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À découvrir
Une initiative de l'ITW, l'association internationale des auteurs de thrillers. Sur le modèle d'autres associations d'écrivains, l'ITW s'est créée avec des règles spécifiques. Les adhérents ne payent pas de cotisations mais contribuent à des recueils de nouvelles dont les droits vont à l'association qui peut ainsi agir pour le bénéfice de ses adhérents et aider de jeunes talents.
On trouve dans ce recueil des trésors d'imagination pour faire se rencontrer des personnages qui ne se seraient jamais rencontrés dans la vraie vie ou du moins dans l'environnement que leur auteur leur
autorise. Harry Bosch d'habitude cantonné à LA par Michael Connelly se déplace à Boston et rencontre Patrick Kenzie le privé de Dennis Lehanne.
11 histoires qui se lisent comme du petit lait !
Il faut s'intéresser de plus près aux recueils publiés par l'ITW, un moyen de découvrir de nouveaux auteurs mais aussi de découvrir les faces cachées d'auteurs connus et respectés.
Merci David Baldacci.
Une histoire convenu de Fiona Barton. Deux filles de familles moyennes anglaises décident de partir plusieurs mois en Tahïlande en attendant les résultats du bac qui devraient leur permettre de s'inscrire dans les universités de leur choix. Ou du moins celles aux quelles leurs parents sont persuadés qu'elles accèderont. Réussite sociale quand tu nous tiens !
La réalité thaïlandaise les cueillent à froid...
La journaliste Kate Waters enquète sur la disparition des filles. Elle est elle même inquiète pour son fils Jake supposé travailler dans une ONG à Phuket pour soigner des éléphants.
Si
le roman est bien écrit et se lit vite et sans difficulté, le lecteur a toujours l'impression d'être plusieurs pas en avant sur les enquêteurs.
De plus, ce qui est gênant c'est que l'auteur a peu de considération pour les autorités thaïlandaises qui font face à une véritable invasion de touristes aux intentions peu louables...
Ce n'est pas le meilleur Fiona Barton.
A lire pour l'auteur.
Marjorie Tixier aborde un sujet qui a fait souvent la une de l'actualité. Son récit est précis, juste, crédible sans excès. Elle décrit la lutte d'une femme pour recouvrer son intégrité physique et psychologique après une agression dont elle subit les séquelles longtemps après. le rôle de la famille est également présenté avec justesse.
La justesse de ton, une grand qualité de ce roman qui pour une première tentative sur un sujet sensible est une réussite.
A lire absolument.
«Cheval. Je m’appelle Ferdinand Cheval. Je t’ai choisie parce que tu as le cœur en morceaux. Je sais qui tu es. Quiconque entre dans mon Palais perd ses repères et redevient un enfant. Quand tu sortiras d’ici, tu ne seras plus jamais la même. Ton esprit aura des ailes et tu verras ton âme dans les miroirs. Maintenant, assieds-toi, dos au mur, ferme les yeux et écoute-moi.»
Comme Nadine Monfils, et comme certainement beuacoup de peits français, j’ai visité avec mes parents, le Palais du facteur Cheval alors que j’avais quinze ou seize ans.
Cette visite ne laisse pas indifférent,
comme l’affirme avec justesse la citation de Ferdinand Cheval.
Délaissant son style habituel et ses histoires déjantées, Nadine Monfils nous livre une histoire qui la concerne au plus haut point. Elle se livre en faisant parler Ferdinand Cheval, sans prétendre faire un travail d’historienne et restituer la véritable histoire de la construction du palais. Il y a des tonnes d’ouvrages sur le sujet...
Elle se contente de faire parler l’homme, terrassé par les décès successifs dans sa famille, son fils, sa fille, puis sa femme, son ami,...qui recrée avec la construction de son palais la réalité qui lui a échappé dans la vraie vie, la réalité qu’il appelait de ses voeux.
«Fils de paysan, paysan moi-même, j’ai voulu vivre et mourir pour prouver que, dans ma catégorie, il y a aussi des hommes de génie et d’énergie. Le travail fait ma gloire et l’honneur, mon seul bonheur.
