ce n'est quand même pas non plus pour tous une entrée en matière si catastrophique que cela. Tous ne sont pas broyés par le système ou par des affectations trope difficiles comme pourrait le faire croire certains faits bien réels évoqués par Francine Raymond. Heureusement, sinon la situation actuelle serait bien pire.
Bon ouvrage qui contient et expose bien des vérités, mais n'est qu'un regard parmi beaucoup d'autres sur ce vaste dossier. Loin d'être faux, ce livre ne perdrait rien avec néanmoins quelques nuances de plus dans son jugement.