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À découvrir
Désireuse de résilier son abonnement au magazine Like, Emmi fait une petite erreur de frappe et adresse son mail à Léo Leike. Il lui retourne son message pour lui signaler sa méprise. Elle s'excuse. Tout pourrait s'arrêter là mais l'adresse de Léo est désormais enregistrée dans les contacts d'Emmi et à l'occasion des fêtes de fin d'année et d'un envoi groupé de bons voeux, il reçoit encore une fois un mail. Amusé, il répond et les mails finissent par s'enchaîner. Petit à petit, ils en viennent à échanger des confidences, des plaisanteries, un tendre sentiment s'installe qui
ressemble à l'amour. Mais Emmi est mariée, Léo encore fragilisé par sa dernière histoire et peut-on aimer quelqu'un que l'on n'a jamais vu? Leur correspondance amoureuse les satisfait mais il faudra bien se résoudre un jour à organiser une rencontre...
Quand souffle le vent du nord est le roman épistolaire du XXIè siècle, quand les mails remplacent les lettres, quand les rencontres sont virtuelles. Le ton est moderne, léger, vif et percutant, les échanges sont tantôt tendres, tantôt drôles, parfois tristes, parfois optimistes, longs ou courts selon l'humeur. Le fait d'être caché derrière un écran permet à Léo et Emmi de se livrer sans faux-semblants, d'aller très loin dans la confidence. Cet anonymat si confortable devra pourtant être levé tôt ou tard et ils usent de tous les stratagèmes pour reculer cette échéance. Il s'agit d'éviter la déception.
J'ai adoré ce roman, j'ai adoré les personnages, l'évolution de leurs sentiments, de leur relation, le manque qu'ils ressentent quand, par moments, leur dialogue s'interrompt. J'ai vraiment cru à cette histoire bien dans l'air du temps et si Emmi, parfois, m'a énervée, Léo est pour moi le prototype de l'homme idéal. Sensible, drôle, maniant le verbe avec brio, il sait charmer en finesse et en simplicité. A la fin du livre, j'étais aussi accro qu'Emmi et comme elle, je criais : JE VEUX UN MAIL DE LÉO! JE VEUX UN MAIL DE LÉO!
En l'an 2000, Jennie a 13 ans. Elle vit avec sa mère Olga et sa demi-soeur Malorie dans la maison de Mike, une maison éternellement en travaux, coincée entre la voie ferrée, le cimetière et la Nationale. Jennie déteste Mike mais elle adore Malorie, petit bout de 4 ans qui ne la quitte pas d'une semelle.
Trois ans plus tard, Jennie a 16 ans. Elle vit toujours avec sa mère dans la maison de Mike mais Mike n'est plus là. C'est Slimane, passé du statut d'ami à celui de colocataire qui est maintenant le compagnon d'Olga. C'est un homme doux et bon, très différent de Mike et Jennie l'aime
bien.La famille s'est agrandie avec l'arrivée de Saïda et Hakim, deux nouveaux bébés que Malorie aime de toutes ses forces et dont elle s'occupe comme une "petite maman".
En 2010, Jennie a 23 ans. Elle a vécu bien des drames et de sa famille, il ne reste plus rien. Il est l'heure désormais de régler ses comptes et de retrouver ses frère et soeurs éparpillés aux quatre coins du pays par les services sociaux. Par hasard, dans un train, elle rencontre Quincy, un jeune acteur qui lui aussi a des comptes à régler. C'est avec lui qu'elle espère aller voir la mer à Etretat, en famille, comme Olga l'avait promis.
Je trouve particulièrement ignominieux la façon dont les services sociaux séparent les fratries quand il n'y a plus de famille pour les recueillir. Les aînés perdent le contact avec les plus petits qui finissent par les oublier. Combien d'enfances sont perturbées, gâchées, par la désintégration de ses liens familiaux? C'est un peu comme si on leur volait leur histoire, leur passé....Je suis très sensibilisée par se sujet et pourtant ce récit m'a laissée froide. Trop court, trop noir, trop tout. Toute cette misère humaine, tous ces malheurs accumulés, toute cette folie ont saturé mon cerveau et au bout d'un moment je n'y croyais plus et j'avais hâte de passer à quelque chose de plus gai. De Gérard MORDILLAT, j'avais adoré Les vivants et les morts qui ne faisait pas non plus dans le rose bonbon mais dont les personnages étaient plus travaillés. Ici, on survole les personnalités, la psychologie. Une déception.