En cherchant, j’ai trouvé. Quarante ans j’ai pioché pour faire jaillir de terre ce Palais de fées. Pour mon idée, mon corps a tout bravé, le temps, la critique, les années. La vie est un rapide coursier, ma pensée vivra avec ce rocher.»
La voix de Ferdinand vu par Nadine Monfils ne se contente pas de restituer le passé, elle donne un avis sur ce qu’il adviendra de son palais dans le futur :
«D’ailleurs, il a bien failli être démoli. C’est grâce à Malraux qui l’a classé monument historique en 1969, (...) après ma mort, de nombreux artistes ont fait référence à mon œuvre, et non des moindres ! Ainsi, Picasso se rendait chaque année à Hauterives pour admirer mon Palais. Il fut également encensé par Max Ernst, Paul Eluard, André Breton et bien d’autres…»
Ferdinand nous interpelle également, nous qui rêvons devant son palais mais sommes incapables de rêver :
«Ne plus croire aux contes de fées, c’est piétiner les rêves, tomber dans le néant, devenir adulte. Et Dieu sait combien je les ai fuis ces gens « raisonnables » et ennuyeux. Pas mon monde. Méfie-toi de ceux qui savent, ce sont des fossoyeurs de bonheur.»
La force du roman de Nadine Monfils est, à mon sens, de restituer l’esprit du Facteur Cheval en donnant au lecteur des clefs de lecture sans l’enfermer dans les habituels lieux communs sur le palais idéal.
Un livre très court, très fort, très juste, dont la philosophie dépasse celle d’un roman «feelgood» pour nous interroger sur notre relation à l’autre, notre rôle et notre apport dans le monde. Plus qu’un solitaire ou un égoïste prisonnier de ses rêves, Cheval est à sa façon une sorte de lanceur d’alerte.
Merci à Nadine Monfils d’avoir réveillé en nous l’esprit du Facteur Cheval.
Le capitaine Mathilde Sénéchal ne se souvient plus de rien. Jeanne Bihorel a disparu le 24 juillet 1987 ; elle alors âgée de neuf ans a fait une chute de vélo qui lui a laissé une belle cicatrice sur le crâne et un blanc concernant cette journée et ses conséquences.
je n'irai pas plus loin dans la présentation de l'intrigue au risque de dévoiler ce que le lecteur est le seul à pouvoir découvrir.
L'enquête que mène Mathilde, trente ans plus tard, avec l'aide de l'ancien gendarme Pierre Orsalhièr est une longue plongée dans le passée de la commune d'Arcourt près de Dieppe...Les
témoins ou protagonistes de la disparition de Jeanne sont nombreux, Solange la mère de Jeanne, François Daucel le grand-père de Mathilde, Hortense Maugris une ancienne résistante, Nils, simon et Edern des personnages sombres....mais surtout Laure sa propre mère qui a renoncé à la vie se retirant dans une institution psychiatrique et se cachant derrière ses aquarelles, et son père Walberg, l'architecte de renom à l'autorité jamais contestée...
Mathilde affronte une vision de la réalité que son mentor aujourd'hui disparu le commandant Albert Lazaret lui a laissé en héritage :
"— Avec ce foutu métier, il me reste une dernière certitude, Mathilde : dans une enquête, à un moment ou à un autre, d’une façon ou d’une autre, tout le monde ment.
— S’il y a une règle, c’est qu’il y a des exceptions. Cent pour cent, c’est statistiquement impossible, Albert. Et puis tous les mensonges ne se valent pas. Il faudrait établir des gradations.
— Petit ou gros, ça ne change rien au problème : personne ne dit jamais
toute la vérité, on a tous quelque chose à cacher.
— Il n’existe personne de fondamentalement honnête, alors ? Moi, pourtant, j’en connais au moins un. Toi.
— Les honnêtes gens mentent comme les autres, mais pour d’honnêtes raisons."
