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Ce roman est encensé par là où il pêche, à mon avis, c’est-à-dire la jeunesse de l’auteur, d’où un certain manque de recul de sa part. La misère affective, sociale et intellectuelle qu’il décrit existe, bien sûr, et je ne pense pas qu’il ait grossit le trait, mais j’ai été gênée par le fait que ne se retrouvent dans son roman, surtout lorsqu’il s’agit de sa famille, que les moments, les anecdotes, le vécu le plus sordide. Il faut vraiment chercher pour trouver quelque chose de positif à propos de ses parents, comme le courage de sa mère ou un geste généreux mais
maladroit de son père. Par contre, je comprends mieux qu’il ne garde que les aspects les plus malheureusement marquants de ses années de collège, qui durent être épouvantables, ou de sa famille élargie qui fut vraiment un fardeau pour lui. Je n’ai pas trouvé indispensable non plus que lorsqu’il retranscrit en italique des paroles de membres de sa famille, elles soient systématiquement pourvues d’une faute de français ou d’un mot vulgaire…
Certes, le coup d’oeil d’Edouard Louis sur les loisirs indigents, sur la fascination pour la télévision allumée en permanence, sur le carreau qu’on répare avec un bout de carton, ou l’hygiène inexistante, les justifications quand les parents vont passer une soirée à boire avec des amis, les monologues des mères de famille devant le portail de l’école, tout est finement observé et donne lieu à quelques moments de littérature. Mais je ne suis définitivement pas à l’aise avec l’auto-fiction et aurais préféré qu’il soit clairement indiqué qu’on avait affaire à un témoignage, et non à un roman.