Chez les Servettaz, on est guide de haute montagne de père en fils depuis des générations. Jean a beau aimer son métier et être l'un des meilleurs guides de Chamonix, il sait combien la montagne peut être dangereuse et il rêve d'un autre avenir pour son fils Pierre. Hôtelier, ce serait bien. Il faudrait agrandir le chalet, aménager quelques chambres d'hôtes et Pierre pourrait vivre à la montagne sans s'exposer à ses dangers. Ces projets, ces rêves s'effondrent le jour où Jean meurt, foudroyé dans les Drus à cause de l'imprudence d'un touriste américain. Pierre participe à l'expédition
chargée de redescendre le corps dans la vallée et fait une mauvaise chute. Pourtant, sa décision est prise : il sera guide, comme son père. Mais sa chute a laissé des séquelles, Jean découvre le vertige et ses angoisses. Heureusement, solidaires, les autres guides vont l'aider à surmonter sa peur.
A travers la vie d'une famille de guides, c'est toute la vie des montagnards chamoniards que nous raconte FRISON-ROCHE. On y ressent l'amour des hommes pour leur métier et leur montagne. On vit, comme si on y était, la beauté des paysages, le froid mordant, le danger partout présent. On sent tout l'amour de l'auteur pour ces hommes forts, courageux et solidaires. Hymne à la montagne, aux hommes, aux traditions, Premier de cordée est un livre magnifique et émouvant qui ravira ceux qui connaissent et aiment les Alpes et donnera aux autres l'envie de courir la montagne, de rencontrer les guides, d'apprendre avec eux à la respecter.
"J'ai possédé une ferme en Afrique, au pied du Ngong". Ainsi commence le récit de Karen BLIXEN qui a passé une partie de sa vie au Kenya, à la tête d'une plantation de café. Ses chroniques autobiographiques décrivent un continent, un pays, content par le menu les petites anecdotes ou les grands évènements qui rythmaient sa vie et celle de ses "gens" dans des paysages de rêve, sur une terre dont elle aimait le peuple, les légendes, les traditions.
Ne cherchez pas l'histoire d'amour du film Out of Africa. Le mari de Karen est très peu présent et si Denys Finch Hatton, Robert Redford
au cinéma, est plus souvent évoqué, ce n'est que comme un ami très cher. Ceci dit, je me trompe, il s'agit tout de même d'une histoire d'amour...mais pour l'Afrique. Dans chaque phrase de Karen BLIXEN, on découvre sa passion immense, son respect pour sa terre d'accueil. Le ton est juste, l'écriture poétique, nostalgique parfois, empreinte d'une grande sensibilité. Imprégnée de culture africaine, la maîtresse des lieux s'intéresse à tout ce qui touche les tribus indigènes, sans émettre de jugement, sans condescendance. Un récit magnifique qui a gardé sa modernité et dont on ressort les yeux pleins de paysages merveilleux. A lire absolument.
Lavaca County, Texas. Vaclav Karel propriétaire terrien d'origine tchèque, élève ses quatre fils à la dure, n'hésitant pas à les attacher à la charrue pour le travail des champs. Jamais remis de la mort en couches de sa femme, Vaclav n'est plus qu'une brute, préoccupé seulement par ses chevaux de course et l'agrandissement de son domaine. C'est Karel, le dernier-né, celui qui a tué sa mère, qui monte les chevaux dans des courses organisées par son père avec les voisins. Karel est toujours vainqueur et le domaine s'étend jusqu'au jour où un étranger, fraîchement arrivé en ville,
lui propose un étrange marché...
C'est par les yeux de Karel que l'on découvre une rude contrée peuplée d'hommes rudes. On le retrouve à différentes époques de sa vie. Nouveau-né en 1895, marqué par le sceau de la culpabilité, désigné par ses frères et son père comme celui qui a tué la mère. Adolescent en 1910, le cou déformé par le travail de trait, arme de son père dans son combat pour acquérir des terres, indécis quant à l'issue qu'il doit donner au pari qui engage toute sa famille. Jeune homme en 1924, seul héritier de la ferme familiale, marié et déjà père de deux filles, dans l'attente d'un troisième enfant à venir, un fils si possible.