Les secrets de famille sont toujours bien gardé et les souvenirs d'enfance semblent fuir Mathilde où ne sont pas conforme à la réalité car :
"Dans les yeux des enfants, les parentèles se déconstruisent et se reforment à l’aune des liens de proximité et d’affection plutôt que suivant les lois du sang."
C'est cette réalité instable que mathilde fuit et affronte à la fois, jamais certaine de s'y retrouver.
Dans vaste comme la nuit, Elena Placentini joue avec "les déterminismes, sociaux, familiaux" et construit une histoire digne d'intérêt, déguisée en polar.
Son écriture nous fait explorer à la suite, les désarrois des différents personnages, les ressorts de leur comportement qui souvent leur échappe, et l’incompréhension des autres qui les bouleverse et les conduit souvent à faire ressortir les côtés les plus sombres de leur personnalité.
Sans renier un certain lyrisme, Elena Placentini joue avec nos sentiments :
"Laure dispose une brassée de cosmos sous la dentelle des ombelles et panache son bouquet de fougères et de lierre qu’elle fait juponner autour du vase. Après quelques manipulations expertes, sa composition florale pourrait s’intituler « Ode à l’été ». Son visage, lui, chante la mélancolie de l’automne. Ses lèvres fardées de prune sont serrées, son regard rehaussé de terre d’ombre, brouillardeux. Elle tourne son visage vers la forêt dans l’attente de l’humidité du soir, celle qui annonce la trêve bienvenue de la nuit et qui se fait attendre. L’air est sec, encore chargé de poussière prête à s’embraser. Elle renonce à allumer les photophores qu’elle a habillés de papier de soie et lisse un pli du chemin de table avant de le parsemer de galets blancs."
Un roman original qui nous fait découvrir "la psychogénéalogie" et les "scénarios transgénérationnels" , renouvelle le genre du polar et se lit avec beaucoup de plaisir.
Elena Piacentini nous donne un dernier conseil dans sa note aux lecteurs en fin d'ouvrage :
"« Il y a une chose qui est quelquefois abominable à voir, c’est l’intérieur des familles », disait la poétesse Constance de Théis. Je ne saurais que trop vous conseiller d’aller jeter un œil dans la vôtre. Tout ce qui n’est pas dit nous empoisonne. Nous n’avons qu’une vie, ce serait dommage de la gâcher à réparer ou à répéter les erreurs de nos aïeux. Autant vivre pleinement la nôtre."
Tous les ingrédients de la réussite pour ce polar de Bertrand Puard. Il se passe en France, aux USA, en Ethiopie, au Viet-Nam, en Suisse, en Italie et nous fait voyager avec les personnages. Il nous fait pénétrer dans le monde mystérieux des spéculateurs sur le marché à terme des matières premières agricoles et plus particulièrement celui du café. Il est très bien documenté et s’appuie sur une actualité récente qu’il évoque non sans humour. Il contient des informations à découvrir sur le marché du café, les qualités des différents crûs et aussi les mateurs de café
célèbres...
Le pitch : les intérêts opposés des producteurs de café qui recherchent la qualité et donc vivent dans le temps long de la production et des aléas climatiques et ceux des trusts financiers qui sont dans le temps immédiat où l’on peut vendre en spéculant des tonnes de café en moins d’une nanoseconde.
Dès lors, lorsque l’ancienne déontologue d’une compagnie financière qui détient un quasi monopole de la vente du café en Europe se trouve mêlée à des meurtres en série touchant des anciens collègues, la machine s’emballe. Elle est recontactée par le PDG de son ancienne boite, Premium, pour enquêter.
Clara va mener l’enquête et cela va la conduire à des découvertes stupéfiantes sur son ancien entourage professionnel et les gens qu’elles considéraient comme des amis.
