Avec son nouveau roman et sa plume toujours aussi efficace, Sophie Loubière nous emmène une fois de plus dans les méandres les plus sombres de l’esprit humain.
On vient tous au monde avec avec un jeu de cartes imposé.
Si ce que l’on en fait ne dépend, en principe, que de nous, avoir de bonnes ou de mauvaises cartes dès le départ a forcément une incidence sur la partie que l’on jouera durant notre existence.
Le jour où Laurence vient au monde, on ne peut pas dire que les cartes qui lui sont distribuées sont particulièrement favorables, avec un frère qui la déteste et s’est
juré de faire de sa vie un enfer et des parents plus tournés vers leurs propres problèmes que vers ceux de leurs enfants.
Grandir au sein de cette famille complètement dysfonctionnelle est une vraie gageure, et malgré son esprit vif et son imagination débordante, l’enfance de Laurence est une bataille dont elle ne sort pas souvent gagnante.
Alors, pour compenser, Laurence mange.
Elle se nourrit de tout, pour essayer de combler le manque de l’essentiel.
Elle prend du poids, comme pour essayer de peser dans la balance des décisions qu’elle subit plus souvent qu’à son tour.
Fournissant de nouvelles armes à celui qui la hait déjà tant.
Alors pour digérer les insultes et les coups bas, Laurence mange.
Et parce que Laurence mange, les méchancetés pleuvent.
Mais Laurence tient bon, et elle obtient même certaines victoires là où elle s’y attendait le moins.
Mais la partie ne fait que commencer, et la vie et son jeu de dupes lui réservent encore bien des embûches.
Avec un style toujours aussi direct, Sophie Loubière nous plonge dans l’existence de cette âme tourmentée et malmenée.
Sans fioritures et avec une justesse parfaite, elle nous dresse le tableau, glacial, d’une société où le paraître continue à s’imposer en maître absolu.
Une galerie de personnages taillés au scalpel, à la psychologie travaillée au bistouri.
Un constat sociétal sur l’apparence, toutes les apparences, surtout les plus trompeuses, qui laisse le lecteur sonné.
Ce roman noir, dur, et à la résonance terriblement actuelle, se lit d’une traite, presque en apnée.
Et laisse des marques. Beaucoup, et pour longtemps.
À lire absolument.
Un thriller où les apparences ne sont que châteaux de cartes
Laurence Graissac a gardé de son enfance à Saint-Flour des blessures dont personne ne soupçonne la profondeur. Lorsque la jeune femme décide de jeter ses complexes aux orties et d’enfin oser s’affirmer, la tournure des événements va en stupéfier plus d’un, à commencer par le discret docteur Bashert, bien loin de soupçonner jusqu’où son addiction au jeu et ses aspirations amoureuses vont l’entraîner.
Au BlackJack, les cinq premières cartes sont brûlées par le croupier, c’est-à-dire retirées du jeu avant la distribution. A Laurence, la vie a distribué des cartes qui, longtemps restées cachées, vont provoquer un coup de théâtre magistral lorsqu’elles seront abattues : comme autant d’avancées d’un destin peu à peu dessiné, chaque chapitre se déroule sous l’influence d’une carte et de sa symbolique, ainsi que d’une expression centrée sur le verbe prendre. L’intrigue doit d’abord prendre vie, mais finira par nous prendre à rebours…
Comment devient-on psychopathe ? Quelles failles finissent par induire ces passages à l’acte inattendus, comme de soudains coups de grisou ? Avec une froideur clinique et détachée à faire frissonner, Sophie Loubière démonte, rouage après rouage, la mécanique implacable qui, depuis l’enfance, va lézarder une personnalité et installer la psychose. La relation à l’entourage est déterminante, et, dans cette histoire, chaque personnage réserve bien des surprises.
Véritable page-turner où les apparences ne sont que châteaux de cartes, ce thriller psychologique noir multiplie les révélations et les rebondissements dans un suspense habilement construit et parfaitement addictif.