Ces trois époques décisives vont alterner au gré d'un récit dur et puissant, un récit d'hommes sur une terre hostile. On fume, on boit, on se bat et si on aime, on ne le dit pas. Absence de la mère, haine du père, liens fraternels malmenés, désirs contrariés, les frères Skala s'en sortent comme ils le peuvent, entourés de femmes, discrètes mais essentielles.
Grande maîtrise pour un premier roman qui a le goût des grands espaces, des terres brûlantes et des pudeurs masculines. A découvrir.
Yaël a bientôt 41 ans, son petit Simon, lui, en a 3 et entre en maternelle et Yann l'a quittée sans préavis. En ce 3 septembre, Yaël va mal... Seule, abandonnée, malheureuse, elle vit au gré de la garde partagée de son fils, une semaine sans presque quitter son lit alterne avec une semaine à donner le change à Simon. La blessure est profonde, le désespoir abyssal mais la vie reprend le dessus. Après le chagrin, vient la colère, salvatrice, puis le questionnement et finalement l'apaisement, la conscience d'une nouvelle vie, libre et pourquoi pas heureuse... Des amies, des liaisons,
la reprise de ses cours d'économie, peu à peu les choses s'améliorent et Yaël consigne dans son journal son cheminement, son évolution. Ecrire devient la thérapie qui la sauve du naufrage.
La situation de départ n'a rien d'original. Un homme quitte sa femme pour une plus jeune qu'elle et la femme délaissée sombre dans l'auto-apitoiement. Mais passées ces premières pages, on assiste à la renaissance d'une quarantenaire qui s'interroge sur sa vie et ses sentiments avec beaucoup de lucidité. Le quotidien bouleversé lui permet de redevenir mère après une semaine de séparation, de redevenir femme dans les bras d'un amant de passage, de retrouver ses amies, de confronter son expérience à celles d'autres femmes de son âge. Yaël s'interroge et interroge ses amies: que signifie avoir 40 ans? Peut-on être encore désirée par un homme ou faut-il se résigner à ne plus plaire? Arrivée à mi-chemin entre la naissance et la mort, faut-il craindre le pire -la fin, la maladie, ou peut-on enfin respirer, libérée des contingences de la jeunesse? Questionnements, réflexions, travail sur soi...Yaël prend conscience que sa vie n'est pas finie, que l'avenir lui sourit. Pourquoi se cantonner à l'économie quand la littérature l'appelle depuis toujours? Ecrire pour faire de son cas personnel quelque chose de plus grand, de plus universel...
Au fil des saisons, l'histoire d'une femme qui se reconstruit sur les ruines de son couple, servie par une écriture entraînante et finement ciselée...le souffle de Virginia Woolf sans doute.
Après des études de sciences, Pierre Hunter revient à Shale, la petite ville où il a grandi et où reposent ses parents. Sans projet ou ambition, il travaille comme barman au Valet de carreau. Lors d'une promenade en patins sur le lac gelé, il tombe à l'eau et est heureusement sauvé par Stella Rosmarin qui vit en solitaire dans une grande maison. Il tombe amoureux et entame une relation jusqu'à l'été où la jeune fille lui demande de ne rien changer à ses projets. Comme d'habitude, il part donc en auto-stop rejoindre sa cousine en Californie. Après ses vacances en famille, Pierre reprend
la route du retour et tombe sur un conducteur malhonnête qui fuit en gardant son sac à dos. Pierre réussit à l'arrêter, récupère son bien et au passage emporte aussi une grosse somme d'argent caché sous le capot de la camionnette. Furieux, le voleur volé retrouve sa trace et arrive à Shale, décidé à lui faire la peau et à récupérer son magot.
Cela commence comme une sympathique petite histoire narrant les exploits pas toujours héroïques d'un jeune homme dont on se demande s'il est un maître zen ou un crétin fini. Puis les choses se corsent, le roman gentillet devient roman noir, le danger rôde, notre jeune homme est pris en chasse par un tueur. Mais Tom DRURY ne s'arrête pas là! Il agrémente son récit d'une pointe de fantastique avec la mystérieuse Stella, l'amoureuse de Pierre qui a l'air de savoir bien des choses sur le passé et l'avenir.