Mon avis : Bertrand Puard nous livre un petit bijou où l’on frémit devant le cynisme des dirigeants prêts à tout pour conserver le pouvoir et où l’on rit “en même temps” (je ne dis pas ça par hasard). Exemples :
Thomas Plaque le Président Français est un homme jeune qui a réussi dans la finance avant d’être ministre des finances, puis Président de la République déjouant tous les pronostics. On le voit à l’oeuvre lors d’un somme du G10 au château de Valençay avec son homologue américain “Mickey Heartclub déploya ses deux mètres avec difficulté. Sa crinière de lionceau scintilla aussitôt sous le soleil du Berry.”, et son homologue russe Lebiadkine qui a laissé sa maîtresse au Kremlin !
Il est cul et chemise avec d’Amadieu le PDG de Premium au sein de laquelle il a travaillé et l’un de ses anciens gardes du corps Nicolas a été récupéré par la dite société après une bourde qu’il avoue : “ (...) j’ai merdé lors d’un déplacement deThomas dans une usine près de Belfort. J’ai plaqué au sol un syndicaliste et je lui ai cassé le poignet. Thomas a tenu à étouffer l’affaire mais une vidéo avait été tournée sans qu’on le sache et elle s’est retrouvé fissa sur les réseaux sociaux. Il n’a pas eu d’autre choix que de me lâcher…”
Un livre agréable bien écrit, qu’on ne lache pas et à la lecture duquel on passe un excellent moment. Bravo.
Une dernière pour la route :
“L’homme au visage alvéolé était bien apparu au comptoir Hertz le vendredi, à quinze heures trente-trois, sous le nom de Ludwig. Il n’avait pas osé Beethoven, un autre amateur de café, à l’instar de Balzac qui comptait très exactement ses soixante grains pour se préparer une tasse, pas un de plus, pas un de moins. Clara connaissait l’anecdote, c’était Anouar qui la lui avait racontée (...)”
Avec «Te souviendras-tu de demain ?» (Le titre est «Comme d'habitude», en Polonais), Zygmunt Miloszewski continue de nous étonner et de nous ravir.
Les aventures du procureur Teodore Szacki à Varsovie, Sandomierz et Olsztyn nous avaient fait découvrir un jeune auteur amoureux de son pays, de ses errances post communistes, et maîtrisant parfaitement les règles du polar.
Inavouable montrait qu'il maîtrisait aussi parfaitement les règles du polar historique, l'action nous emmenait dans les Tatras à la fin de la seconde la guerre mondiale, et différents personnages s'affrontaient pour
percer un secret en lien avec la disparition d'un tableau pendant la guerre. Une écriture cinématographique assumée comme par exemple cette poursuite de voitures sur la Mer Baltique gelée !!!
A chacun de ses romans, l'auteur scanne la société polonaise avec talent et justesse en l'abordant sous de angles et des points de vue différents mais complémentaires.
C'est ce qu'il fait une fois de plus dans «Te souviendras-tu de demain ?» en jouant la carte du voyage dans le temps, ses décalages, ses farces et ses surprises, ses déconvenues.
A la différence de nombre de romans de SF, où les voyageurs dans le temps sont volontaires, ses personnages sont des voyageurs dans le temps malgré eux.
Ludwik et Gazyna se connaissent depuis cinquante ans. Nous sommes en janvier 2013 et ils veulent revivre l'anniversaire de leur rencontre de façon intense. Ce sont deux octogénaires plein de vie et d'amour, mais cela ne leur évite ni le Viagra pour lui, ni la lingerie coquine pour elle.
Le lendemain au réveil : surprise ! Ludwik et Grazyna se retrouvent dans le Varsovie de 1963, dans leur corps de jeunes gens, mais avec l'expérience de deux octogénaires qui ont vécus la guerre, l'occupation allemande, le régime communiste et la chute du mur.
Autant dire qu'ils sont vaccinés contre toutes les idéologies que le monde a connu au XXème siècle, et qu'ils ont subis.
Mais voilà, la Varsovie de 1963 dans laquelle ils se retrouvent n'est pas celle qu'ils ont connue.
