Faber, c'était le gamin exceptionnel, brillant et charismatique, redresseur de torts, la star du collège puis du lycée, celui dont tous se souviennent, avant la chute. Contrairement aux autres il n'a pas su rentrer dans le moule pour négocier l'arrivée dans le monde adulte. Admiré puis banni. Ses deux amis d'enfance récupèrent l'épave humaine qui fut leur ange protecteur et plus tard le démon qui polarisait leurs vies, pour le ramener dans la petite ville de campagne qui fut le théâtre de ses exploits. Leur plan, on sait qu'ils ont un plan, mais même eux semblent hésiter sur l'issue:
relever le héros de leur enfance ou bien s'en débarrasser pour enterrer définitivement leur lourd passé.
Tristan Garcia relate ce destin marginal en imbriquant souvenirs d'enfance et temps présent, la gloire et le retour, la destruction seul recours d'un être incapable de se plier à son époque, un style épuré et précis qui trouve tout son sens dans le lieu du récit: une petite ville dont les frontières se confondent avec celles du roman et de l'existence, petit monde où chaque personnage, chaque objet et chaque souvenir à son utilité symbolique, une présence dans chacun des deux temps du récit pour mettre en exergue la façon dont le passé hante le présent. A mesure que l'histoire sombre dans la noirceur comme l'enfance cède la pace au reste, les pistes se brouillent, le récit glisse au choix vers le fantastique avec la figure du diable, le discours philosophique, ou le témoignage générationnel.
Un roman bien construit dont tous les éléments dialoguent et se lient au service d'une figure fascinante.
Le destructeur
Faber, c'était le gamin exceptionnel, brillant et charismatique, redresseur de torts, la star du collège puis du lycée, celui dont tous se souviennent, avant la chute. Contrairement aux autres il n'a pas su rentrer dans le moule pour négocier l'arrivée dans le monde adulte. Admiré puis banni. Ses deux amis d'enfance récupèrent l'épave humaine qui fut leur ange protecteur et plus tard le démon qui polarisait leurs vies, pour le ramener dans la petite ville de campagne qui fut le théâtre de ses exploits. Leur plan, on sait qu'ils ont un plan, mais même eux semblent hésiter sur l'issue: relever le héros de leur enfance ou bien s'en débarrasser pour enterrer définitivement leur lourd passé.
Tristan Garcia relate ce destin marginal en imbriquant souvenirs d'enfance et temps présent, la gloire et le retour, la destruction seul recours d'un être incapable de se plier à son époque, un style épuré et précis qui trouve tout son sens dans le lieu du récit: une petite ville dont les frontières se confondent avec celles du roman et de l'existence, petit monde où chaque personnage, chaque objet et chaque souvenir à son utilité symbolique, une présence dans chacun des deux temps du récit pour mettre en exergue la façon dont le passé hante le présent. A mesure que l'histoire sombre dans la noirceur comme l'enfance cède la pace au reste, les pistes se brouillent, le récit glisse au choix vers le fantastique avec la figure du diable, le discours philosophique, ou le témoignage générationnel.
Un roman bien construit dont tous les éléments dialoguent et se lient au service d'une figure fascinante.