Cet Objet Littéraire Non Identifié m'a plongée dans une profonde stupeur. Trop cartésienne, j'ai été déroutée par les chemins qu'emprunte l'auteur en mêlant tous les genres. Ma lecture achevée, je ne sais toujours pas la définir...Chronique sociale d'un bled paumé des Etats-Unis? Roman d'amour? Western? Polar? Roman fantastique? En fait La contrée immobile et tout cela à la fois et il ne faut pas trop y réfléchir en le lisant mais se laisser porter par l'imagination fertile de l'auteur, son sens du dialogue, ses personnages décalés, son humour absurde et sa façon de bousculer les codes. Je suis perplexe mais je n'ai pas détesté.
Depuis le jour béni de leur mariage, il y a 56 ans de cela, Zika et Joseph ne se sont jamais quittés jusqu'au jour où Joseph découvre Zika évanouie dans la cuisine devant le four où une tarte aux pommes commence à brûler. Paniqué devant ce corps qu'il a cru mort, le vieil homme a un instant de faiblesse et appelle les enfants à la rescousse. Zika doit voir un cardiologue, faire des examens, suivre un traitement. Elle ira donc s'installer chez Isabelle à Paris. Mais l'appartement est trop petit pour héberger le couple et Joseph part à Montfort chez Gauthier. Les vieux amants, les éternels
amoureux, vivent douloureusement cette première séparation. Pour apaiser leur souffrance, ils s'écrivent de longues lettres passionnées, évoquant leur amour toujours intact, leurs souvenirs et leur nouvelle vie auprès d'un enfant qui a grandi et qu'ils connaissent si peu. Le temps passant, la séparation devient intolérable mais Gauthier et Isabelle, enfermés dans leurs propres problèmes, ne sont pas prêts à changer les choses. Jusqu'au drame final...
L'amour qui transcende tout, le désir qui perdure et fait fi du temps qui passe, la jalousie toujours intacte...Zika et Joseph forment un couple dont on envie la force des sentiments et la longévité. Pourtant, leurs enfants ont été blessé par cet amour exclusif qui leur laissait peu de place. En s'occupant de sa mère, Isabelle trouve une occasion de se l'accaparer, de l'éloigner de ce père trop présent et de régler des comptes. A un âge où le vieux couple pense en avoir fini avec leurs devoirs de parents, Zika et Joseph se retrouvent confrontés à des adultes qu'ils connaissent finalement très peu. Parce qu'ils se sont trop aimés l'un l'autre pour s'intéresser à tous ceux qui leur étaient extérieurs? Peut-être... Peu importe pour les amoureux de toujours qui font leur force de ce sentiment fort et toujours présent. La séparation qui se prolonge au delà du supportable les amène à réfléchir à leur âge, leur impuissance, leur humiliation de voir les rôles s'inverser. Vieillir, c'est prendre la place des enfants et se laisser guider par eux. Difficile quand on a du caractère et qu'on n'a jamais eu besoin de personne. L'obsession d'Isabelle tourne au drame, Gauthier se détourne de sa famille et c'est toute l'histoire qui prend un tour très sombre.
Au fil de lettres au charme désuet, une belle réflexion sur l'amour, la maternité, la vieillesse...Une belle lecture, forte, dramatique, un peu effrayante aussi.
Charleston, Caroline du Sud. Un visage ingrat, de grosses lunettes, Léo King est surnommé Le Crapaud mais c'est un moindre mal comparé au mépris de sa mère, au suicide de son frère, à sa longue dépression et à sa condamnation à des travaux d'intérêt général pour possession de drogue. Après cette enfance chaotique, 1969 marque un tournant dans sa vie de crapaud mal-aimé et déprimé. Des rencontres vont transformer sa vie et il va créer autour de lui un groupe d'amis "à la vie à la mort" constitué de jeunes de son âge aussi différents que possible, noirs et blancs, pauvres
et riches. Neuf adolescents qui vont s'apprécier, s'aimer, se déchirer mais qui seront toujours liés malgré les préjugés de classe ou de race, malgré leurs différences.