Les mêmes événements ont eu lieu, la guerre notamment, mais leurs conséquences diffèrent. L'URSS n'a pas imposé sa loi à un bloc de l'Est incluant la Pologne. Celle-ci est dirigée par une Union France Allemagne qui veut l'amarrer à l'Europe Occidentale et une Union Slave dans laquelle se retrouve le Communiste Gierek et le Général Jaruzelski lutte pour une Pologne indépendante attachée à ses valeurs traditionnelles.
Le roman se lit facilement et sous ses airs de ne pas y toucher traite de sujets contemporains.
Dans cette nouvelle réalité de 1963, Ludwik et Grazyna font face à une famille et à des amis engagés dans leur époque comme ils l'étaient eux-même et ne le sont plus. En confrontant les deux réalités vécues par Ludwik et Grazyna, l'auteur revient à l'un de ses sujets de prédilection, l'évolution de la société polonaise et le divorce progressif entre des citoyens qui bénéficient des progrès du capitalisme triomphant dans le pays et ceux qui en sont exclus.
A la façon d'un Montesquieu ou d'un voltaire il nous livre un conte philosophique où cette société imaginaire est en fait pour lui un moyen de critiquer sans le faire directement les travers de nos sociétés, comme l'immigration, mais aussi les tromperies de la démocratie.
A lire assurément.
Zygmunt MilosZewski n'a pas fini de nous étonner.
Hors de Portée raconte l'histoire de Marc Montaine et Jean Esposito, deux adolescents qui se retrouvent aux alentours de 1966 en classe de 4ème au Lycée Alain Fournier de Bourges.
Marc et sa mère Micheline, issus d'une famille d'agriculteurs ont quittés le sud du Cher pour la capitale du département. Jean et sa famille sont des rapatriés d'Algérie échoués à Bourges.
Au nord de la commune, de nouveaux quartiers accueillent des employés de la nouvelle usine Michelin, des fonctionnaires, des employés de la SNCF, des artisans, mais aussi des immigrés d'origine portugaise, polonaise,
italienne, espagnole, des rapatriés d'Algérie. Une véritable petite ville de plus de dix-mille habitants, émerge au milieu des champs, avec son Église, son centre commercial, ses logements vastes et bien éclairés, ses zones de parkings, ses rues rectilignes faites pour la voiture.
Marc et Jean vivront à leur façon cette période d'euphorie où tout semble possible. Au lycée, Marc plutôt rebelle, subit les avanies d'un prof revanchard au passé peu clair sous l'occupation, Rodolphe Courchamps. Heureusement, Julien Ménitré, le censeur et le surgé Mulot, d'anciens résistants, s'ils ne renoncent pas à exercer leur autorité veillent au grain.
Mais c'est en dehors du lycée qu'ils s'épanouiront. La MJC qui est aussi le lieu où répète un groupe de rock local, les Médiator's devient très vite leur quartier général. Régine Denizard et Marc Montaine vivent en couple, avec Jean, ils forment un trio dont la réputation n'est plus à faire dans la cité.
Déterminés à suivre l'exemple des Mediator's, Marc et Jean vont suivre des voies différentes pour parvenir à réaliser leur rêve. Jean en poursuivant des études universitaires et en publiant trois ouvrages fondateurs du courant de l'electro rock. Marc en devenant leader des Mediator's, puis après leur dissolution, en formant deux groupes devenus cultes, Protocole à Rome et Détente Politique.
A la mort de Jean, Marc revient à Bourges pour recueillir les témoignages des survivants de l'épopée du groupe les Médiator's, notamment ceux du batteur Ludovic Simon et décide d'écrire Hors de Portée, le musicien silencieux ou la véritable histoire de Jean Esposito. La boucle est ainsi bouclée.
Livre de souvenirs, plus biographique qu'autobiographique, l'écriture de Hors de Portée renonce à la chronologie des faits et à l'utilisation du « Je ».
La construction du roman peut sembler décousue voire artificielle et le lecteur peut parfois se retrouver perdu dans ce labyrinthe de témoignages sans parvenir à recoller les morceaux.