Quand vingt ans plus tard, l'une d'entre elle fait le rappel des troupes pour retrouver son frère disparu, ils sont tous là, fidèles et solidaires, unis comme autrefois.
Mon premier Pat CONROY! 800 pages d'amour, d'amitié, de tendresse, de coups durs, 800 pages de la vie d'une bande d'adolescents qui s'aiment, qui grandissent et qui se battent contre les préjugés, les désillusions, les aléas du destin. Des personnages hauts en couleurs, attachants, parfois énervants, des dialogues percutants, pleins d'humour et un narrateur, Léo King, adorable, fort et fragile, plein de recul et d'ironie. J'ai adoré ce roman-fleuve, sans temps morts, cette saga qui m'a emmenée de Charleston à San Francisco avec cette petite bande qui est devenue la mienne. Je ne voulais pas quitter mes amis et j'ai eu beaucoup de mal à tourner la dernière page et à les laisser à leur vie sans moi dans cette magnifique ville qu'est Charleston. J'ai lu ici et là que cet opus de CONROY était loin d'être le meilleur! J'ai hâte de lire les autres s'ils sont encore mieux que celui-ci que je trouve époustouflant.
Un roman qui a les saveurs du Sud, l'odeur du jasmin, des magnolias et le goût du sel de l'océan. Je le recommande vivement.
Une flamboyant héroïne
La Capitana, c'est Micaela Feldman de Etchébéhère. Née en Argentine, dans une famille juive venue de Russie, Mika s'investit très tôt dans les luttes pour plus de justice et d'égalité. Avec Hipolito Etchébéhère qui sera son éternel amour, elle va sillonner la Patagonie, puis partir pour l'Europe, en Allemagne et en France, pour toujours être au plus près de ceux qui luttent pour la liberté. C'est tout naturellement et plein d'espoir que le couple rejoint l'Espagne de 1936 pour combattre le coup d'état fasciste aux côtés du front républicain. Enrôlés chez les miliciens du POUM, ils sont très vite acceptés malgré leurs origines étrangères. Mais c'est seule que Mika deviendra La Capitana, une femme qui gagne ses galons au combat, qui sera aimée et respectée par les hommes qu'elle commande. Ni socialiste ni communiste, plutôt anarchiste, profondément engagée, passionnément anti-fasciste et anti-staliniste, Mika est une ardente héroïne du XXè siècle, une oubliée de l'Histoire qui méritait bien l'hommage que lui rend sa compatriote Elsa Osorio.
D'abord, il faut s'habituer au style d'Elsa Osorio. Certes elle se lance dans une biographie mais pas question pour elle de construire un récit linéaire. Elle passe allègrement de 1922 à 1937, elle part vers 1992 pour revenir en 1933 et ainsi déroule son histoire sans se soucier de l'espace ni du temps. Par ailleurs, elle aime mélanger les points de vue au cours d'un même chapitre passant du "Elle" au "Je" ou "Nous" et même au "Tu" quand elle s'adresse directement à son héroïne. C'est déstabilisant au début puis on s'habitue, ou alors on passe outre tellement son sujet est fort. Car, on se laisse entraîner avec plaisir dans le sillage révolutionnaire de cette Mika. Avec elle, on revit les grands évènements qui ont marqué le siècle, mais de l'intérieur : le communisme balayé par la montée du nazisme à Berlin, les débats d'idées dans le Paris des années 30, les forces en présence pendant la guerre civile espagnole, les tranchées, la boue, le sang, la mort... Eprise de liberté, Mika ne rejoint aucun parti mais souffre de voir les querelles au sein de la gauche, les idéaux bafoués par les manoeuvres du PC, l'anéantissement du POUM.
Décrite par ses hommes comme "un vrai mec", Mika était aussi une femme, amoureuse d'un homme, et leur communion ,autant intellectuelle que physique, leur amour indéfectible l'un pour l'autre et pour la cause, sont autant de moments bouleversants de l'histoire de cette femme courageuse et inoubliable. Merci Elsa Osorio de lui avoir redonné vie à travers cette magnifique biographie.