Les lecteurs du manuscrit original ont toutefois souligné la justesse et la précision de certains chapitres comme ceux consacrés à José Esposito et au travail des maçons, à l'histoire de Rose Lecoigneux et de sa lutte pour acquérir son indépendance, à l'histoire de la création de l'entreprise le Palestel.
Un roman témoignant d'une époque passée, à découvrir.
« On ne meurt pas d'amour », affirme l'auteur en choisissant le titre de son roman.
Une incursion réussie pour un premier roman dans le monde tant de fois décrit et décrié de la fidélité qu'elle soit conjugale, pacsale ou concubinale.
Ici, « Elle » a décidé de se marier avec « Il » ; intention louable aux yeux de la communauté de ceux qu'avec horreur on surnomme les Bobos ou encore les Bien-pensant en frissonnant à l'idée de ce que peuvent penser les mal-pensants dont on ne parle jamais alors qu'il y aura beaucoup à dire sur cette communauté agissant dans l'ombre.
Hélas,
« Elle » n'a pas compté sur le »Love at first sight », ou s'agit-il simplement du désir at first sight, bien loin de celui qui fut chanté de sa voix hésitante et chevrotante par notre ami Ringo, pas celui de Sheila, celui des Beatles : « Would you believe in a love at first sight ? Yes I'm certain that it happens all the time »
Donc, lorsqu'elle aperçoit « Il », « Elle » envoie tout promener, la bague remise à New-York par un autre « Il », le mariage en juin, l'appartement brillamment déniché dans un lieu où le voisinage ne craint pas et lofté avec « Amour ».
On pourrait penser en lisant les premières lignes de cette chronique que j'ironise à bon compte, mais non, le propos de Géraldine Dalban-Moreynas, dont j'ai apprécié l'écriture simple et directe, a le mérite de nous mettre face à nos inconstances, à notre conception de la relation amoureuse, à notre capacité à remettre en question notre serment, implicite mais jamais explicite, de fidélité à la personne aimée, à la facilité avec laquelle nous décidons de son destin amoureux. « Rien de personnel » précise-t-on dans ces cas-là….Voire…
Qui a connu une histoire semblable se reconnaitra dans les lignes de ce roman. Excitation, joie de la transgression, attrait de l'interdit puis lente descente vers la réalité, reprise de conscience qui renvoie à ce vers de Philippe Djian écrit pour Stéphane Eicher « On ne refait pas sa vie, on continue seulement ».
La fin que je ne dévoilerai pas ici, est une chute à la hauteur de l'ascension qu'ont connu «Il » et « Elle ». Bravo pour ce parcours qui se lit avec plaisir sinon délectation
Thriller psychologique époustouflant
Dernier roman de Sophie Loubière, Cinq cartes brûlées raconte l'histoire de Laurence Graissac, la fille d'un couple d'infirmier psy qui élève ses deux enfants Thierry L'aîné et Laurence la cadette, dans un pavillon construit dans les années 1950 d'un quartier de Saint Flour.
Rien de folichon jusque-là.
Lorsque ses parents divorcent, Laurence est dévastée par le départ de son père.
Elle se retrouve seule en charge de sa mère et de son frère Thierry et tente de faire face aux charges de sa famille en s'investissant dans le sport de haut niveau, puis dans un travail régulier de croupier au casino de Chaudes Aigues.
Sophie Loubière traite de plusieurs sujets de société au travers de l'histoire de Laurence, les relations frère soeur, le harcèlement dans le sport de haut niveau, les suspicions d'inceste dans les familles, le métier d'Escort girl, la sensibilité électromagnétique et son retentissement sur la santé mentale.
Le livre est bien écrit, bien documenté, et ménage un suspense parfaitement dosé.
Laurence est tiraillée entre le désir de partir et celui de régler définitivement le contentieux avec son frère et sa mère sans y parvenir.
Mais cela est-il réaliste et ne contribue-t-il pas à la rendre dépendante d'une situation qu'elle ne maîtrise plus.
Livre court, qui se lit sans difficulté, sans ennui, qui montre la parfaite maîtrise de l'écriture de l'auteur.
Pour les amateurs du genre.